jeudi 27 janvier 2011

Temps de Décision : Justice ou Injustice


Sources: VINOUSH, Forum culturel, 27 janvier 2011
Par Ray Killick, 26 janvier 2011
RayHammertonKillick-conscience@yahoo.com


Haïti doit ériger un État de droit. Un tel projet nécessite un changement radical de mentalité que seul un leadership ayant de la volonté et de la très grande dextérité politiques sera capable de réaliser. Quand M. Duvalier a été chassé du pouvoir en 1986, il a laissé un vide politique que n'ont pu guère comblé les régimes militaires. Tout est lié. Et voilà pourquoi un orateur de carrefour arrive au pouvoir le 7 février 1991 avec la même mentalité politique duvaliériste mais avec un dessein de destruction systématique et de chambardement général qu'il poursuivra à son retour en 1994. Anarchiste, impatient et revanchard, Aristide ne pouvait pas concevoir l'État de droit et encore moins l'implémenter. De fait, il choisit sciemment un être qu'il juge inférieur à lui et manipulable par lui pour en faire un président de doublure. Préval ne pouvait pas non plus concevoir l'État de droit. Il n'y a jamais cru. Pour faire le point, je vais partir de l'existence d'un État de droit (exercice mental ou thought experiment).

La justice fonctionne dans l'État de droit, n'est-ce pas? Qui peut alors empêcher quiconque de traduire un autre en justice qui lui aurait causé des torts ? En d'autres termes, l'État de droit, c'est l'État "sine ira et studio" de Max Weber. Sans haine et sans passion, sans parti pris, il dispense ses services au public. (Notez bien que je dis public et non peuple puisque je parle de l'État de droit.) Dans ce même État, on a souvent le pardon présidentiel. Cependant, l'exercice d'une telle discrétion dans le but de favoriser la réconciliation nationale, par exemple, ne peut enlever le droit à aucun citoyen de rechercher une forme de réparation en justice. Pour illustrer, un futur président d'un État de droit peut absoudre Baby Doc, mais madame X ou monsieur Y peut toujours poursuivre celui-là en justice. On ne peut pas décourager ceux qui recherchent réparation. Le faire est injuste. Si un cas n'a aucun mérite, c'est à la justice, et non aux philosophes, de le décider.

En somme, il faut distinguer l'action publique de l'action civile en matière de droit pénal. L'ensemble des discussions en cyberespace concernant la poursuite en justice des anciens tortionnaires du peuple haïtien semble confondre les deux. La première est une action au nom de la société alors que la seconde est réparation recherchée par la victime d'un crime ou en son nom. Par exemple, madame Michèle Montas Dominique a le droit en tant que citoyenne haïtienne d'entamer des poursuites judiciaires contre JCD alors que le gouverenement haïtien poursuit sa comédie soit-disant au nom du public.

Une voie qui requiert l'existence d'une plus haute autorité au-dessus de la justice de l'État de droit pour décider de la validité d'un cas juridique est arbitraire. Toute décision qui n'émane pas du système judiciaire (rôle d'interpréter la loi) concernant un cas juridique est également arbitraire. Décider d'ores et déjà que cela ne vaut pas la peine de poursuivre Jean-Claude Duvalier en justice serait arbitraire et incompatible avec l'État de droit. Dire que c'est une perte de temps, c'est sous-estimer la nécessité pour Haïti de finalement mettre sur pied un système judiciaire compétent. Dire comme Odette Roy Fombrun que si on veut juger JCD, on doit juger tous les autres tortionnaires et criminels, n'est pas un principe de justice. C'est un principe qui relèverait plutôt du domaine de la morale. C'est comme si on disait : si vous voulez juger Michael Jackson pour un cas de pédophilie, il faut que vou jugiez tous les pédophiles. Plus haute autorité que la justice, telle a été justement l'attitude d'Aristide qui s'est cru investi du pouvoir de rendre justice au nom du peuple haïtien au lieu de porter la justice à se réformer pour devenir un véhicule qui puisse remettre la société en confiance ("L'État, c'est moi." dixit Aristide après Louis XIV). La réconciliation nationale passe par l'application de la justice.

Ce qui déchire le tissu social haïtien est justement l'absence de justice, l'impunité. Alors quand est-ce que cela finira si on ne commence pas par appliquer la loi ? Si on décourage ceux qui recherchent justice pour avoir été victimes des régimes Duvalier, militaires, Aristide et Préval, alors avec quel régime va-t-on commencer ? Nos futurs tortionnaires ne diront-ils pas : nous avons commis beaucoup moins de crimes politiques que les Duvalier et Aristide...? Après tout, si on veut empêcher qu'un citoyen poursuive JCD en justice, ne faudrait-il pas intervenir avec une loi pour ce faire ? Serait-ce alors une illustration de l'État de droit, ça ?

La justice du pè lebrin est de l'injustice. Le dechoukaj des macoutes en 1986 fut de l'injustice. Car dans tous ces cas, on n'avait pas entamé des procès qui auraient permis d'appliquer la sentence appropriée pour les crimes commis, et ceci cas par cas. Toutes les fois qu'on recourt en tant que société à de telles pratiques, on divise la société. Toutes les fois qu'on transforme les masses en tant qu'instrument de violence, on s'éloigne de l'État de droit.

Si "un musée de la torture" est un bon exercice de mémoire comme le suggère un internaute, il ne peut toutefois servir d'instrument de dissuasion criminelle. Transformer le Fort Dimanche en musée ne va point résoudre le déficit de justice qui fait qu'Haïti est un pays de hors-la-loi, de m'fè sa'm vlé, sa'm pi pito. On nous montre les atrocités nazies tout le temps à la Télé, mais cela n'empêche guère qu'on enregistre toujours des crimes crapuleux, des régimes "sanguinaires", etc.

Je peux vous garantir que c'est plutôt une justice qui fonctionne qui facilitera finalement la réconciliation nationale, car elle découragera les abus et les actes arbitraires et injustes. Le vrai remède est difficile; c'est l'État de droit. Le mettre sur pied est un effort colossal qui requiert le démantèlement de l'État de non-droit, l'État des privilèges éhontés, des fiefs et des grands seigneurs. Tout raisonnement qui recherche la justice en dehors du système judiciaire est faussée au départ; sa matérialisation ne peut qu'avorter. Il faut apprendre en tant que société à rendre justice "sine ira et studio". Aucune action civile contre JCD ou Aristide ne peut être supprimée. De fait, l'action civile est un test pour la réforme de la justice haïtienne. L'action publique sera un test crédible pour la justice quand elle sera menée par un gouvernement qui voudra réellement établir l'Éat de droit en Haïti. Alors la question de l'heure est à Manigat et Martelly : comment allez-vous pouvoir mettre sur pied cet État de droit ?

REFLEXIONS A PROPOS DE L’ARTICLE "J'accuse"


Par Gérard Bissainthe, 27 janvier 2011
gerardbissainthe@gmail.com
http://www.blocnotes-gbissainthe.com/

J'ai beaucoup aimé le texte ci-dessous "J'accuse" de Madame Odette Roy Fombrun. J'admire surtout le fait qu'elle ait écrit: "Cela ne m’intéresse plus de juger Jean-Claude Duvalier." Je me rappelle à ce propos qu'un de nos hommes politiques dont la famille jérémienne avait été cruellement frappée par la répression de la dictature, m'avait confié que sa mère son lit de mort lui avait demande de pardonner. Lui non plus n'était pas intéressé à réclamer des jugements, surtout lorsque dans la horde des lyncheurs déchaînés on pouvait reconnaitre, parfois aux premiers rangs, un grand nombre d'ex-profiteurs de la dictature. Je ne cite pas le nom de cet homme politique; je lui laisse le soin de le faire s'il le juge opportun. Les braves ne sont pas revanchards: ils veulent la justice et non la vengeance. Ils n'ont jamais ni exalté ni pratiqué le "Père Lebrun". Seuls les lâches et les mercenaires l'ont fait. Quelques uns ont déjà demandé pardon pour leurs déviations. Les autres non. Honte à eux!

Madame Odette Roy Fombrun était, et je la cite "rentrée au pays en 1986, l’espoir plein mes poumons, avec un grand rêve." C'était le temps de la ferveur des exilés –j’en étais revenant de mon bannissement– qui retournaient à leur terre natale s'imaginant qu'une page venait de se fermer et qu'une nouvelle page allait s'écrire. Il n'en fut jamais rien. J'ai appelé cette période "la Grande Illusion". Nous n'y avons jamais vu que du bleu. Il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre ce qui s'était passé. C'est la raison pour laquelle je voudrais bien, mais je ne puis, suivre Madame Odette Fombrun dans le choix qu'elle fait dans cette phrase: " Plutôt que d’’accabler Jean-Claude Duvalier, ce qui n’enlève rien à l’horreur des crimes commis sous son gouvernement, je choisis d’accuser l’après -Duvalier." Ma raison est simple: il n'y a jamais eu d'après-Duvalier. Et c'est cela le fond de la "Grande Illusion". Avant et après Duvalier c'est la même farine. Avant, aux heures d’exaltation paroxysmique, on parlait d'un "Himalaya de cadavres". Après, aux heures d’exaltation paroxysmique, on voulait "sentir l'odeur de la chair brûlée sur toute l’étendue du territoire de la République”. “Ejusdem farinae”, de la même farine.

Nous ne sommes pas sortis de l’auberge.

En sortirons-nous jamais?

Non, si nous continuons les “baby talks” qui tournent autour de la validité ou non-validité de ces élections dont une tribu de singes ne voudraient pas.

Oui, si en adultes, nous exigeons une refonte de la Constitution AVANT D’ALLER A DE NOUVELLES ELECTIONS QUI DEVRONT, CETTE FOIS-CI, INCLURE LA DIASPORA. Car c’est la seule voie du salut.

Puisque les bébés veulent continuer à s'amuser, il faut, de plus en plus de guerre lasse, les laisser aux soins de leur babysitteur apparemment adoré qui a nom la Minustah. A moins d'être diplômé en “Early Childhood Education”, personne ne doit ou ne doit plus forcer son talent à tenter de mettre de l’ordre dans le kindergarten des dirigeants déboussolés qui continuent à rêver d'hallalis. L’avenir d’Haïti ne pourra se préparer qu’entre adultes sur des voies parallèles, en particulier celles de l’éducation, à condition que nous, Haïtiens, nous y ayons ou plutôt que nous y prenions l’initiative des opérations.

Si le “Konbitisme” qui est une des pistes qui auraient pu sauver n’est pas (pas encore?) passé, il aura contribué à poser d’utiles jalons pour le renouveau. Les Semeurs ne sont pas toujours les Moissonneurs.

Le mot d’ordre aujourd’hui est: SORTIR DE LA GRANDE ILLUSION.

J’écrivais en 1990 dans mon opuscule “Le Défi des Eclairés” “Toute nation doit avoir ses affaires personnelles, auxquelles les autres se sont pas mêlés. Haïti est la seule nation qui fait pipi devant tout le monde. Papa US et maman France sont toujours là pour changer nos langes.”

Il faut en finir, se reprendre en main.

Nous le pourrons, oui certainement, avec un “Kombit national”. Et ce “Kombit national” c’est, entre autres, un frère étranger, résistant lui aussi, qui pendant et après la dernière guerre mondiale en avait bien compris l’esprit et que, dans ces moments difficiles, où nous devons reconstruire nos ruines, nous avons intérêt à écouter. J’ai toujours aimé ces vers d’Aragon:

“Quand les blés sont sous la grêle,
Fou qui fait le délicat,
Fou qui pense à ses querelles
Au cœur du commun combat.”

Gérard Bissainthe

J’ACCUSE

Sources diverses: le document circule sur le Web depuis deux jours (e.g., Charles Dupuy, historien)

Par Odette Roy Fombrun

Ayant passé 27 ans en exil et consciente des crimes commis par les Duvalier, je devrais élever ma voix pour réclamer le jugement de l’ex-président à vie, Jean-Claude Duvalier.

Pendant ce long exil, aux côtés de mon mari Marcel Fombrun, et au sein d’une diaspora déterminée à combattre la dictature, j’ai lutté activement contre les gouvernements du père et du fils. Des membres de ma famille ont payé de leurs vies cette lutte : mon beau-frère, des neveux, des cousins, plusieurs simplement « disparus»…Je ne puis donc être duvaliériste. MAIS ! Plutôt que d’’accabler Jean-Claude Duvalier- ce qui n’enlève rien à l’horreur des crimes commis sous son gouvernement -, je choisis d’accuser l’après -Duvalier.

Rentrée au pays en 1986, l’espoir plein mes poumons, avec un grand rêve : en 2004, Haïti sera le Centre historique et culturel de la Caraïbe. C’ETAIT POSSIBLE. En effet, au départ des Duvalier, nous avions en mains tous les atouts. Le pays était en situation de force pour se développer : le monde offrait ses services. L’UNESCO en tête, avec ses projets de flagellation du système esclavagiste. Elle avait choisi Haïti –où l’abolition avait été proclamée en 1789 - pour inaugurer en grandes pompes, en 1989, sa Route de l’Esclave et le Musée de l’Esclave. (J’avais suggéré de faire ce Musée au Palais aux 365 portes abandonné. Mais, les gouvernants étant désintéressés, l’UNESCO va le faire à Cuba). Le Serment du Bois-Caïman (1789) forçait à protéger et développer la ville historique du Cap. 1992 serait déclaré Année de l’Indien avec expositions d’art taino ; 1993 année de l’abolition de l’esclavage…. Ainsi, en 2004 Haïti tape kanpe. Je ne voyais pas comment en 2004, Haïti ne serait pas le Centre historique et culturel de la Caraïbe.

Imaginez ma profonde déception :

- de voir gouvernement après gouvernement anéantir toutes les superbes opportunités qui s’offraient et le pays descendre jusqu’à nous voir patauger dans une boue puante!

- de constater que les droits de l’homme-pour lesquels on avait tant lutté – étaient impunément bafoués. Tandis que l’on danse le carnaval, des macoutes invisibles exercent violences physiques, emprisonnements, expulsions, kidnappings…

- de réaliser que, concernant la corruption, alors que la famille Duvalier et quelques proches étaient seuls à piller les caisses plutôt pleines de l’Etat, la corruption s’est tellement généralisée que l’on se demande quel élu aura assez de force pour la combattre, voire y mettre fin.

- de vivre jour après jour la destruction physique du pays :’exploitation anarchique de carrières de sable, bidonvilisation sauvage des mornes dominant la capitale et Pétion-Ville, alors qu’à mon arrivée en 1986 ces mornes étaient boisés, verdoyants, non bâtis.



Quant à la division, Il suffit de mentionner que, malgré ce drame du 12 janvier, on a eu 70 partis politiques et 39 candidats à la présidence pour réaliser qu’il n’y a aucun accord, aucun regroupement. Et tous se disent nationalistes, alors qu’ils sont presque tous égoïstes, égocentristes. Malgré tous les appels pressants du Konbitisme : pas de konbites nationales de développement, pas de konbites de construction. Les gouvernements sont activistes, populistes, rongés par la haine et l’esprit de vengeance. Au lieu d’un Mendela, pacificateur, unificateur, nous avons eu des génies de la division ; au point de voir aujourd’hui notre indépendance menacée à cause d’élections frauduleuses.

A l’écoute de Marie France Claude , (entendue à radio Kiskeya le 21 janvier)Comme moi, elle est moins intéressée à juger Jean-Claude Duvalier qu’à porter plainte contre ceux qui lui ont succédé, à évoquer les crimes qu’ils ont commis contre ceux qui ne pouvaient fuir : l’utilisation de l’odieux Père Lebrun, les destructions et pillages sauvages ; sans oublier les bastonnades, emprisonnements, expulsions de journalistes…. Elle a mentionné évidemment les multiples assassinats dont celui de son père, celui de Jean Dominique. Elle a aussi dénoncé la bidonvilisation de la capitale et celle des mornes qui dominent la capitale et Pétion-Ville : assassinat physique qui enlève toute possibilité de développement de ces deux villes.

A l’écoute de Liliane, (vue et entendue à Télé nationale après l’arrivée de Jean-Claude Duvalier).Comme moi, elle pense que nous n’avons pas rempli notre devoir de MEMOIRES. En 1986, on avait invité le Gouvernement à faire du Fort Dimanche un Musée des horreurs commises par les Duvalier. Il y avait eu une exposition à la Mairie de milliers de photos de victimes des Duvalier. On les aurait placées à ce Musée et ajouté tous les témoignages écrits- comme ceux que l’on fait aujourd’hui à travers tous les medias.

Si les avocats avaient invité les victimes à venir déposer leurs plaintes et, plus avant, à les renouveler, les successeurs des Duvalier auraient réfléchi à deux fois avant de violer les droits de l’homme, sachant qu’Ils pourraient être accusés de crimes contre l’humanité, avec menace d’être jugés au tribunal international de la Haye. Et nos jeunes, ayant sous les yeux ces horreurs, n’auraient pas crié : « Vive Duvalier ».

Pour moi, la déception est énorme ; la blessure incurable. Oui ! Je suis profondément affectée et c’est avec peine que je continue la lutte pour un pays dans lequel les dirigeants ne pensent pas pays. J’ai énormément de difficultés à accepter cet assassinat physique du pays et celui de mon rêve ; encore moins cette persistante division au niveau politique. Ceci en dépit des menaces exprimées par nos Grands Voisins et qui impliquent la perte de notre fierté légendaire, de toute dignité et celle, progressive, de notre souveraineté.

Cela ne m’intéresse plus de juger Jean-Claude Duvalier. Je suis malade à cause surtout de ce que j’ai vécu et vis encore dans l’après-Duvalier. Je me dis que Jean-Claude est venu au pouvoir à 19 ans, dans un système sanguinaire établi par son père et qu’il est parti refusant le bain de sang que voulait son entourage. Il a au moins cela à sa décharge.

Tous mes combats de 27 ans d’exil et tous mes rêves de 1986 ont été ASSASSINES par les successeurs des Duvalier. Qu’ont-ils à leurs décharges ? Est-ce pays exsangue ?

EN CONCLUSION :

S’IL FAUT PARLER JUSTICE, IL FAUT L’APPLIQUER A TOUS CEUX QUI ONT VIOLE LES DROITS DE L’HOMME, PENDANT ET APRES DUVALIER.

CEPENDANT, MALGRE CETTE PENIBLE SENSATION D’ETRE SOUS PRESSION DE FORCES OCCLTES, JE CONTINUE LE COMBAT EN FAVEUR DE L’UNION NATIONALE, ME FORCANT A PENSER QU’UNE GRANDE KONBITE NATIONALE PEUT ENCORE SE TENIR POUR QUE MON REVE SE REALISE :


HAITI CENTRE HISTORIQUE ET CULTUREL DE LA CARAIBE.

mercredi 26 janvier 2011

Présidentielle en Haïti: le parti au pouvoir décide de retirer son candidat


Source: google.com, 26 janvier 2011

PORT-AU-PRINCE (AFP) — Le parti du pouvoir en Haïti, Inité, a annoncé mercredi avoir officiellement décidé de retirer la candidature de son candidat Jude Célestin à la présidence du pays, indique-t-il dans un communiqué.

"Même si nous sommes certains que Jude Célestin a recueilli le nombre de voix nécessaires et qu'il est ainsi admis pour aller au deuxième tour, Inité est d'accord pour le retirer comme candidat à la présidence", indique le texte en créole signé des principaux dirigeants du parti.

Toutefois, M. Célestin, dont la candidature a été soutenue par le président sortant René Préval, n'a pas confirmé lui-même son retrait, et sa signature n'apparaît pas sur le document.

Une source proche du parti a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Célestin refusait de se retirer de la course à la présidence et menaçait de tenir une conférence de presse pour dénoncer l'annonce de son retrait.

Depuis le premier tour de la présidentielle du 28 novembre, Haïti est plongé dans une crise politique liée à la qualification pour le second tour, aux côtés de l'ex-Première dame Mirlande Manigat, de Jude Célestin, selon les résultats préliminaires diffusés début décembre par le Conseil électoral.

Ces résultats ont été dénoncés par les partisans du candidat arrivé à la troisième place, Michel Martelly, et donc exclu du second tour. Ils ont aussi été remis en cause par une mission de vérification des votes de l'Organisation des Etats américains (OEA), qui a suggéré un duel entre Mme Manigat et M. Martelly au second tour.

Le parti Inité (Unité en créole), qui critique le rapport des experts de l'OEA, a appelé ses partisans à "garder leur calme et à rester mobilisés".

"Nous allons nous battre pour assurer la victoire de nos candidats au Sénat et à la députation lors du deuxième tour des élections", indique-t-il.

Le 28 novembre se sont également tenues des élections législatives.

A l'inverse, dans un communiqué la diplomatie américaine a estimé mercredi que "le gouvernement haïtien devrait accepter les conclusions du rapport de l'OEA et passer au deuxième tour des élections". "Nous suivons la situation de très près", a ajouté Philip Crowley, porte-parole du département d'Etat, dans ce texte.

Washington "n'a exprimé aucune préférence pour tel ou tel candidat. (Les Etats-Unis) veulent un processus électoral équitable", a renchéri Thomas Adams, coordonnateur spécial pour Haïti, le même jour.

Au Congrès, Bill Nelson et Marco Rubio, les deux sénateurs de Floride (sud-est), où réside une forte communauté haïtienne, ont de leur côté appelé, dans une résolution, à la fin de la crise politique en Haïti, réclamant la mise en place d'un nouveau gouvernement le 7 février ou dans les jours qui suivent.

C'est le 7 février qu'arrive à expiration le mandat du président sortant René Préval.

"Il faut que les choses soient clarifiées avant le 7", a aussi expliqué le secrétaire général adjoint de l'OEA Albert Ramdin. "Nous devons savoir ce qui va se passer parce que la situation est trop confuse", a-t-il déclaré à des journalistes avant une réunion de l'organisation à Washington.

samedi 22 janvier 2011

Haïti/Cinq jours après son arrivée spectaculaire au pays, le président Jean-Claude Duvalier s'adresse à la presse et au peuple haïtien

*

Président Jean-Claude Duvalier,
à Pétion-ville, Haïti, le 21 janvier 2011
Photo: AFP




Président Jean-Claude Duvalier devant la Presse,
dans un hôtel à Pétion-ville, Haïti, le 21 janvier 2011
Photo: Hector Retamal, AFP


Point de presse
de M. Jean-Claude DUVALIER
et de son conseil juridique


Chers amis de la presse,

Je vous remercie d'avoir répondu à mon invitation de ce jour et saisis cette opportunité qui m'est offerte de m'adresser à mes concitoyens.

Très brièvement, je vous dirai combien j'ai été favorablement impressionné par l'accueil qui m'a été réservé depuis l'Aéroport International Francois Duvalier pour cette visite, surtout par cette foule de jeunes qui ne m'ont pas connu.

Cela donne chaud au cœur. M di yo mèsi anpil, m'te kontan viv moman sa-a.

Cela dit, je sais à quel point nombre de vous sont curieux de savoir l'objet de mon retour à Port-au-Prince après un quart de siècle d'absence. Cette question est sur toutes les lèvres.

En effet, j'ai voulu rendre un hommage aux nombreuses victimes du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 qui a fait, selon des estimations officielles, trois cent seize mille (316.000) morts. Malheureusement, je ne suis pas arrivé à temps pour cette commémoration.

Chers compatriotes,

Me voici revenu vous témoigner de ma solidarité en cette période extrêmement difficile de la vie nationale où vous êtes encore des centaines de milliers à vivre à la belle étoile, au milieu des ruines. Dès l'instant que j'ai pris la décision de revenir en Haïti pour commémorer avec vous, dans notre pays, ce triste anniversaire, je m'attendais à toutes sortes de persécutions ; mais croyez-moi, le désir de participer à vos cotés, à cette Konbit pour la reconstruction nationale, dépasse de loin les tracasseries auxquelles je pourrais être confronté… Peu importe le prix à payer, l'essentiel pour moi étant de me trouver avec vous. Et j'affirme qu'à ce titre, tous les Haïtiens et Haïtiennes de bonne volonté ont le droit de vouloir y prendre part.

Je saisis cette occasion pour présenter publiquement mes sympathies à mes millions de partisans qui, après mon départ volontaire d'Haïti, afin d'éviter un bain de sang et de faciliter le dénouement rapide de la crise politique, en 1986, ont été livrés à eux-mêmes. Des milliers ont été lâchement assassinés, boucanés, grillés, suppliciés au « pè lebrun », mot devenu tristement célèbre ; leurs maisons, leurs biens pillés, déchoukés , incendiés. Et tout cela, sous les feux des caméras du monde entier.

Je saisis aussi cette occasion pour exprimer, une fois de plus, ma profonde tristesse à l'endroit de mes compatriotes qui se reconnaissent, à juste titre, d'avoir été victimes sous mon gouvernement.

Jeunesse de mon pays,

Durant mon long séjour en France, j'ai toujours été attentif à vos cris et à vos malheurs. J'ai vécu vos moments difficiles avec beaucoup de peine et de chagrin. C'est à vous, futurs leaders de ce pays, qu'il convient d'assumer la relève et montrer au monde que l'âme haïtienne est bien vivace et forte.

Et comme pour parodier le Révérend Martin Luther King : « quand vous ferez en sorte que la cloche de la réconciliation nationale puisse résonner dans tous les cœurs et que nous la laissions carillonner dans chaque commune, dans chaque ville, dans chaque quartier , dans chaque foyer, alors, nous pourrons hâter la venue du jour où tous les enfants d'Haïti, hommes et femmes, vieux et jeunes, riches et pauvres, ceux de l'intérieur comme ceux de la diaspora, puissent marcher la main dans la main sans exclusion et participer ensemble à la renaissance d'Haïti ».

Tel est le message de mon retour.

Vive Haïti ! Que Dieu nous bénisse !

Merci.

mercredi 19 janvier 2011

Haïti-élections/Rapport final de vérification des experts de l'OEA

Voici le lien vers le rapport officiel des experts de l'OEA:
Haïti-élections/rapport de vérification des experts de l'OEA, 13 janvier 2011.

Les experts recommandent de retirer le candidat Judes Célestin de la deuxième place et de le mettre en troisième.

Le rapport recommande de retirer le candidat Michel Martelly de la troisième place et de le mettre en deuxième.

Les experts recommandent que le second tour soit organisé entre Mirlande Manigat et Michel Martelly.

Voici les résultats du premier tour recommandés par les experts de l'OEA après vérifications:
  • Total votes valides: 1 023 121 (la coquille que j'avais signalée dans un article antérieur a été corrigée par l'OEA).
  • Mirlande Manigat, 1ère, 323 048 voix, 31,6%
  • Michel Martelly, 2eme, 227 467 voix, 22,2%
  • Jude Célestin, 3eme, 224 242 voix, 21,9%

Malgré l'écart de 3225 voix qui sépare Jude Célestin de Michel Martelly, l'inférence statistique (test d'hypothèse) ne permet pas de conclure que ces deux candidats soient considérés ex aequo. C'est pourquoi les experts écartent clairement toute possibilité de recommandation que Jude Célestin soit éligible au second tour.

Haïti: Duvalier aspire à retrouver le pouvoir, mais son passé le poursuit



Haïti- Jean-Claude Duvalier salue la foule à l'hôtel Karibe, Pétion-ville.
Photo: AFP, 19 janvier 2011


Source: lexpress.fr, 19 janvier 2011
Par AFP, publié le 18/01/2011 et mis à jour le 19/01/2011

PORT-AU-PRINCE - Jean-Claude Duvalier ambitionne de redevenir président d'Haïti, a affirmé mercredi son entourage, malgré des plaintes pour crimes contre l'humanité déposées contre l'ancien dictateur rentré dans son pays à la surprise générale.
Trois jours après son retour à Port-au-Prince et 25 années d'exil en France, "Baby Doc", 59 ans, est apparu brièvement à la mi-journée à une cinquantaine de partisans qui l'ont acclamé à l'extérieur de son hôtel.

Parallèlement, son porte-parole, Henri-Robert Sterlin, a dévoilé à l'AFP la stratégie de l'ex-président, rentré à Port-au-Prince au moment où son pays traverse une grave crise politique depuis le premier tour contesté de la présidentielle du 28 novembre.

"Il faut tout bouleverser pour qu'on annule les élections. Et qu'après il y ait de nouvelles élections générales où Duvalier se présente. Et là, bingo" (il est élu), a expliqué M. Sterlin, ancien ambassadeur d'Haïti à Paris.

Mais l'ancien dictateur est poursuivi par son passé: il est tenu responsable par des organisations internationales de défense des droits de l'homme de la mort de milliers d'opposants sous sa présidence (1971-86). Mercredi, quatre plaintes pour crimes contre l'humanité ont été déposées contre lui devant la justice haïtienne.

La journaliste Michèle Montas, ancienne porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a annoncé avoir porté plainte pour "séquestration arbitraire, exil, destruction de biens privés, torture physique et morale, violation des droits civils et politiques".

Baby Doc est déjà inculpé depuis mardi de corruption, détournements de fonds publics et association de malfaiteurs.

Dans un communiqué, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a rappelé les autorités haïtiennes à leur "devoir continu d'enquêter, de poursuivre, de punir et de remédier aux atteintes aux droits de la personne", rappelant que la dictature Duvalier s'était caractérisée par "des violations massives des droits de la personne".

M. Duvalier s'est borné depuis son retour à déclarer qu'il était venu "pour aider" les Haïtiens après le séisme qui a dévasté le pays il y a tout juste un an. Il n'a toujours pas donné de conférence de presse.

De son côté, le Conseil électoral a entrouvert la porte à une révision des résultats de la présidentielle en indiquant qu'il prendrait "en considération" une révision des résultats du premier tour en fonction d'éventuelles contestations.

Les résultats préliminaires annoncés début décembre ont provoqué des violences de la part des partisans du chanteur Michel Martelly, arrivé en troisième position et donc exclu du deuxième tour.

Avec 21% des voix, M. Martelly ne comptait que quelques milliers de voix de moins que le candidat du pouvoir, Jude Célestin (22%), ce dernier étant donc qualifié pour affronter au deuxième tour une ancienne première dame, Mirlande Manigat, arrivée première avec 31% des voix.

Mais une mission d'enquête dépêchée par l'Organisation des Etats américains (OEA) a conclu que des fraudes avaient faussé les résultats et recommandé de rétrograder M. Célestin en troisième position.

Outre l'hypothèse de l'annulation du scrutin, qui permettrait à M. Duvalier d'être candidat, M. Sterlin a formulé une deuxième hypothèse qui verrait finalement M. Martelly accéder au second tour, voire à la présidence, avec le soutien des duvaliéristes.

Si un second tour est organisé, "M. Martelly arriverait au pouvoir", a pronostiqué M. Sterlin, précisant que le parti duvaliériste n'avait "aucun problème avec M. Martelly".

mardi 18 janvier 2011

Duvalier accusé de corruption et de détournement



Le Président Jean-Claude Duvalier à Port-au-Prince.
Photo: La Presse canadienne, 18 janvier 2011




Le Président Jean-Claude Duvalier à Port-au-Prince.
Photo: Ramon Espinosa/AP, 18 janvier 2011


Source: yahoo.com
Par Jonathan M. Katz, The Associated Press La Presse Canadienne, 18 janvier 2011

PORT-AU-PRINCE, Haiti - Un juge a ouvert, mardi, une enquête officielle sur Jean-Claude Duvalier, deux jours après le retour surprise de l'ancien dictateur d'Haïti dans le pays, dont il a été chassé par une révolte populaire il y a près de 25 ans.

L'avocat de la défense Gervais Charles a déclaré que M. Duvalier, mieux connu sous le nom de «Bébé Doc», faisait face à des accusations de corruption et de détournement de fonds pour avoir supposément volé le trésor public avant son renversement, en 1986.

M. Charles a précisé que le cas était désormais entre les mains d'un juge d'instruction, qui décidera s'il y a suffisamment de preuves pour tenir un procès. Cette procédure pourrait durer jusqu'à trois mois.

M. Duvalier a passé une bonne partie de la journée au tribunal derrière des portes closes, où il a été interrogé.

Le système judiciaire haïtien permet la détention avant procès. Mais Mona Bernadeau, candidate au Sénat pour le parti de M. Duvalier, a déclaré que l'ancien dictateur devait rentrer à l'hôtel après sa séance à la cour.

Plus tôt mardi, un contingent de police était allé chercher «Bébé Doc» à son hôtel et l'avait escorté vers un véhicule utilitaire sport qui l'attendait à l'extérieur. L'ancien dictateur n'était pas menotté.

M. Duvalier, âgé de 59 ans, était calme et n'a rien déclaré, ignorant les questions des journalistes.

Le véhicule, escorté par un convoi de police, s'est rendu au palais de justice, bien que des dizaines de partisans de M. Duvalier aient tenté de bloquer les rues avec des conteneurs à déchets et des pierres pour empêcher que l'ancien dictateur soit conduit en prison.

Le palais de justice était bondé de spectateurs et de journalistes, qui n'ont pas été autorisés à entrer dans la salle pour assister aux procédures.

La compagne de M. Duvalier, Veronique Roy, interrogée par téléphone par l'Associated Press alors qu'elle se trouvait dans la salle, a déclaré que l'ancien dictateur n'avait «absolument pas» été arrêté.

Plusieurs centaines de partisans de Jean-Claude Duvalier étaient rassemblés devant le palais de justice, brûlant des pneus, scandant des slogans et appelant à l'arrestation du président René Préval.

Chal Christen, âgé de 56 ans, agitait un drapeau du parti politique de M. Duvalier, qu'il avait rangé depuis le renversement du «président à vie» par un soulèvement populaire, il y a près de 25 ans.

«Nous n'avons pas de nourriture, nos maisons se sont effondrées, nos enfants ne peuvent pas aller à l'école. C'est Préval qui est le dictateur», a dit M. Christen. «Nous voulons Duvalier comme président. Sous son régime, nous mangions bien et nous étions en sécurité.»

Fenel Alexi, un mécanicien âgé de 31 ans, a assisté à la scène en dénonçant tant M. Duvalier que M. Préval.

«Les citoyens de ce pays ont enduré tant de crimes», a déclaré M. Alexi. «Nous n'avons jamais eu de président qui n'ait pas commis de crimes.»

Jean-Claude Duvalier a pris le pouvoir en 1971 après la mort de son père, François Duvalier, dit «Papa Doc». Il était alors âgé de 19 ans. Le père et le fils ont présidé l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire haïtienne, durant lequel la police secrète du régime, les Tontons macoutes, a torturé et tué de nombreux opposants.

Plusieurs groupes de défense des droits de la personne, dont Amnistie internationale et Human Rights Watch, ont exhorté le gouvernement haïtien à arrêter M. Duvalier pour les nombreux abus commis sous son régime.

Amnistie internationale a diffusé un communiqué pour saluer l'«arrestation» de M. Duvalier, tout en affirmant qu'il ne s'agissait que d'un début.

«Si une vraie justice veut être rendue en Haïti, les autorités haïtiennes doivent ouvrir une enquête criminelle sur la responsabilité de Duvalier pour la multitude d'abus contre les droits de la personne commis sous son règne, dont la torture, les détentions arbitraires, le viol, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires», affirme l'organisation.

Jean-Claude Duvalier bénéficie encore d'un certain soutien en Haïti, où des millions de citoyens sont trop jeunes pour se rappeler de la vie sous son règne. Son retour surprise a créé une onde de choc dans le pays, où certains craignent que sa présence ne ramène la polarisation extrême et la violence politique du passé.

Il n'a pas expliqué publiquement les raisons de son retour en Haïti. Lors de son arrivé dimanche à Port-au-Prince, sa compagne avait déclaré qu'il ne resterait que trois jours dans le pays.

Les procès pour atteintes graves aux droits de l’homme en Haïti

Par le professeur Gérard Bissainthe

En 1991 le Docteur Roger Lafontant, un des grands barons du régime de Jean-Claude Duvalier, avait été arrêté à Port-au-Prince après une tentative de coup d’Etat. Alors qu’il était en prison sous la protection de la justice de notre pays en vue d’être jugé, il fut assassiné dans des circonstances non encore éclaircies. Cela nous a privés d’un procès pour atteintes graves aux droits de l’homme en Haïti, qui aurait été inévitablement le procès d’un régime, voire d’un système. Absolument rien ne pouvait justifier ni même excuser un tel assassinat.

Aujourd’hui nombreux sont ceux qui réclament l’arrestation de l’ex-Président Jean-Claude Duvalier en vue de pouvoir le juger, car il a certainement des comptes à rendre à la nation. Mais, comme nous devons nous dire en tout réalisme et en toute lucidité qu’un procès fait à Jean-Claude Duvalier sera inévitablement un procès fait à un régime, voire à un système, les chances que ce procès ait lieu en bonne et due forme sont infiniment réduites (2). Il s’agira plutôt d’un hallali (1) contre un homme qui a été autant bourreau que victime: un bourreau que la rumeur publique accuse de beaucoup de crimes graves au moins cautionnés par son administration; mais en même temps une victime de machinations nationales et internationales qui l’ont utilisé pour des objectifs inavouables et inavoués. Les implications et les ingérences de deux nations en particulier, à savoir les Etats-Unis et la France, dans la gestion de la nation haïtienne et dans le régime jean-claudien ont été régulières, souvent profondes et de notoriété publique (3).

Des personnes et des organisations disent leur frustration devant le fait que les grands crimes sont rarement punis en Haïti, à tout le moins d’une punition légale. Il semble qu’on peut lire en filigrane dans notre histoire une sorte de règle définissable ainsi: lorsqu’un grand crime en Haïti a des racines étrangères ou au moins mixtes (haïtiennes et étrangères), son impunité légale est quasiment assurée. Et l’on ne manquera pas de remarquer la morale à géométrie variable (dont les “variables” doivent dépendre de la feuille de route reçue des commanditaires) de bien des organisations dites de défense des droits de l’homme qui demandent, à grands cris et à juste titre, que Jean-Claude Duvalier soit jugé, alors que, par exemple, elles n’avaient jamais exprimé l’ombre d’une critique contre cet embargo sur Haïti imposé par le Président Bush et continué par le Président Clinton, un embargo dont, entre autres, le Cardinal de Santo Domingo, Primat des Amériques, disait urbi et orbi avec indignation qu’il était “le plus barbare, le plus inhumain, le plus cruel de tous les abus de la force brutale.” Les œillères financières sont toujours des plus efficaces.

Je dis haut et clair qu’à mon avis Jean-Claude Duvalier doit un jour être jugé pour les exactions dont la rumeur publique l’accuse. Mais en même temps nous devrons ce jour-là avoir le courage de mettre à côté de lui sur le banc des accusés tous ceux, individus ou organisations ou Etats, sur qui pèsent des accusations de grave complicité avec le régime jean-claudien. Pour paraphraser Corneille, “Quand le bras a fauté, l’on en punit la tête”. Et la tête est souvent aux bords des “fleuves impassibles” du Nord.

La justice, nationale ou internationale, doit être une et exactement la même pour tous.

Gérard Bissainthe
Professeur Emérite de la City University of New York
Président International élu du Forum Francophone International
gerardbissainthe@gmail.com
http://www.blocnotes-gbissainthe.com/
_________________________________________________

(1.-) Après le départ de Jean-Claude Duvalier en 1986, il n’y a eu en Haïti qu’un ou deux procès faits à des piliers de la dictature. Il est vrai que les gros poissons ou avaient très vite pris le large ou avaient brusquement vu la lumière du salut au petit matin du jour de la libération et avaient rejoint les libérateurs. Il y eut surtout contre les coupables, réels ou prétendus, du régime que des sortes d’hallalis qui prirent le nom de “déchouquages” ou de “Père-Lebrun” et qui furent la plupart du temps des lynchages par crémation sur la place publique. Loin de les condamner un membre du CNRS de la France du nom de Hurbon Laënnec a même écrit cette phrase restée tristement célèbre, jamais rectifiée et jamais désavouée, à savoir: “Le Père-Lebrun [entendez donc le lynchage par crémation] est une exigence de justice stricte.” Après un tel cautionnement moral d’une pratique inhumaine et barbare par quelqu’un dont on était en droit d’attendre des conseils judicieux de conduite collective dans des circonstances dramatiques de notre histoire, il n’y a pas lieu de s’étonner qu’il existe chez nous des êtres qui pratiquent la violence la plus brutale, dès que cela les arrange. Les Haïtiens, comme tous les peuples, sont capables des pires atrocités, mais ils n’ont pas besoin que des moralistes dépêchés par de prestigieuses institutions étrangères, les y encouragent.

(2.-) On a vu, par exemple, comment le procès fait à l’ex-président du Chili Pinochet a traîné en longueur pendant des années pour finir en réalité en queue de poisson.

(3.-) Si les ingérences américaines dans les affaires haïtiennes sont assimilables à une sorte de protectorat de facto, qui n’a comme justification pseudo-juridique que la Doctrine de Monroe, un simple fait montre, par exemple, l’implication qui fut quasi organique de la France dans le régime jean-claudien: l’écrivain haïtien feu Roger Gaillard a été pendant très longtemps sans états d’âme le rédacteur en chef très zélé du journal gouvernemental jean-claudien “Le Nouveau Monde”. En même temps la France avait fait de lui, sans état d’âme aussi, un membre éminent du Haut Conseil de la Francophonie, cet organisme qui officieusement gère (très mal) les affaires linguistiques et culturelles internationales de l’Etat français. Mais ici inutile de se voiler la face, “les Etats sont des monstres froids”, De Gaulle dixit.

lundi 17 janvier 2011

Haïti/Le Président Jean-Claude Duvalier retourne chez lui


Président Jean-Claude Duvalier à Port-au-Prince, Haïti, hier dimanche 16 janvier 2011.
Photo: AFP, 16 janvier 2011



Après 25 ans d'exil, le Président Duvalier retourne chez lui, en Haïti. Il a un peu vieilli.

Haïti a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles pour se rebâtir.

Que ce retour aide à stabiliser ce pays déstabilisé par ses fils et ses amis, ravagé par des actes de Dieu (acts of God)...
Bon retour, son Excellence.
___________________
Cliquez sur le lien suivant pour voir l'arrivée de l'ancien chef d'état:
Président J.C. Duvalier à l'aéroport, 13 min 31 s

Haïti-élections 2010-2011/ Un second tour entre Manigat et Martelly

Le groupe d'experts dépêché par l'OEA a remis son rapport contenant ses recommandations au Président René Préval, le jeudi 13 janvier 2011.

Les conclusions du rapport étaient déjà connues quelques jours avant le 12 janvier.

Parmi les experts de l'OEA, il y a le Dr Fritz Scheuren (1). Il est statisticien diplômé de l'Université de Chicago. Il a été le 100e Président de l'ASA (American Statistical Association). Il est l'auteurs de livres sur les élections et le contrôle de la qualité.

Le rapport des experts conclut que Michel Martelly est 2e et Célestin 3e.
Le rapport recommande explicitement que Jude Célestin soit écarté du 2e tour, même si l'écart entre lui et Michel Martelly est réduit à 3225 voix en faveur de Michel Martelly.

Les résultats préliminaires publiés par le CEP avant la révision/correction proposée par l'OEA donnaient Jude Célestin deuxième et Michel Martelly troisième avec un écart (plus grand) de 6845 voix en faveur de Jude Célestin (7 décembre 2011).

Vu le sérieux et la qualité du travail des experts de l'OEA, le gouvernement Préval et le CEP n'ont d'autres choix que d'accepter et d'appliquer à la lettre les recommandations de l'OEA: second tour Manigat - Martelly.

Il reste à savoir si le deuxième tour sera organisé sous René Préval avec le CEP actuel, même si le candidat du pouvoir sortant est écarté par ce CEP.

LCDP-Mathématiques appliquées a fait une analyse statistique des résultats corrigés par l'OEA pour les trois premiers candidats. Nous arrivons à la même conclusion que les experts de l'OEA et le Dr Scheuren en particulier: on ne peut pas conclure que Célestin = Martelly (pourcentages de vote); Martelly est bien deuxième après Mirlande Manigat et Célestin est troisième.

Jude Célestin doit être écarté du second tour.

Voici le lien conduisant à notre analyse. Veuillez excuser la technicité:

Haïti-vérification des résultats du 1er tour présidentielles 2010 par l'OEA: Manigat 1ere, Martelly 2e, Célestin 3e.


Dr. Pierre Montès
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(1) Dr. Fritz Scheuren/National Opinion Research Center (NORC), University of Chicago.

dimanche 16 janvier 2011

Odette Roy Fombrun invite René Préval à partir le 7 février 2011

Source: radiokiskeya.com, jeudi 11 janvier 2011

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT RENE PREVAL

Monsieur le Président,
J’ai suivi avec intérêt vos déclarations à la presse ce soir, 11 janvier 2011, avant-veille de l’anniversaire de ce désastreux tremblement de terre qui a dévasté la capitale et tous les grands services de l’Etat. Vous vous êtes bien défendu. Vous avez raison sur bien des points. MAIS, cette défense ne tient pas compte de la réalité sur le terrain aujourd’hui et surtout pas des menaces qui pèsent d’augmenter l’instabilité que vous dites sans cesse combattre.

Concernant la Constitution de 87.
Il est certain que dès les débuts de votre mandat, vous avez fait ressortir qu’elle avait tant d’imperfections dangereuses qu’il fallait envisager d’y apporter des amendements le plus tôt possible. Malheureusement, la perception à votre proposition a été que vous vouliez vous faire accorder un autre mandat. Ainsi, la Constitution de 87 est demeurée en vigueur. Vos critiques rejoignaient les miennes et celles de la constitutionaliste, Madame Mirlande Manigat. Vu que les Amendements à lui apporter seraient très nombreux, elle recommandait l’adoption d’une Nouvelle Constitution et présentait un projet. J’ai alors proposé que les travaux d’une Constituante soient entamés à partir de l’étude du livre de Madame Manigat. (Proposition que je renouvelle aujourd’hui). Toutefois, elle insistait sur le respect de la Constitution de 87, tant que cette dernière serait en vigueur.

L’une des imprécisions de la Constitution de 87 concernait l’article 149 qui précise que le mandat du président commence le 7 février pour une durée de 5 ans ; les Constituants ont omis de préciser qu’au cas où, pour une raison ou pour une autre, le mandat devait commencer à une autre date, celui-ci se terminerait le 7 février de la 5eme année. Conscient du problème, vous aviez sagement accepté que votre mandat prenne fin le 7 février 2011 tel que consigné dans la loi électorale d’alors. Or, voilà qu’aujourd’hui, vous vous appuyez de préférence sur l’article fixant votre mandat à 5 ans pour demeurer jusqu’au 14 mai. En faisant ce nouveau choix, vous renvoyez aux calandres grecques la date constitutionnelle du 7 février. Pourquoi ce revirement ? Pourquoi vouloir bénéficier de cette imperfection de la Constitution de 87 que vous dénonciez et que vous aviez si sagement décidé de corriger en laissant le pouvoir le 7 février 2011 ? Seul un accord national aurait rendu cette option transitoire possible. Malheureusement, cet accord n’a pas été obtenu et sur le terrain ce sont les affrontements et le kraze-brize qui se préparent. Dans le contexte actuel c’est dangereux de faire un tel choix.

Monsieur le Président,
Concernant votre départ.
Sans nul doute, s’il n’y avait pas eu la catastrophe du 12 janvier, vous auriez terminé votre mandat dans la paix, après avoir inauguré quelques routes, ponts, universités... et, peut-être lancé le pays sur la voie du développement. Il est aussi certain que l’histoire vous rendra hommage là où hommage vous est dû - comme pour le respect de la liberté de parole et la lutte contre l’insécurité. (La presse dépasse même les limites du permis et le citoyen ne semble plus ressentir le besoin de se procurer une voiture blindée).

Malheureusement, vous portez - même injustement - le poids de la catastrophe du 12 janvier, jugée mal gérée et injustement celui du cholera qui fait tant de victimes. Vous êtes condamné par un destin malheureux à quitter le pouvoir, laissant le pays exsangue, MENDIANT, alors qu’il est le plus riche pays de la Caraïbe, riche en histoire, en sites historiques, en cultures… Le voilà classé, par ses « Grands Amis » qui l’aident à coups de millions et même de milliards ( ?) : « seul PMA d’Amérique et seul pays du Continent en voie de totale désertification». Quelle déchéance ! Quelle honte ! Quelle peine ! Comment expliquer une telle déchéance sinon que par un questionnement de ce qui n’a pas été fait ?

Pourquoi n’avez-vous pas exploité tant de richesses ? Pourquoi n’avez-vous pas arrêté le dangereux déboisement des mornes dominant la capitale, et empêché la construction et la multiplication de ces bétons-villes menaçants ? Pourquoi avoir tant tardé à entreprendre une décentralisation effective porteuse d’emplois et de régénérescence des provinces, limitant l’exode rural ? Il était dans votre intérêt d’encourager l’intéressant projet NABATEC, créateur de nombreux emplois et de logements pour les sans abris de Port-au-Prince. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? Surtout, pourquoi n’avoir pas mis un frein à l’envahissement d’espaces destinés à des projets de développement ? Ces initiatives constructives auraient certainement plaidé en votre faveur aujourd’hui.

Concernant la création du parti UNITE.
Vous avez expliqué valablement les raisons qui vous ont porté à le créer et à vous y impliquer personnellement et directement. Ce choix qui ne vous a pas mis au-dessus de la mêlée, porte un secteur de la population à vous rendre responsable de l’échec des élections et à réclamer votre départ du pouvoir. En rétrospective, il eut été plus sage et plus prudent pour vous de supporter des élections non-partisanes pour une transmission pacifique du pouvoir….

En conclusion, je vous prie, Excellence, d’éviter au pays de nouveaux soubresauts, dangereux pour la souveraineté nationale. Imitez le geste de Tiresias Simon Sam. Le 7 février, transmettez volontairement le pouvoir à un juge de la Cour de Cassation et la Nation vous sera reconnaissante de lui avoir évité le kraze-brize destructeur qui la menace. Laissez à l’histoire le soin de vous rendre justice.

Je suggère aussi qu’à votre départ :
le cabinet ministériel reste en place, vu les accords en vigueur avec la Communauté Internationale et les nombreux projets en cours. Ceci permettrait de maintenir une certaine stabilité et d’assurer un minimum de continuité. Ce cabinet est cependant sujet à remaniement par votre remplaçant. Il reviendra au président élu et aux nouvelles Chambres le soin d’installer un nouveau Gouvernement.

le remaniement du Conseil Electoral et du système électoral afin de garantir la crédibilité des prochaines joutes devant se tenir dans les plus brefs délais. Vous pourriez peut-être proposer une procédure.

la mise en place d’une Constituante afin que les futures élections se fassent sous l’égide d’une nouvelle Constitution mieux adaptée au développement harmonieux de la Nation et que réclament de nombreux citoyens.

Avec mes respectueuses salutations et mes vœux de Paix pour vous, votre famille et le pays

Odette Roy Fombrun
________________________________________

* Votre cas, Monsieur le Président, est semblable à celui du président Magloire. En ce temps-là, la date constitutionnelle n’était pas le 7 février, mais le 15 mai. Magloire … « prête serment le 6 décembre 1950 pour un mandat de 6 ans. Une disposition transitoire de la constitution de 1950 prévoit que son mandat prendrait fin le 15 mai 1957 » (afin de respecter la date constitutionnelle). Parce que la politique est l’assassin numéro un de notre pays, malgré cette précision des Constituants, il y a eu protestations et Magloire a du prendre le chemin de l’exil.

vendredi 14 janvier 2011

Haïti-premier tour présidentielles 2010/Rapport final des experts de l'OEA (37 pages)


La Mission d’observation électorale conjointe OEA/CARICOM a remis le rapport de la Mission d’experts au Gouvernement d’Haïti hier jeudi 13 janvier 2011.

En effet, le Chef de la Mission d’observation électorale conjointe (MOEC), l’Ambassadeur Colin Granderson, et le Directeur du Département pour l’Observation et la Coopération Électorale (DECO), Pablo Gutierrez, ont remis aujourd’hui au Gouvernement d’Haïti le rapport final de la Mission d’experts pour la vérification de la tabulation du vote de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, envoyée par l’Organisation des États Américains (OEA).

Le rapport est intitulé:
«ORGANIZATION OF AMERICAN STATES
EXPERT VERIFICATION MISSION
PRESIDENT ELECTION – FIRST ROUND 2010
FINAL REPORT»

Le rapport est sous forme de fichier pdf et contient 37 pages.

Pour le lire, le télécharger, cliquez sur le lien suivant: rockmasters.com/Haïti-Rapport final OEA

jeudi 13 janvier 2011

Carte Postale: Transition de Régimes

NDCDP-Politique.- Nous avons été mis au courant de l'existence de cet article par M. Jean-Robert Boulin qui l'a lu hier et aujourd'hui dans son émission matinale sur CPAM 1610, à Montréal.

Par Ray Killick

Source: haitination.com, Lundi, 10 Janvier 2011 16:41

Étendard d'un idéal peut-être trop grand pour héritage, promesse d'un nouvel ordre mondial en plein ordre colonial, la jeune république d'Haïti de 1804 n'existe aujourd'hui que de nom. Loin de se fortifier à travers l'émancipation indispensable des masses, la fragile entente au berceau du rêve républicain s'est rompue pour alimenter la fissure quasi-irréparable qui fait que dans la conscience et le subconscient collectifs il y a effectivement deux nations haïtiennes dont les rapports entravent tout espoir de refondation de l'État et de renaissance nationale.

Quand un pays ne gère pas ses problèmes, ceux-ci se cotisent et s'amplifient dans l'espace socio-temporel pour empoisonner le tissu social et faciliter l'imposition de solutions inadéquates aux crises nationales. Solutions étrangères, de surcroît. Aux abois, les démunis n'ont alors d'autre choix que de chevaucher la silhouette fragile d'un renouveau qui épouse la leur sur la roulette de casino que représentent les élections. Alors à quand la solution haïtienne ?

FAUSSE ROUTE

Un tremblement de terre 8,8 sur l'échelle de Richter, un sauvetage high-tech de 33 mineurs, un autre tremblement de terre 7,1 sont l'occasion pour Michèle Bachelet et son successeur de prouver au monde que le Chili est un pays où l'État est responsable et en mesure de gérer ses problèmes. Le leadership chilien coordonne les opérations de reconstruction et de sauvetage et sait évaluer l'assistance étrangère adéquate, la conjuguer avec les ressources chiliennes et l'utiliser à bon escient pour le bien-être national. Le Chili est un pays qui se respecte et démontre une âme patriotique dans un Chi Chi Chi Lé Lé Lé émouvant et mémorable.

Chez nos frères africains, le Rwanda va prouver au monde à la fin du XXème siècle qu'au faîte d'un génocide fratricide, gratuit, sans gloire et sans vainqueurs, il est toujours possible de dire: "assez, c'est assez, faisons la paix pour édifier une société pour tous.

Faisons la paix pour l'avenir et travaillons ensemble, frères ennemis d'hier, pour que l'étranger ne nous impose une mission de stabilisation et un comité de reconstruction à notre détriment."

Deux pays de Sud de continent, le Chili et le Rwanda illustrent parfaitement que les peuples qui choisissent de prendre en mains leur destinée peuvent accomplir de grandes choses ensemble pour façonner une qualité de vie nationale qu'on n'obtient jamais en cadeau, surtout jamais de l'Onu, de l'OEA, ou de l'Occident capitaliste. Par un curieux cheminement aux antipodes des visions chilienne et rwandaise de la gestion d'État, les dirigeants haïtiens, assoiffés d'enrichissement rapide et illicite, ces authentiques de la Classe, parient par leur comportement irresponsable que l'État démissionnaire est viable à perpétuité; les États-Unis, l'Union Européenne, l'Onu et l'OEA seront toujours présents au chevet d'un pays qui se suicide, d'une terre que ses propres fils ont cessé d'aimer. Pour notre malheur, l'illusion est à son comble quand spéculations politiciennes et plans stratégiques indigènes implorent un système financier international épuisé et moribond épaulé par un appareil politique qui n'a jamais cessé de croire que la charité bien ordonnée commence par l'Occident.

Elle coûte chère l'expertise étrangère que l'aide internationale se charge d'imposer aux gouvernements qui ne savent pas défendre les intérêts de leur peuple. Et pourtant, c'est ce chemin étriqué que le régime de Préval, l'opposition et une grande partie de l'intelligentsia ont emprunté.

PAS UNE QUESTION de PROFESSEUR vs. MUSICIEN.

On ne redéfinit pas les règles démocratiques quand on réalise soudain qu'un candidat populaire est un musicien à réputation douteuse. Sweet Micky a tous les droits de lutter pour que la lumière soit faite sur le résultat des urnes du 28 novembre. Un véritable fiasco qui sanctionne l'échec de l'International au pays et qui devrait sonner le tocsin pour l'émergence d'une nouvelle conscience patriotique. Faut-il rappeler que le professeur Leslie Manigat beaucoup moins populaire que Micky avait justement protesté contre la décision d'éliminer le second tour de la présidentielle de 2006 et que madame le professeur Mirlande Manigat, sénateur élu, méprisait, par solidarité avec son mari injustement écarté, la confiance que le peuple avait placé en elle pour le représenter ?

Quelles que soient les recommandations des experts de l'OEA concernant les élections, il faut remarquer que le peuple haïtien est en train de se chercher. Il embrasse toujours pour son malheur la candidat qui s'identifie à sa cause par le verbe de malice. Personne ne peut affirmer qu'un régime Micky sera une réédition de la déception aristidienne. Personne ne peut affirmer que madame le professeur décevra au timon des affaires. On est dans le blackout total quant à la poigne et la dextérité de ces derniers à diriger la barque nationale à bon port.

La vraie question n'est pas Mirlande Manigat vs. Sweet Micky. L'électorat n'a guère des éléments de choix basés sur l'expérience de Martelly ou Manigat à la tête d'une entreprise. Il n'a alors d'autre choix que de jouer à la roulette comme toujours. Si on aime le parcours d'universitaire et d'enseignante de madame et qu'on condamne la vulgarité du chanteur, le choix est clair. Si par contre, on se retrouve dans la chanson de celui-ci et qu'on ne comprend pas le professeur, le choix est simple. Et c'est justement là où le bât blesse. Ces candidats n'ont jamais encore formulé de solution vraiment haïtienne à la crise haïtienne. C'est-à-dire que l'optique est toujours l'aide étrangère sur laquelle on mise toute une vision de changement.

On ne nous dit rien au sujet d'une approche qui consoliderait les forces du pays en vue de:
1) Commencer à relever le défi de reconstruction en partant de nos moyens.
2) Remettre en question notre manière de dialoguer avec l'étranger en précisant le genre d'aide capable de suppléer à nos moyens
3) Faire de nos ambassades étrangères de vraies moteurs de sensibilisation et de marketing pour la cause d'Haïti (écoles, agriculture, assistance technique, médicale, etc.)
4) Refonder l'État, fiscaliser le pays
5) Engager l'International sur les mesures de sécurité que nous estimons nécessaires à un climat propice pour la relance économique
6) D'ores et déjà négocier avec l'Onu le départ de la MINUSTAH après la formation d'une force haïtienne à effectif adéquat
7) Offrir des avantages à la Diaspora haïtienne pour un rapatriement accéléré
8) Encourager le secteur privé haïtien à contribuer à des oeuvres sociales (écoles, dons d'équipement, etc.)
9) etc.

C'est pour ainsi dire parler d'une reprise en mains de l'initiative de reconstruction par les Haïtiens. Au lieu d'espérer la manne du ciel occidental sans quoi on est paralysé, on doit commencer par une vision réaliste et des initiatives stratégiques susceptibles de nous faire prendre au sérieux au niveau international. (Pas de plan stratégiques de $100 milliards s'il vous plaît !) On ne peut tout entamer à la fois, mais on peut lancer certaines choses qui témoigneraient de notre volonté et combativité à nous sortir de ce pétrin dans lequel nous plongent des forces naturelles et les conséquences de nos inconséquences bicentenaires.

Notez bien que je ne parle pas des ressources naturelles du pays comme certains se plaisent à le faire comme si cela allait changer le sort inhumain fait au peuple haïtien. S'il est une vérité en ce bas monde, c'est bien que les richesses du sous-sol créent des familles riches, des mafias, et davantage de pauvres. L'écart entre riches et pauvres ne fait que s'accentuer dans ce contexte. Je veux parler plutôt d'un changement de culture qui, le moment opportun, permettra la gestion responsable des ressources tangibles et intangibles d'Haïti.

TRANSITION DE RÉGIMES

Quand la main qui façonne le monde avait décidé de lancer le Groupe des 184 et la rébellion qui allait pousser Aristide à plier bagages le 29 février 2004, il ne s'agissait alors d'aucune lutte de libération ou d'un nouveau contrat social mais plutôt d'un simple remue-ménage à la tête de l'État. On parachutait Gérard Latortue et la MINUSTAH dans le décor non pour une transition de régimes mais pour la mise en quarantaine d'Haïti pour des années.

Sept ans après, où en est-on avec la stabilisation ? Le régime Alexandre-Latortue a géré l'étranger de la même manière que tous les gouvernements mendiants d'Haïti l'ont fait. On se rappelle de Latortue claironnant que le Canada allait nous aider à réformer la Justice haïtienne.

Il promettait aussi la sécurité après son voyage de Montréal pour exhorter nos compatriotes à revenir au pays pour investir.

Par manque de leadership, ce régime n'a pas créé les conditions de changement de régimes. C'est pour cela qu'une transition de régimes demeure toujours un impératif à ce moment précis de notre existence de peuple.

Quand on parlait de transition en 2004, il fallait se demander transition pour qui ? Transition vers quoi ? Des élections ou Haïti en quarantaine ? (Notez bien que je me garde de répéter "tutelle", car il ne s'agit pas de cela.) Sans cette transition de régimes, amis-lecteurs, il faudra se contenter que le peuple continue de jouer à la roulette jusqu'à ce qu'un leadership d'exécution parvienne au timon des affaires.

LA DERNIÈRE SAGESSE

L'une des plus grandes qualités de leadership est l'humilité. Le leader qui la possède sait écouter pour apprendre de ses subalternes. Et en apprenant, il sait éviter l'aveuglement que confère le pouvoir qui a fourvoyé ceux qui comme Aristide se croyaient révolutionnaires et grands justiciers devant l'Éternel.

Espérons que le professeur ou le musicien, s'il arrive au timon des affaires aux prochaines élections, n'aura pas le vertige du pouvoir qui aveugle. Et qu'il saura plutôt rechercher une solution haïtienne à la crise haïtienne, c'est-à-dire possible en partie avec nos moyens et la redéfinition des rapports avec l'International sur la question de l'assistance étrangère.

Espérons qu'il y a derrière les discours de campagne électorale une volonté politique réelle pour une transformation profonde de la nation, la refondation de l'État, une vraie transition de régimes.

Volonté et humilité sont les deux qualités qui distinguent le leadership du cinquième genre, c'est-à-dire le leadership de plus haut niveau. On a semblé les palper au Chili en deux occasions successives et mémorables en 2010.

Du Chili...une carte postale pour Manigat et Martelly.

Le pouvoir est une responsabilité et non un héritage de droit divin. Le pouvoir doit être une confiance méritée, jamais bafouée même quand le leader est appelé à prendre des mesures impopulaires dans l'intérêt de son peuple.
C'est dans l'exercice du pouvoir que le leader émerge dans toute sa plénitude, ses vraies dimensions, surtout quand il faut réconcilier deux nations; condition sine qua non pour une renaissance haïtienne.

Du Rwanda...une carte postale pour Manigat et Martelly.

Quand le leader n'a pas les moyens de sa politique, il doit s'atteler à conduire la politique des moyens. Et ceci peut s'avérer le premier obstacle à franchir pour le locataire du palais écroulé si d'aventure on lui fout aux trousses un réfractaire de l'Inité à la primature, courtoisie d'une majorité parlementaire probable pour ce parti et qui jusqu'ici n'a point été remise en question. C'est dire que le poste de président demeure toujours dans le psyché du politique haïtien le seul qui importe.

Voilà pourquoi je mets l'accent sur la nécessité d'une vraie transition de régimes, et non plus cosmétique comme la transition Alexandre-Latortue orchestrée pour la pax americana.

mercredi 12 janvier 2011

Haïti/1er tour présidentielles 2010/ Extraits du rapport des experts de l'OEA


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DRAFT

ORGANIZATION OF AMERICAN STATES
EXPERT VERIFICATION MISSION
PRESIDENT ELECTION – FIRST ROUND 2010
FINAL REPORT

The Expert Team verified 442 PVs from a national sample representing 71,423 votes and 454 PVs where it applied the criteria for disallowing PVs, which represent 118,478 votes. Additionally, the Expert Team retrieved 23 ballot boxes from all 10 of the BEDs, representing 2,162 votes. Team members travelled to the BEDs and brought the bags to be reviewed in the receiving center where electoral materials were returned on Election Day. In the presence of CEP authorities, they reviewed the contents of the bags and conducted a manual count of the ballots. The Expert Mission reviewed a total of 919 PVs or 8.2 percent of the total PVs processed by the CTV. This number represented 192,063 votes or 16.9 percent of the total votes processed by the CTV.

Additionally, the user access logs for the CTV tabulation system were reviewed. A reference analysis was conducted to detect irregularities by implementing crossexaminations between the tabulation systems logs and the extract of the PV results by comparing the status of the PVs against result logs. Furthermore, the logs were review to verify that the first and second data intake operations were completed by different users. Finally, a review was conducted to verify that the operator quality control was undertaken by a user uninvolved in the data entry. The review concluded that all user control policies were followed.

Finally, the Expert Team's mandate required it conduct interviews with electoral stakeholder to obtain their insights and opinions about the first round elections. In fulfilling this mandate, team members met with representatives of the presidential candidacies of Mr. Martelly, and of the Group of Twelve presidential candidates which is petitioning a group on the election results. Contact was made with Mrs. Manigat, but the proposed meeting with her representative never materialized. Team members also met with representatives of the following civil society organizations – Initiative de la Société Civile, (ISC), Réseau National de Droit de l'Homme, and the Conseil National d'Observation des Elections (CNO). These meeting also permitted the Expert Mission to offer information on its composition, its methodology and on some of its own insights.

ELECTORAL VERIFICATION FINDINGS

For the purposes of this Expert Mission, an "electoral irregularity" is defined as the purposeful or erroneous violation of official electoral procedures resulting in the disputed validity of voted ballots, electoral documents, or voter eligibility and, as a consequence, electoral results. Keeping in mind the relevant provisions of the Haitian Electoral Law, the Expert Mission noted the following kinds of irregularities in its verification process:
  1. Missing of PVs, voter lists, and tally sheets from the polling station sachets.
  2. Absence of required signatures on the PVs or the tally sheets.
  3. Alterations (an attempt to change the results on the PV) versus corrections, which did not change results.
  4. The absence of written CIN numbers on the voter lists indicating that an elector had voted.
  5. Irregular patterns when recording CIN numbers (e.g. the first few pages completely full of electors who voted with the remaining pages blank.)
  6. Invalid CIN numbers confirmed by using a bar code scanner linked to the national voter registry.
  7. Disallowed PV sachets to confirm the validity of the quarantine decision by the Unit for Legal Control (ULC) disallowing those results.
  8. PVs recording voter participation rates exceeding 50 percent and at least 150 votes for any single presidential candidate, which were included in the final vote tally.
  9. Missing PV sachets with the results of a number of polling stations.

From the analysis of the information obtained from these sources, the Expert Mission identified the following tendencies.

  1. As the participation rate and total number of votes for the winning candidate increases, so too does the probability of irregularities and fraud.
  2. When compared to the total field of candidates, the irregularities impacted two candidates in particular. (See table below.)
  3. Given that most of the irregularities were found on source documents coming from polling stations, the Expert must conclude that most of the irregularities and fraud emanated from the polling stations.
  4. At the Tabulation Center, however, the Legal Control Unit's inconsistent practices and ambiguous lines of authority contributed to the uncertainties surrounding the validity of the preliminary results.

In recommending a remedy to correct these irregularities, the Expert Mission identified four options for consideration:

  1. Conduct a new nationwide election.
  2. Conduct a new election in certain problematic locations.
  3. Conduct a nationwide recount of presidential ballots.
  4. Review those PVs in the particularly problematic areas, as identified by voter participation and vote total for a single candidate, and disallow those that do not comply to articles 171 and 173.2 of the electoral code of Haiti.
  5. Ascertain the impact on the preliminary results, including the placement of the top two candidates to enter the second round.

The option to conduct a new national election was ruled out. As it pertains to the presidential election, which is the scope of the Expert Mission, the irregularities identified most profoundly affected the candidacies of the first, second and third place presidential candidates in the first round. The Expert Mission believes that a new election would involve more contests and candidacies than the evidence warranted. Furthermore, it would subject the Haitian people to a further lapse in constitutional governance, impose new campaign expenses, and diverting scarce resources both from the treasury of the Government of Haiti and international assistance would otherwise be directed into humanitarian relief, and reconstruction programming.

The Expert Mission has ruled out the option of organizing a presidential election in selected areas was ruled out for similar reasons. While the variable costs associated with an election involving fewer voters would be, in principle, less than a nationwide one, the overhead costs of electoral administration would still be incurred, additional expenses would still be imposed on domestic and international stakeholders, and the lapse in constitutional governance would remain the same as in the case of a national election repoll.

The Expert Mission does not consider a nationwide recount of presidential ballots as a feasible option. The Electoral Law of Haiti does not have explicit provisions to conduct a physical recount of ballots. According to Haitian legislation, the PVs serve as the final accounting of election results and the basis for any recalculation of the preliminary outcomes.

The Expert Mission proceeded on the option of verifying the preliminary results by way of the visual verification of a large number of PVs in order to determine whether the preliminary results reflected the will of the people.

In accordance with this provision of the law, the Expert Mission set four specific criteria to determine if a PV should be included: 1) the inclusion or absence of the required signatures of the polling officials on the Procès-Verbaux; 2) the inclusion or absence of the list of registered voters; 3) the presence or accuracy of the CIN numbers to identify those voters who cast their ballots at that particular polling station and if bona fide; 4) if a Procès-Verbal had been obviously altered to change the results of the elections, for instance adding a digit to a number to increase a vote total by a hundred or more, that PV was also excluded.

Following the original "red flag" utilized by the ULC in the Tabulation Center, the Expert Mission reviewed those PVs where any single candidate received more than 150 votes or more. Because of the statistically significant patterns demonstrated in the national sample, it reviewed and evaluated all PVs with a participation of 50 percent and above and the previously mentioned candidate total. Every single one of the PVs with a participation rate that exceeded 100 percent was reviewed, irrespective of the candidate vote total. Any other PV that was found to not be in compliance with the above criteria, even if it didn't reach the thresholds for participation and candidate vote total, was also recommended to be disallowed and not included in the final vote tally.

The table below shows the impact on vote totals for each presidential candidate when these criteria are applied campared with the officially reported election results from the CEP.



In compliance with its mandate, the Expert Mission offers to the CEP the following figures to quantify the impact of the recommendation to exclude 234 PVs from the vote tally. Should this recommendation be implemented., the position of the candidate in third place would change to second and the candidate now in second place would move to third.

The final decision by the CEP should be followed by the statuory of contestation for a legal hearing of disputes over the CEP's decision so that a final result for the first can be certified.


OTHER RECOMMENDATIONS

In order to improve the integrity of polling and tabbulation in the second round of voting the CEP can consider intistuting the following policiy and administrative improvements.

A. Polling Station Administration

  1. In order to improve the accuracy of accounting for ballots cast and voters, the record of voting by Political Party Agents (mendataires) and pollworkers should be documented and accounted for on a dedicated Proces-Verbal.
  2. It is essential to reinforce the training of the polling staff in order to guarantee the accuarcy of the information contained in the PV transmitted to the CTV as well as to avoid irregularities noted during the examination of PVs ans the supporting documentation. Poll worker training should emphasize the proper search techniques on the voter registry in identifing the names of voters, vote tabulation procedures, and the proper completition and inclusion of electoral documents in the sachet. Attendance at the training session should be mandatory and a senior officier from the Tabulation Center should be present at the training of trainers to improve the quality of the information recorded on the PV and other material included in the sachet. Further, the President, Vice-President, and Secretary of the polling station should not only required to list their name on the PV but also sign the form for authentification. The PV may require a change in format to accommodate these signatures.
  3. Improved training should be provided for the Agents de Security Electoraux (ASE) to better prepare them in polling station security and conflit management. This training should include establishing communication protocols among the ASE, Haitian National Police ans MINUSTAH for rapid responses to security incidents. Poll worker should receive better training in electoral security incident documentation and reporting.
  4. The performance of poll workers employed at stations where irregularities occured should be reviewed. Those individuals who served in polling station where the malfesance occured should not be re-employed for the second round. Similarly , the PVs yield the insights that in some case entire polling centers were subjet to irregularities . In those case, the polling center supervisor should not be re-employed for the second round.


B. Tabulation Center Administration

The Expert Mission focused its efforts and activities in the Vote Tabulation Center (CTV, by its French acronym). Its two chief deficiencies concerned the lack of clear criteria for determining the validity of the Proces-Verbal and its complementary documentation. To this end, the Expert Mission provides the following recommendations.

  1. The Legal Review Unit should continue using the four specific criteria to determine if a PV should be included: 1) the inclusion or absence of the required signatures of the polling officials on the ; 2) the inclusion or absence of the list of registered voters; 3) the presence and accuracy of the CIN numbers to identify those voters who cast their ballots at that particular polling station; 4) if a Procès- Verbal had been obviously altered to change the results of the elections, for instance adding a digit to a number to increase a vote total by a hundred or more, that PV was also excluded.
  2. A clear chain of authority should be established regarding those PVs, which after the first review, remain in doubt as to their validity. This authority should include Haitian lawyers with particular knowledge of the electoral law of the country.
  3. Additional recommendations should include:

    a. The CTV should formalize the Manual of Operations and have it approved by the CEP thereby giving it a statutory base. This manual would improve the quality control measures through greater consistency, uniformity and thoroughness in the application of the verification criteria. Likewise, it would improve the organization of the chain of visual verification process with measures to isolate the results sheets being worked on from those already verified and those awaiting verification.

    b. The CTV should be provided with sufficient resources to open each sachet and check for the statutory presence of PVs and tally sheets. Without such documents, the PVs should be disallowed for further investigation by the ULC.

    c. The CTV should employ scanners to create an electronic log of the PVs received. By creating PDF copies, the PV can be posted on the CEP web site for public inspection and transmitted electronically when required. By initiating the scanning capability at the Tabulation Center, the basic technology will be put into place which could then be expanded downward to BEDs, BECs, and even polling stations in future elections.

    d. The resources for the Tabulation should be expanded so that the PV tabulation completion time can be reduced from its current seven days.

    e. International and domestic election monitors should be permitted to observe all of the activities of the CTV including the intake of sachets, initial inspection procedures, and the organization of PV for tabulation.

Unit for Legal Control (ULC)

  1. Strengthen the training provided to the ULC lawyers, in particular with regard to the voting and tabulation processes.
  2. A mechanism of accountability for the work being performed by the lawyers should be put in place in order to ensure a quality control of the legal verification of irregular PVs.
  3. Information on PVs verified, even if they were not set aside, should be made public.
  4. Provide a larger cadre of trained lawyers in order to increase the volume of visual verification undertaken.
  5. The ULC attorneys should be provided with improved office facilities and equipment to facilitate better document control, processing, and organization.

Conseil Electoral Provisiore

  1. The CEP should expand the incoming call capacity of the Emergency Call Center so that security responses to intimidation, threats, and attacks at polling stations can be effectively organized.
  2. For improved ballot control and accountability, the CEP should print ballots with numbered counterfoils. This procedure should allow poll workers to reconcile ballots cast with voter turnout enhancing the integrity of the tabulation figures on the PVs.
  3. The CEP should improve the format of the PV form to reflect the following changes:

  • The official copy of the form should not be white as this copy is easier to fraudulently reproduce;
  • The total votes from all the candidates should be placed at the bottom of the of the tally column;
  • The form should contain space for the signature of all polling staff, mandataires, and observers.


International Community

  1. The number of international observers should be increased for the second round and deployed in greater numbers at the polls where irregularities were identified in the first round as a deterrent to fraud.
  2. The Verification Mission has identified polling locations where violence occurred and voting was disrupted. Such patterns of electoral violence provide the international community with a map of "hot spot" locations where the probability of a repetition of such violence exists. Therefore, in these areas where polling stations are designated as "hot spots," the international observe presence can be more robust and the presence of MINUSTAH forces can be reinforced.

CONCLUSION

The 2010 presidential election was the fourth conducted since the adoption of the Haitian constitution in 1987. While this Verification Mission has identified significant irregularities, which it believes influenced the outcome of the first round of elections, there are aspects of the electoral process to inspire confidence.

  1. There were 19 candidates contesting for the presidency, demonstrating an active and robust support for elections as the instrument to determine executive governance.
  2. The electoral process engaged 33,543 Haitians as poll workers, demonstrating a deep sense of civic responsibility and pride among the electorate.
  3. The election was monitored by around 6,000 national observers, demonstrating a commitment on the part of Haitian civil society to demand accountability of its election officials and processes.
  4. Haitians have historically respected the official results of the election, demonstrating a commitment to democratic principles and rule of law.

Electoral processes in all countries undergo reform and improvements. The Haitian electorate should regard the 2010 first round as another step in the democratic development of the country as it seeks to fulfill the constitutional principle of a "socially just, economically free, and politically independent Haitian nation."

mardi 11 janvier 2011

Election experts: Martelly, not Célestin, should be in Haiti's presidential runoff

Source: miamiherald.com, Monday, january 10, 2011
By JACQUELINE CHARLES
jcharles@miamiherald.com

PORT -- AU--PRINCE -- A popular Haitian musician should advance to a presidential runoff -- rather than the government's candidate, an international panel of election experts recommended Monday.

The group, convened by the Organization of American States at the request of President René Préval, also said that while 50,935 votes had to be discarded because of fraud, the disputed Nov. 28 presidential elections could be salvaged if the rest of the electoral process is handled correctly and Haiti's political forces are prepared to allow that to happen.

The experts spent 10 days scrutinizing thousands of tally sheets and back-up voting documents.

``After a thorough statistical analysis...the Expert Mission has determined that it cannot support the preliminary results of the presidential elections,'' according to the report, obtained by The Miami Herald said.

The team is recommending said it's verification showed that musician Michel ``Sweet Micky'' Martelly had 22.2 percent of the vote while Jude Célestin, the government candidate, received 21.9 percent. The result, which reverses the preliminary tally, puts the singer in a runoff with former first lady Mirlande Manigat, who received 31.6 percent.

But with only .3 points separating Martelly from Célestin, the results are up for debate should Préval's political platform or Célestin choose to challenge them. Officials said 9.3 percent of the total tallies from 11,181 polling stations never arrived because of violence and fraud on voting day.

Haitians had hoped that the highly anticipated report would have provided clarity, and a way forward for Haiti to pull itself out of a political crisis that has paralyzed the quake-battered nation and overshadowed commemorations of its tragic Jan. 12 earthquake.

But with the results none-binding -- the mission can only make recommendations, any decisions must be taken by Haiti's electoral council -- the way forward will require compromise, according to political observers.

``If there is even a second round, I don't know if it will be viewed as legitimate by all of the candidates,'' said Robert Fatton, a Haiti expert. ``If Célestin is out, you can expect trouble from that sector.''

Fatton was referring to the populist left, which has ruled Haitian politics -- albeit with some brief interruptions -- since 1987 when the country adopted a new constitution after doing away with a 29-year dictatorship the year before.

Today, with Haiti poised to swing to the populist right, many fear Préval's supporters in the slums could return the volatile country to the insecure period of 2006-2008 when armed gangs caused street mayhem.

In the coming days, a politically vulnerable Préval will have to decide whether to ignore the panel's recommendations, risking exile before the end of his five-year presidential term and a deeper political crisis; accept it and therefore abandoning the presidency, and instead focusing his energies on getting control of parliament; or do-away with the elections all together.

``Something has to happen because the country cannot be stuck in the situation it is now,'' Fatton said. ``Soon you have to have clarity as to what is the next step. It's paralyzing everything and there is increasing discontent in Haiti, which can lead to serious instability.''

lundi 10 janvier 2011

Élection en Haïti: l'OEA recommanderait l'exclusion de Célestin

Source: cyberpresse.ca, 10 janvier 2011 à 13h33 Mis à jour à 14h22

Agence France-Presse
Port-au-Prince

Les observateurs internationaux de l'OÉA (Organisation des états américains) recommandent l'exclusion de Jude Célestin, candidat gouvernemental, du second tour à venir de la présidentielle contestée.
Dans son projet de rapport qu'elle doit présenter lundi au président René Préval, l'OÉA fait état de preuves d'irrégularités dans le déroulement des opérations électorales. Elle recommande donc que le candidat arrivé troisième, Michel Martelly, se retrouve au second tour contre l'ancienne Première dame Mirlande Manigat.

L'Associated Press a obtenu copie de ce rapport, qui n'a pas encore été rendu public. Un responsable étranger proche des activités de la mission de l'OÉA a confirmé ces conclusions, lui aussi sous le couvert de l'anonymat.

La Commission électorale haïtienne devra décider de la réponse à apporter à ces recommandations. Le second tour, qui était prévu pour dimanche prochain, n'aura quoi qu'il en soit pas lieu jusqu'à au moins le mois prochain.


Le président Préval ne devrait pas réagir aux conclusions du rapport de l'OÉA avant mercredi et les cérémonies marquant le premier anniversaire du séisme dévastateur du 12 décembre 2010.

Les résultats du premier tour contesté, le 28 novembre, donnaient Mme Manigat en tête, devant le candidat gouvernemental Jude Célestin, semblant exclure de la course le chanteur populaire Michel Martelly. Le candidat soutenu par le président Préval semblait ne devancer son rival que d'un très faible nombre de voix. Ces résultats ont été vivement contestés par les partisans des trois protagonistes, qui tous ont parlé de fraudes et d'erreurs.

«La mission d'expertise a déterminé qu'elle ne pouvait pas apporter son soutien aux résultats préliminaires des élections présidentielles rendus publics le 7 décembre 2010», écrit ce rapport.

En vertu des analyses des experts, M. Martelly se retrouvait en deuxième position avec 22,2 pour cent, 7150 votes ayant été invalidés. M. Célestin passerait lui de la deuxième à la troisième place, avec 21,9 pour cent des voix, en ayant perdu 17 220 votes. Mme Manigat resterait en tête, avec 31,6 pour cent des voix, après que 13 830 voix en sa faveur aient été supprimées pour irrégularités.

«Si ces recommandations devaient être mises en oeuvre, la position du candidat à la troisième place serait modifiée en deuxième, et le candidat actuellement deuxième reculerait à la troisième», peut-on lire dans le projet de rapport.

Selon l'OÉA, des dizaines de milliers de bulletins devraient être écartés pour irrégularités. En revanche, les experts ne vont pas jusqu'à réclamer un nouveau recomptage national des voix, ni à annuler purement et simplement le premier tour et organiser un nouveau scrutin, comme l'ont réclamé plusieurs candidats ou observateurs, jugeant que cela «soumettrait les Haïtiens à un manque encore plus long de gouvernance constitutionnelle».
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À lire également:
Jonathan Katz: «New count hits Haiti gov't candidate», AP, jan. 10, 2011, 10h20 AM.