mercredi 27 juillet 2011

Haïti: Constitution quand tu nous tiens... !

NDCDP-Politique.- Bien qu'il date de quatre ans, le texte suivant est encore d'actualité.
Nous remercions Madame Emmanuelle Gilles de l'avoir partagé avec les internautes hier mardi 26 juillet 2011. Ce texte est cité dans le rapportde MM. Moïse et Hector sur la question constitutionnelle (1).

Source: lenouvelliste.com, 23 mars 2007
Par Me Serge H. Moïse av.
cabinetmoise@hotmail.com



Il y a environ vingt ans que la Constitution de 1987 était élaborée et promulguée dans une atmosphère d'euphorie collective. Les mises en garde de quelques voix autorisées furent vite isolées et étouffées sous les vivats d'autosatisfaction.

A peine quelques années plus tard, l'un de ses plus chauds artisans et promoteurs s'exclamaient les larmes aux yeux que cette dernière était la plus déchirée, malmenée, avilie, méprisée et violée. En effet, notre charte fondamentale depuis sa promulgation n'a jamais été appliquée ; quelques fervents partisans, profanes ou personnes avisées, mais de mauvaise foi, oubliant ou faisant d'oublier qu'une Constitution est un tout indivisible, ont le toupet d'avancer que notre loi mère aurait été appliquée en partie. Les férus de statistiques parlent d'application à dix ou quinze pour cent. On aura tout entendu !

Qu'aujourd'hui, il se dégage une velléité de se livrer à un exercice de réflexion sur le contenu et la portée de notre charte, ce n'est certes pas trop tôt et toute émotivité mise de côté, cela devrait se révéler de bonne augure pour la nation en devenir.

Des voix s'élèvent déjà dans différents secteurs pour exprimer davantage leurs appréhensions, leurs suspicions et leurs craintes, en lieu et place de suggestions novatrices. Alors que ce serait le moment idéal pour se parler franchement, sans faux-fuyants et de manière constructive.

La Constitution de 1987 est aujourd'hui âgée de vingt ans et, nous l'avons dit plus haut, elle n'a jamais été en application, le moins que l'on puisse faire est de réfléchir en toute honnêteté et objectivement, essayer de discerner ce qui en principe et en fait constitue des facteurs de blocage quant au développement politique, social et économique du pays.

Devons-nous envisager un amendement, une révision, une réforme ou le renouvellement de la loi mère ?

Il est évident que l'implication, la participation de tous les secteurs et composantes de la grande famille haïtienne s'avèrent indispensables et cette fois, espérons-le, au nom des intérêts supérieurs de la nation tout entière.

Point n'est besoin d'être grand clerc pour se rendre compte que notre charte fondamentale, élaborée dans les conditions et le contexte de l'après -Duvalier, si elle a consacré certaines des nobles aspirations de l'heure : Liberté de la parole, respect des droits et libertés, ne serait-ce qu'en théorie hélas, elle a aussi sombré dans les dédales de la mesquinerie improductive et rétrograde : exclusion des Haïtiens vivant à l'étranger, de ceux qui à tort ou à raison pouvaient être étiquetés comme étant des duvaliéristes zélés.

Rappelons pour l'histoire et la vérité que de nos vingt-deux textes constitutionnels, la plupart d'entre eux ont été faits sur mesure et dans l'intérêt d'un groupe ou d'une personne. Si l'occasion s'offre à nous pour enfin réaliser une oeuvre utile et nationale, c'est le moment plus que jamais où cette génération d'Haïtiens doit pouvoir s'élever à la dimension de sa tâche historique et grandiose afin de réaliser cette révolution culturelle susceptible de mettre le pays sur les rails du développement et du progrès.

Le caractère distinctif de notre époque est la lutte entre la politique et le droit, nous disait le Dr Fiore, est la lutte entre les intérêts temporaires et conditionnels des gouvernements et les principes stables du droit. Quant au Dr Niceto Alcala-Zamora, il nous rappelle que le progrès dans le droit consiste à ramener dans son domaine la solution des conflits, qui auparavant étaient soustraits à son empire. Il faut donc espérer, oeuvrer pour que dans cet Etat de Droit que nous avons la prétention de vouloir instaurer, le droit qui prime la force parviendra à primer la politique.

Notons que les spécialistes distinguent quatre types de Constitutions : les Constitutions-programmes, les Constitutions-lois, les Constitutions souples et les Constitutions rigides. La nôtre semble réunir deux de ces caractéristiques : elle se révèle une constitution-programme et d'une rigidité particulière, comportant un nombre excessif d'articles nettement en inadéquation avec notre réalité sociale, économique et culturelle, autant de difficultés d'application inhérentes à sa structure, son contenu et sa portée.

J. C. Dorsainvil définit le droit comme étant la faculté innée et inviolable qu'a l'homme de réaliser les fins pour lesquelles il a été créé. Toute politique nationale est nécessairement progressiste, ajoute-t-il. Aucune politique ne peut être progressiste si elle ne vise à répandre dans le peuple plus de lumière et plus de bien-être et à fortifier, avec la moralité, le sentiment du civisme et du patriotisme parmi les masses.

Edouard Laboulaye quant à lui affirme que la démocratie n'est qu'un mot si elle ne réside pas dans la souveraineté de l'individu. La première caractéristique du gouvernement démocratique est que le peuple administre ses affaires par l'entremise des mandataires qu'il se choisit librement et en connaissance de cause.

En connaissance de cause, est-ce toujours le cas en Haïti ? Selon Damasse Pierre-Louis, il est contradictoire que le peuple soit à la fois « misérable et souverain ».

Laissons parler J. C. Dorsainvil qui tenait ces propos, il y a déjà un siècle : Pour s'en tenir au niveau de ses intérêts, le peuple doit posséder certaines aptitudes sociales acquises par l'éducation et développées par la pratique des affaires. Parmi ces aptitudes sociales, il faut citer l'instruction qui a pour but d'éclairer ses choix, de lui inspirer le sentiment de ses droits et de ses devoirs.

De ce qui précède, il n'est pas dit qu'on ne puisse, quelle que soit la situation, faire l'apprentissage de la démocratie, encore faut-il que la Constitution et les lois de la République soient en adéquation avec la spécificité de la nation tout entière.

Le Président René Préval, dans son discours d'investiture pour son premier mandat, déclarait de façon péremptoire : Nous allons rétablir l'autorité de l'Etat. Or l'autorité dans l'organisation démocratique pour René Hubert, c'est une concentration, une synthèse de toutes les énergies émanées du corps social ; avoir conscience d'être un peuple, vouloir rester un peuple, mettre cette énergie, par la différenciation, dans un organe central, la voilà la source première et le secret de l'autorité politique.

Il n'est certes pas superflu de rappeler à nos parlementaires ce que Auguste Comte écrivait : « Le parlementarisme est un régime d'intrigues et de corruption où la tyrannie est partout et la responsabilité nulle part .» Il leur incombe donc à tous et à chacun d'entre eux de faire comprendre, tant sur le plan national qu'international, que les choses ont évolué et que, sous le ciel d'Haïti, les choses ont bel et bien changé.

La réforme en profondeur de la justice haïtienne s'avère aujourd'hui une impérieuse nécessité. Nos lois sont pour certaines inadaptées, d'autres obsolètes et pour cause, puisque nos codes, importés depuis 1836, ont rarement fait l'objet de mise à jour ; en matière de doctrine, la basoche haïtienne accuse une pauvreté pour le moins intolérable.

Il s'ensuit donc qu'il est temps pour l'Etat haïtien de mettre à pied d'oeuvre, et en permanence, la Commission de la Réforme du Droit qui regroupera : sociologues, historiens, économistes, juristes et autres compétences afin d'élaborer de manière scientifique, à travers des données fiables, le véritable Droit haïtien, en tenant compte bien sûr des paramètres régionaux et également de ceux de la mondialisation.

La justice élève une nation, elle est aussi le reflet de sa culture. La justice ne vit pas de scandales, elle en meurt. De toutes les corruptions intellectuelles, la plus nocive est celle de l'esprit juridique, car elle donne aux pires exactions une apparence de légalité. Dura lex, sed lex. Autant de phrases empreintes de grandeur et de noblesse. Pourtant aucune ne semble trouver une quelconque corrélation dans la première république nègre, toujours en quête d'orientation après deux cents ans d'indépendance.

Cette dichotomie doit disparaître du paysage haïtien pour faire place à l'instauration d'institutions bien structurées à l'intérieur desquelles des femmes et des hommes de qualité seront appelés sur concours et au mérite de sorte que le voeu de Montesquieu devienne ici aussi une réalité vivante pour que le pouvoir arrête le pouvoir dans la plus pure tradition républicaine.

Pour y parvenir et au cas où il se révélerait nécessaire de renouveler notre charte fondamentale, dans la perspective certaine que la prochaine sera religieusement respectée et appliquée à la lettre, pour le bien-être collectif, il faudra éviter à tout prix de violer celle-ci, même par consensus, faisant semblant d'espérer que celle- là ne le sera pas à son tour dans un avenir plus ou moins prévisible. Le renouvellement de la Constitution peut et doit être élaboré dans le respect de la doctrine et de la jurisprudence relatives au droit constitutionnel, autrement ce sera déjà le signe avant-coureur de la prochaine dérive institutionnelle.

Apportons cette fois-ci un démenti formel à Gustave D'Alaux qui avec mépris disait au siècle dernier : On doit rendre cette justice aux Haïtiens que s'ils font des Constitutions absurdes, ils excellent à les violer.

Soulignons à l'eau forte, si besoin était, les propos d'Anténor Firmin, qui, de son exil à St-Thomas, nous suggérait, pour le développement du pays, de mettre l'accent sur l'éducation, toujours l'éducation, encore l'éducation. Ce que confirme Michelet qui nous dit que l'éducation est la condition essentielle de l'évolution de toute société humaine (dans notre cas, une éducation axée sur les créneaux culturels haïtiens, avec, cela va de soi, ouverture sur le monde extérieur). A la question : Quelle est la première partie de la politique ? Il répondait : l'éducation . Et la seconde ? L'éducation. Et la troisième ? L'éducation et il ajoutait : J'ai trop vieilli dans l'histoire pour croire aux lois quand elles ne sont pas préparées, quand de longue date les hommes ne sont point élevés à aimer, à vouloir des lois... Faites des hommes et tout ira bien.

La Commission de la Réforme du Droit, pour doter le pays d'un pouvoir judiciaire indépendant, efficace et efficient, est incontournable, indispensable au développement de la nation sous toutes ses formes. Tractations et compromissions nous ont conduits là où nous sommes aujourd'hui, disons-le sans ambages au seuil de la faillite nationale.

Me Serge H. Moïse av.
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(1) Claude Moïse et Cary Hector : «Rapport sur la question constitutionnelle», scribd.com, 2009, 92 pages.

lundi 18 juillet 2011

Professeur Sauveur Pierre-Étienne au micro de Raymond Laurent, CKUT 16 juillet 2011

Amies et amis internautes,

Voici des liens vers deux vidéos:

  1. Professeur Sauveur Pierre-Étienne au micro de M. Raymond Laurent: 1ère partie, oplmv2010,ckut et nyrvah.blogspot.com, 18 min 38 sec, 16 juillet 2011;


  2. Professeur Sauveur Pierre-Étienne au micro de M. Raymond Laurent: 2e partie, oplmv2010, ckut et nyrvah.blogspot.com, 17 min 13 sec, 16 juillet 2011.

mercredi 13 juillet 2011

Le Printemps arabe et Israël

Il s'agit d'une conférence que donnera, le jeudi 14 juillet de 9h à 12 h au Cérium,le professeur Yakov Rabkin.

Yakov Rabkin, est professeur titulaire au département d'histoire de l'Université de Montréal.

On peut écouter un court et intéressant entretien qu'il a accordé à l'émission Tam-Tam de Radio-canada internationale en cliquant sur le lien suivant.

Printemps arabe et Israël/Yavov Rabkin/Tam-tam/RCI, 9 min 08 sec, 12 juillet 2011.

mardi 12 juillet 2011

Haïti/Bernard Gousse, PM désigné, répond aux questions de Valéry Numa (Radio Vision 2000, 11 juillet 2011)

Amies et amis internautes,

Voici une entrevue à écouter pour vous faire votre propre idée de Me Bernard Gousse.

LCDP-Politique, pour sa part, est d'avis que Bernard Gousse, homme de loi, sage, compétent, honnête, ferait un excellent chef de gouvernement.
LCDP-Politique est convaincu que le Président Michel Martelly a raison de le choisir comme candidat au poste de Premier ministre.

Cliquez sur touthaiti.com (Vision 2000/Valéry Numa/Bernard Gousse répond), 52 minutes, 11 juillet 2011.

lundi 11 juillet 2011

Haïti/RATIFICATION Premier ministre: Le Président est un exemple de démocratie

Sources: Forum culturel et Stanley Lucas, Lundi 11 juillet 2011, 17h 09min 10s
Par Stanley Lucas

Le Président Michel Martelly dans le cadre du processus de désignation du Premier Ministre a démontré qu'il est un démocrate allant même jusqu'à faire des concessions sur ses prérogatives constitutionnelles. La constitution donne au President de la république l'autorité de nommer le Premier Ministre. Dans le cadre de Bernard Gousse dix noms sont allés au Parlement. Les sénateurs de l'INITE ont choisi trois noms. Sur la liste des trois noms le Président a choisi un nom faisant d'énormes concessions sur ses prérogatives.


Mais l'INITE voulant absolument imposer la continuité de l'INITE avec Bellerive ou la continuité de LAVALAS avec Ceant a refusé de prendre en considération le nom de Me. Bernard Gousse qu'ils ont eux même choisi. Assistons-nous à une dictature parlementaire? Si le parlement a des droits et prérogatives garantis par la constitution de 1987, quelques parlementaires de l'INITE n'ont pas le droit d'empiéter sur les prérogatives constitutionnelles du Président de la république. Moïse Jean-Charles, Wenceclass Lambert à travers leurs déclarations sont des exemples concrets de ces violations des droits du Président.


La réalité est que l'INITE ne POURRA pas imposer la continuité au Président de la république. La base de Martelly est à 98% opposée à Jean-Max Bellerive à cause de ses performances au cours des dix dernieres années. Le video de Michel Soukar a confirmé un sentiment général qui se renforce sur le Premier Ministre Bellerive; voir:
http://www.youtube.com/watch?v=scpOaf3IeIM

En ce qui a trait à Me. Jean-Henry Céant c'est la même chose au niveau de la base de Michel Martelly: à 99.9% sa base ne veut pas de cette association lavalassienne. En plus le rapport sur la corruption de l'UCREF est encore frais dans la mémoire des supporters de Martelly et des citoyens en général; voir:
http://balawou.blogspot.com/2010/08/jean-henry-ceant-enquetes-sur-la.html

Malgré les efforts légaux de Jean-Henry Céant pour blanchir son nom, ils sont très nombreux ceux qui maintiennent des doutes malgré ses efforts sus-mentionnés.


Le Président Michel Martelly a deux options:
1. Travailler pour la ratification de Me. Bernard Gousse en utilisant les pouvoirs et leviers légaux et démocratiques de la présidence d'Haïti. Demander le respect du processus de ratifications et des provisions constitutionnelles. Il obtiendra la ratification.

2. Préparer juste un nom, un nouveau nom, qu'il soumettra aux Présidents des deux chambres vingt-quatre heures après, dans le cas où le Sénat refuserait Me Bernard Gousse. Ce nom ne devra en aucun cas représenter la continuité. Dans le cas contraire Martelly pourrait le payer très cher lors des élections de Novembre 2011 et perdre sa base nécessaire pour affronter les difficultés qui se poseront lors de l'application de ses réformes pour moderniser l'état et le secteur privé.

dimanche 10 juillet 2011

La constitution amendée n’est pas celle qu’attend le peuple

Source: Tout-Haiti, Dimanche 10 juillet 2011, 16h 56min 09s
Par Michel William, agronome
michelwilliam1000@hotmail.com


De février 1990 à 14 mai 2011, Haïti a vécu sous le régime des maniaco-dépressifs et des imposteurs. Les officiels des régimes Lavalas, Espoir et Inité se sont appuyés sur la PNH et la MINUSTHA pour créer un climat d’insécurité astucieusement entretenu par la structure de la primature qui n’a en rien desservi le pays. Le maintien dans la version amendée de la constitution de 1987 de la structure de la primature ne relève pas d’un calcul simple mais d’un agenda politique avorté qui visait à séquestrer le pouvoir pendant un minimum de cinq décennies. En conséquence de ce pouvoir fantôme, les fonds sont gaspillés, le pays a passé vingt années sans être gouverné, les crimes commis au plus haut sommet de l’Etat sont restés impunis et les suspects ne sont même pas inquiétés. La demande par les parlementaires de l’INITE de partager le cabinet ministériel est une astuce du président Préval visant à isoler les débats loin de leur enjeu politique majeur, pour forcer la classe intellectuelle et la presse à y voir la violation d’un texte voté et non le maintien de la structure de la primature qui a fait à la fois le bonheur des lavalassiens et le malheur du peuple haïtien. Dans ses déboires, le peuple a toujours ignoré magistralement le premier ministre et a tenu pour responsable le Président de la république de sa mauvaise condition de vie. Le peuple a raison, car la primature a été toujours une doublure qui empêche de voir la gestion directe par le Président des affaires de l’État.

Les manœuvres politiques conçues après le 12 janvier 2010 pour avoir après le 7 février 2011 trois mois et demi de plus n’ont pas suffi pour mener à terme et en leur faveur les différents scénarios déjoués miraculeusement par le séisme dévastateur. Les maniaco-dépressifs habitués à exercer un pouvoir sans partage, ont été pris au dépourvu. Le scénario principal de raz-de-marée électoral ayant échoué, la liquidation négociée de Jude Célestin et le repositionnement de Martelly en deuxième position ne sont pas pour rassurer un clan de politiciens aux abois. L’émergence de Martelly a été le pire des imprévus, car le pouvoir prévalien n’avait jamais effleuré l’idée qu’il aurait à faire face à un outsider tiré hors de son clan et à travailler contre le temps. Il faut à la va-vite trouver des subterfuges et des émissaires. Les rescapés de l’INITE vont tenter un troisième coup de contrôle politique du pays en manœuvrant le CEP pour avoir la majorité parlementaire à la chambre des députés afin d’exercer le pouvoir entier en s’assurant de la majorité dans les deux chambres.

Pendant que ce troisième coup est dans l’impasse, les drogués du pouvoir vont essayer un quatrième coup, celui de vicier l’amendement de la constitution de 1987dont la formule votée le 9 mai et acceptée par les juristes et les constitutionalistes comporte un élément de trouble-fête, la création du conseil constitutionnel. Le texte falsifié est une nouvelle manifestation du génie du mal dont est capable le président Préval. Un vrai coup de Lucifer! Mr Préval a réussi à orienter les débats sur l’amendement sans que personne ne s’aperçoive qu’on discute d’un sujet dénué de relevance pour le pays. Le peuple attend le retour au régime présidentiel et l’élimination de la primature qui est exclusivement une structure budgétivore de blocage politique du pays. Le régime Lavalas adore éperdument la structure de la primature qui est son instrument privilégié de gouvernement avec des personnages de doublure. Un rappel du profil du pouvoir détenu par les premiers ministres, des tractations menées pour leur ratification ainsi que les mises en scène parlementaires pour leur renvoi, suffit pour faire voir l’inutilité de ce poste. Mr Marc Bazin n’a été que l’ombre des militaires. Mr Robert Malval en dépit de sa bonne volonté avait des problèmes avec le président Aristide qui ne lui donnait aucune marge de négocier avec les militaires. Dans la suite, Mr Aristide a dû choisir des effacés comme Mme Werley, Cherestal, Neptune dont les noms ne valent pas la peine d’être évoqués. Le président Manigat a dû faire jouer toute son éminence grise pour ne pas donner la perception que le très respecté Mr Martial Célestin lui était plus un conseiller privilégié qu’un premier ministre. Mr Préval a choisi deux fois un premier ministre pour lequel il n’avait aucune confiance politique malgré la servitude aveugle de Mr Alexis. Il a sacrifié Mme Pierre-Louis qui voulait exercer la fonction de Premier ministre avec un faux semblant de préparer des élections honnêtes. Au dernier moment il a trouvé en Jean Max Bellerive le profil idéal que les lavalassiens recherchaient pour occuper le poste totalement diminué de premier ministre. Aucun des premiers ministres n’avait l’autorité de diriger effectivement le pays. Comme privilège, ils avaient seulement droit au choix discuté des titulaires de deux à trois ministères les plus méprisés, celui de la diaspora, celui de la condition féminine et celui de l’environnement, au mieux les affaires sociales et le commerce vite récupérés avec la corruption. Dans la galerie des sous hommes qui ont occupé cette fonction, l’histoire ne retiendra pas Mr Jean-Jacques Honorat, Mr Rony Smart et Mr Gérard Latortue qui se sont distingués chacun à sa façon dans la possibilité ou l’impossibilité d’exercer cette haute fonction.

Si dans leur analyse de la problématique de la constitution haïtienne, la commission Moïse et récemment les juristes proches du barreau avaient suggéré la suppression de ce poste, ils auraient fait montre de citoyens qui ont le sens du changement et qui suivent le peuple dans l’expression de ses revendications. Tous ces consultants oublient royalement la population quand ils réfléchissent pour le prince et pondent des œuvres bonnes seulement pour la paperasserie politique.

Au demeurant le peuple attendait le retour au régime présidentiel et l’élimination de la primature pour éviter les problèmes liés aux éternelles tractations dans le choix, dans la ratification de politique générale du premier ministre. Les juristes, les constitutionalistes et la presse se sont faits avoir une nième fois par Préval et ont mis le président Martelly dans de beaux draps. Malgré le silence innocent de ces derniers sur la nécessité d’éliminer la primature, la version amendée arrachée à 80 % en faveur de l’INITE ne répond pas complètement aux attentes d’un pouvoir aux abois car la création du conseil constitutionnel, la seule innovation dudit amendement, représente un obstacle majeur au pouvoir manipulateur du parlement. Préval a choisi la version de 1987 moins périlleuse et est passé aux affaires.

L’équipe solide de l’INITE est convoquée et fait appel aux récidivistes de l’administration publique pour falsifier la version votée dans l’unique but de revenir à la constitution de 1987. Le président Martelly a mordu à l’hameçon. Il a remis en selle la constitution de 1987. Sa présidence est « an ba Kod » avec le pouvoir renforcé des parlementaires INITE rebaptisé GPR. On cite sur l’Internet les noms de René Préval, de Rodolphe Joasile, de Joseph Jasmin, de Jocelerme Privert, de Robert Magloire et de Fritz Longchamp comme les éventuels auteurs de cet acte ignoble.

Nous autres sur la toile, nous n’avons pas les moyens de vérifier ces dénonciations. Mais le nouveau président sur l’avis de ses conseillers politiques, même avec un cabinet ministériel démissionnaire devrait pouvoir diligenter une enquête présidentielle complémentaire à celle de la commission sénatoriale pour rechercher les auteurs, co-auteurs complices et exécuteurs de la basse œuvre.

En vertu de la gravité de la faute commise, les suspects qui disposent de tous les moyens pour échapper à la justice du pays, devraient faire l’objet de mesures conservatoires qui les maintiendraient en état. En face du danger de chaos politique créé par cet acte de piraterie constitutionnelle les parlementaires restants devraient immédiatement se repositionner sur l’échiquier politique, se démarquer de l’acte impie posé par leurs collègues et souhaiter la démission de ces derniers du parlement. Le regroupement GPR devrait sortir de sa position partisane, adopter une posture de responsables d’état et prendre une résolution parlementaire à ce concernant. Les partis politiques devraient aussi se mettre de la partie pour exiger la mise en état de ces suspects. C’est le minimum attendu d’une élite qui aurait la vocation de recréer l’état après ces vingt années de non gestion du pouvoir lavalas.

Entretemps le pays est bloqué. Le premier ministre désigné est l’objet des sempiternelles tractations parlementaires téléguidées par un ancien président plus posé que d’habitude. Depuis son bunker politique Préval donne des ordres confus à sa troupe parlementaire pour approuver ou pour ne pas approuver la nomination du premier ministre qui est le moindre souci de la population haïtienne. Les hommes de l’INITE en plein pouvoir illégal et illégitime accusent un pouvoir présidentiel pris aux pièges de prendre trop de temps pour mettre en œuvre son administration. On commence à accuser le nouveau pouvoir de laxisme et ses conseillers de simples remplaçants qui voulaient la place des collaborateurs de Préval.

La presse de Port-au-Prince n’a pas non plus joué le rôle d’éclaireur actif en rendant les suspects sans sommeil dans l’explication de ce crime de lèse-constitution. La presse devrait les interviewer chaque jour, partout, au parlement, dans la rue, chez eux, en province, sur le même sujet pour les porter à avoir honte, à demander pardon à la population et en dernier lieu à démissionner. La presse a choisi de verser dans le superficiel non compromettant.

Enfin de compte, même si le Président Martelly arrive à nommer un premier ministre, celui-ci ne sera pas en mesure de gouverner le pays. Il passera son temps à prévoir des coups ou à dénouer des pièges. La meilleure option offerte au président Martelly pour contrecarrer le projet macabre de séquestration du pouvoir par l’INITE est de répéter l’exemple de Mr Préval, qui avait gouverné avec un premier ministre sans l’approbation du parlement. C’était lors de la nomination de Jacques Edouard Alexis qui, fort de l’appui de Mr Preval, n’avait pas jugé bon de faire approuver sa déclaration de politique générale devant un parlement à majorité OPL. A ce moment le président Préval avait déclaré constater la caducité du parlement. Dans le cas du GPR, le président Martelly pourrait tout aussi bien évoquer le piège constitutionnel et gouverner par décret, fort du même appui de la MINUSTHA et de Mr Clinton. Il faut ajouter que cette option doit être liée à la possibilité de repousser les élections municipales des communes et des sections communales pour demander au nouveau ministre de l’intérieur de nommer par décret les maires et les casecs pour une période intérimaire de deux ans, comme le signal le plus manifeste de Martelly de vouloir changer aussi à la base les éléments de blocage.

Toutes ces anticipations sont pour faire comprendre au Président Martelly que l’existence de la primature créée par la constitution de 1987 est une innovation malheureuse qui n’a pas permis de gouverner le pays depuis 1987 et qu’il y a de la célérité dans l’urgence pour avoir une nouvelle constitution.

Pour amorcer ces changements politiques il faut établir avec Mr Clinton un vrai partenariat dans lequel toutes les vérités et les contre vérités mises à jour dans un langage de franc parler permettent à Mr Clinton de vivre comme il l’avait souhaité l’aventure de la reconstruction d’Haïti et d’être le bienfaiteur reconverti d’Haïti. Mr Clinton y parviendra en négociant au niveau du conseil de sécurité le retour d’Haïti à l’état souverain, c'est-à-dire capable de faire fonctionner les services de l’état. Dans l’état actuel de la démission de l’état sur le terrain, seul un régime présidentiel peut recréer la confiance dans la population. Cette confiance est indispensable pour avancer. Il faut profiter de l’imbroglio de l’amendement pour liquider une fois pour toute la constitution de 1987 et pour lancer la formation d’une assemblée constituante capable de proposer á la nation dans un délai de deux mois une nouvelle constitution non revancharde et non partisane. La quarante-neuvième à qui on demandera de ratifier la nouvelle constitution sera réhabilitée avec l’entrée rapidement en vigueur de la dite constitution.

samedi 9 juillet 2011

COMMENT SAUVER HAITI !

Source: Tout-Haïti, Samedi 9 juillet 2011, 1h 11min 17s

Par Emmanuelle Gilles


L’Espagne n’est pas un partenaire « important » pour Haïti comme les Etats Unis, la France et le Canada. Haïti n’a pas de relations chaudes avec l’Espagne pourtant le Président Martelly s’y est rendu laissant derrière lui une crise dont il ne connait ni la durée ni la fin. M. Martelly, aurait-il été invité par le Roi d’Espagne? Si c’est dans le cadre d’un développement touristique dont l’Espagne est un des champions, il aurait pu attendre qu’il ait un gouvernement bien installé. Néanmoins nous pensons qu'une fois le Premier Ministre et gouvernement installé, Haïti gagnerait à négocier avec la Chine de Pékin qui souhaite développer des relations diplomatiques avec Haïti car contrairement à USAID et l’Agence de Coopération Française ou l’Agence Canadienne de développement, la Chine pourrait mieux nous apprendre comment nourrir 10 millions d’habitants et partager leurs stratégies de génération d'emplois. Je pense qu’Haïti devra coute que coute diversifier ses partenaires et explorer une nouvelle coopération avec les asiatiques car Il est évident que la coopération avec les occidentaux a échoué comme l'atteste d'ailleurs l'aspect général d'Haïti.

La réticence d’Obama à recevoir le nouveau chef d’état de la Caraïbe témoigne d'un manque de confiance a l'egard du President Haitien. On note qu'Obama n’a pas fait l’honneur d’une visite à notre pays non plus après le séisme. Son souhait durant sa campagne d’une nouvelle coopération éliminant la dépendance en assistance internationale vers le développement économique n’était que du vent. Les Etrangers doivent cesser d’imposer à Haïti leur politique soi-disant, en fonction de leurs intérêts. Le pays doit nourrir 10 millions d’Habitants et reconstruire une capitale détruite ce qui ne veut pas dire qu'Haïti doive cesser de chercher et de défendre ses propres intérêts. La coopération américaine, française ou canadienne à travers leurs agences de développement n’a rien réalisé de visible dans notre pays pourtant ils ont beaucoup investi en Costa Rica contribuant ainsi à l'expansion économique de ce pays par le développement du tourisme et bien d'autres choses. Ce dont nous avons besoin de l’occident c’est son expertise, sa technologie et ses connaissances pluridisciplinaires pour nous aider à développer notre pays. Hélas! Force est de constater qu’après des décennies de coopération avec l’occident, Haïti est le pays le plus sous développé de la Caraïbe. Alors nous nous demandons à quoi bon cette coopération ! Si nous avons parlé de Costa Rica c'est surtout pour souligner que ce pays a eu des leaders à la hauteur des objectifs visés contrairement à Haïti ou une classe soi-disant intellectuelle éclairée a jugé de hisser au pouvoir un chanteur de compas. Il existe un problème majeur avec une classe d’hommes et de femmes qui font de la chose politique un jeu de casino. C’est ainsi qu’Haïti avec cette classe pourrait avoir un long chemin à parcourir avant qu'elle sorte de cette situation que nous déplorons tous.

Le Président n’est toujours pas en mesure après tantôt deux mois de faire ratifier un Premier Ministre afin de mettre un gouvernement sur pied. On s’en rend compte unanimement que M. Martelly ne connait pas son rôle de Chef d’Etat à en juger par sa visite récente à New York et son comportement. Ce régime parlementaire qui devrait fonctionner qu’avec des partis politiques bien structurés à la place de ces énergumènes crée comme des « Frankenstein » programmés pour emmerder la nation plutôt que la servir est une honte. Les étrangers le savent et le comprennent mais cette situation fait leur affaire car plus le gouvernement est faible, plus ils le contrôlent. La perte de notre souveraineté vient avec la démocratie qui nous dirige vers la médiocratie sachant qu’une majorité peu éduquée ne peut faire un choix honorable. C’est même paradoxal de vouloir et la démocratie et la bonne gouvernance quand on sait que la democratie nous donne n'importe quoi.

Un premier Ministre normalement ne peut être rejeté avant même de soumettre son programme de gouvernement, il ne peut être évalué qu'après 6 mois de travail, si bien entendu il n’y a des goulots d’étranglement qui ne paralysent pas son action. De ce fait, rien ne justifie le refus de M. Gousse par les parlementaires.

Si le Président Martelly veut vraiment gouverner ce pays, qu’il se détache de Sweet Micky et qu’il commence à agir en Chef d’Etat. Comme il avait pensé mettre en branle de bonnes stratégies de campagne, il doit se doter maintenant de bons spécialistes en protocole et de Conseillers étoffés qui puissent le transformer en Chef d’Etat. Tout s’apprend. Il aurait aussi à exercer son autorité pour dissoudre ce parlement si toutefois la nomination de Gousse est rejetée. Il serait obligé d’organiser de nouvelles élections législatives pour donner au pays une chance et une figure. Les problemes strategiques necessitent des solutions strategiques. On ne peut diriger un pays avec un Président aléatoire et avec des parlementaires abrutis. Le petit groupe qui a porté Michel Martelly à se présenter comme candidat exploitant sa popularité de musicien est aussi coupable que Préval qui entend gouverner le pays à travers des parlementaires mafieux. Dissoudre le Parlement est le seul moyen de neutraliser le pouvoir de Préval et ses intentions d'influencer la politique haitienne au niveau du parlement. Autrement, le pays n’avancera pas d’un iota et on aura 5 ans de jeux politiques habituels et un petit groupe qui s’enrichit au détriment du pays et de son peuple.

Pour l’instant, le pays est dans une impasse qui ne lui permettrait pas d’avancer, cette impasse s’éternisera aussi longtemps que ce style de démocratie à l’occidental nous est imposé et financé par l’extérieur. Haïti doit recouvrer sa souveraineté qu’elle a perdue depuis que sa politique et ses stratégies sont dictées par des voisins et que son budget est financé par eux. Les étrangers s’interfèrent avec arrogance dans nos affaires profitant du vide créé par notre recul devant nos propres responsabilités. Toussaint Louverture qui avait le reve et la vision est furieux en constatant notre lâcheté. La défaillance de nos Institutions ainsi que notre proximité des Etats Unis encouragent l’arrivée chez nous des gangs et des armes à feu à la portée d’une population affamée, ce qui déstabilise le pays davantage sous des gouvernements indifférents et insouciants. Cependant, le succès du capitalisme demeure un mystère pour nous et n’est pas à notre portée aussi facile que la proliferation des gangs. Leurs modèles de développement et d’investissement ne seront jamais préconisés par ces partenaires occidentaux.

Pour sauver Haïti, il nous faut :




  • Refaire la constitution qui serait soumise à un réferendum dans laquelle des conditions sérieuses et plus adaptées à notre réalité seraient fixées pour accéder à la présidence et au parlement.


  • Eliminer l’aide au développement ou l’assistanat.


  • Création d’un climat de sécurité – promouvoir un Etat de droit - démantèlement des gangs par la peine capitale.


  • Installer un Conseil Electoral permanent qui a pour but d'organiser des elections sans interference de l'executif.


  • Réunir les ambassadeurs accrédités en Haïti pour leur faire savoir que ce pays ne peut plus fonctionner comme durant les dernières décennies et qu’ils doivent accepter un nouvel ordre, un nouveau paradigme pour que Haïti démarre.


  • Contrôle de naissance pour réduire l’explosion démographique.


  • Développement du secteur « Service » en vue de la génération de l’emploi.


  • Création d'Ecoles pour la formation d'une main d’œuvre haïtienne afin de générer des emplois.


  • Développement du tourisme à l’intention de la diaspora haïtienne d'abord et développement du tourisme à plus grande échelle par la suite.


  • Organiser des élections avec les propres ressources du pays sans interférence étrangère;


  • Exiger que la coopération bilatérale aboutisse au développement d’un secteur choisit par le gouvernement de la République et qui pourrait être soit l'agriculture, soit le tourisme, les logements sociaux, l'énergie dans le cas contraire cette coopération n’aurait pas sa raison d’être.


  • Encourager la diaspora à mettre son expertise au service de la nation.


  • Eduquer, sensibiliser le peuple de manière à ce qu’il fasse des choix raisonnés pour la nation.


  • Développer un système d’impôts efficace pour approvisionner le budget de l’Etat.


  • Développement du système bancaire à travers le territoire afin de faciliter les prêts hypothécaires et générer des capitaux pouvant garantir une économie en développement et l'habitat.


  • Identifier les richesses de la nation par des experts nationaux et internationaux et les vulgariser dans le monde.


  • Investir dans la recherche afin d’identifier et d'exploiter nos ressources.


  • Développer d’autres formes de coopération avec les pays nordiques et les Asiatiques dans les domaines de la recherche et de production alimentaire.

Emmanuelle Gilles

mercredi 6 juillet 2011

Haïti/Daniel Gérard Rouzier/Lettre ouverte à mes compatriotes

Source: scribd.com.


Le 5 juillet 2011

Chers concitoyens,

Pour qu’un système démocratique fonctionne correctement, il est essentiel que tous les citoyens se soumettent à la volonté des institutions qui les dirigent ; mieux qu’ils les consolident et acceptent sans ciller le verdict qui en émane toutes les fois que celui-ci est transparent et conforme à la Loi. Pour qu’un système démocratique fonctionne correctement, il est tout aussi essentiel que les élus chargés de faire les lois s’engagent à les respecter sans exclusion.

Nos députés ont été légitimement élus par le peuple et, en votant contre ma ratification comme Premier Ministre, ils ont rempli le rôle que leur conscience leur a dicté. Rien ne les autorisait cependant à violer mes droits ou, tout au moins, à laisser que certains des leurs les violent en toute impunité.

Me retrouvant face à un pouvoir d’Etat complaisant dans l’arbitraire et le mensonge, je prends la responsabilité de corriger les calomnies et les contrevérités qui en sont malheureusement sorties, alors que la Commission Parlementaire chargée d’analyser mon dossier avait tout en main pour contredire les diffamateurs et rétablir la vérité et alors que j’avais pris le soin de tenir, en compagnie du Président de la République, une conférence de presse le 21 juin écoulé pour présenter les faits. Je soulignerai au passage que ni le Député de la circonscription où je suis né et où je réside, ni les Députés des deux circonscriptions où je fais partie des plus importants créateurs d’emplois et des plus grands contribuables, encore moins les chambres de commerce dont mes entreprises sont membres n’ont pris ma défense.

Seul dans la proverbiale fosse aux lions, je tiens à rétablir la vérité :

  • Premièrement, je suis Haïtien et je n’ai jamais renoncé à ma nationalité. Toute ma vie, je n’ai utilisé le passeport que d’un seul pays, mon pays, Haïti. Mon passeport valide de même que mes deux derniers passeports expirés ont été soumis à l’analyse de la Commission Parlementaire.


  • Deuxièmement, pour avoir été Consul Honoraire de la Jamaïque en Haïti, je n’ai pas perdu ma nationalité haïtienne. Je n'ai de surcroît jamais pris d’engagement de nature politique envers une nation étrangère ou quelqu’autre engagement à défendre les intérêts d'une nation étrangère au détriment de ceux de mon pays. C’est au demeurant une véritable aberration que nos parlementaires prétendent ignorer la différence entre les attributions d’un consul de carrière et celles d’un consul honoraire qui n’est, en aucun cas et dans aucun pays, un poste politique.


  • Troisièmement, je travaille en Haïti depuis un peu plus de 30 ans et je m’enorgueillis de faire partie des citoyens haïtiens qui se sont toujours acquittés régulièrement de tous taxes et impôts dus à l’Etat haïtien. Je suis fier de dire haut et fort que je suis totalement et absolument en règle avec le fisc. La Direction Générale des Impôts (DGI) peut en témoigner et, comme de fait, n’a jamais manqué de me remettre chaque année un certificat en conséquence.

J’invite les députés qui se croient autorisés à salir, en toute impunité, l’image des honnêtes et intègres citoyens de notre pays à contacter la DGI pour s’assurer de l’authenticité de mes pièces et de la véracité de mes assertions.

Pour l’histoire et pour la vérité, j’attache, à cette lettre, une copie scannée de ma déclaration définitive d’impôts de l’année passée, le reçu de caisse de la DGI pour le montant payé en surplus des retenues à la source effectuées, chaque mois, sur mon salaire pour le compte de la DGI de même que le certificat d’accomplissement fiscal délivré par la DGI. Ces mêmes informations sont disponibles pour les cinq dernières années allant de l’année fiscale 2005-2006 à l’année fiscale 2009-2010, comme l’exige la loi.

Je profite de cette occasion pour remercier le Président Martelly de m’avoir proposé à la Nation pour occuper le rôle de Premier Ministre de mon pays. Sans que je ne le lui demande, il m’a déjà rendu une justice historique : celle d’informer la Nation en lui répétant plus d’une fois que je n’ai pas cherché ce poste, que je n’ai ni manigancé, ni n’ai fait aucun lobby auprès de lui pour obtenir cet honneur ; au contraire!

En tant que citoyen, j’avais accepté de servir mon pays en mémoire de tous nos compatriotes morts du séisme, des intempéries, du choléra, de la misère, des naufrages en haute mer, de la violence armée, des kidnappings et des assassinats, comme ce fut le cas hier encore, de Guiteau Toussaint … Tous, victimes de notre échec collectif à assumer le triptyque de notre République : Liberté, Egalité et, surtout et avant tout, Fraternité.

C’est en pensant spécialement à eux que j’avais accepté de me présenter devant le Parlement et devant la Nation à un moment où le peuple haïtien, confronté à une interminable série de catastrophes politiques, sociales, économiques, institutionnelles, météorologiques et sismiques, les unes plus meurtrières que les autres, avait poussé un cri clair et fort de rupture avec le passé et de progrès pour le futur en portant Michel Joseph Martelly à la présidence de la République.

Une Population bafouée, trahie, méprisée par ceux et celles qui lui avaient promis l’espoir, la démocratie et le développement, pour ne leur délivrer que, le chômage, la misère, la mendicité et l’insécurité ;

Une Population confrontée pendant plus de 50 ans à l’effondrement progressif de l’Etat, à la déliquescence de ses institutions et au règne de la médiocrité, de la corruption, de la violence, et de l’anarchie ;

Une Population finalement décimée par des désastres cataclysmiques comme si la nature voulait, elle aussi, se joindre à la curée entamée par les Gardiens du Troupeau ;

Une Population angoissée, affaiblie, désabusée, traumatisée, à genoux mais jamais vaincue, relevait la tête et assenait un Non sonore et péremptoire au statu quo et à ses partisans.

J’acceptais de servir aux côtés du Président Martelly parce qu’en le portant au pouvoir, Haïti, Première Nation Libre d’Amérique après avoir aboli l’esclavage et Première République Noire du Monde, proclamait aussi par son vote, son droit à un nouveau rêve haïtien dans un Pays redevenu Souverain.

Un nouveau rêve haïtien qui veut que toutes les familles puissent, de par le fruit de leur travail, élever dignement leurs enfants dans une société normalisée et où les notions d’inclusion, de création d’emplois, de distribution de richesses, de solidarité, de justice, de reddition de compte, de transparence, d’ordre et de discipline ne soient plus de simples vues de l’esprit mais une pratique quotidienne commençant à la tête de l’Etat, se propageant à travers l’Exécutif vers la fonction publique et atteignant la société civile par une forme de percolation contagieuse.

C’est parce que je crois fermement à la réalisation de ce rêve que j’avais mis en veilleuse mon implication caritative, démissionné des fonctions de Président de mes compagnies et accepté de sacrifier d’inestimables moments de vie familiale pour assumer la responsabilité de former le nouveau gouvernement qui aurait eu le mandat de construire notre pays.

De nombreux signaux, émanant des rangs du Parlement et insistant sur la nécessité d’une autre politique, résolument et uniquement engagée vers l’amélioration de la qualité de vie de nos compatriotes, m’avaient aussi convaincu qu’ensemble nous aurions pu réussir ce pari et travailler à résoudre les problèmes que nous avons collectivement créés.

Quand les générations futures tourneront leurs regards vers le passé, elles retiendront que l’année 2010 aura été celle de toutes les catastrophes. Cependant si, ensemble, nous nous mettons honnêtement au travail, je suis convaincu que nos descendants seront stupéfaits par le contraste que pourra leur offrir l’année 2011.

Elle pourrait être en effet le point de départ d’une période aussi difficile qu’exaltante. Et me vient à l’esprit le mémorable discours de Winston Churchill quand il devint Premier Ministre d’une Angleterre sur laquelle pesait la menace allemande. Churchill s’exprimait ainsi à ses compatriotes :

« Je dirais au Parlement, comme je l’ai dit à ceux qui ont rejoint ce Gouvernement, que je n’ai rien à leur offrir que du sang, du labeur, des larmes et des sueurs… Vous demandez quelle est notre politique ? Je dirai : elle est de faire la guerre, en mer, sur terre et dans les airs, avec toute notre volonté et toute la force que Dieu pourra nous donner : de faire la guerre à une monstrueuse tyrannie, sans rivale dans le noir et lamentable catalogue du crime. C’est notre politique. Vous demandez : quel est notre but ? Je peux répondre en un mot : c’est la victoire, victoire à tout prix, victoire en dépit de toute la terreur, la victoire quelque soit la longueur du chemin qui y mène ; car sans victoire, il n’y a pas de survie. »

Si nous traitons la misère et les affres du sous-développement comme une monstrueuse tyrannie, nous devons être prêts à leur faire la guerre et cette guerre là, le Président Martelly, le prochain Premier Ministre, vous et moi n’avons simplement pas le droit de la perdre. La politique que je voulais proposer à la Nation était celle d’entrer en guerre contre les conséquences dévastatrices des catastrophes créées par la nature et par l’homme qu’a connues notre pays pendant les 50 dernières années, en embrassant sans réserve le changement promu par le Chef de l’État.

Ce changement devait s’exprimer avant tout dans la défense du bien commun ; ce patrimoine qui englobe l’existence des biens nécessaires au développement du citoyen haïtien et la possibilité réelle pour tous d’y avoir accès. Ce bien commun exige le bien-être social et le développement de tous les enfants du pays, de tous, sans exclusion et sans exclusive; et il implique la paix, la stabilité et la sécurité d’un ordre juste.

Le bien commun est, en ce sens, différent de l’intérêt général qui, dans un groupe, ne prend pas en compte chaque personne et, par conséquent, en ne considérant qu’une entité globale, pourrait accepter le sacrifice nécessaire de certains membres du groupe, d’ordinaire les plus faibles, pour la survie des autres.

Le bien commun, tel que je l’envisage, engagera tous les membres de la société ; personne ne sera exempt de participer, selon ses possibilités, afin de chercher à l’atteindre et à le développer et personne ne sera abandonné. Fok tout moun lité, fok tout moun travay e fok tout moun jwenn !

Pour assurer le bien commun, le prochain gouvernement doit s’engager à harmoniser les différents intérêts sectoriels avec les exigences de la justice et à utiliser toute la force de l’Etat à cet effet.

C’est au nom de cette quête du bien commun au profit de mes concitoyens que j’avais accepté de servir aux côtés du Président Martelly à l’aune de ma foi. Cette foi qui soulève les montagnes; cette foi qui me fait chercher le Christ dans mon prochain; cette foi qui me fait croire que le Bon Dieu a un plan d’amour et d’excellence pour Haïti, que j’ai l’obligation de m’impliquer et que je ne mourrai pas avant d’avoir vu le changement, le vrai dans notre pays.

Ces deux derniers mois, j’ai entendu toutes sortes de voix, les unes plus étonnantes que les autres, s’ériger contre le fait que j’assume publiquement et sans retenue ma foi chrétienne.

Suite au vote des parlementaires, un journaliste, pour lequel j’ai le plus grand respect, écrivait, non sans une note d’amertume : « M. Rouzier a sans doute oublié, dans sa foi et ses prières, que Dieu ne vote pas au Sénat ni à la Chambre des députés. » Je me permettrai de lui répondre que le Bon Dieu a voté et que, dans son grand amour pour moi, il m’a probablement épargné un sort autrement plus douloureux.

J’avais accepté de servir mon pays et je voyais dans cette désignation un appel, un sacerdoce, une occasion de plus de servir le Christ et de le toucher chaque jour dans :
  • les 680,000 sans-abris qui croupissent sous les tentes ;

  • les 8 millions d’Haïtiens qui ce soir dormiront sans électricité ;

  • les 5 millions d’analphabètes qui continuent d’être maintenus dans le noir ;

  • nos milliers de compatriotes qui croupissent en prison pour des peccadilles sans espoir de voir un jour leur juge naturel ;

  • les millions de jeunes qui ne savent plus à quel saint se vouer pour trouver un emploi ;

  • les millions de moins jeunes que notre société a complètement oubliés et mis à l’écart ;

  • les millions de femmes qui doivent trimer quotidiennement juste pour satisfaire les besoins de base de leurs enfants ;

  • nos compatriotes qui souffrent d’incapacités physiques ou de troubles mentaux et qui sont les laissés-pour-compte de notre société ;

  • nos paysans à qui nous avons tourné le dos depuis bien trop longtemps.



Pour toutes ces raisons, je vais continuer à garder mes yeux rivés sur le Christ et continuer à servir. Je n’ai qu’une vie à vivre et j’entends profiter de toutes les opportunités qui me sont offertes pour la faire compter pour quelque chose. Ma vie et ma foi jusqu’ici ont été faites d’efforts et de persévérance dans l’adversité, plus qu’elles n’ont été faites de dogme et de théologie. Le Bon Dieu a planté un rêve d’amour et d’excellence pour tous dans mon cœur et Il m’a permis de comprendre que faire mon possible est normal et qu’aller au-delà de mes capacités est un défi. Là où s’arrêtent mes capacités commence ma Foi. Une Foi forte voit l’invisible, croit l’incroyable et reçoit l’impossible.

Si vous et moi, ensemble, joignons nos efforts et menons la bataille pour une Haïti prospère avec tout le talent, toutes les ressources que Dieu nous a donnés, alors et alors seulement, les générations futures verront l’année 2011 comme le début de la Renaissance.

Que le Bon Dieu bénisse Haïti, qu’Il bénisse le Président de la République, qu’Il bénisse le Parlement et qu’Il nous bénisse tous avec nos familles, toujours.

Respectueusement,


Daniel Gérard ROUZIER