samedi 15 août 2009

A propos de “la fortune des Duvalier” - Un témoignage pour l’histoire


Par Gérard Bissainthe
15 août 2009


Après avoir lu le texte ci-dessous sur les biens de Jean-Claude Duvalier, je tiens à mentionner pour l'histoire un fait survenu en 1986 et auquel j'ai été mêlé.

A cette époque j’étais le Conseiller Spécial très écouté du Ministre des Affaires Étrangères, le Général retraité Jean-Baptiste Hilaire. Un matin je reçus un appel téléphonique de lui. Comme il m’avait confié tous les dossiers français, il me demandait de recevoir un monsieur venant de France et dont le nom était Philippe Rossillon. Renseignements pris, l’épouse de ce monsieur était une des plus grandes fortunes de France et il était lui-même un des hommes les plus influents de ce pays. Je le reçus dans mon bureau. Il m’expliqua qu’il venait faire au Gouvernement Haïtien une proposition de la part de l’ex-Président Jean-Claude Duvalier. La proposition était la suivante: l’ex-président était prêt à donner au Gouvernement haïtien la somme de cinquante millions de dollars pour que le Gouvernement haïtien laisse tomber toutes poursuites “financières” contre lui.

Il s’agissait de toute évidence d’une solution “à l’amiable” d’un problème épineux.

Voici le commentaire qu’en substance je fis au Ministre Hilaire : « On estime la fortune de l’ex-président à environ huit cent millions de dollars. Mais on n’en a aucune preuve. Ces cinquante millions ne sont qu’un très faible pourcentage de cette somme. Dans le domaine serein des principes, nous devrions tenter de récupérer ces huit cent millions de dollars dans leur intégralité. Mais quelles chances avons-nous de les avoir? Nous devrons nous aboucher avec des avocats internationaux qui sont souvent les mêmes que les gens utilisent pour mettre leur argent dans des paradis fiscaux et dont les honoraires sont toujours astronomiques. Et nous n’avons aucune garantie d’arriver à un quelconque résultat. Mon avis est que nous devrions accepter la somme proposée et nous engager à arrêter toute poursuite financière. Que vaudra notre engagement pour un prochain gouvernement? Nous n’en savons rien. En attendant au lieu de faire “manger notre argent” par des avocats nous aurons en main cinquante millions de dollars que je conseille d’utiliser en priorité pour notre Université d’État qui est dans une situation de total dénuement et de total délabrement. »

Le Ministre Hilaire présenta mon idée au CNG qui, me dit-il, la rejeta pour la raison suivante: le peuple haïtien va toujours penser que nous avons reçu beaucoup plus que cinquante millions et que nous avons empoché la différence.

Je fis savoir à Philippe Rossillon que sa proposition avait été refusée.

On connait la suite. Des sommes apparemment importantes ont été plus tard dépensées par le Gouvernement pour récupérer “la fortune des Duvalier”. Aujourd’hui, vingt trois ans après, il semblerait que nous allons recouvrer sept millions de dollars. D’abord en sommes-nous bien sûrs? Et puis ces sept millions vont-ils pouvoir éponger la facture de nos honoraires d’avocats depuis vingt-trois ans? Je n’ai pas la réponse à ces questions.

Si j’avais été maître des décisions en 1986, j’aurais commencé par accepter le principe du règlement “à l’amiable” de ce problème et j’aurais négocié une majoration de la somme proposée. Il est vrai que de retour d’exil, bien que victime moi-même de la dictature, j’avais tout de suite prêché la réunification (je préférais ce mot à “réconciliation”) nationale pour arriver à la paix civile en vue d’éviter la catastrophe qu’il était facile de prévoir. Aux Etats-Unis on recourt souvent à ce genre d’entente hors des tribunaux et à des “plea bargainings”. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles les choses marchent mieux aux Etats-Unis qu’en Haïti.

Gérard Bissainthe
15 août 2009
gerarbis@orange.fr
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At 14:59 14/08/2009 -0700, Franklin Wilbert wrote:


Le president "klerine" va recevoir les 7 millions longtemps jeles par la Suisse pour corrompre encore plus les 129 chiens de garde de la classe soi-disant bourgeoise "la plus repugnante de l'emisphere"!

Vendredi 14 Aoüt 2009, 10H44

Feu vert à la restitution des fonds Duvalier à Haïti

Le Tribunal pénal fédéral a donné son feu vert à la restitution à Haïti des avoirs détenus en Suisse par la famille Duvalier.

Il a rejeté le recours d'une fondation de la famille de l'ex-dictateur, qu'il assimile à une "organisation criminelle".

Le Tribunal pénal fédéral a donné son feu vert à la restitution à Haïti des avoirs détenus en Suisse par la famille Duvalier.

Il a rejeté le recours d'une fondation de la famille de l'ex-dictateur, qu'il assimile à une "organisation criminelle".

Il confirme une décision de l'Office fédéral de la justice du 11 février dernier. Un montant de sept millions de francs, gelé dans les banques suisses depuis 2002, sera remis aux autorités haïtiennes.

Dans un arrêt du 12 août, la Deuxième cour des plaintes du TPF juge le clan Duvalier hors-la-loi. Selon la Cour, "la structure mise en place par Jean-Claude Duvalier et ses proches doit être qualifiée d'organisation criminelle". Elle consistait à "user du pouvoir absolu du chef de l'Etat pour faire régner un climat de terreur en Haïti et procurer à ses membres des revenus considérables par le détournement systématique des fonds publics".

Pour justifier sa demande de restitution, formulée par une fondation enregistrée à Vaduz, la famille Duvalier avait affirmé que les fonds détenus en Suisse " avaient pour unique origine la fortune personnelle de Simone Duvalier", la mère de Jean-Claude Duvalier. Un argument écarté par le TPF. Pour celui-ci, "il est établi que Simone Duvalier était membre de l'organisation criminelle dirigée par son mari François Duvalier, puis par son fils Jean-Claude, en sa qualité de bénéficiaire des détournements de fonds opérés systématiquement par cette organisation".

Haiti en marche
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Lire aussi cet article de l'AP:

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