mercredi 23 février 2011

Haïti: un procès contre Duvalier "pas possible", selon ses avocats

Source: google.com, 22 février 2011

PORT-AU-PRINCE (AFP) — Un procès contre l'ancien dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier, que ce soit pour crimes contre l'humanité ou corruption, n'est "pas possible", ont déclaré mardi les avocats de l'ancien "président à vie", revenu au pays après 25 ans d'exil.

Jean-Claude Duvalier, revenu en Haïti le 16 janvier, a dirigé le pays entre 1971 et 1986, date à laquelle il s'est exilé en France. Il est inculpé de corruption, détournements de fonds et association de malfaiteurs par la justice haïtienne. Des victimes de son régime ont déposé une vingtaine de plaintes contre lui.

"Pour les mêmes faits reprochés aujourd'hui à M. Duvalier, et malgré la prescription, la justice haïtienne s'est déjà prononcée en 2001 et a innocenté l'ex-président", a relevé Me Frizto Canton un de ses avocats s'appuyant sur un jugement qui, selon lui, aurait été rendu par la Cour de Cassation haïtienne.

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a dernièrement appelé à la tenue en Haïti d'un procès équitable contre Duvalier.

"Je voudrais qu'on puisse laisser M. Duvalier en paix et qu'il puisse vivre tranquillement dans son pays", a lancé l'avocat lors d'un point de presse pour présenter le dossier judiciaire de "Baby Doc". Il a mis en garde contre toute tentative de "juger un homme à la place d'un régime".

Rejetant les arguments avancés par le procureur d'Haïti pour poursuivre leur client pour crimes contre l'humanité, les avocats de M. Duvalier ont répondu que la législation haïtienne ne reconnaissait pas cette notion et que les conventions internationales en la matière n'ont pas été ratifiées par Haïti.

"Un procès contre Duvalier pour crimes contre l'humanité n'est pas possible en Haïti, compte-tenu du fait que nous n'avons aucune législation" en la matière, a martelé Me Alix-Aurélien Jeanty.

Reynold Georges, un troisième défenseur, a dénoncé "des persécutions" contre M. Duvalier, faisant allusion à un appel de victimes de son régime qui ont demandé au président René Préval et au ministre de la Justice de mettre l'ex-dictateur en prison.

"Le gouvernement ne peut pas ordonner à la Justice d'incarcérer le président Duvalier. La justice est indépendante de l'Exécutif", a-t-il soutenu.

mardi 15 février 2011

Opprimés de tous les pays, suivez l’exemple des Égyptiens.

Source: yahoo.com/La chronique de Normand Lester, lundi 14 février 2011
Par Normand Lester

Ce qui s'est passé en Égypte a de quoi décevoir le Black Bloc et toutes les autres organisations, anarchistes ou pas, généralement dominés par de jeunes hommes, qui rêvent de renverser des gouvernements par la violence populaire. La violence, disait Marx, est l'accoucheuse de l'Histoire. Ce n'est plus nécessairement vrai.

Le magnifique peuple égyptien a réussi à se débarrasser de Moubarak en manifestant pacifiquement pendant 18 jours et en refusant de répondre aux attaques des agents provocateurs du régime qui voulaient le pousser dans la spirale de la violence et des représailles. L'extraordinaire discipline des Égyptiens a de quoi faire baver de rage tous les casseurs de la planète. Ce peuple admirable a même eu le sens civique de nettoyer la place Tahrir après avoir triomphé du régime. Imaginez des événements semblables au Canada, aux États-Unis ou en Europe. La nuée de psychopathes politiques qui se serait abattue sur la foule paisible et qui se serait mise aurait immédiatement à tout briser, défoncer et incendier.

On a parlé de révolution Facebook et Twitter, mais on devrait attribuer sa victoire à Internet et la couverture télévisée planétaire en direct. Difficile de massacrer des milliers de manifestants devant les caméras du monde entier qui diffusent les événements en temps réel 24/7. Les autorités chinoises portent encore aujourd'hui l'indignité de la répression de la place Tien'Anmen de 1989. Et ce n'était que le début de l'ère numérique et du village global virtuel. La révolution russe de 1991 qui a chassé le parti communiste du pouvoir en Russie et signalé l'effondrement de l'empire soviétique s'est aussi déroulée sans grande effusion de sang. Encore là, la couverture médiatique mondiale y a été pour quelque chose. Les généraux russes ont refusé de tirer sur leur peuple en direct à la télévision.

Et depuis ces événements, internet, les téléphones cellulaires vidéo, et les réseaux télévisés d'information continue se sont ajoutés à la panoplie des moyens de lutte contre les répressions.

La révolution du 25 janvier va sans doute faire des émules. Pratiquement tous les dirigeants des pays de la ligue arabe méritent le sort de Moubarak. Israël est aussi directement menacé. Le peuple palestinien me semble destiné à suivre l'exemple de ses frères égyptiens pour chasser de Cisjordanie le régime despotique de Mahmoud Abbas vendu aux Israéliens et aux Américains et pour mettre, les barbus imbéciles du Hamas, tête première, dans les poubelles de Gaza.

Il paraît difficile de voir comment les forces de répressions israéliennes pourraient écraser dans le sang, une intifada « pacifique » qui comprendrait à la fois les Arabes israéliens, et les Palestiniens des territoires occupés. En fait, l'intifada non violente est peut-être le seul recours qui s'offre aux Palestiniens. Massacrer à l'arme automatique des milliers de manifestants désarmés en direct avec le monde entier qui regarde, ça fait désordre. Tirer des roquettes à partir d'hélicoptères sur des jeunes gens sans défense assis dans la rue, c'est plutôt inélégant et ça donne des images déplaisantes à la télévision à l'heure du souper.

Il y a encore 15 ans cela aurait été possible alors que les grands médias américains dans la poche du lobby israélien dominaient l'offre télévisuelle planétaire. Ce n'est plus le cas. Maintenant l'Œil universel c'est internet plus les centaines de millions de téléphones cellulaires vidéo. CNN, le porte-voix du département d'état américain et du premier ministre israélien Netanyahu est déclassé. Le monde aime mieux la BBC et, surtout, pour les informations sur le Moyen-Orient, la chaîne qatarie Al-Jazerra. Ses valeureux journalistes risquent leur vie pour témoigner des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, qu'ils soient commis par des tyrans musulmans, des Américains ou des Israéliens. Mais témoigner par l'image de crimes ne fait l'affaire de tout le monde. Jusqu'à tout récemment le lobby israélien avait réussi à faire interdire la chaîne au Canada.

Opprimés de tous les pays, rassemblez-vous pacifiquement et faites, tous ensemble, des millions de bras d'honneur télévisuels à ceux qui vous oppriment. Vous avez de bonnes chances de les avoir à l'usure.

lundi 14 février 2011

Carte Postale : Antiquité mais d'Actualité

Source: Forum Culturel, Dim 13 février 2011, 16h 02min 13s
Par Ray Killick, 13 février 2011
RayHammertonKillick-conscience@yahoo.com


Ne possédant ni la bravoure ni le génie intellectuel, militaire et stratégique de son père adoptif Jules César, Gaius Octavianus, assoiffé de pouvoir allait terrasser ses adversaires politiques, ses ennemis, ses amis et certains membres de sa famille pour parvenir à ses fins. Il exécute avec Marcus Antonius les proscriptions romaines qui visent à déposséder certains patriciens romains ciblés, parmi eux les "césaricides", les partisans impénitents de la république romaine et les éliminer physiquement. S'il n'a pas la bravoure, il va se l'inculquer. S'il n'a pas l'expérience militaire pour le bellum gerere (conduire la guerre), il va se l'enseigner et s'entourer d'amis fidèles tels que l'indispensable Agrippa avec lequel il défait plus tard Marcus Antonius et Cleopâtre à la bataille d'Actium. Il devient après Princeps ou premier citoyen de l'Empire romain, Imperator Caesar Augustus Pontifex Maximus. Cependant, il faut donner à César ce qui est à César. Il possède en effet la patience et le génie de l'organisation de l'Empire qui faisaient défaut à son père Jules César. De plus, il combat systématiquement la corruption à Rome et les provinces romaines et mène une vie humble et sobre. Il meurt Imperator Divi Filius Caesar Augustus, le 19 août 14 ap. J-C. Son régime allait durer environ 15 siècles, et Caesar Augustus allait devenir après lui un titre; Kaiser en Allemagne; Tsar en Russie, etc. L'histoire retient que le père de la civilisation occidentale est l'un des rares leaders de l'humanité à s'enseigner la grandeur, l'intégrité, les valeurs universelles et utiliser le pouvoir à bon escient et plus prudemment et parcimonieusement avec le temps. Il aura grandi au pouvoir ou en dépit du pouvoir. C'est dire qu'il a prouvé l'exception que le pouvoir ne doit pas forcément corrompre sur le long terme.

Il dira avant de mourir: "J'ai trouvé une Rome de briques, je vous la laisse en marbre." Toutefois, sa meilleure épitaphe et son monument demeurent l'organisation de l'Empire (pour nous l'État) que perfectionnera plus tard la civilisation occidentale dont il aura édifié les fondations. Et ses derniers mots auraient été : "Si j'ai bien joué mon rôle, applaudissez-moi maintenant avant mon départ de la scène." Pour l'Imperator, la vie est une mise en scène. On lutte pour le rôle qu'on veut jouer. Si l'on parvient à l'obtenir, il faut le jouer pour donner un plein sens à l'existence. Il est difficile, si l'on veut être raisonnable, de lui trouver des égaux tant son impact sur la civilisation, pour le meilleur ou pour le pire, a été déterminant.

UNE AUGUSTE LEÇON

Il ne s'agit pas ici de glorifier qui que ce soit, mais de tirer plutôt la leçon que l'exercice du pouvoir qui a produit tant d'aberrations à travers les âges doit être reconsidéré par les leaders présents et futurs à la lumière d'une partition exceptionnelle jouée il y a 2 mille ans environ à Rome. Il s'agissait alors de construire un empire sur du roc, mais dans la plupart de nos pays d'aujourd'hui la tâche est plutôt de refonder l'État et diriger l'état-nation à bon port. Comment se fait-il que les chefs d'État et de gouvernement des pays du Tiers Monde utilisent les mêmes modèles de leadership qui ont échoué systématiquement au lieu de choisir de grandir au pouvoir, de devenir meilleur comme Caesar Augustus, de poser comme lui pour la postérité ? Comment se fait-il que nos chefs d'État adoptent pour modèles des rats, des sauterelles, des pintades, des coqs, des vautours et des tigres au lieu de l'aigle des légions dont la vision stratégique et la puissance permettent d'accomplir de grandes choses avec les peuples ?

La vie de l'Imperator est une leçon de leadership et de mission politiques pour les leaders qui veulent apprendre et s'enseigner la grandeur. L'historien américain Joseph J. Ellis évoque la conduite d'Augustus au pouvoir dans Founding Fathers : "...Il existe seulement deux exemples dans toute l'histoire de la civilisation occidentale où l'élite politique d'un empire émergeant s'est comportée aussi bien que l'on pouvait raisonnablement l'espérer : le premier fut Rome sous Caesar Augustus, et le second, les États-Unis sous l'égide des pères-fondateurs." Ceux-ci ont posé délibérément pour la postérité en dépit d'être conscients de l'impact de leurs grands échecs sur son jugement (l'esclavage, la question indienne et les droits de la femme). Ils ont même tenté de parfaire l'acte, et dans certains cas, ont essayé de biffer les erreurs du passé. La postérité fut leur passion, leur obsession. Et si Thomas Jefferson couronne Tacitus "le plus grand écrivain du monde sans exception. Son oeuvre, un bouquet d'histoire et de moralité sans pareille...", n'est-ce pas là une indication que les pères-fondateurs se sont également abreuvés dans l'antiquité des grands maîtres, de Tacitus, de Cicéron, de Platon, d'Augustus, etc. ?

CONFESSION SINE QUA NON

La plus grande confession d'un leader est d'abord intime. Elle consiste à déterminer et à accepter ses limitations afin de les compenser. Or, c'est précisément cet exercice d'humilité le plus important que des leaders tels que Jean-Bertrand Aristide ont évité de s'imposer dès le départ qui fait qu'ils ont gaspillé un capital politique énorme. S'il y des leaders-nés, ils ne sont pas nombreux. Tout le monde a la capacité de développer des qualités de leadership. Voilà pourquoi, il est impératif de faire l'inventaire de ses qualités et de ses limitations en arrivant au timon des affaires. Inventaire sans quoi on ne peut effectivement diriger, car diriger est précisément savoir se munir des instruments de navigation sophistiqués pour conduire l'état-nation à bon port.

Aujourd'hui, Mme. Mirlande Hyppolite Manigat et M. Michel Martelly, candidats au second tour de la présidentielle de mars prochain, doivent commencer cet exercice, car rien dans leur passé n'indique qu'ils possèdent toutes les qualités requises en ce moment précis de l'histoire nationale pour le revirement positif exceptionnel tant souhaité par les vrais patriotes. Il faut beaucoup plus que des talents de professeur et de musicien pour encadrer la nation, refonder l'État, changer le comportement de l'état-nation et lancer le développement d'Haïti pour enfin contempler des "lendemains qui chantent".

Chaque candidat accuse des déficiences sévères, car ils ne sont jamais passés dans le moule qui façonne les leaders modernes. Compte tenu des circonstances exceptionnelles de dégradation nationale, Haïti requiert un leadership également exceptionnel et beaucoup plus clairvoyant et stratégique que celui qui dirige les premiers pays du monde.

DÉFICIENCES BILATÉRALES

Manigat possède l'avantage d'une grande culture, d'une maturité relative à discuter des grands dossiers tellement vitaux de la vie nationale, d'avoir dirigé ce qu'on peut considérer, dans un esprit de justice, comme le meilleur parti politique d'Haïti. De plus, son âge de trop mûre jeunesse n'est pas l'âge des poursuites et pratiques politiques éhontées et destructrices. C'est l'âge où l'on peut poser pour la postérité. C'est l'âge où l'on peut imposer le respect dans la conduite des affaires du pays. Cependant, elle n'a jamais occupé de fonctions dans le secteur public ou privé qui lui auraient permis d'exercer des responsabilités de leadership de plus en plus complexes qui requièrent et mettent également à l'épreuve la dextérité et la volonté politiques. C'est ici l'aspect qu'elle doit considérer pour améliorer son leadership. Pour ce faire, il faut s'entourer d'un Maecenas et d'un Aggripa, c'est-à-dire de conseillers d'une rare intelligence stratégique et émotionnelle, et, en même temps, savoir écarter de son entourage les sauterelles qui n'y sont que pour leurs intérêts personnels et savent masquer leurs vraies intentions avec des CVs ronflants.

Quand à Martelly, il a l'avantage d'être conscient de son ignorance en politique et d'être apparemment direct.

-- "Messieurs, m'bouké." déclare-t-il durant un débat présidentiel
-- "Ou bouké alos ke ou poco mim komanse..." rétorque rapidement un adversaire
-- "Non monchè, se avek nou mim, mim ke m'bouké an wi..."

Martelly n'a pas une formation qui lui permettra d'aborder les grands dossiers avec une relative indépendance d'esprit qui nourrit les grandes décisions de grand leadership. Un leadership qui sait écouter des points de vue opposés pour finalement décider dans l'intérêt stratégique défini. Loin de la considérer une faiblesse, Martelly devra s'atteler à se mettre au travail pour la compenser. S'il sait faire sa confession intime, ce sera le premier pas vers une "auguste" transition personnelle. Et s'il veut vraiment poser pour la postérité en tant que premier président de la nouvelle Haïti et ne pas contempler l'exil au terme de son mandat, il devra s'armer d'une volonté politique pour assainir son entourage, refonder l'État et apprendre à pratiquer la discipline d'exécution. Son exercice de formation personnelle sera beaucoup plus éreintant que pour Manigat, mais il a néamoins l'avantage d'être beaucoup plus jeune que sa rivale.

POSER POUR LA POSTÉRITÉ

La leçon d'une vie exceptionnelle de l'antiquité est toujours d'actualité. Caesar Augustus est l'exemple le plus spectaculaire de l'évolution continue mais dramatique et positive d'un leadership au pouvoir. La plus grande qualité de l'Imperator fut peut-être sa capacité de changer pour le meilleur. C'est ce qui lui a permis d'évoluer d'une figure obscure et criminelle à une figure "auguste" en son temps et depuis, dans la mémoire de l'humanité. N'allez pas frapper à la porte de François Duvalier ou de René Préval ou de Jean-Bertarnd Aristide, car ceux-ci sont désormais au musée d'histoire des reptiles où se côtoient Staline, Hitler, Hosni Moubarak, etc.

Toutefois, il est important de rappeler que l'Imperator Caesar Augustus avait 44 ans pour parfaire son acte au pouvoir et jeter les bases de la civilisation occidentale. Le prochain président d'Haïti n'aura que 5 ans pour commencer à refonder l'État et inculquer de nouvelles valeurs, conduites et croyances à l'administration publique et l'état-nation. Sa tâche est herculéenne. La seule récompense est le jugement de l'histoire pour une place de choix dans la postérité. Et la consolation au terme de son mandat : "Si j'ai bien joué mon rôle, applaudissez-moi maintenant avant mon départ de la scène."

vendredi 11 février 2011

Hosni Moubarak démissionne, le peuple égyptien triomphe

Live blogging
Par Rue89 11/02/2011 17H08

Au dix-huitième jour de la révolution égyptienne, Hosni Moubarak a abandonné la présidence égyptienne. L'annonce a été faite par le vice-président Omar Souleiman qui a précisé qu'un conseil militaire allait diriger le pays.

« En ces jours difficiles que l'Egypte est en train de vivre, le président Mohamed Hosni Moubarak a décidé de démissionner de son poste de président de la République et il a chargé le conseil suprême des forces armées d'administrer les affaires du pays. »

Aussitôt, des cris de joie ont fusé des millions de personnes qui manifestaient dans les rues du Caire, dont plus d'un million qui assiégeaient le Palais présidentiel et fraternisaient avec l'armée.

Quelques heures plus tôt, Moubarak et sa famille avaient quitté Le Caire pour la station balnéaire de Sharm el-Sheikh, dans la péninsule du Sinaï, premier pas vers un possible départ en exil.

21h15. L'Égypte « ne sera plus jamais la même » car le peuple a parlé et réclame « une démocratie authentique », a déclaré vendredi le président américain Barack Obama au cours d'une allocution.« Ce jour appartient au peuple d'Egypte. » Il a assuré que les Etats-Unis seraient un ami et un partenaire prêt à apporter toute l'aide nécessaire à la transition démocratique.

Le président américain a déclaré que les militaires avaient agi avec le sens des responsabilités et devaient désormais assurer la transition vers une démocratie crédible.

(Sur cette photo publiée par le journal d'Etat al-Ahram,et prise le premier septembre 2010 à la Maison Blanche, Hosni Moubarak devance Benjamin Netanyahu, Obama, Mahmoud Abbas et le roi Abdullah II. Voir la photo avant retouche)

19h50. Nicolas Sarkozy a salué la « décision courageuse et nécessaire » qu'a prise Moubarak. Dans un communiqué, il ajoute :

» (La France) espère ardemment que les nouvelles autorités égyptiennes prendront les mesures conduisant à l'établissement d'institutions démocratiques issues d'élections libres et transparentes »

19h35. Des Egyptiens fous de joie se sont rassemblés devant l'ambassade égyptienne à Paris après l'annonce de la démission de Moubarak.

19h30. Le Conseil suprême des forces armées fait une nouvelle déclaration et endosse pleinement le pouvoir. Il garantit « mettre en uvre un changement radical » et « définira plus tard des résolutions où les mesures à suivre seront définies ». Le « communiqué n°3 » du Conseil suprême rend hommage à Hosni Moubarak, et aux « martyrs » de cette révolution.

19h20. (De Tunis) Alors que les islamistes finissent de manifester pour réclamer plus de liberté, des klaxons se font entendre avenue Bourguiba. Quelqu'un crie « Moubarak est tombé ! Moubarak est tombé ! » et c'est alors des clameurs de joie et des youyous.

Ils sont une dizaine, une vingtaine puis très vite, plus de 300 personnes bloquent la circulation. On chante, on danse, on pleure, on est heureux et on hurle « le peuple arabe est uni », « la révolution continue » et « Bouteflika, Bouteflika, tu tomberas ! ».

Zineb Dryef

19h15. A Gaza, la population partage la joie des Egyptiens. Al-Jazeera montre les rues inhabituellement fréquentées pour un vendredi, jour de la prière. Le Hamas, au pouvoir à Gaza, a salué « le début de la révolution ».

19h10. Sur son compte Twitter, la Maison blanche a annoncé que le discours d'Obama est retardé, sans donner plus de précisions.

19 hehures. L'AFP annonce que la Suisse a décidé de geler les avoirs de Moubarak et de ses proches.

18h25. Mohamed El Baraedi appelle les Egyptiens à rester unis. Selon lui, le plus important est que « l'armée et le peuple vont travailler ensemble pour organiser des élections parlementaires et présidentielles d'ici à un an ».

18h20. Joe Biden considère que la démission de Moubarak aura des répercutions « au-delà des frontières de l'Egypte ».

18h15. La démission de Moubarak a inspiré le dessinateur Baudry.

18h10. Ahmet Davutoglu, ministre des affaires étrangères turc félicite les Egyptiens :

« L'Egypte est un Etat solide et la continuité des institutions a une importance cruciale.


Bravo au peuple égyptien.Nous espérons qu'un régime répondant à ses attentes va émerger. »


Depuis la rupture de sonalliance diplomatique avec Israël l'an passé, Ankara essaye de s'imposer comme acteur majeur au Proche-Orient. La chute de Moubarak pourrait renforcer son rôle de leader à l'échelle régionale.

17h55. Le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantawi va diriger la junte militaire qui prend le contrôle du pays après la démission du Président Hosni Moubarak.

Ce général de 75 ans est depuis 1991 le plus haut responsable de l'armée. Considéré comme un fidèle parmi les fidèles de Moubarak, Washington voyait en lui un successeur potentiel de Moubarak, avant les événements.
C'est donc tout naturellemnt qu'il s'est imposé comme négociateur avec la Maison blanche ces derniers jours. Selon plusieurs sources américaines il a discuté le plan de sortie de l'ex-président égyptien avec le Secrétaire de la Défense américain Robert Gates.

17h45. Sur la place Tahrir, au Caire, la foule exulte.

17h30. Corinne, Française à Alexandrie :

« Joie immense ici ! Il règne une ambiance de victoire ! Un feu d'artifice est en train d'être tiré sur la corniche d'Alexandrie. »


17h20. La chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton « respecte » la décision de Moubarak.

Un responsable américain a annoncé qu'Obama avait appris lors d'un meeting ce vendredi de la démission de Moubarak. Le président américain s'aprête à faire une déclaration télévisée.

17h04. Hosni Moubarak a démissionné de la présidence égyptienne. L'annonce a été faite par le vice-président Omar Souleiman qui a précisé que le conseil suprême des forces armées allait diriger le pays.

Aussitôt après cette annonce, les millions de manifestants dans les rues égyptiennes ont poussé des cris de joie.

16h35. L'armée semble se ranger clairement du côté du peuple au Caire. Un manifestant décrit :

« L'ambiance est très bonne. Autour de moi, les manifestants sont reconnaissants de voir des étrangers avec eux dans la rue. Il y aurait plus d'un million de personnes.

Je viens d'avoir des nouvelles d'un ami qui vit au Caire. Il m'a dit que les chars positionnés aux abords du palais présidentiel se sont mis sur les côtés. Ils sont couverts du drapeau national. »


Selon ABC, la foule et les soldats sont « à présent en train de se saluer et de s'acclamer mutuellement. »


16h30. Au Nord de la péninsule, à Al-Aris, l'AFP reporte la mort d'un manifestant suite à des affrontements entre des Egyptiens et les forces de police.

Dans le Sinaï, la mobilisation est inégale d'un lieu à l'autre. Hossam, originaire de la péninsule, détaille pour Rue89 :

« A Al-Arish, une grève est menée depuis plusieurs jours. Dans la seconde partie du Sinaï, vers Rafah (ville frontalière avec la bande de Gaza), c'est très calme. Rien ne s'y déroule depuis trois jours. Des Bédouins, sages, tentent d'apaiser les esprits. »


16h16. Démission. Le secrétaire général du PDN Hossam Badrawi a annoncé à la BBC qu'il allait démissioner dans quelques heures.

15h45. Arrestations. Selon la chaîne de télé Al-Jazeera, les autorités militaires ont arrêté six de ses journalistes dans leur hôtel du Caire. Leur matériel a été confisqué.

15h30. Alexandrie. Yasmine, médecin dans la ville portuaire, prévient rue89 :

« Les manifestants sont arrivés devant le palais
présidentiel de Ras el Tin , à l'ouest d'Alexandrie .. c'est la première
fois qu'ils y vont. Il y a une zone militaire autour… »


Les millions de manifestants ont-il fait fuire Moubarak ? Selon l'AFP, le président a bien quitté la capitale avec sa famille. L'information aurait été confirmée par une source « proche du gouvernement ». Deux chaînes de télévisions, Channel 10 en Israël et Al-Arabyia, ont également annoncé que Moubarak aurait quitté Le Caire. Selon Channel 10, il serait parti en direction de Sharm-el-Sheikh, dans le Sinaï, où il a une résidence secondaire.

Le départ de Moubarak prouve que malgré son maintien au poste de président, c'est bien Omar Souleiman qui dirige à présent l'Egypte.

En fin de matinée ce venredi, Al-Jazeera a annoncé que 2 millions de personnes s'étaient rassemblées dans la capitale égyptienne. La présence de l'armée est massive autour du palais présidentiel et des bâtiments de la télévision d'Etat.

Marie Kostrz, Blandine Grosjean, Pierre Haski

****************

En ce dix-huitième jour de révolte, les Egyptiens ne décolèrent pas. Jeudi soir, Moubarak a annoncé qu'il ne démissionnerait pas, même si, de fait, il a transféré l'essentiel de ses pouvoirs au vice-président, le général Omar Souleiman, nouvel homme fort du régime.

Peu après son discours, les manifestants, frustrés de voir le raïs s'accrocher au pouvoir, ont crié leur intention de marcher sur la palais présidentiel après la prière du vendredi. Des centaines de milliers d'Egyptiens sont présents dans les rues ce vendredi.

« Nous continuerons jusqu'à ce que Moubarak parte »

Après la prière, les manifestants ont continué à affluer en masse vers les différents points de rassemblement. Mai Shaheen, jeune femme égyptienne, qui se trouve au Caire, décrit la situation pour Rue89 :
« Il y a beaucoup de manifestations aujourd'hui [vendredi, ndlr]. Le principal rassemblement a toujours lieu place Tahrir, mais d'autres personnes se mobilisent ailleurs. Des milliers de personnes sont dans la rue.

Tout le monde est en colère : nous continuerons jusqu'à ce que Moubarak parte ! Actuellement, je ne peux pas dire s'il a quitté le pays. Il n'est peut-être pas au Caire, mais cela n'a rien d'exceptionnel : habituellement, il se déplace beaucoup. »


A Alexandrie, les manifestants sont également très nombreux. Yasmine, médecin, explique :
« Après le discours de Moubarak jeudi soir, beaucoup de gens qui n'étaient pas allés manifester les jours précédents ont rejoint la révolte.

De nombreux Alexandrins sont aussi partis au Caire rejoindre les manifestants de la place Tahrir. Les syndicats de médecins ont envoyé des messages, des voitures sont parties en direction de la capitale aujourd'hui. »


Une déclaration timide du conseil suprême de l'armée

Le conseil suprême de l'armée, qui semble avoir accru son pouvoir, a transmis son « communiqué numéro 2 » ce vendredi matin.Il a déclaré que l'armée garantit « l'organisation d'élections libres et justes, un changement constitutionnel et la protection de la nation ». Il a également confirmé « la levée de l'état d'urgence dès que les circonstances le permettront ».

L'intervention de Moubarak n'a pas calmé les Egyptiens. Après les déclarations de plusieurs hauts responsables égyptiens et américains, le monde entier s'apprêtait jeudi soir à assister à la démission du président égyptien. Vers 17h30, le conseil suprême de l'armée, auquel Moubarak n'a pas assisté, a annoncé que le
Président avait transféré son rôle de chef des armées aux militaires.

Mais
le raïs s'accroche au pouvoir : s'il a délégué la majorité de ses pouvoirs à Omar Souleiman, vice-président du pays depuis le 31 janvier, il ne quitte pas son poste de Président. Il a en outre annoncé ajouter six amendements à la Constitution.

Omar Souleiman, qui a prononcé un discours après celui de Moubarak, n'a pas apaisé la colère des manifestants. Le vice-président leur a demandé de retourner chez eux et
au travail, ajoutant :

« N'écoutez-pas les télévisions satellites, n'écoutez que votre cœur. »


« Qu'il s'en aille ! »

Jeudi soir, les manifestants n'ont pas attendu la fin du discours de Moubarak pour exprimer leur mécontentement. Ils criaient « qu'il s'en aille ! » en brandissant leurs chaussures.

Les rassemblements jusqu'ici pacifiques pourraient prendre un tour violent, comme l'expliquent certains manifestants.

Sur SkyNews, le manifestant Hamdi El-Siah explique que ce vendredi, toutes les routes menant à la résidence du Président ont été bloquées par l'armée. Des tanks entourent également les locaux de la télévision d'Etat, Al-Masryia.

jeudi 10 février 2011

Moubarak transfère ses pouvoirs sans démissionner

Source: yahoo.com
Par The Associated Press et La Presse Canadienne, jeudi 10 février 2011

LE CAIRE, Égypte - Le président égyptien Hosni Moubarak a annoncé, jeudi soir, sa décision de transférer ses pouvoirs au vice-président Omar Souleimane, sans pour autant donner sa démission.

«J'ai décidé de charger le vice-président des pouvoirs du président de façon constitutionnelle», a déclaré Hosni Moubarak lors d'une intervention télévisée très attendue.

Le président égyptien n'a toutefois pas annoncé sa démission. «Je ne quitterai l'Égypte que le jour où je mourrai», a-t-il lancé.

Son annonce a été accueillie par des cris de colère et des huées sur la place Tahrir, où des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées pour l'entendre.

«La transition du pouvoir va d'aujourd'hui à septembre», date de la prochaine élection présidentielle en Égypte, a dit le président.

La transformation entamée ne peut être renversée et le dialogue doit continuer, a ajouté M. Moubarak, avant d'évoquer les pertes subies par l'économie égyptienne.

Il a estimé que les demandes des manifestants qui réclament son départ immédiat depuis plus de deux semaines étaient justes et légitimes, mais a prévenu qu'il ne quitterait jamais l'Égypte.

M. Moubarak a par ailleurs annoncé avoir demandé six amendements constitutionnels qui faisaient partie des demandes des manifestants.

Le président a ajouté qu'il refusait de laisser les puissances étrangères dicter sa ligne de conduite. Il a précisé que les mesures d'urgence ne seraient levées qu'une fois le calme revenu et a lancé un appel à l'unité des Égyptiens.

Le vice-président Omar Souleimane, nouvel homme fort du régime, s'est exprimé peu après à la télévision. «Je m'engage à faire ce qu'il faut pour réaliser une transition pacifique du pouvoir conformément aux dispositions de la Constitution», a-t-il assuré.

«Je vais répondre aux demandes du peuple et ceci par le biais du dialogue», a-t-il ajouté, tout en appelant les manifestants à cesser leur mouvement.

«Je m'adresse aux jeunes de l'Égypte et je vous dis: "rentrez chez vous, reprenez votre travail"», a-t-il déclaré.

Les rumeurs d'une démission imminente d'Hosni Moubarak avaient circulé toute la journée jeudi en Égypte.

Le «raïs» s'est entretenu en fin d'après-midi avec le vice-président nouvellement nommé pour gérer la crise, tandis que des milliers d'Égyptiens continuaient d'affluer sur la place Tahrir en espérant que le président au pouvoir depuis près de 30 ans annoncerait sa démission.

«On y est presque, on y est presque», pouvait-on entendre dans la foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, où certains craignaient cependant un coup d'État militaire.

Peu avant l'intervention d'Hosni Moubarak, le président américain Barack Obama avait affirmé que les États-Unis soutenaient «une transition ordonnée et véritable vers la démocratie» en Égypte.

«Ce qui est absolument clair, c'est que nous sommes en train de voir l'histoire s'écrire», a déclaré M. Obama lors d'un discours devant des étudiants à l'université du Michigan. «C'est un moment de transformation.»

La contestation initiée par des jeunes sur Internet le 25 janvier, dans la foulée du renversement du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali à la mi-janvier, a connu une accélération avec une manifestation monstre d'au moins 250 000 personnes sur la place Tahrir mardi et le déclenchement de nombreuses grèves à travers le pays mercredi.

Jeudi, après 17 jours de troubles, l'armée a apparemment pris le contrôle de la situation. Le Conseil suprême des forces armées a déclaré qu'il soutenait «les exigences légitimes du peuple». Un porte-parole a lu à la télévision nationale un communiqué précisant que le Conseil était réuni en session permanente pour étudier «les mesures à prendre (...) pour protéger le pays, ses acquis et les ambitions de son grand peuple».

«Toutes vos exigences seront satisfaites aujourd'hui», a également lancé le général Hassan al-Roueini, commandant militaire de la région du Caire, aux milliers de manifestants de la place Tahrir.

La foule enthousiaste l'a porté sur ses épaules aux cris de «l'armée et le peuple, une seule main». Certains faisaient le V de la victoire en scandant «le peuple veut la fin du régime» et «Allah est grand». Mais des manifestants ont aussi scandé qu'ils ne voulaient plus d'un régime militaire.

Des manifestants encerclent le Parlement depuis mercredi. Jeudi, pour la première fois, des centaines d'avocats en robe ont franchi le cordon de police pour marcher vers l'un des palais présidentiels — où ne se trouvait pas le chef de l'État.

mercredi 9 février 2011

Haïti: les USA s'inquiètent d'un retour d'Aristide avant l'élection

Sources: AFP et google.com, 9 février 2011


WASHINGTON — Les Etats-Unis ont mis en garde mercredi contre un retour en Haïti de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide avant le second tour de la présidentielle qui doit se tenir le 20 mars.

Si M. Aristide retourne en Haïti avant le second tour de la présidentielle, cela constituera "une diversion regrettable", a indiqué le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley.

Jean-Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud depuis 2004, compte retourner en Haïti "très bientôt", dans les prochains jours, une fois qu'il aura reçu le passeport que les autorités lui ont délivré, a déclaré à l'AFP mercredi son avocat Ira Kurzban.

Début février le candidat du pouvoir à l'élection présidentielle haïtienne, Jude Célestin, a été écarté du second tour après deux mois de crise post-électorale, le Conseil électoral ayant finalement décidé d'inverser des résultats provisoires entachés de fraudes.

Le second tour opposera le 20 mars une ancienne Première dame, Mirlande Manigat, au chanteur populaire Michel Martelly.
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Lire aussi la dépêche d'haitilibre:
Haïti - USA : Le retour d’Aristide, une diversion regrettable.

lundi 7 février 2011

Entretien avec le Président Jean-Claude Duvalier

Source: Signal FM le 7 février 2011


Q.- Quelles sont les circonstances ayant entouré votre départ du pouvoir le 7 février 1986?

R.- Si vous aviez la chance de lire ou d’écouter mon dernier message du 7 février 1986, vous auriez une idée très claire de ces circonstances.

En politique, il faut savoir se retirer à temps ; et pour moi qui ai vécu quinze ans sans tumulte aucun avec le peuple haïtien, le fait d’un soulèvement populaire dans deux ou trois villes de Province, dirigé contre mon gouvernement, me paraissait suffisant pour partir et, après maintes réflexions, j’ai décidé de partir, à la stupéfaction de mes collaborateurs, de mes partisans, des membres de ma famille et même de l’opposition, pour ne pas ralentir les efforts de développement qui étaient en cours. Croyez-moi, ma mère ne l’a su qu’au soir du 6 février.
Menm Manmanm ce nan nwit 6 fevrye a li konnen nou prale!

Q.- Avez-vous été contraint de quitter le pays?

R.- Je crois avoir déjà répondu à cette question. C’est non. Maintenant, si vous voulez me demander si j’avais les moyens de garder le pouvoir, en 1986, bien sûr que oui. Rappelez-vous que j’étais Chef Suprême et Effectif des Forces Armées et des Volontaires de la Sécurité Nationale. Si j’étais le dictateur que l’on prétend, je n’aurais eu qu’un seul mot à dire pour rétablir l’ordre. Je n’ai rien fait de tel. Souvenez-vous que deux écoliers sont tombés aux Gonaïves et un autre jeune au Cap-Haitien. Pour moi, c’était déjà trop. Je salue respectueusement la mémoire de ces jeunes gens tombés trop tôt. L’un d’eux, aux Gonaïves, était le fils d’un brave VSN et celui du Cap-Haitien, était un proche parent d’un officier de la Garde Présidentielle attaché à ma sécurité personnelle. Machination ou pas, je vous laisse le soin d’en juger. De toute façon, parmi les nombreuses options ouvertes devant moi, j’ai préféré laisser le pouvoir à un conseil civilo-militaire que j’ai constitué afin de hâter un règlement pacifique de la crise.

Q.-Quel rôle l’international a-t-il joué dans votre départ?

R.- Aucun. Sans doute vous posez cette question dans un contexte post-duvaliériste. Nous avons traité différemment avec l’international.
Epòk mwen tap Gouvène peyi-a relasyon-m te genyen ak entènasyonal la se pa menm relasyon ki egziste jodi a.

Quand j’ai décidé vraiment de partir, j’ai invité Jeudi 6 février, vers sept heures du soir, respectivement l’Ambassadeur de France et celui des Etats-Unis, à me rejoindre au Palais National et là, je leur ai fait part de ma décision de démissionner. J’ai sollicité de l’Ambassadeur américain, de me faire trouver, si possible, un moyen de transport. Un avion militaire m’a été gracieusement envoyé.

Q.- Certains reproches sont adressées au régime de Duvalier, notamment le bâillonnement de la presse, la restriction des libertés individuelles et d’associations, la corruption, les tortures et assassinats politiques. Prenons un à un ces reproches.

R.- Je préfère répondre globalement à cette question.

Rétrospectivement, le plus grand reproche que l’on puisse adresser à mon gouvernement c’est de n’avoir pas organisé des simulacres d’élections présidentielles tous les quatre ans, cinq ans ou six ans. J’avais une vision plus sérieuse de la démocratie. Et je voulais ramener tout mon entourage à cette vision sérieuse, dans un esprit de consensus. Malheureusement, les choses politiques prennent du temps en Haïti…

En matière de démocratie, si votre modèle est la France ou les Etats-Unis par exemple, tous les reproches vous sont permis. Si, au contraire, vous prenez d’autres exemples comme le modèle cubain très populaire en Haiti, je souhaiterais que l’on m’explique sincèrement en quoi ce pays ami est-il une démocratie par rapport à mon gouvernement qui, progressivement, s’ouvrait à l’opposition au point qu’un bon nombre de mes opposants sont devenus ministres, ambassadeurs ou ont été recrutés comme techniciens dans mon gouvernement…

A entendre les complaintes de mes adversaires, je me suis demandé si la seule façon de passer à leurs yeux pour un vrai démocrate n’était pas, en fin de compte, de me laisser abattre ou de leur laisser le pouvoir…Et jusque là, ils en ont fait quoi ?

Ki sa yo fè avec pouvwa sa-a

On semble dénier à mon gouvernement même le droit d’avoir maintenu la paix des rues et d’avoir pourchassé des poseurs de bombes ou des dealers de drogue!

Je sais qu’il y a eu des dérives ; encore une fois je les regrette amèrement ! Je rappellerai que toutes les fois que des cas d’abus documentés m’ont été rapportés, j’ai ordonné des sanctions sans fanfare. J’espère que les archives de l’armée et de la police pourront en témoigner.

Saviez-vous que, sous mon gouvernement, le Révérend Sylvio Claude a été arrêté puis jugé et condamné par un tribunal criminel à neuf ans de prison? Mais savez-vous aussi qu’il gagna devant la Cour de cassation, fut mis hors de cause et mis en liberté? Ces juges qui ont agi en toute indépendance n’ont pas été persécutés ni révoqués par mon gouvernement. Je salue le courage de ce martyr de la liberté! Je ne peux pas vous dire aujourd’hui à quel point j’étais dévasté à la vue des images atroces de son assassinat à Quatre-Chemins, aux Cayes, en septembre 1991. Personne ne parle de ce crime odieux! Avez-vous un bilan des journalistes, des militants politiques, des syndicalistes brutalement exécutés sous le règne de ces régimes démocratiques qui m’ont succédé?

Voyez-vous? C’est tout un débat. C’est un peu la même chose quand vous parlez de corruption. L’histoire finira par rétablir la vérité et dressera le vrai bilan-surtout social et économique- de ce que l’on a pu réaliser à partir des maigres ressources dont on a pu disposer. Nous n’avions pas eu la chance de ces généreux milliards malheureusement...

Q.- Comment avez-vous vécu l’exil?

R.- Mwen te fizikman an France men tout nanm mwen tout lespri-m te toujou an Ayiti

Au rythme de mon pays! J’étais placé à un centre d’observation pour constater les progrès réalisés dans certains pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud, au cours de ces vingt-cinq dernières années et vivre parallèlement et douloureusement la désintégration d’Haïti à tous les niveaux au cours de cette même période. Même l’espoir s’est évanoui. La jeunesse n’a plus de référence morale et est abandonnée à elle seule sans boussole.

Q.- Quelle sensation ça vous fait d’être à nouveau en Haïti?

R.- Nou te viv moman sa-a menm jan avèm e nou tout konstate akèy chalere ke jenès la te banm

Vous l’avez vécu avec moi pour un voyage qui n’était ni programmé ni annoncé. Vous avez vécu l’enthousiasme de cette jeunesse à l’Aéroport International. Vous avez vu l’enthousiasme des employés des services publics, leur accueil, leur réception ! Mais, de l’Aéroport vers mon hôtel, j’ai été plongé dans une profonde désolation par ce que j’ai pu observer. Il est donc grand temps que tout le monde, dans un grand konbit, enfin, travaille à la renaissance de ce pays et à la promotion de la jeunesse. J’entrevois cette possibilité où tous les anciens chefs d’Etat pourraient former un grand conseil dans le but de promouvoir à la réconciliation nationale et au relèvement d’Haiti.

Q.- Quelle est votre lecture de la situation socio-politique actuelle?

R.- J’observe. Le pire qui pourrait arriver à ce peuple c’est qu’il devait continuer encore à vivre dans ces conditions infrahumaines, en dépit de ces milliards de dollars d’aide! Quelqu’un devrait avoir quelque part mauvaise conscience ! Nous devrions avoir mauvaise conscience en tant qu’élites dirigeantes!

Jenès peyi d’Ayiti a ce pou nou mete tet nou ansanm ak Union Fait la Force la pou nou rekonstwi peyi a.
Kenbe fèm pa lage mwen avèk nou

A byento!

vendredi 4 février 2011

Haïti : une femme en lice pour la présidence

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NDCDP-Politique.- Mirlande Manigat, candidate du RDNP, la probable future présidente d'Haïti.
La devise de son parti est: «La tête froide, le coeur chaud, les mains propres
Contrairement à l'opinion émise dans l'article ci-dessous, il n'y a aucun doute en Haïti: Mirlande Manigat, en allant au second tour, part avec une grande longueur d'avance sur son rival, Michel Martelly. En effet, elle a toujours été premiere dans les sondages. De plus elle a été classée première au premier tour des présidentielles (31%), suivie de Michel Martelly (22%), malgré les fraudes massives et flagrantes des militants du parti INITÉ le 28 novembre 2010 en faveur du candidat Jude Célestin.
Photo: Thony Bélizaire, février 2011


Source: leparisien.fr et AFP, 4 février 2011

Haïti aura t-il bientôt une femme à sa tête ? C'est un scénario probable puisque Mirlande Manigat, 70 ans, figure parmi les deux candidats qui vont s'affronter au second tour de la présidentielle haïtienne. Jeudi, le candidat du pouvoir Jude Célestin a été exclu du second tour mettant fin à deux mois de crise politique née de la contestation des résultats du premier tour du 28 novembre dernier.

Mirlande Manigat affrontera donc Michel Martelly le 20 mars prochain. Ce dernier, star de la musique haïtienne, est le fils d'un cadre du secteur pétrolier. Ancien étudiant aux Etats-Unis, il est connu pour ses excès sur scène et ses virulentes invectives politiques. Par contraste, avec ses lunettes et sa voix douce, Mirlande Manigat, grande dévoreuse de romans d'Agatha Christie, a vécu 13 ans en France et appartient à l'élite haïtienne.

Intellectuelle diplômée de la Sorbonne et de Science-Po, Mirlande Manigat serait la première femme élue à la tête du pays. Elle promet de rompre avec la corruption et de réformer le système éducatif. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés au droit constitutionnel, elle n'a pas une grande expérience du combat politique. Jusqu'à la campagne des derniers mois, elle avait toujours vécu dans l'ombre de son mari, Leslie Manigat, au pouvoir quelques mois en 1988, se consacrant à l'enseignement pour devenir vice-rectrice d'une université privée en Haïti.

« Sweet Micky » veut « changer la face d'Haïti »

La lourde tâche de reconstruire le pays le plus pauvre des Amériques, après le violent séisme du 12 janvier 2010, pourrait cependant revenir à Michel Martelly, 49 ans, alias «Sweet Micky». Bien que critiqué en raison de liens qu'ils entretiendrait avec Jean-Claude Duvalier (ancien dictateur haïtien revenu au pays le mois dernier), le chanteur au crâne rasé incarne le changement et peut être considéré comme le favori.

«Je pense que les jeunes vont voter pour Martelly, en particulier ceux qui sont au chômage et qui vivent dans les zones urbaines», explique Robert Fatton, politologue, professeur haïtien à l'université de Virginie (est des Etats-Unis). «Il a l'avantage de pouvoir mobiliser cette frange de la population mieux que tout autre candidat. En ce moment, il a le vent en poupe».

«Mon objectif est d'avoir la possibilité de changer la face d'Haïti. Les gens me voient comme la lumière au fond du tunnel», avait assuré «Sweet Micky» le mois dernier, sans toutefois décrire concrètement les changements qu'il promet d'apporter.

jeudi 3 février 2011

Haïti : le candidat du pouvoir écarté du second tour de la présidentielle

Source: lemonde.fr, jeudi 3 février 2011
Par Jean-Michel Caroit

Port-au-Prince, Envoyé spécial - Le second tour de l'élection présidentielle en Haïti opposera Mirlande Manigat à Michel Martelly le 20 mars, ont annoncé jeudi 3 février des membres du Conseil provisoire électoral qui a partiellement inversé les résultats provisoires du premier tour.

Annoncés début décembre 2010, les résultats provisoires plaçaient Jude Célestin, le dauphin du président René Préval, en deuxième position derrière Mirlande Manigat. Ils avaient provoqué la colère des partisans du chanteur Michel Martelly et trois jours d'émeutes. Sur la base d'un rapport d'experts de l'Organisation des Etats américains (OEA), les principaux bailleurs de fonds, Etats-Unis en tête, ont exercé de fortes pressions pour exclure M. Célestin du deuxième tour, au profit du chanteur surnommé "Sweet Micky".

Mercredi 2 février, date annoncée pour les résultats définitifs, les rumeurs n'ont cessé de circuler. Dans la matinée, on annonçait le départ pour Washington du président du Conseil électoral provisoire (CEP), Gaillot Dorsinvil. "Je suis là, ne vous inquiétez pas, vous aurez les résultats avant minuit moins cinq", glissait-il, goguenard, à la mi-journée, dans ses bureaux installés dans un ancien gymnase.

CRAINTE D'UNE FLAMBÉE DE VIOLENCE

Blindés légers de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), policiers haïtiens, un important dispositif de sécurité protégeait le siège du CEP. Des casques bleus et des unités de la police étaient sur le qui-vive dans plusieurs quartiers de la capitale où les écoles et les commerces fermaient leurs portes plus tôt que d'ordinaire. Il y avait foule dans les quelques supermarchés et épiceries restées ouvertes. Par crainte d'une nouvelle flambée de violence, les clients stockaient des vivres et de l'eau potable.

"C'est une cabale du club des ambassadeurs qui ont décidé que le candidat du président de la République devait être écarté", s'emportait un ministre, qui préférait rester anonyme. "On ne peut plus continuer à accepter que la pression de la rue décide les processus électoraux", ajoutait-il.

Dirigeant de l'Inité (Unité en créole), le parti présidentiel, le ministre de la justice, Paul Denis, dénonçait ouvertement la communauté internationale. "Ils ont tiré des résultats de leurs poches, ils agissent comme des colons, mais il y a des hommes et des femmes dans ce pays qui exigent d'être traités avec dignité", s'exclamait-il.

Un communiqué du Black Caucus, les élus noirs au Congrès américain, réclamant de nouvelles élections, a redonné du baume au cœur aux partisans du pouvoir. "La volonté du peuple d'Haïti n'a pas été représentée", soulignait ce communiqué, rappelant les multiples irrégularités qui ont entaché le scrutin du 28 novembre.

L'annulation des élections était aussi demandée par un rassemblement de partis d'opposition. Ils réclament le départ du président René Préval le 7 février, son remplacement par un juge de la Cour de cassation et la formation d'un gouvernement provisoire. Mais une manifestation pour appuyer cette "proposition de sortie de crise" n'a rassemblé que quelques centaines de personnes.

ÉVITER UN VIDE DU POUVOIR

Craignant un vide du pouvoir, la communauté internationale a demandé à M. Préval de rester à son poste au-delà de l'échéance constitutionnelle de son mandat, le 7 février. A condition que le CEP accepte la recommandation de l'OEA excluant Jude Célestin du deuxième tour, a insisté Hillary Clinton, lors de sa visite à Port-au-Prince dimanche 30 janvier.

La présence en Haïti de l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier et le possible retour de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide ont ajouté à la confusion. "C'est moi qui ai lancé le processus démocratique en Haïti, quand on me traite de tyran, ça me fait rire parce que les gens souffrent d'amnésie", a dit Bébé Doc à Univision, une chaîne hispanophone diffusée aux Etats-Unis et en Amérique latine.

Des plaintes pour crimes contre l'humanité ont été déposées contre M. Duvalier, qui a été inculpé pour détournement de fonds publics et association de malfaiteurs peu après son retour à la mi-janvier. Il a affirmé n'avoir aucun compte gelé en Suisse, soutenant que les 4,6 millions d'euros bloqués appartenaient à une fondation créée par sa mère. Les autorités suisses ont annoncé l'ouverture d'une procédure de confiscation de ces avoirs "pour les restituer au peuple haïtien".

Le gouvernement haïtien a confirmé qu'un passeport diplomatique serait délivré à l'ancien président Aristide, en exil en Afrique du Sud depuis 2004, lorsqu'il en ferait la demande. Il a déclaré vouloir rentrer en Haïti pour se consacrer à l'éducation.

Jean-Michel Caroit