Affichage des articles dont le libellé est Élections 2015. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Élections 2015. Afficher tous les articles

jeudi 1 décembre 2016

#HaitiElections / Haïti - Une (mon) interprétation des résultats de l'élection présidentielle du 20 novembre 2016.

Par Dr. Pierre Montès

Il faut, dans toute analyse, prendre en compte les résultats du "premier" premier tour de l'élection présidentielle du 25 octobre 2015. À ce scrutin-là, la volonté des électeurs était d'envoyer au second tour les deux candidats Jovenel Moïse (PHTK, 1er) et Jude Célestin (LAPEH, 2e).
Avaient perdu l'élection les deux candidats Jean Charles Moïse (Pitit Dessalines, 3e), Maryse Narcisse (Fanmi Lavalas, 4e) et les 50 autres candidats.
Le second tour entre Jovenel Moïse et Jude Célestin n'a jamais pu se faire comme prévu. On a été témoin de l'odieux spectacle que les perdants, auxquels s'était joint Jude Célestin, avaient offert au reste du monde entre le 26 octobre 2015 et le 19 novembre 2016.
Le 20 novembre 2016, enfin, une "deuxième" premier tour est organisé. À ce deuxième scrutin où 27 candidats à la présidence étaient en lice, les résultats préliminaires publiés par le CEP indiquent, pour les quatre premiers candidats, le même classement qu'en 2015, mais indiquent un gagnant (avant contestations):
1er: Jovenel Moïse a obtenu 55,67% des voix;
loin derrière :
2e: Jude Célestin n'a obtenu que 19,52% des voix,
3e: Jean Charles Moïse n'a obtenu que 11,04% des voix,
4e: Maryse Narcisse n'a obtenu que 8,99% des voix;
les 23 autres candidats se partagent un total de 4,10% des voix;
et, enfin, le candidat fictif appelé en anglais "NOTA", c'est-à-dire, "None Of The Above" (en français "Aucun Candidat", ou créole "Oken Kandida") a obtenu 0,68% de voix.
On peut s'attendre à ce que, à la fin de la période de contestations, le candidat Jovenel Moïse soit déclaré vainqueur de l'élection du 20 novembre et devienne le 58 Président de la République. L'investiture devra avoir lieu, enfin, le 7 février 2017 au plus tard.

Voici comment j'interprète ces résultats.-

Le peuple a permis à Jovenel Moïse ("Ti David") de donner une volée aux aux 26 autres candidats ("Goliath").
Et les chiffres consacrant la victoire du candidat Jovenel Moïse peuvent s'interpréter de plusieurs manières.
Voici deux manières extrêmes qu'on pourrait décoder l'expression du vote des électeurs:

a) Si l'on interprète le scrutin du 20 novembre 2016 comme étant un second tour, et si l'on considère que les électeurs qui n'ont voté ni pour Jovenel Moïse, ni pour Jude Célestin avaient voté pour le candidat fictif NOTA, le classement aurait été le suivant:
1) Jovenel Moïse: 55,67%
2) Jude Célestin: 19,52%
3) NOTA (Oken Kandida): 24,81%
Total: 100%

b) Si l'on interprète toujours le scrutin du 20 novembre 2016 comme étant un second tour, mais si l'on considère que les électeurs qui n'ont voté ni pour Jovenel Moïse ni pour Jude Célestin ni pour NOTA n'avaient pas voté du tout, le classement aurait alors été le suivant:
1) Jovenel Moïse: 74% [ 100x55,67/(55,67+19,52) ]
2) Jude Célestin: 26% [ 100x19,52/(55,67+19,52) ]
Total : 100%
Dr. Pierre Montès
1er décembre 2016

jeudi 6 août 2015

Haïti / Elections 2015 / Quelques commentaires sur les résultats du sondage BRIDES (27-31 juillet 2015)

Par Dr. Pierre Montès

A) Candidats à la Députation

Il y 118 sièges à combler: un siège pour chacune des 118 circonscriptions électorales du pays.
J'ai analysé les résultats du sondage BRIDES réalisé entre le 27 et le 31 juillet 2015. J'ai compté le nombre de circonscriptions où les candidats de chacun des partis arrivent en tête dans les intentions de vote. Cette information est consignée dans la troisième colonne du Tableau 1 ci-dessous.



Tableau 1 - Nombre de circonscriptions où le candidat à la députation
pour un parti donné est en tête au classement. 


Le PHTK (le parti du Président sortant Michel Joseph Martelli) arrive en tête dans 34 des 118 circonscriptions. Le parti Vérité (de l'ancien Président René Préval) arrive tête  dans 16 des 118 circonscriptions selon les résultats du sondage. Chacun des 20 autres partis au classement sont en tête dans un nombre de circonscriptions allant de 8 à 1 selon le sondage.

Il faut souligner que le nombre de partis participant aux élections législatives est bien supérieur à 22.


B) Candidats au Sénat

Il y 20 sièges à combler: deux pour chacun des 10 départements géographiques.

Selon le sondage:
a) le PHTK arrive en tête dans 2 départements: le Centre et le Sud-Est;
b)le PHTK arrive en deuxième position dans 2 départements: le Nord-Est et le Sud;
c) le parti Vérité arrive en tête dans 3 départements: le Nord, le Nord-Est, le Sud;
d) le parti Vérité arrive deuxième position dans 1 département: l'Ouest;
e) le parti CNPPH arrive en tête dans la Grand-Anse. Son candidat est Guy Philippe;
f) le parti AAA arrive en tête dans l'Artibonite;
g) le parti Fanmi Lavalas arrive en tête dans les Nippes;


Des ex-sénateurs tels que Youri Latortue (AAA), Nènel Cassy (Fanmi Laval), Kely C. Bastien (Vérité), Évallière Beauplan (PONT), Turneb Delpé (MOPOD), tentent de faire un retour au Sénat.
Ils sont tous premiers dans leur département selon le sondage, à l'exception de Turneb Delpé qui est 5e position dans l'Ouest.

L'ancien commissaire du gouvernement, Jean Renel Sénatus (LIDE) tente de se faire élire dans l'Ouest; il arrive en tête dans le sondage.  


C) Candidats à la Présidence

La marge d'erreur du sondage BRIDES pour la Présidence est de 1%, 19 fois sur 20.
Selon ce sondage, les 15 premiers candidats à la présidence se classent comme suit:

  1. Jude Célestin (LAPEH) avec  15,1 % des intentions de vote;
  2. Jean-Charles Moïse (Pitit Dessalines) avec 9,6%;
  3. Jean-Henry Céant (Renmen Ayiti) avec7,6%;
  4. Jovenel Moïse (PHTK) avec 6,1%;
  5. Maryse Narcisse (Fanmi Lavalas) avec 4,6%;
  6. Irvenson Steven Benoît (Konviksyon) avec 3,2%;
  7. Sauveur Pierre Étienne (OPL) avec 3,0%;
  8. Charles Henri Baker (Respè) avec 2,5%;
  9. Chavannes Jean-Baptiste (Kontrapepla) avec 2,0%
  10. Simon Dieuseul Desras (Palmis) avec 1,5%;
  11. Jean Chavannes Jeune (Canaan)avec 1,3%;
  12. Clarens Renois (UNIR) avec 1,3%;
  13. Michel André (Platfòm Jistis) avec 1,1%
  14. Eric Jean-Baptiste (M.A.S) avec 1,0%;
  15. Edmonde Beauzile Supplice (Fusion) avec 1,0%.

Les 41 autres candidats ont recueilli chacun moins de 1,0 % des intentions de vote.

La lecture des résultats du tableau pour l'ensemble des candidats par département et au niveau national (que j'ai compilé et qui n'est pas fourni ici à cause de sa taille) permet de comprendre aisément, s'il en était besoin, la justesse de la démarche de Clarens Renois. Ce dernier proposait il y a quelques jours qu'un grand nombre des 56 candidats à la présidence (lui-même compris) s'entendent pour désigner un seul d'entre eux pour continuer la course présidentielle.

Les résultats présentés ci-dessus indiquent clairement que pas plus de 9 candidats sur 56 ont un score individuel supérieur ou égal à 2,0%. Cinq candidats sur 56 ont un score individuel de 4,6% ou plus.

Le candidat Jude Célestin avait été écarté de la course après les résultats du premier tour des présidentielles de 2010-2011. Actuellement, il arrive premier dans 5 des 10 départements: l'Ouest (417 sur 2911), le Sud-Est (459 sur 1201), le Sud (276 sur 1511), le Nord-Ouest (81 sur 709) et les Nippes (132 sur 468).

Le candidat Moïse Jean-Charles arrive en tête dans 2 départements: le Nord et l'Artibonite,
Les candidats Jean-Henry Céant, Jovenel Moïse et Chavanne Jean-Baptiste arrivent en tête dans la Grand-Anse, dans le Nord-Est et dans le Centre respectivement.

Le parti Vérité n'a pas de candidat à la présidence, le CEP ayant rejeté la candidature de Jacky Lumarque qui s'était présenté sous la bannière de ce parti. Vérité n'a aucune chance de présenter un autre candidat à la Présidence..
___________________

Pour prendre connaissance des résultats du sondage, cliquez sur le lien suivant:
BRIDES / sondage sur les intentions de vote aux élections de 2015: présidence, sénat, députation (période allant du 27 au 31 juillet 2015)

N.B.
Pour la Présidence, j'ai noté dans le rapport BRIDES quelques petites différences mineures entre les totaux par département (recalculés) et ceux indiqués dans le rapport; également, une différence mineure entre le total pour l'ensemble des départements calculé et celui indiqué dans le rapport.

Pour la Députation, la liste et les résultats pour l'ensemble des candidats dans la circonscription de Beaumont (Grand-Anse) n'est pas donnée. Cependant le pourcentage obtenu par les deux premiers candidats (seulement) dans cette circonscription est fourni.

Quelques petites coquilles sans conséquences sont notées dans le rapport.

mardi 16 juin 2015

Quand Martelly se confie

Par Frantz Duval
Source: lenouvelliste.com, Port-au-Prince, Haïti, 15 juin 2015

De Jean-Bertrand Aristide à Michel Martelly, Le Nouvelliste a rencontré tous les présidents de la République de ces dernières années pour des entretiens. Les démocratiquement élus, comme ceux qui sont arrivés au pouvoir par un accident de l’histoire, ont tous ouvert un jour leur porte aux envoyés du vieux journal de la rue du Centre. Michel Martelly, le lundi 15 juin, a lâché des confidences à deux journalistes.

« Depuis décembre 2014, j’avais dit à Laurent Lamothe qu’il ne serait pas mon candidat, qu’il n’était pas souhaitable qu’il soit candidat à la présidence. J’avais dit la même chose à Sophia Martelly, ma femme », nous a déclaré le chef de l’Etat. D'ailleurs Martelly avoue que Joseph Lambert, Youri Latortue, Mario Dupuis ou Sandra Honoré connaissaient tous sa position sur la question.

Continuant sur le ton de la confidence, il a poursuivi : « Le jour où le Conseil électoral a rejeté la candidature de Sophia au Sénat, je ne lui ai dit ni bonjour ni bonsoir. Cela ne veut pas dire que je ne souhaitais pas qu’elle soit élue, mais pour la bonne marche des élections que le président que je suis se doit de réaliser, il n’était pas souhaitable que Laurent ou Sophia soit candidat ».

« L'objectif de Laurent Lamothe, candidat, est de devenir président, le mien est la tenue de bonnes élections ». « Sa k tonbe, yo tonbe. Sa k pase, yo pase », prône le président.

Plus loin, lors de cet entretien réalisé en ses bureaux au palais national, le président est revenu sur deux succès diplomatiques qu’il a portés sur les fonts baptismaux : le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba et le dialogue en cours entre le Venezuela et les USA.

« La rue m’a porté au pouvoir, mais pas pour gérer les affaires de l’Etat dans la rue », a dit d’entrée de jeu Martelly quand on lui pose la question sur son rôle dans ces deux opérations de bons offices.

« Je n’ai jamais parlé de ces dossiers. C’est un sénateur américain qui a dévoilé que j’ai servi d’intermédiaire dans le dossier USA-Cuba et c’est la ministre des Affaires étrangères du Venezuela, puis les officiels américains qui ont fait savoir au monde qu'il y avait eu lieu des négociations en Haïti », précise le président haïtien.

« Les pourparlers américano-vénézuéliens, je m’y suis impliqué en avertissant à l’avance les deux parties que je le faisais pour aboutir à des résultats et ce fut fait. Dans mes appartements au palais, samedi, il y a eu deux bilatérales et une trilatérale. A la fin, Haïti a pu aider au dialogue entre les USA et le Venezuela et obtenir que les USA et le Venezuela coopèrent au service d’Haïti dans les domaines de l’éducation, des élections, de l’agriculture et de l’énergie », a confié l’ancien chanteur, non sans un peu de fierté dans la voix.

« Nous n’avons pas seulement donné un local et des facilités pour les négociations, nous les avons orchestrées », se félicite le président haïtien.

Lors de cette entrevue, la huitième accordée au Nouvelliste depuis qu’il s’était porté candidat à la présidence, Michel Martelly a convenu que cela lui a pris trois ans pour devenir président et qu’il se rend compte chaque jour des limites de son pouvoir. L’ancien chanteur a aussi témoigné des difficultés qu’il rencontre pour faire passer ses points de vue, que ce soit pour dire non aux trois aéroports en construction actuellement dans le Sud du pays ou pour faire voter une résolution allouant les fonds PetroCaribe.

« Cela m’a pris trois mois pour faire adopter la dernière résolution, car à chaque fois je me retrouvais en conseil des ministres avec une liste de projets qui n’était pas celle sur laquelle nous nous étions entendus », explique celui qui préfère parler le moins souvent possible ces derniers temps où tout le monde autour de lui cherche un candidat à qui se raccrocher.

En froid avec Le Nouvelliste depuis l’épisode TV5 en novembre dernier, c’est un président Michel Martelly disposé à se confier que deux journalistes ont pu rencontrer pendant une heure, ce lundi. Un président qui a beaucoup à dire.