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dimanche 3 avril 2011

Haïti-2e tour présidentielles/Résultats non-officiels: Manigat 51,28%, Martelly 47,04%

Une variante possible de la répartition des voix



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La répartition des voix hypothétique, consignée au tableau ci-dessus, est basée sur les pourcentages reçus d'une source crédible.

Voici la teneur du message reçu le jeudi 31 mars 2011 à 23h00:

«Résultats des Élections (Mirlande Manigat 56 ieme Presidente d'Haiti)»

«Les résultats sont les suivants:

Nord-Ouest.- Mirlande Manigat 58.9% Michel Martelly 41.1 %

Artibonite.- Mirlande Manigat 62.9% Michel Martelly 37.1%

Nord.- Mirlande Manigat 49.3% Michel Martelly 50.6%

Nord-Est.- Mirlande Manigat 60.4% Michel Martelly 39.5%

Ouest.- Mirlande Manigat 24.2% Michel Martelly 75.7%

Centre.- Mirlande Manigat 68.4% Michel Martelly 31.5%

Sud-Est.- Mirlande Manigat 54.8% Michel Martelly 45.1%

Sud.- Mirlande Manigat 48.7% Michel Martelly 51.2%

Nippes.- Mirlande Manigat 66.5% Michel Martelly 27.4%

Grande Anse.- Mirlande Manigat 72.7% Michel Martelly 26.2%


82.2% des PV ont été acceptés et 17.8% ont été annulés.

Les elections ont été gagnées par Mirlande Manigat avec 51.28% des suffrages exprimés contre 47.04% pour Michel Martelly.

Il y a eu 1.68% de bulletins blancs.»

jeudi 31 mars 2011

Le Mémoire du RDNP et Alliés Contre les Fraudes Electorales du 20 mars 2011

Source: RDNP

Port-au-Prince le 24 mars 2011

M. Gaillot Dorsainvil Président du Conseil Electoral Provisoire
En ses bureaux

Mesdames et Messieurs, Président et Membres du Conseil Electoral Provisoire,

Le second tour du scrutin présidentiel et législatif a eu lieu sur toute l’étendue du territoire national le 20 mars dernier. C’est un fait incontestable, et nous remercions patriotiquement le peuple haïtien qui a su répondre à ce grand rendez-vous historique en dépit de son désarroi récurent. Car, sans sa participation, le monde parlerait aujourd’hui de rendez-vous manqué.

Nous tenons à féliciter également le Conseil Electoral Provisoire d’avoir tiré des leçons du premier tour dans un pays où certains parlent de propension à l’amnésie collective.

En effet, l’Institution électorale a aidé les électeurs à retrouver facilement leurs centres et bureaux de vote. Plus de mille huit cent quatre vingt (1880) orienteurs ont été embauchés par le conseil électoral provisoire, ce qui a permis aux électeurs de retrouver leurs noms sur les différentes listes électorales partielles. Un effort considérable a été consenti par le CEP pour assurer la formation des agents de sécurité électorale (ASE) et des membres de bureaux de vote.

Les fonctionnaires de l’Institution électorale ont mis des bouchées doubles pour aider les électeurs à identifier l’adresse de leurs centres de vote. Cependant, il y a lieu de faire remarquer que malgré les nombreuses dispositions prises par le Conseil Electoral Provisoire, la journée du 20 mars s’est déroulée avec des irrégularités, les unes plus inacceptables que les autres.

Jusqu'à la fermeture des bureaux de vote, il a été possible d’observer les irrégularités suivantes au cours de la journée électorale :


Département du Sud-est

Dans les communes de Cote de fer, de Bainet et de la Vallée de Jacmel, les urnes ont été systématiquement bourrées par la machine frauduleuse mise en place par le candidat Michel Martelly. Les procès-verbaux de la grande majorité des bureaux de vote témoignent d’un nombre de bulletins dépassant largement le taux de participation de l’électorat. L’écart falaise constaté entre le taux de participation dans l’arrondissement de Bainet et celui de Belle-Anse constitue une anomalie en matière de statistique électorale.

Le nombre de votants enregistré à Cote de Fer est trois (3) fois supérieur à celui de Belle-Anse. ( !!!) Alors que la population de cette dernière est de loin supérieure à celle de Cote de Fer.


Dans le Nord-ouest

Dans l’Ile de la Tortue et dans certains centres de vote à Saint-Louis du Nord, le Mal est mal fait. Le bourrage d’urne est patent ! Le nombre de votants dépasse celui des inscrits dans la plupart des bureaux de vote et n’est pas en adéquation avec le taux de participation enregistré dans ce département.


Dans le département du Nord

Le Camp Martelly a mené une opération 80/20 consistant à attribuer systématiquement 80% des votes à Michel Martelly dans pratiquement toutes les communes. Le centre de vote du lycée national Philippe Guerrier est un échantillon parmi tant d’autres. Nous assimilons ce qui s’est passé dans le nord à un arrangement mafieux. Le scandale a d’ailleurs éclaté quarante huit heures après les élections quand des correspondants de presse ont fait état d’une valeur d’un demi-million de dollars américains qui aurait été distribuée aux autorités électorales départementales pour coopter le vote des électeurs; au point ou cela a provoqué l’intervention des autorités militaires et administratives du Département.


Le département de la Grand-Anse

Réputé calme, ce département a été aussi saccagé par les violateurs électoraux du camp Martelly. A Pestel, par exemple, la journée électorale s’est déroulée sous forte pression d’armes à feu. Un nombre impressionnant de voix a été attribué à Michel Martelly. Ce fut un véritable dap piyamp électoral. A Jérémie, la situation n’était pas différente.


Dans les Nippes

A Paillant, les élections ont été carrément volées avec la complicité de certains fonctionnaires électoraux. Tandis que la veille un engin Explosif avait été déposé en la résidence du député Frantz Robert Mondé, coordonnateur de campagne de Mme Mirlande Manigat pour ce département. Il s’agissait clairement d’une manœuvre d’intimidation.


Dans la zone Métropolitaine

En plus de ces irrégularités enregistrées dans les différents départements cités ci-dessus, la zone Métropolitaine a remporté la palme.

Dans les centres de vote des lycées de Pétion-ville, Toussaint Louverture, Guatemala, Alexandre Pétion et Rép. du Pérou des gens ont pu voter alors que leurs noms ne figuraient pas sur les listes électorales partielles correspondant à leurs bureaux de vote et sur les listes d’émargement appropriées. Ce qui représente une violation flagrante de l’article 161 de la loi électorale.

A Pétion ville, le candidat à la présidence de Repons Peyizan, Joseph Michel Martelly, a organisé une véritable manifestation électorale le jour du vote au moment de se rendre aux urnes. Cette manifestation publique au cours de laquelle une pluie de confettis à l’effigie de Martelly a été déferlée sur la foule des électeurs par l’équipe qui accompagnait le candidat aura déloyalement influencé le vote dans la commune de Pétion ville et même dans toute la zone métropolitaine. Car la population la suivait en direct à travers certains medias (DVD disponible). Il importe de signaler que le candidat affichait ostensiblement une tenue aux couleurs rose et blanc de son parti, ce qui prouve qu’il était effectivement en campagne le jour du scrutin. Or, l’article 122-2 de la loi électorale interdit toute manifestation publique en faveur d’un ou plusieurs candidats, d’un ou plusieurs partis, groupements ou regroupements politiques le jour du scrutin et jusqu’à la proclamation des résultats. La loi électorale prévoit une peine d’emprisonnement et une amende de cinq mille (5000) à vingt cinq mille (25000) gourdes pour ce fait qui constitue un délit électoral.

Des observateurs électoraux et des électeurs inquiets ont dénoncé le comportement illégal de certains policiers qui, en plus de voter plusieurs fois, influençaient le vote des électeurs. Certains observateurs électoraux identifiés comme appartenant à une organisation dénommée Mirad ont été signalés à la presse pour leur comportement partisan.

Au centre de vote du building 2004, des Media de la capitale transmettaient en direct l’opération de dépouillement à quatre (4) heures 1⁄4 (quart), alors que les gens votaient encore dans la zone métropolitaine puisque le démarrage tardif des opérations de vote avait porté l’Institution électorale à prolonger d’une heure la journée électorale.

Nous tenons à réaffirmer notre volonté inébranlable de continuer le combat démocratique en vue de faire respecter le vote populaire exprimé le 20 mars 2011. Ce combat doit avoir pour boussole, la vérité, la loi électorale et les principes démocratiques universels.

En conséquence, compte tenu des irrégularités et violences ci-dessus rapportées et dénoncées, nous formulons les recommandations suivantes :

1) Annuler les élections dans les centres de vote de : lycée National de Pétion ville, Ecole Guatemala à Pétion-Ville, Lycée Alexandre Pétion du Bel-Air, Ecole République du Pérou à Martissant, Building 2004.

2) Vérifier si les votants de chaque bureau de vote sont inscrits sur la liste correspondante.

3) S’assurer que les procès-verbaux sont signés par les membres des bureaux de vote.

4) Conduire des enquêtes sérieuses :
- sur le rôle joué par certains agents de la polie nationale D’Haïti et le comportement de certains observateurs électoraux le jour du scrutin
- sur le rôle joué par le président du BED du nord au cours de la journée électorale et les transferts de présidents de BEC de ce département
- sur l’existence d’un lien de causalité entre le scandale du demi-million de dollars américains et l’opération 80/20.

5) Examiner minutieusement tous les Procès-verbaux des zones ci-dessus énoncées et particulièrement ceux des centres de vote de l’Anse à Veau, Paillant, les Cayes, Terrier Rouge, l’Ile de la Tortue, Bainet, Cotes de Fer, La Vallée et ceux du département du Nord.

6) Appliquer la sanction prévue aux articles 122-2 et 194 de la loi électorale contre le candidat Michel Martelly.

7) Traduire devant les tribunaux les auteurs, co-auteurs, intellectuels ou matériels, complices directs ou indirects des infractions électorales commises le jour du vote.

8) Utiliser les recommandations de L’ OEA dans le traitement des résultats du second tour.


Espérant que nos recommandations retiendront l’attention de tous les membres du Conseil Electoral Provisoire et confiants dans l’impartialité de l’Institution, nous vous prions d’agréer, Mesdames et Messieurs les Président et membres du CEP, nos patriotiques salutations.


André Michel, av.

Wilmine R. Saint-Pierre, av.

CC : M. Jean Thelève Pierre Toussaint, Vice Président
M. Raphael Leonel, Secrétaire Général
M. Jacques Belzin, Trésorier
Mme. Ginette Cherubin, Membre
Mme. Laurette Croyance, Membre
M. Ennel Desir, Membre
M. Antenor Guerrier, Membre
M. Ribel Pierre, membre

mardi 29 mars 2011

Announcement of Haiti vote results to be delayed

Elections officials announced that they plan to delay releasing preliminary results until Monday.

Source: miamiherald.com, March 29, 2011

By JACQUELINE CHARLES jcharles@Miamiherald.com



PORT-AU-PRINCE -- Haiti elections officials are delaying the announcement of preliminary elections results in the country’s presidential and legislative elections until Monday.

The preliminary announcement over who won the March 20 runoff presidential elections that pitted Michel “Sweet Micky’’ Martelly, 50, against former first lady Mirlande Manigat, 70, was due Thursday.

But on Tuesday, elections officials released a communiqué saying that the volume and verification of the vote required that the announcement be delayed by four days.

“The volume of the tally sheets examined by the lawyers in the vote tabulation center has been augmented significantly,’’ the announcement said. “The tabulation center’s primary mission is to protect the integrity of the election and the vote.’’

In the first round, only about 10 percent of the tally sheets were inspected. Now, more than 15,200 or 60 percent of all the tally sheets that arrived in the voting tabulation center following the runoff have been set aside for inspection of fraud.

Because of this, “the verification process by the lawyers is much larger and more complex and longer for each tally sheet particularly for those regarding the presidential elections,’’ the communiqué said. Workers must open all of the bags and verify the voting identifications with barcode readers. The bags and tally sheets are also inspected for tampering.

Also impacting the process are a number of recommendations the Organization of American States asked elections officials to put in place following the chaotic and fraud-ridden first round to ensure the integrity of the vote.

Foreign observers say some fraud is being discovered, although different from the simple ballot stuffing of the first round.

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NDCDP-Politique.- Here is the CEP's communiqué: CEP, Communiqué no. 91, 29 mars 2011.

mercredi 23 mars 2011

Haiti-Elections/Mirlande Manigat aurait remporté le scrutin dans quatre départements, selon ses alliés

P-au-P., 23 mars 2011 [AlterPresse]--- La candidate à la présidence du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP), Mirlande Manigat aurait remporté le scrutin du 20 mars dernier dans quatre départements, selon un rapport de procès verbaux dressé par ses alliés.

Procès verbaux à l’appui, les sénateurs Youri Latortue, Evalière Bauplan et le dirigeant du Groupe 77 André Michel affirment, ce mercredi, dans une conférence de presse, la victoire de Mirlande Manigat sur son rival de Repons Peyizan, Michel Martelly, dans l’Artibonite (Nord), le Nord-Est, le Nord-Ouest et le Centre (Est).

La candidate du RDNP remporterait la victoire avec une forte avance sur son rival dans l’Artibonite avec 65 %, avancent les alliés de Manigat.

Dans le Nord’Est la candidate aurait obtenu 55 %, dans le Nord-Ouest 52 % et dans le Centre 52 % également.

Au lendemain des élections les deux camps avaient clamé leur victoire dans des interventions à travers les médias. L’équipe de campagne de Martelly avait fait savoir qu’elle était « confortable ».

Selon les alliés de Mirlande Manigat, la candidate aurait partagé à moitié avec son compétiteur les votes du Sud’Est en dépit d’« opérations frauduleuses », dénoncent-ils.

Même cas de figure pour le département du Nord et de l’Ouest 1, où il y aurait beaucoup d’irrégularités.

L’équipe de la candidate du RDNP affirme avoir déjà reçu entre 90 et 95 % des procès verbaux de ces départements.

Le sénateur Latortue indique qu’un mémoire, en cours de préparation actuellement, relevant les différentes failles du 2e tour dans différents départements, sera acheminé dès le jeudi 24 mars au Conseil Électoral Provisoire (CEP).

A travers ce document, les alliés de Mirlande Manigat entendent contester et réclamer l’annulation du scrutin dans les zones où il y a eu des cas de fraudes « majeurs ».

Les alliés de Manigat promettent de donner d’ici vendredi l’ensemble des données de tous les départements.

Par ailleurs, ils regrettent qu’en dépit de nombreuses mesures adoptées par les acteurs impliqués dans l’organisation des élections, le second tour n’a pas été différent du premier au niveau organisationnel.

Le Centre de Tabulation des Votes (CTV) a déjà reçu 97% des procès verbaux des élections présidentielles et législatives du 20 mars, dont 35% a déjà subi un traitement, selon le site du Conseil Electoral Provisoire (CEP) consulté par AlterPresse.

Plus de la moitié des procès verbaux, soit 16 mille 159, sont en cours de traitement. 695 sont encore attendus au Centre de Tabulation. La totalité des procès verbaux est estimée à 25 935, selon l’institution électorale.

Le dépouillement des votes a débuté depuis le 21 mars sous haute surveillance de la mission conjointe d’observation OEA/CARICOM (MOEC) et des représentants des deux candidats à la présidence, Mirlande Manigat et Michel Martelly. [sfd gp apr 23/03/2011 15 :20

mardi 22 mars 2011

Haïti-Présidentielles 2011/Note de presse du RDNP

Port-au-Prince, lundi 21 mars 2011

Mirlande Manigat et ses alliés engagés dans la course présidentielle félicitent tout le peuple haïtien pour sa participation à la journée électorale du 20 mars. Ils remercient particulièrement celles et ceux qui ont donné leur vote au #68. Les premiers procès-verbaux qui parviennent au bureau de campagne annoncent la victoire de la candidate, et ce dans tous les départements. La mise en œuvre d’une politique d’ouverture moderne et solidaire est donc en marche.

Il est à déplorer cependant que certains organes de presse aient violé les centres de comptage pour diffuser a dessein des résultats de quelques bureaux de vote de Port-au-Prince alors que le décompte des votes n’avait même pas encore commencé dans la quasi totalité des centres. Cette manœuvre grossière du camp Repons Peyizan vise à une auto proclamation programmée. Cela est contraire à la loi électorale et la démocratie en général.

La presse et l’internet sont infestés de rumeurs. On pollue sciemment l’ambiance de travail du CEP. Il est malheureux que l’on veuille réduire l’expression d’un suffrage national à quelques bureaux de vote de la capitale. Par éthique et par respect pour le peuple et la démocratie, Mirlande Manigat ne s’autoproclamera jamais gagnante. Elle prend note du communiqué du CEP rappelant que seule l’Institution Electorale est habilitée à proclamer les résultats et invite la population à garder son calme et sa sérénité.

Mirlande Manigat et ses alliés restent vigilants et demandent à tous de ne pas se laisser influencer par les comportements et manœuvres dolosifs des uns et des autres. Au CEP, Madame Manigat rappelle que le vote sans biais ni fraude est le seul qui compte.


Patrice Dumont
Porte-parole du RDNP

lundi 14 mars 2011

Votez Mirlande Manigat le 20 matrs 2011

NDCDP-Politique.- Voici un texte de l'ingénieur Raymond Noël qui traduit ce que pensent un grand nombre d'haïtiens qui veulent un véritable changement en Haïti.
Le Coin de Pierre-Politique vous invite à voter en très grand nombre Mirlande H. Manigat (no. 68), le 20 mars 2011.

Pendant qu’il est encore temps!

Par Jean-Marie Raymond NOEL, Ing.
Professeur à l’Université d'État d'Haïti
ray_noel_2000@yahoo.fr
13 mars 2011



Je lance un appel à la mobilisation contre l’aventurisme politique, un cri à l’endroit des forces vives, en vue d’éviter au pays de devoir revivre cinq (5) ans d’amateurisme et de gestion calamiteuse. Je rappelle à ceux et celles, qui semblent oublier, que la complexité de la situation haïtienne recommande une capacité d’écoute, d’analyse et de négociation, et un grand sens de responsabilité et d’esprit d’équipe ; que le poids du président dans l’imaginaire et le réel haïtiens est très grand ; et que la personnalité du premier Mandataire de la Nation est donc un paramètre important à considérer. L’incompétence et l’irresponsabilité des gens au pouvoir ces dernières années, associée à la faiblesse des institutions, ont porté un coup terrible au peuple haïtien et au pays qui traine dans les bas-fonds des classements mondiaux en matière de développement humain, de gestion de la chose publique, de lutte contre la corruption, de protection de l’environnement, etc. Qui répondra devant l’Histoire des centaines de milliers de morts enregistrées lors des récents cyclones, du séisme du 12 janvier 2010, de l’épidémie de choléra ? Qui répondra devant l’Histoire du maintien dans l’ignorance la plus abjecte de ces centaines de milliers d’enfants ? Qui répondra devant l’Histoire de l’absence de structures de santé performantes ? Qui répondra devant l’Histoire de la démission de l’Etat face aux aspirations naturelles de la population ?

Je m’adresse d’abord aux jeunes, à vous qui venez d’avoir 18 ans et qui allez voter pour la première fois, à vous qui avez 25, 30 ans, qui rêviez d’une vie décente en Haïti et qui aujourd’hui déçus ne rêvez que de partir, loin du pays. Réfléchissez, réécoutez ce qui se disait, il y a 10, 15, 20 ans et tournez dos aux discours trompeurs !

Je m’adresse à tous les chômeurs, à vous qui avez la volonté et l’énergie pour travailler mais qui passez le gros de votre temps à attendre, à espérer la manne, en dehors de tout système de sécurité sociale. Notez bien que depuis des décennies la lutte contre le chômage n’a jamais dépassé le stade du discours. Pire, l’incompétence des uns et l’insouciance des autres ont contribué à réduire le gâteau déjà maigre du taux d’emploi. Donnez-vous ce 20 mars, à travers votre bulletin de vote, une chance d’un lendemain meilleur.

Je m’adresse aux habitants des quartiers pauvres de nos villes, vous qui avez toujours servi d’échelle pour la prise du pouvoir. Comment comprenez-vous que vos quartiers soient encore dépourvus d’eau, d’électricité, de sanitaires, de système de drainage ? Voulez-vous continuer à vivre dans un pays sans lendemain pour vos enfants ? : Réfléchissez et surtout rappelez-vous que vous avez toujours voté en faveur de candidats qui claironnaient à chaque coin de rue ces 2 mots : Peuple, Changement !

Je m’adresse aux femmes, aux courageuses manmans, aux vaillantes commerçantes et petites marchandes, vous qui représentez 52% de la population haïtienne mais qui ont toujours été adroitement écartées de la gestion politique du pays. Ne pensez-vous pas que vous détenez peut-être en vos mains, ou plutôt par vos votes, la clé véritable du changement dont nous rêvons tous ?

Je m’adresse aux paysans, vous qui portez depuis longtemps sur votre dos la production nationale, mais qui pourtant êtes traités en parents pauvres. Pensez-vous que ceux-là mêmes qui vous ont toujours ignorés peuvent apporter solution à vos problèmes ? Qui peut mieux vous faire vivre votre citoyenneté ? Qui peut mieux vous redonner espoir dans vos terres ? Qui peut mieux garantir l’avenir de vos enfants ? Pensez au proverbe : Joumou pa donnen Kalbas !

Je m’adresse à la Société civile, à vous membres d’organisations citoyennes, d’associations socioprofessionnelles, de syndicats, de mouvements communautaires, à vous travailleurs de l’ombre, qui montez, la vigilance et qui représentez la voix des sans voix. Avez-vous noté que le mouvement revendicatif n’a jamais été aussi faible que sous les gouvernements populistes ? Qui des deux candidats peut mieux contribuer à stopper le déclin et redonner vigueur au mouvement associatif ? Pensez-y lors du scrutin du 20 mars !

Je m’adresse à la classe politique du pays, à vous qui avez le courage d’exercer le métier de politicien en Haïti, à vous militants courageux de partis politiques, vous qui régulièrement servez de chapeau légal pour vous faire ensuite ridiculiser, vous qui vous faites à chaque fois coiffer au poteau par des bleus. Comptez-vous encore appliquer le principe du panier à crabes, qui a valu l’affaiblissement des partis politiques ? N’y a-t-il pas lieu de donner enfin une chance à un représentant de la classe politique ?

Je m’adresse aux éducateurs (directeurs, professeurs, parents), vous qui exercez le noble métier d’assurer le pain de l’instruction à ces milliers d’enfants, d’adolescents, d’étudiants, dans des conditions extrêmement difficiles, vous qui êtes constamment appelés à parler de la valeur de l’éducation. Ne voyez-vous pas le risque qu’un tel discours soit passé en dérision ? Qui peut mieux vous servir de modèle à projeter ? Pensez-y lors du scrutin du 20 mars !

Je m’adresse à l’élite intellectuelle du pays, à vous qui comptez parmi les rares ambassadeurs d’Haïti à l’étranger, mais dont le travail n’est hélas que rarement reconnu. Allez-vous cette fois encore rester neutres ? Qui peut mieux promouvoir un environnement de réflexion, de création ? Allez-vous continuer à assister impuissants à la marginalisation du savoir dans le pays ?

Je m’adresse au secteur des affaires, à vous commerçants, hommes et femmes d’affaires, à vous sur qui repose une grande partie de l’économie du pays, à vous qui contribuez par vos investissements, à la création d’emploi. Allez-vous accepter de continuer à évoluer dans un environnement aussi délétère ? Ou souhaitez-vous rompre avec le leadership fébrile et sans vision ? Avez-vous relevé qu’aujourd’hui les chefs d’état se déplacent eux-mêmes chercher des débouchés commerciaux pour les entreprises locales? Voulez-vous un leader à dimension locale, régionale ou internationale ? Pensez-y au moment de voter ce 20 mars !

Je m’adresse à la diaspora, à vous fils d’Haïti qui constituez une riche réserve pour le pays, à vous qui souffrez, chaque jour à l’étranger dans votre chair et dans vos os, de la faible représentation du pays, à vous qui malgré votre contribution importante restez écartés des grandes décisions de la Nation. N’êtes-vous pas fatigués d’être pris en pitié ? Ne souhaitez-vous pas pouvoir enfin regarder vos collègues avec dignité ?

Je m’adresse à la Presse, à vous infatigables travailleurs qui piégez l’information où qu’elle se trouve pour nous l’apporter, à vous qui exercez votre profession à vos risques et périls, à vous qui avez expérimenté des attaques en règle contre vos médias, contre des confrères. Ne sentez-vous pas venir le danger de l’intolérance ?

J’en appelle à la conscience citoyenne de chaque haïtienne, de chaque haïtien : Vaut mieux prévenir que guérir ! Je redis que la situation du pays est trop complexe pour espérer un miracle de quiconque, au cours des cinq (5) prochaines années. Il n’y en aura pas ! Mais les bases d’une démocratie et d’un développement durables peuvent être jetées. Et là, l’instauration d’un leadership éclairé, peu fragile s’impose ! Selon moi, le profil de Mme Manigat y répond le mieux.

Je vous invite donc tous à voter Mme Manigat, ce 20 mars 2011.

jeudi 3 février 2011

Haïti : le candidat du pouvoir écarté du second tour de la présidentielle

Source: lemonde.fr, jeudi 3 février 2011
Par Jean-Michel Caroit

Port-au-Prince, Envoyé spécial - Le second tour de l'élection présidentielle en Haïti opposera Mirlande Manigat à Michel Martelly le 20 mars, ont annoncé jeudi 3 février des membres du Conseil provisoire électoral qui a partiellement inversé les résultats provisoires du premier tour.

Annoncés début décembre 2010, les résultats provisoires plaçaient Jude Célestin, le dauphin du président René Préval, en deuxième position derrière Mirlande Manigat. Ils avaient provoqué la colère des partisans du chanteur Michel Martelly et trois jours d'émeutes. Sur la base d'un rapport d'experts de l'Organisation des Etats américains (OEA), les principaux bailleurs de fonds, Etats-Unis en tête, ont exercé de fortes pressions pour exclure M. Célestin du deuxième tour, au profit du chanteur surnommé "Sweet Micky".

Mercredi 2 février, date annoncée pour les résultats définitifs, les rumeurs n'ont cessé de circuler. Dans la matinée, on annonçait le départ pour Washington du président du Conseil électoral provisoire (CEP), Gaillot Dorsinvil. "Je suis là, ne vous inquiétez pas, vous aurez les résultats avant minuit moins cinq", glissait-il, goguenard, à la mi-journée, dans ses bureaux installés dans un ancien gymnase.

CRAINTE D'UNE FLAMBÉE DE VIOLENCE

Blindés légers de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), policiers haïtiens, un important dispositif de sécurité protégeait le siège du CEP. Des casques bleus et des unités de la police étaient sur le qui-vive dans plusieurs quartiers de la capitale où les écoles et les commerces fermaient leurs portes plus tôt que d'ordinaire. Il y avait foule dans les quelques supermarchés et épiceries restées ouvertes. Par crainte d'une nouvelle flambée de violence, les clients stockaient des vivres et de l'eau potable.

"C'est une cabale du club des ambassadeurs qui ont décidé que le candidat du président de la République devait être écarté", s'emportait un ministre, qui préférait rester anonyme. "On ne peut plus continuer à accepter que la pression de la rue décide les processus électoraux", ajoutait-il.

Dirigeant de l'Inité (Unité en créole), le parti présidentiel, le ministre de la justice, Paul Denis, dénonçait ouvertement la communauté internationale. "Ils ont tiré des résultats de leurs poches, ils agissent comme des colons, mais il y a des hommes et des femmes dans ce pays qui exigent d'être traités avec dignité", s'exclamait-il.

Un communiqué du Black Caucus, les élus noirs au Congrès américain, réclamant de nouvelles élections, a redonné du baume au cœur aux partisans du pouvoir. "La volonté du peuple d'Haïti n'a pas été représentée", soulignait ce communiqué, rappelant les multiples irrégularités qui ont entaché le scrutin du 28 novembre.

L'annulation des élections était aussi demandée par un rassemblement de partis d'opposition. Ils réclament le départ du président René Préval le 7 février, son remplacement par un juge de la Cour de cassation et la formation d'un gouvernement provisoire. Mais une manifestation pour appuyer cette "proposition de sortie de crise" n'a rassemblé que quelques centaines de personnes.

ÉVITER UN VIDE DU POUVOIR

Craignant un vide du pouvoir, la communauté internationale a demandé à M. Préval de rester à son poste au-delà de l'échéance constitutionnelle de son mandat, le 7 février. A condition que le CEP accepte la recommandation de l'OEA excluant Jude Célestin du deuxième tour, a insisté Hillary Clinton, lors de sa visite à Port-au-Prince dimanche 30 janvier.

La présence en Haïti de l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier et le possible retour de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide ont ajouté à la confusion. "C'est moi qui ai lancé le processus démocratique en Haïti, quand on me traite de tyran, ça me fait rire parce que les gens souffrent d'amnésie", a dit Bébé Doc à Univision, une chaîne hispanophone diffusée aux Etats-Unis et en Amérique latine.

Des plaintes pour crimes contre l'humanité ont été déposées contre M. Duvalier, qui a été inculpé pour détournement de fonds publics et association de malfaiteurs peu après son retour à la mi-janvier. Il a affirmé n'avoir aucun compte gelé en Suisse, soutenant que les 4,6 millions d'euros bloqués appartenaient à une fondation créée par sa mère. Les autorités suisses ont annoncé l'ouverture d'une procédure de confiscation de ces avoirs "pour les restituer au peuple haïtien".

Le gouvernement haïtien a confirmé qu'un passeport diplomatique serait délivré à l'ancien président Aristide, en exil en Afrique du Sud depuis 2004, lorsqu'il en ferait la demande. Il a déclaré vouloir rentrer en Haïti pour se consacrer à l'éducation.

Jean-Michel Caroit

mercredi 26 janvier 2011

Présidentielle en Haïti: le parti au pouvoir décide de retirer son candidat


Source: google.com, 26 janvier 2011

PORT-AU-PRINCE (AFP) — Le parti du pouvoir en Haïti, Inité, a annoncé mercredi avoir officiellement décidé de retirer la candidature de son candidat Jude Célestin à la présidence du pays, indique-t-il dans un communiqué.

"Même si nous sommes certains que Jude Célestin a recueilli le nombre de voix nécessaires et qu'il est ainsi admis pour aller au deuxième tour, Inité est d'accord pour le retirer comme candidat à la présidence", indique le texte en créole signé des principaux dirigeants du parti.

Toutefois, M. Célestin, dont la candidature a été soutenue par le président sortant René Préval, n'a pas confirmé lui-même son retrait, et sa signature n'apparaît pas sur le document.

Une source proche du parti a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Célestin refusait de se retirer de la course à la présidence et menaçait de tenir une conférence de presse pour dénoncer l'annonce de son retrait.

Depuis le premier tour de la présidentielle du 28 novembre, Haïti est plongé dans une crise politique liée à la qualification pour le second tour, aux côtés de l'ex-Première dame Mirlande Manigat, de Jude Célestin, selon les résultats préliminaires diffusés début décembre par le Conseil électoral.

Ces résultats ont été dénoncés par les partisans du candidat arrivé à la troisième place, Michel Martelly, et donc exclu du second tour. Ils ont aussi été remis en cause par une mission de vérification des votes de l'Organisation des Etats américains (OEA), qui a suggéré un duel entre Mme Manigat et M. Martelly au second tour.

Le parti Inité (Unité en créole), qui critique le rapport des experts de l'OEA, a appelé ses partisans à "garder leur calme et à rester mobilisés".

"Nous allons nous battre pour assurer la victoire de nos candidats au Sénat et à la députation lors du deuxième tour des élections", indique-t-il.

Le 28 novembre se sont également tenues des élections législatives.

A l'inverse, dans un communiqué la diplomatie américaine a estimé mercredi que "le gouvernement haïtien devrait accepter les conclusions du rapport de l'OEA et passer au deuxième tour des élections". "Nous suivons la situation de très près", a ajouté Philip Crowley, porte-parole du département d'Etat, dans ce texte.

Washington "n'a exprimé aucune préférence pour tel ou tel candidat. (Les Etats-Unis) veulent un processus électoral équitable", a renchéri Thomas Adams, coordonnateur spécial pour Haïti, le même jour.

Au Congrès, Bill Nelson et Marco Rubio, les deux sénateurs de Floride (sud-est), où réside une forte communauté haïtienne, ont de leur côté appelé, dans une résolution, à la fin de la crise politique en Haïti, réclamant la mise en place d'un nouveau gouvernement le 7 février ou dans les jours qui suivent.

C'est le 7 février qu'arrive à expiration le mandat du président sortant René Préval.

"Il faut que les choses soient clarifiées avant le 7", a aussi expliqué le secrétaire général adjoint de l'OEA Albert Ramdin. "Nous devons savoir ce qui va se passer parce que la situation est trop confuse", a-t-il déclaré à des journalistes avant une réunion de l'organisation à Washington.

mardi 11 janvier 2011

Election experts: Martelly, not Célestin, should be in Haiti's presidential runoff

Source: miamiherald.com, Monday, january 10, 2011
By JACQUELINE CHARLES
jcharles@miamiherald.com

PORT -- AU--PRINCE -- A popular Haitian musician should advance to a presidential runoff -- rather than the government's candidate, an international panel of election experts recommended Monday.

The group, convened by the Organization of American States at the request of President René Préval, also said that while 50,935 votes had to be discarded because of fraud, the disputed Nov. 28 presidential elections could be salvaged if the rest of the electoral process is handled correctly and Haiti's political forces are prepared to allow that to happen.

The experts spent 10 days scrutinizing thousands of tally sheets and back-up voting documents.

``After a thorough statistical analysis...the Expert Mission has determined that it cannot support the preliminary results of the presidential elections,'' according to the report, obtained by The Miami Herald said.

The team is recommending said it's verification showed that musician Michel ``Sweet Micky'' Martelly had 22.2 percent of the vote while Jude Célestin, the government candidate, received 21.9 percent. The result, which reverses the preliminary tally, puts the singer in a runoff with former first lady Mirlande Manigat, who received 31.6 percent.

But with only .3 points separating Martelly from Célestin, the results are up for debate should Préval's political platform or Célestin choose to challenge them. Officials said 9.3 percent of the total tallies from 11,181 polling stations never arrived because of violence and fraud on voting day.

Haitians had hoped that the highly anticipated report would have provided clarity, and a way forward for Haiti to pull itself out of a political crisis that has paralyzed the quake-battered nation and overshadowed commemorations of its tragic Jan. 12 earthquake.

But with the results none-binding -- the mission can only make recommendations, any decisions must be taken by Haiti's electoral council -- the way forward will require compromise, according to political observers.

``If there is even a second round, I don't know if it will be viewed as legitimate by all of the candidates,'' said Robert Fatton, a Haiti expert. ``If Célestin is out, you can expect trouble from that sector.''

Fatton was referring to the populist left, which has ruled Haitian politics -- albeit with some brief interruptions -- since 1987 when the country adopted a new constitution after doing away with a 29-year dictatorship the year before.

Today, with Haiti poised to swing to the populist right, many fear Préval's supporters in the slums could return the volatile country to the insecure period of 2006-2008 when armed gangs caused street mayhem.

In the coming days, a politically vulnerable Préval will have to decide whether to ignore the panel's recommendations, risking exile before the end of his five-year presidential term and a deeper political crisis; accept it and therefore abandoning the presidency, and instead focusing his energies on getting control of parliament; or do-away with the elections all together.

``Something has to happen because the country cannot be stuck in the situation it is now,'' Fatton said. ``Soon you have to have clarity as to what is the next step. It's paralyzing everything and there is increasing discontent in Haiti, which can lead to serious instability.''

lundi 6 décembre 2010

Hïti/Élections 2010/ Rapport d'observation de la journée du 28 novembre 2010

Source: haitielections2010.com , 30 novembre 2010

OBSERVATION ELECTORALE
RAPPORT PRELIMINAIRE
30 NOVEMBRE 2010



Ce rapport préliminaire de l’observation électorale des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2010 est réalisé par le CNO et ses partenaires ISC, CONHANE, CERESS, MOFKA, avec l’assistance technique et financière d’Union Européenne, de la Coopération Canadienne, et du NDI. Ce processus d’observation nationale non partisane a été réalisé initialement avec la participation d’environ 5, 525 observateurs.

Dans une note de presse succincte, émise à la fin de la journée électorale du 28 Novembre, les organisations suivantes, CNO, ISC, CONHANE, CERESS, MOFKA et RNDDH, engagées dans l’observation électorale, ont exprimé, leur profonde insatisfaction par rapport au déroulement de la journée électorale, qu’elles considèrent comme un véritable désastre. Le présent rapport préliminaire vient fournir des faits qui sont à la base de cette appréciation et aborder d’autres aspects du processus. Il présente dans une première partie, les différents constats effectués, et dans une seconde, une analyse des irrégulatités, susceptibles d’expliquer les graves perturbations survenues au cours de la journée du scrutin.

A) CONSTATS

Département de l’OUEST

Commune de Port-au-Prince.
Dans plusieurs bureaux de la Commune, les électeurs n’ont pas pu trouver leur nom sur la liste électorale. Les Centres suivants sont parmi les cas les plus critiques :
-Ecole Nationale Hermann Héraut
- Ecole Nationale République du Chili
- Ecole municipale de Carl Brouard (zone Marché Salomon)
- Lycée du Cent Cinquantenaire (Lycée des Jeunes Filles)
a) Au lycée Fritz Pierre Louis dans la 3ème circonscription de Port-au-Prince, jusqu’à 2 heures et demie, plus de 4 bureaux n’ont pas reçu de bulletins de vote. Toujours au lycée Fritz Pierre Louis, de faux bulletins ont été retrouvés. Les bureaux numérotés de 14 à 21 ont reçu leurs matériels mais fonctionnaient au ralenti.

A l’école nationale Fortunat Gerry à coté du Théâtre National, des individus armés ont envahi ce centre, s’en prenaient aux membres des bureaux, déchiraient des bulletins et renversaient les urnes. Des bulletins déchirés jonchaient la cour de l’école et les matériels restants ont été emportés par les Agents de la MINUSTAH.
Au Stade Sylvio Cator, aux environs de 11 hres du matin, 3 partisans du parti INITE ont investi le centre de vote et s’apprêtaient à semer la terreur. Ils ont été appréhendés par la Police Nationale d’Haïti.

Au Centre de vote Horace Théard, il y a eu des heurts entre les partisans de Jude Célestin et de Michel Martelly. Des jets de pierre ont été lancés.
Au Centre de vote de l’école d’Argentine Bellegarde, les partisans de Jude Célestin ont investi le centre de vote sans leur carte électorale. Lors du dépouillement, ils ont lancé des pierres en direction de ce centre.

Au Centre de Vote Fabre Geffrard les membres du BV empêchaient les observateurs du CNO d’y pénétrer. Quand ils ont réussi à entrer dans le bureau de vote, ils constataient que les urnes étaient déjà remplies. Aussi, ils ont rapporté avoir entendu des gens à l’intérieur se disputaient violemment.
Au Centre de vote Lycée Pétion des partisans de Jude célestin entraient dans le centre de vote pour voter sans leur carte électorale. Et après avoir voté, ils lançaient des pierres, brandissaient des photos de leur candidat Jude Célestin et leur député M. Timothée.

Au Centre de l’Ecole Nationale Venezuela, les électeurs ne voulaient pas pénétrer dans le centre de vote sous peur que des bandits ne viennent les agresser.
Au Centre Collège Honora Beaubrun, les électeurs étaient présents en masse mais il n’y avait pas de bulletin pour voter.

Dans la Commune de Carrefour beaucoup de bureaux ont été saccagés. Il y a eu beaucoup de provocation par des supporteurs de Jude CELESTIN.

CENTRE DE DELMAS :

Collège Ampère de Delmas 33 : Dans la matinée, un groupe d’individus venait semer la panique et forcer les observateurs ainsi que les superviseurs du CNO à quitter le centre. Le même groupe de bandits était revenu plus tard terroriser les électeurs. Les responsables ont dû fermer le centre.
Au Centre Collège Martinez Valgard, il y a eu beaucoup de tirs aux environs de 1 hre p.m. par des partisans de Jude Célestin.

Au Lycée de Petite Place Cazeau, on lançait des Jets de pierres dans les bureaux de vote où les Responsables ont dû fermer le centre de vote. Ils ont fait appel à la MINUSTAH et la Police pour rétablir l’ordre.

HAUT DELMAS :

Au centre Collège Union des éducateurs Haïtiens : Arrestation d’un mandataire du RDNP parce que sa carte d’indentification n’était pas scelée par le CEP.

BAS DELMAS :

Au Centre BUILDING 2004, il n’y avait pas de matériels à l’ouverture des bureaux jusqu’ à midi. Au moment où les électeurs commençaient à voter, soudainement des jets de pierres les obligeaient à évacuer le Centre ainsi que les observateurs du CNO. Les partisans de Michel Martelly étaient responsables du désordre.

COMMUNE DE KENSKOFF :
Dans la commune de kenscoff , il y avait plusieurs centres de vote où les électeurs ne pouvaient pas voter parce que leurs noms ne se trouvaient pas sur la liste électorale pourtant ils avaient l’habitude de voter dans ces centres, par exemple :

Ecole baptiste Conservatrice de Fermathe (ville)
Ecole Baptiste Conservatrice de Kenscoff
Ecole nationale de Furcy

COMMUNE DE TABARRE :

Comme dans les autres Centres et Bureau de Vote du département, le nom de plusieurs électeurs n’étaient pas sur la liste électorale. Jusqu’à 11 hres du matin des citoyens n’arrivaient pas à remplir leur devoir civique.

Au Centre Guillaume Manigat à 8 :00 heure a.m beaucoup d’électeurs en ligne ne pouvaient pas voter parce qu’ils ne trouvaient pas leur nom sur la liste électorale.

A Ravine Roche : Les partisans de Henry Céant ont trouvé un homme avec un sac rempli de bulletin du candidat de Jude Célestin.

Au Centre Lycée Caradée, la Police Nationale a appréhendé un individu conduisant un pick up blanc transportant à bord cinq autres individus qui intimidaient les électeurs et les empêchaient de voter.

COMMUNE DE PETION-VILLE :

Au Centre LYCÉE NATIONALE DE PÉTION VILLE, des partisans de Michel Martelly ne trouvaient pas leur nom sur la liste électorale et déclenchaient spontanément une manifestation pacifique.

COMMUNE DE CITÉ SOLEIL :

Au Centre École Nationale de Damien : Grande tension entre les électeurs de ce centre. La police est intervenue pour évacuer les manifestants.

Au Centre École communautaire de Damien : Les partisans de Jude Celestin voulaient voter sans leur carte électorale.

Au Centre Collège Don Bosco de Drouillard : Affrontement entre les partisans de Jude Célestin et ceux de Wilson Jeudy. On a dû fermer le centre. La police a autorisé le comptage des bulletins

Au Collège Océan du Savoir : Les électeurs ne trouvaient pas leur nom inscrit dans le registre.

Au Centre Ste Anne à Cité Soleil : C’est le remplissage total des urnes par les partisans de Jude Célestin. Les observateurs étaient contraints de vider les lieux pour ne pas être témoins.

Département du SUD

Commune D’Aquin
Incidents graves au bureau du CASEC de la 1ère section communale. Il y avait un affrontement entre des partisans de INITE et de ALTENATIV, deux personnes ont été tuées par balles (Lentz et Pois Tipis). On n’a pas pu identifier les personnes qui ont commis ces actes. L’événement s’est passé aux environs de 12hres, ce qui a provoqué un blocage définitif du vote.

Saint Jean du Sud
Tentative des partisans de INITE pour bloquer le scrutin. Un électeur a tenté de voter deux fois au centre de Mareau.

Commune des Cayes
Au Centre Dumarsais Estimé des coups de feu ont été entendus, il y a eu des tentatives des partisans de INITE de remplir les urnes. La Police était intervenue pour rétablir l’ordre. L’incident a toutefois ralenti le processus. Un procès verbal de l’incident a été dressé.

Commune de Port-Salut
Au Centre Anse Andrick, il y avait affrontement entre les partisans de INITE et de ANSANM NOU FÒ. Cela avait bloqué le scrutin pendant plusieurs heures.

Commune de Chardonnières
Il y eut des cas d’irrégularités, des électeurs n’arrivaient pas à voter. Ce qui a provoqué des tensions dans la localité de la Rochelle. La Police et la Minustah ont dû intervenir et la situation s’est calmée. Les responsables du bureau ont dressé un procès verbal.

Commune de Cavaillon
Quelques irrégularités dans la 1ere section communale des Humanistes de Boilo. Il y a eu des tentatives des membres du parti INITE pour influencer les électeurs par la violence. Aussi, un chauffeur de ce parti a tenté de troubler le scrutin mais la police et les responsables du centre sont intervenus et ont rétabli la situation.

DEPARTEMENT DU SUD’EST

A JACMEL, au Centre Celi Lamour Peredo, confusion dans les bulletins du Centre de Etzer Valmont et celui du Lycée Pinchinat. Ce même constat a été fait dans la Commune de la Vallée, entre le Centre du Lycée Valentin et Patrick Domond.
Au Centre Cité Lumière de la commune de Jacmel, il y avait un climat de panique.

DEPARTEMENT DU NORD
Commune de TROU DU NORD : Il y a eu des dérapages dans 5 centres de vote. Les opérations de vote ont été interrompues de très tôt dans les Centres de Vote suivant :

Ecole nationale de roche plate
Ecole nationale de Dubuisson
Ecole Nationale Presbytérales de Darsine
Ecole professionnelle centre ville
Ecole nationale des filles et des garçons

Commune de l’Acul du nord :

Dans cette Commune, il était 11 heures dans la matinée, des Centres Vote n’étaient pas encore ouverts.

A Morne Rouge dans la matinée tout s’est déroulé sans incident, mais a partir de 6hres p.m. lors du comptage des urnes, des bandits armés ont investi les BV et ont renversés les urnes.

A l’Ecole Mathurin à St. Raphaèl, des partisans du parti INITE et de l’ALTENATIV ont fait irruption au centre de vote, ils ont bastonné les superviseurs du centre et démoli les équipements du bureau. Les représentants ont été agressés et certains d’entre eux ont été blessés légèrement. Les observateurs du CNO n’étaient pas épargnés, leurs outils de travail auraient été endommagés, leurs téléphones ont été volés.

DEPARTEMENT DU NORD’EST

Commune de Terrier Rouge
Il y a eu des perturbations au niveau de plusieurs centres de vote plus précisément à Grand Bassin.

-Au niveau du lycée national de terrier rouge (Centre ville) aux environs de 1heure dans l’après midi, des groupes armés ont perturbé les centres de vote et ont emporté des boites de bulletin. Les électeurs ont dû prendre la fuite parce qu’il y avait des coups de feu.

-Ecole nationale de Phaéton
Aux environs de 3 heure p.m, le candidat à la députation sous la bannière INITE accompagné des groupes armés ont emporté les boites contenant les bulletins et les ont jetés dans les rues, il y a eu des blessés lors des affrontements. Deux superviseurs du CNO ont été bastonnés, des électeurs ont été blessés et ont été transportés à l’hopital.

Commune de CAPOTILLE :
A l’école nationale de Kosh, au premier bureau, les superviseurs et les membres du BV s’identifiaient visiblement comme des partisans de l’INITÉ. Par ailleurs, les autres électeurs étaient mécontents parce qu’ils n’ont pas trouvé leur nom sur la liste électorale. Le président du BEC a tiré des coups de feu sur les policiers sur place. Il y a eu des blessés. L’ordre a été rétabli mais on a éliminé le Centre de Vote.

Commune de OUANAMINTHE :
Au Collège Martin Luther King, les opérations de vote ont pris fin de très tôt et il y a eu de bourrages d’urnes par les partisans de INITÉ. Le candidat au Sénat Jean Baptiste Bien-Aimé et son frère vice délégué de la commune ont été surpris en flagrant délit avec des boites de bulletins. Ils ont été interceptés par la Police et la MINUSTHA.

Commune de CARACOL :
Des centres de vote ont été perturbés par des bandes armées. Ces derniers étaient cagoulés. Ils ont frappé les gens et jetés les bulletins de vote dans les rues.

DEPARTEMENT BAS ARTIBONITE

A partir de 6 hres du matin, quelques bureaux étaient ouverts. Des bandits armés, partisans de Levalliant Louis Jeune ont empêché le déroulement du scrutin.

A St-Marc, aux environs de 3hrs 30 p.m., au centre de vote Ecole Nationale Elodie Hérisson, aux bureaux 11 et 12 des partisans de INITÉ ont pris les urnes avec les bulletins de Mirlande Manigat et les ont déchirés. Ils ont continué à attaquer d’autres centres de vote. Les partisans de Mme Manigat ont manifesté jusque
tard dans la soirée.

A Verettes, depuis 11 h 45 dans la matinée, tous les centres de vote étaient déjà fermés.

A Guillaume Moger, 4ème section de Verettes , à 11hres 35 on comptait déjà les bulletins. Il y a eu un affrontement entre la population et la MINUSTAH.
Centre ville Verette : A 12 hres 45, toutes les urnes étaient déjà remplies, et le peuple n’a pas voté. Le remplissage des urnes a été organisé par les partisans de Michel C. Mayco, candidat au Senat sous la bannière d’INITÉ.

Dans le centre de Verettes, un véhicule Nissan Patrol de couleur bleue sans plaque d’immatriculation semait la panique près du Centre de vote de l’Ecole nationale Morand Doret. A Borel, dans le Centre de Vote de l’école Bon Samaritain, il y avait des cas de bourrage d’urnes par le candidat au Sénat de la plate forme INITÉ, répondant au nom de Michel Chrysostome et ses partisans.

A l’Ecole Nationale de Dorrin, les potentiels électeurs n’avaient pas accès au Bureau de Vote alors qu’à l’intérieur du Bureau les membres de BV en complicité
avec les mandataires remplissaient les urnes.

A La Chapelle : Il y avait affrontement entre les partisans du parti AYITI AN AKSYON (AAA) et ceux d’INITÉ.

A Bossou, 2eme section de la Lachapelle il y a eu affrontement entre les partisans des partis politiques. Ils ont déchiré les bulletins et trois (3) observateurs du CNO ont été victimes. Les partisans de AAA ont volé leurs documents de travail et l’un des Observateurs est fracturé à la main.

Marchand Dessalines : A l’école nationale de PRIEN, 4 ème section de Dessalines, très tôt dans la journée, il y a eu beaucoup de dérapage, coups de feu, tentative de fermeture des bureaux.

Au centre ville, à l’école Nationale de Jacques 1er : il était 2h dans l’après midi la population attendait en ligne pour voter. Mais la MINUSTHA leur a interdit

d’investir le centre de vote. La population en colère s’est affrontée aux Agents de la Minustah sur les lieux.

Grande Saline : Un dénommé Wilbert Deshommes, partisan de INITÉ a tué par balles un certain Francky Potneau, et la population en colère a incendié 15 maisons des partisans de INITÉ.

DEPARTEMENT DES NIPPES :

Petite Rivière des Nippes :

A Bezin, les mandataires forçaient les électeurs à voter pour leurs candidats.

A Charlier, les Membres du Centre de Vote empêchaient les Observateurs d’y pénétrer.

A Berquin : Il y a eu un incident, la police a procédé à l’arrestation d’un citoyen qui voulait voter avec la carte d’une personne décédée.

DEPARTEMENT DU CENTRE

Haut Plateau

Commune de MAISSADE :
A Maissade, il y a eu bourrage d’urnes dans la localité de Rantonobie par des partisans de INITE, ils ont lancé des jets de pierres et ont emporté des bulletins. Le même scenario s’est passé dans la section d’Alti dans un bureau de l’Ecole Communautaire de l’Agoune.

BAS-PLATEAU

Commune de Saut-D’eau
Les candidats de l’AVNI armés ont semé la panique dans les bureaux de vote.

Commune de Lascahobas
Selon Mathieu Macener, les partisans de l’AVNI ont empêché les partisans des autres partis de voter. A Flandé dans la section de Rompa, on a lancé des jets de pierres sur le centre de vote. Les agents de la police et un superviseur du centre de vote du nom de Baldomère Moncoeur ont empêché un observateur de CNO d’entrer dans un bureau. Dans le centre de vote Pouli, section Rompa, un mandataire du parti ALTERNATIVE forcait les électeurs de voter pour les candidats de son parti. Dans la section Laroye, les partisans des partis ATERNATIVE et L’AVNI ont lancé des jets de pierres. Les agents de la police sont intervenus et ont lancé des gaz lacrymogènes.

DEPARTEMENT DE LA GRAND’ANSE

Des irrégularités graves ont été enregistrées dans presque tous les centres de vote notamment à Jérémie dans les Centres de Vote des Lycée Nord Alexis – Lycée de Jeunes Filles – Ecole Nationale Pétion Laforest.
Les électeurs avaient des difficultés pour trouver les numéros des centres de vote et les membres de BV n’étaient pas en mesure de les aider. Très tôt, les mandataires des partis politiques avaient laissé le bureau de vote après la conférence de presse des 12 candidats demandant l’annulation des élections.

Aux Abricots : dans certains centres de vote, le désordre était généralisé car il n’y avait pas de policier pour sécuriser les bureaux. Des gens ont déchirés les formulaires des superviseurs et observateurs du CNO.

A Léon : la situation n’était pas différente, dans le Centre de Vote, il n’y avait pas de liste électorale. Et la population a manifesté dans les rues exprimant leur mécontentement.

A Grand Vincent : les BV étaient fermés depuis midi car les partisans du parti INITÉ voulaient remplir les urnes.

A signaler : que les membres du parti INITÉ sont à l’ origine de tous les désordres selon les observateurs.

Département Nord-ouest

Bassin Bleu
Altercation entre les partisans de INITÉ et ceux de AYITI AN AKSYON dans la première section de La Place. On a observé aussi des jets de pierres et de bouteilles entre eux. La Police a lancé des coups de feu pour calmer la situation. En revanche, les fauteurs de trouble ont répliqué par des tirs.

Baie de Henne
Dans la 1ère section de Citerne Rémy et 4eme section de l’Estère d’Eré à Petite Anse, des partisans du député du parti politique MAS identifié au numéro 44 ont lancé des coups de feu.

Les représentants du parti politique INITÉ ont versé des sommes à certains électeurs pour voter leur candidat. Cette action jugée malhonnête a entrainé de vives protestations chez les autres électeurs de cette localité.

Port-de-Paix
Dans la commune de Port de Paix, les élections ont mal déroulé dans deux centres : le centre Tertullien Guilbaud et celui de Richard Brisson. D’abord, on a observé dès le début du déroulement des élections une altercation entre les mandataires du parti RDNP et ceux du parti INITÉ. Ensuite, cet incident a causé l’arrêt instantané de ces deux centres. Puis la MINUSTAH et la Police Nationale sont intervenues pour rétablir l’ordre permettant la poursuite du processus.
A l’Ile de la Tortue , il y a eu des dérapages dans les centres de vote de Cayonne et de Haut Palmiste. L’ancien député Marc Antoine François du parti AYITI AN AKSYON et ses partisans ont déchiré des bulletins provoquant la panique chez les électeurs voulant exercer leur droit de vote. Pour cela, on a éliminé le centre de vote de Haut Palmiste.

B) ANALYSE DES IRRÉGULARITÉS

1.- Les Electeurs.
Un grand nombre de citoyens et de citoyennes n’ont pas pu exercer leur droit civique le jour du scrutin, pour différentes raisons :

1.1. Certains, parce qu’ils n’ont pas reçu leur carte d’identification à temps de l’ONI, Office Nationale d’Identification. On avait constaté les files d’attente devant les centres de distribution, jusqu’`a la veille des élections.

1.2. Certains n’ont pas pu trouver le lieu où ils devaient voter. Quand ils se sont présentés au centre de vote habituel, leur nom n’y figurait pas. A l’origine de ce problème, se trouve la vaste opération de délocalisation des électeurs effectuée par le CEP. Une opération non seulement inutile mais qui allait sérieusement perturber la journée. En effet, il fallait au contraire pratiquer une politique de stabilisation de l’électeur. A partir du moment où l’électeur ne change pas d’adresse et que le local n’est ni détruit, ni désaffecté, il y a lieu d’habituer l’électeur à un même centre de vote. Des mouvements aberrants ont été enregistrés dans le cadre de cette opération de délocalisation. Par exemple des électeurs de Pétion –Ville ont été envoyés à Carrefour ou à Fort-Liberté. Non seulement il n’était pas facile pour un électeur de faire ce trajet à un moment où`il n’y a pas de transport public, mais on le place dans une autre circonscription ou un autre département ou les candidats à la Députation et au Senat ne sont pas les mêmes. Cette délocalisation massive a été faite dans le cadre d’une campagne dite de COV (Centre d’Opération et de Vérification) qui devait prétendument faciliter le vote aux personnes vivant dans des sites d’hébergement, mais qui en fait s’est révélée injustifiée étant donné qu’à 90%, les personnes déplacées se trouvent à proximité de leur lieu de résidence donc de leur bureau de vote.
De plus, parmi les trois moyens fournis par le CEP pour connaitre ou vérifier son bureau de vote, à savoir la liste affichée au BEC, l’internet ou le téléphone, le plus accessible au grand public, c’est le téléphone. Selon le témoignage de la plupart des citoyens qui les ont essayés, les quatre numéros proposés étaient pratiquement dysfonctionnels.

1.3.-De nombreux citoyens se sont plaints qu’ils ont trouvé leur nom sur la liste électorale affichée à l’extérieur du Bureau de vote mais que sur le registre qui se trouve à l’intérieur du Bureau, leur nom et leur photo ne figuraient pas.

1.4.-D’autres électeurs ont dénoncé le fait qu’arrivés à l’intérieur du bureau, ils ont constaté qu’on avait déjà voté à leur place. Cela signifie que les membres du bureau n’ont pas vérifié soit par négligence ou par complicité avec l’usurpateur que la photo du registre correspondait à celle de la carte d’identification et au porteur de la carte.

1.5. Dans le Département du Sud, par exemple, des électeurs ont reçu des menaces de la part de personnes proches de la Plate-forme INITÉ.
Toutes ces frustrations connues par les électeurs allaient alimenter la grogne et la colère qui ont provoqué des réactions violentes, qui si elles ne sont guère justifiées sont toutefois compréhensibles.

2.- Les Mandataires.

Le CEP avait, quelques jours avant les élections, d’une part, remplacé de façon arbitraire, les superviseurs de nombreux centres de vote, et non par concours comme le veut la loi et d’autre part, nommé lui-même bon nombre de membres de bureau de vote, alors que ceux-ci doivent être des représentants de partis politiques. Ainsi, les candidats, pour s’assurer de la crédibilité des opérations au sein des bureaux de vote, se sont rabattus sur les mandataires. D’où la présence d’un grand nombre de mandataires dans les bureaux de vote. Or le CEP a pris la décision qu’on ne devait avoir que 5 mandataires au maximum dans les bureaux de vote. Cette décision allait provoquer un profond mécontentement chez les mandataires qui se trouvaient dans l’incapacité de remplir leur fonction et chez les candidats qui se trouvaient dans l’impossibilité absolue de veiller sur leurs intérêts et de s’assurer de la fiabilité du processus. Aux Cayes, des partisans se sont même opposés par la force a l’entrée de certains mandataires dans les bureaux. Dans certains bureaux les responsables allaient même jusqu'à refuser aux mandataires de voter dans les bureaux ou ils étaient affectés, alors que les règlements le leur permettent. Cette question des mandataires allait non seulement provoquer des esclandres mais constituer l’une des principales raisons qui ont poussé les candidats à la présidence à demander très tôt, l’annulation des élections. En effet, Ils se sentaient impuissants, face à une machine infernale qui leur enlevait tout moyen de contrôle.

3. Les Observateurs.

Le traitement injuste fait aux mandataires des partis politiques allait s’étendre dans certaines communes aux observateurs de la société civile. C’était le cas par exemple dans la commune de Belladère ou le Président du Bureau Electoral Communal allait se saisir des cartes d’accréditation des observateurs et leur interdire de pénétrer dans les bureaux de vote. Autre cause de frustration.

4.- Les Bulletins.

Quelques jours avant les élections, la rumeur courait selon laquelle, de faux bulletins avaient été imprimés. Ceci allait se confirmer le jour du vote. A plusieurs endroits, on a surpris différentes personnes, candidats, présidents de bureaux, parlementaires, en possession de boites de bulletins déjà marques, prêts à être introduits dans l’urne. Un président de bureau a même été arrêté en flagrant délit. De tels incidents se sont produits à Bois Caïman dans le Nord, a Gommier dans la Grand’ Anse à l’hôtel Résidence Royale au Cap Haïtien, a l’Ecole Mathurin à la ruelle Nazon à Port-au-Prince. Des cas de bourrage d’urne ont également été signalés à Fond-Cochon, Lopineau, Tozia, St Victor, pour le Département de la Grand’Anse à Camp Perrin, aux Cayes pour le Département du Sud à Pilate dans le Nord. Au Lycée Anacaona de la Grande Rivière du Nord, à 11h, il n’y avait plus de bulletin pour voter alors qu’il y avait encore des électeurs en ligne.

5. Les Bureaux de vote.

A Thomonde, un Président de bureau donnait a certains électeurs, dix bulletins au lieu d’un. Au Building 2004 à Port-au-Prince, à une heure avancée de la matinée, les responsables refusaient de donner les bulletins aux électeurs. Certains bureaux se sont ouverts après 9h du matin. A l’Ecole Nationale Don Bosco de Cite Soleil, on permettait aux électeurs de voter sans la carte d’identification. Un Président de bureau de vote à Carrefour avait un lot de cartes d’identification en mains. Certains bureaux aux Cayes, n’avaient pas d’encre indélébile.

6. Sécurité.

On a constaté certaines défaillances au niveau de la Police. A Caracol, des heurts ont éclaté entre partisans de deux partis politiques. Aucune présence policière n’était visible pour rétablir le calme. Certains centres ont du fermer pour raison de sécurité. Aux Roseaux on a même signalé des policiers qui avaient une attitude partisane. A plusieurs endroits, des tirs ont été entendus à Pilate par exemple. Il y a eu des morts et des blesses dans le Sud, à Desdunes, à Marchand Dessalines, à l’Acul du Nord.

7. Réactions.

Toutes ces situations d’irrégularité, d’injustice, de non respect de la loi électorale, signalées plus haut ont provoqué la colère des électeurs, des militants de partis politiques, d’une partie importante de la population. A un moment, des partisans ont commencé à saccager des bureaux de vote, à éparpiller les bulletins. Des bureaux ont été soit fermés à plusieurs endroits, à Roseaux par exemple, soit incendiés, par exemple à Port-à-Piment, à Grande Rivière du Nord, St Raphael Dondon. Des manifestations de rue ont été organisées dans plusieurs villes où la journée électorale s’est terminée dans le désordre.

Quelques points saillants sur les résultats de l’exploitation des formulaires 1F et 2F
Heure de fermeture des BV

Sur un échantillon de 1829 BV reparti à travers les 10 départements :

Avant 4 h 11.4 %
A 4h : 69.7 %
Apres 4 h 15.6 %
Non précisé 3.3 %
100 %

Nombre de votants pour le BV

Sur un échantillon 1385 BV à travers les 10 départements
Taux de participation 42.6 %

Bulletin signé et scellé en présence de chaque électeur

Sur un échantillon de 1829 BV à travers les 10 départements
Oui 89.3 %
Non 9.6 %
Non précisé 1.1 %
100 %

Respect du secret des votes
Sur un échantillon de 1829 BV à travers les 10 départements

Oui 82.6 %
Non 16.9 %
Non précisé 0.5 %
100 %

Les électeurs ont signés ou mis leurs empreintes sur les registres de vote

Sur un échantillon de 1829 BV à travers les 10 départements

Oui 82.9 %

Non 16.2 %
Non précisé 0.9 %
100 %

Des mandataires ont orienté des électeurs vers le choix de leur candidat

Sur un échantillon de 1829 BV à travers les 10 départements

Oui 41.7 %
Non 57.0 %
Non précisé 1.3 %
100 %

Tous les mandataires ont signés le procès verbal lié au dépouillement du vote
Sur un échantillon de 1829 BV à travers les 10 départements

Oui 89.1 %
Non 10.9 %
Non précisé 0 %
100 %

Les mandataires ont signés le procès verbal lié à la fin des opérations de vote
Sur un échantillon de 1747 BV à travers les 10 départements

Oui 94.1 %
Non 5.9 %
Non précisé 0 %
100 %

Le procès verbal lies au dépouillement du vote est affiché sur un BV à travers les 10 départements
Sur un échantillon de 1744 BV à travers les 10 départements

Oui 82.5 %
Non 17.5 %
Non précisé 0 %
100 %



D) Conclusions et recommandations
Une première considération de l’observation systématique du CNO et ses partenaires ISC, CONHANE, CERESS, MOFKA pendant la journée électorale du 28 novembre concerne la défaillance en termes d’organisation de logistique et d’administration du processus. Ceci est reflété par :

- le retard dans le démarrage du vote et la fermeture prématurée de beaucoup de bureaux dans tous les départements,
- l’absence de matériels nécessaires pour les opérations de vote et les déficiences dans la formation des membres des bureaux et d’autres aspects relatifs à l’organisation et le bon fonctionnement de la journée électorale.


Il est recommandé de :

Effectuer une enquête et une évaluation sur l’ensemble du processus et la journée du scrutin par une commission indépendante, en vue de fixer les responsabilités et prendre les mesures appropriées.
Etablir un vrai dialogue avec les différents acteurs concernés en vue d’adopter les mesures et décisions appropriées
Effectuer une révision intégrale du registre et de la liste électorale.
S’assurer d’une meilleure planification en termes d’organisation de logistique et d’administration du processus.
Résoudre le problème de confusion sur le centre de vote assigné à chaque électeur.
Fixer et renforcer le rôle des mandataires des partis politiques.
Prendre les mesures en vue d’améliorer les locaux de certains centres de vote qui se révélèrent inadéquats.


Fait à Port-au-Prince, le 3 Décembre 2010
Pour :
CNO Elvire Eugene
ISC Rosny Desroches
CONHANE Edouard L. Paultre
CERESS Woldson Bertrand
MOFKA Magdala M. Jean Pierre

jeudi 10 juin 2010

«Pour que renaisse ma Quisqueya»


J'emprunte le nom de l'un des premiers recueils de poèmes de ma soeur Michaëlle Lafontant pour en faire le titre de cette brève note.

D'abord, le Président René Préval doit comprendre qu'il doit partir le 7 février 2011. Pas un jour de plus.

Je souhaite donc que les élections présidentielles aient lieu à la fin de l'année 2010 et que le peuple haïtien fasse, cette fois, le bon choix.

On a élu ou nommé des hommes à la présidence. Et pourquoi pas une femme cette fois-ci ? Une femme ayant la tête froide, mais dont le coeur est chaud et certainement ayant les mains propres (tèt fèt, kè cho, men prop).

Il faudra, de manière effective, déconcentrer l'administration du pouvoir pour chacun des ministères. Équiper chacune des dix directions départementales de chaque ministère en personnel qualifié et en biens meubles et immeubles pour qu'elles puissent offrir les services de base à la population de chacun des dix départements géographiques.

Il faudra aider les 140 communes et les 570 sections communales à se prendre en mains: c'est la décentralisation de l'administration du pouvoir vers les administrations locales.

Les administrations départementales renforcées (déconcentration), les administrations locales renforcées (décentralisation) et l'administration centrale réorganisée (articulée) travailleront ensemble pour qu'Haïti renaisse.

Hier, j'ai survolé Haïti virtuellement grâce à Google Earth. J'ai survolé un moment une partie de la RN1 entre Port-au-Prince et Cabaret. Mais, j'ai parcouru minutieusement le trajet Port-au-Prince - Cayes, la RN2. C'est une route que je connaîs suffisamment pour y avoir travaillé entre 1975 et 1978 à la construction du pont sur la rivière Momance (le plus long pont de la Route du Sud, qui a bien résisté au séisme grâce aux fondations sur pieux, entre autres choses) et du tronçon Carrefour Dufort - Carrefour Desruisseaux - Vieux-Bourg-d'Aquin.

Ce voyage virtuel m'a convaincu davantage de la nécessité de réorganiser les directions départementales du MTPTC pour que ces dernières soient capables d'intervenir dans la gestion de l'entretien du réseau routier national, dans celle de l'entretien des ponts, dans celle du curage des lits de rivières et torrents en amont et en aval des ponts, des dalots, etc.

Il me semble qu'il faudra ressusciter le SEPPRN et le SEEUR au sein du MTPTC, les scinder en dix services rattachés aux dix directions départementales, leur donner un budget et le personnel adéquats, former ce personnel, dissoudre le CNE et répartir le parc d'engins du génie civil dont dispose actuellement le CNE entre les dix directions départementales du MTPTC (*).

Pour désenclaver le pays en dehors, il faudra intervenir dans l'entretien et l'extension des routes agricoles (réseau tertiaire). Il faudra aussi et sur le réseau primaire, et sur le réseau secondaire, et sur le réseau tertiaire, remplacer tous les passages à gué par des ouvrages d'art appropriés (ponts, dalots, ou buses).

Il ne faut pas attendre que les autres viennent nous «aider».

Que nos techniciens aillent faire un tour à Cuba, en Jamaïque, au Vénézuela, en République Dominicaine, pour voir comment sont organisés leurs ministères des Travaux Publics, comment ils gèrent leur réseau routier, etc.

Que ma Quisqueya se lève comme un seul homme et se rebâtisse. Bien sûr, il faudra aussi compter sur l'aide étrangère, mais il ne faut pas attendre cette aide les bras croisés. À compter du 7 février 2011, avec un nouveau Président ou une nouvelle Présidente élu(e) à la première magistrature de l'État, il faudra avoir un plan pour enfin GOUVERNER.

________________
(*) Nous ne faisons que soulever un coin du voile qui recouvre des projets «sa ké nou ganyen na djakout nou» que nous pourrons proposer à tous ceux qui voudront rebâtir Haïti à partir du 7 février 2011.

vendredi 8 janvier 2010

Haïti : 2010, année d’élections : analyse, réflexions et vœux.

Par Dr. Pierre Montès
7 janvier 2010


1. Introduction

René Préval termine son deuxième et dernier mandat. Le 7 février 2011, il devra passer le pouvoir à son successeur élu (ou sa «successeure» élue). Dit autrement, il devra, pour répéter un slogan cher à la mouvance dont il est issu: «raché manyòk li, baye tè a blanch». Et voilà que René Préval crée, tout d'un coup, à la cinquième et dernière année de son dernier mandat, un parti politique qu’il baptise : UNITÉ (INITÉ en créole). Si le candidat de l’UNITÉ, Jacques-Édouard Alexis, devait être l’élu des élections présidentielles de 2010, alors ce serait, pour René Préval, le cas de dire : «Apré nou, cé nou».

Or, l’expérience Lavalas-Lespwa (gouvernement s'appuyant sur l'anarchie) des 25 dernières années a échoué. Si l’UNITÉ prenait le pouvoir en 2011, il faudrait que ce soit le dernier acte de la tragédie Lavalas-Lespwa-Inité (L-L-I). Il faudrait qu’une révolution tranquille amène sur la scène géopolitique du sang neuf, des hommes nouveaux, sans aucuns liens avec la mouvance (L-L-I).

L’expérience L-L-I a apporté à Haïti deux occupations étrangères, a démantelé les FADH et a refusé de décentraliser le pouvoir et l’administration, a tenu à l’écart la diaspora, a laissé le champ libre aux ONG.

Dès 2016, ces hommes nouveaux mettraient fin pacifiquement (par les urnes) à la tragédie L-L-I, implanteraient alors un système politique nouveau dont les acteurs nouveaux soient totalement incorruptibles.


2. Confidences du Président provisoire Franck Sylvain (du 7 février 1957 au 2 ou 3 avril 1957)

Puisqu’on parle beaucoup d’élections, il me paraît opportun d’introduire ici quelques extraits du livre de Me. Franck Sylvain, intitulé «Les 56 jours de Franck Sylvain», Imprimerie Henri Deschamps, Port-au-Prince, Haïti, 1980, 160 pages. Ces extraits susciteront réflexions et méditations chez les hommes nouveaux qui seront appelés à faire la révolution tranquille.

Le 7 février 1957, le Président provisoire Franck Sylvain était élu par l’Assemblée nationale pour remplacer le Président provisoire démissionnaire Joseph Nemours Pierre-Louis. Franck Sylvain, était un ancien Juge de la Première Chambre Civile et Juge-Doyen au Tribunal des Référés au Palais de Justice de Port-au-Prince (1951-1955). Franck Sylvain était l’un des principaux artisans de la chute du Général Président Paul E. Magloire par sa célèbre «Consultation juridique» qu'il publiait en 1956 dans le journal Œdipe et dans laquelle il établissait rigoureusement que la date de la fin du mandat du Président était le 15 mai 1956 et non le 15 mai 1957 comme le prétendait ce dernier.

Le Président provisoire Franck Sylvain devrait organiser des élections générales vraiment honnêtes. Il prenait très au sérieux son rôle. Mais, il n’a pas réussi à organiser de telles élections car il fut renversé après 56 jours de bon et lourd labeur au Palais national.

«Et c’est sa bonne foi qui le fit renverser par des prétendus leaders civils et militaires qui ne désiraient ni le règne de la justice, ni celui de l’honnêteté» (Les 56 jours, p.75).

«À la vérité, aucun candidat ne désirait des élections vraiment libres. Ces honorables citoyens n’avaient pas confiance en eux-mêmes, ni dans les forces populaires dont ils prétendaient avoir l’appui. Mais chacun aurait préféré des élections dirigées pour lui-même.» (Les 56 jours, p. 109).

«C’était, plus d’une fois, de hauts fonctionnaires du Département d’État qui me demandaient de solliciter du peuple haïtien, par un plébiscite, une prolongation d’au moins trois ans de la durée de mon mandat… Et pour essayer de me convaincre, ils se faisaient accompagner d’un Président ou d’un Vice-Président d’une puissante Banque, la Chase Bank ou la City Bank disposée, mais résolument, à donner une aide considérable au gouvernement pour le bien-être du peuple haïtien. C’était aussi d’éminents Présidents ou Directeurs de compagnies d’industrie désireuses de faire des investissements, de venir installer des usines dans le pays. Quant aux journalistes, c’étaient toujours des hommes ou des femmes enthousiastes, avides d’interviews et rêvant, comme les autres, d’une chimérique demande de prolongation de mandat. Et tous, comme le jeune homme riche de l’Évangile, ‘ s’en allaient tout tristes‘, devant le rejet inexorable de leur proposition…» (Les 56 jours, p. 89).

Le Général Léon Cantave, chef de l’Armée d’Haïti, qui se faisait toujours accompagner «de son acolyte», le Colonel Pierre Vertus, commandant des Casernes, rendait souvent visite au nouveau Chef de l’État, Franck Sylvain.

«Président, lui dirent-ils à leur première visite, avec toutes ces passions en ébullition, il est peu probable que nous arrivions aux élections.» (Les 56 jours, p.108).

«Président, lui dirent-ils à une seconde visite, même si nous arrivons au jour des élections, elles peuvent se gâter. Dans ce cas-là, on ne sait jamais, il vous faudra dire : ‘J’y suis, j’y reste’.» (Les 56 jours, p.108).

Voici ce que le Président Sylvain leur répondit :

«Écoutez, messieurs ! J’ai toujours eu en horreur le mensonge. Et J’ai toujours considéré comme indigne un Chef d’État qui ment à son peuple. Le mensonge est dégradant. Le suffrage universel, les élections au premier degré, c’est une conquête sociale du peuple haïtien. Il est trop tard pour nous de juger que les Haïtiens ne sont pas mûrs pour de tels comices. J’ai pris l’engagement de faire des élections honnêtes, je les ferai. Et je me retirerai sitôt l’installation de mon successeur.» (Les 56 jours, p. 108).

Et Sylvain rapporte les propos d’un jeune capitaine de l’Armée d’Haïti (le nom n’est pas fourni) à lui transmis par un ami commun, Roger Lemoine :

«Ayez l’obligeance de dire au Président qu’il est indispensable qu’il désigne à l’Armée un candidat, que ce soit un chien, que ce soit un chat, dont nous devions assurer le succès. C’est une question de vie ou de mort pour l’Armée qui n’est pas encore réhabilitée de l’état d’abjection où l’avait fait descendre Paul Magloire, et qui demeure exposée aux coups mortels que pourrait lui porter un Président qui ne serait pas élu par elle. En ce moment, nous sommes désemparés, puisque le Président semble tenir absolument aux élections libres.» (Les 56 jours, p. 115-116).

À propos de ce message verbal à lui transmis, le Président Sylvain opine ainsi : «Je suis sûr qu’il avait pourtant compris, mon jeune ami d’alors, que c’est précisément cette réhabilitation que je recherchais avec amour pour cette Armée qui m’était chère, réhabilitation dont le Général, par calcul et par ambition, ne voulait pas du tout

Le Général Cantave finit donc par renverser le Président provisoire Franck Sylvain au début d’avril 1957, 56 jours après sa nomination le 7 février 1957. Sa famille et lui furent mis en résidence surveillée à l’une des trois belles petites maisons identiques situées à Turgeau et surnommées «Trois Bébés», pendant plusieurs longues semaines. Dans l'intervalle de six mois, à partir de la chute de Sylvain, trois autres gouvernements provisoires se succèdèrent. Le dernier des trois fut par un gouvernement formé de militaires ayant à sa tête le Général Antonio Kébreau qui organisa des élections générales par lesquelles le Dr François Duvalier sortit vainqueur le 22 septembre 1957.

Ce long préambule m’amène à considérer brièvement les élections présidentielles de 1950 à 2006 et à oser prédire les résultats des élections présidentielles futures en 2010-2011 et en 2015-2016.


3. Les élections présidentielles au suffrage universel de 1950 à 2015

L’année 2010, sur le plan politique, sera vraisemblablement une année de sélections/élections municipales, législatives et présidentielles.

À dire vrai, il n’y a jamais eu d’élections présidentielles au suffrage universel libres, honnêtes et démocratiques en Haïti, ni en 1950, ni en 1957, ni en 1987, ni en 1988, ni en 1990, ni en 1995, ni en 2000, ni en 2006. Y en aura-t-il en 2010-2011, en 2015-2016 ?

Si le candidat déclaré vainqueur est l’homme du puissant voisin, alors le résultat des éléctions présidentielles est catalysé par la logistique des Forces armées indigènes faisant partie de la Grande Armée. Dans ce cas, le candidat ne jouit pas d’une popularité clairement supérieure à celle de ses rivaux. C’était le cas de Magloire en 1950, de Duvalier en 1957, de Manigat en 1988.

Si le candidat déclaré vainqueur n’est pas l’homme du puissant voisin, il a alors été capable de mobiliser la Rue, malgré la présence sur le terrain des Forces armées indigènes. Le résultat du scrutin est alors dicté par la Rue dès le premier tour. Dans ce cas le candidat jouit d’une certaine popularité, mais il n’a pas confiance en ses forces propres pour gagner honnêtement les élections, soit au premier tour, soit au second tour. C’était le cas d’Aristide en 1990.

Si le candidat déclaré vainqueur est l’homme du puissant voisin, si de plus il est capable de mobiliser la Rue, et s’il n’existe pas de Forces armées indigènes capables de déployer sa logistique à l’échelle du territoire national, c’est alors la Rue qui dicte le résultat du scrutin dès le premier tour. Le candidat n’a pas confiance en ses forces propres pour gagner honnêtement les élections au second tour. C’était le cas de Préval en 1995, d’Aristide en 2000, de Préval en 2006.

En 1950, en 1957, en 1987, en 1988, il y avait les Forces armées indigènes qui agissaient sur le terrain pour garantir la victoire du candidat qui avait la faveur du puissant voisin (ou pour faire avorter le processus dans le cas contraire (novembre 1987)). En 1995, en 2000 et en 2006, il n’y avait pas de Forces armées indigènes, la Rue a donc pris leur place, à sa manière. En 1990, les Forces armées indigènes n’ont pas pu empêché à la Rue de dicter le résultat de l’élection d’un candidat qui n’avait clairement pas la faveur du puissant voisin.

À ce moment-ci (janvier 2010), on peut augurer qu’en 2010, la Rue réussira encore à dicter son choix aux élections présidentielles. Et à moins de revirement soudain, imprévisible, le candidat qui sera déclaré vainqueur au début de 2011, aura l’aval du puissant voisin et sera issu de la mouvance LAVALAS-LESPWA-INITÉ. Ce sera vraisemblablement : Jacques-Édouard Alexis qui réapparaît publiquement ces jours-ci pour s'exprimer ouvertement au nom de l'UNITÉ (Réf. Nouvelles à CPAM, 8 janvier 2010).
Et la période 2011-2015 sera probablement le dernier acte de la pièce macabre qui se déroule en Haïti depuis près d’une génération (1986-2016). En effet à tous les trente ans, d’une génération à l’autre, Haïti semble programmée pour être le théâtre d’une «Révolution» : 1956, 1986, et, peut-être 2016 ?

L’an 2016 marquera-t-il la fin du règne de l’Anarchie orchestrée par la mouvance Lavalas-Lespwa-Inité ?

Qu’est-ce qui devrait caractériser cette nouvelle génération qui, on l’espère, se manifesterait en 2016 pour libérer définitivement Haïti des griffes de la mouvance L-L-I et de l’influence séculaire des flibustiers, pour établir enfin un véritable partenariat entre ceux qui contrôlent l’économie du pays, le peuple, le puissant voisin et la diaspora ? Et la désoccupation d’Haïti, quand aura-t-elle lieu ?

4. La géopolitique haïtienne

Les politiciens démocrates qui voulaient le progrès de leur pays ont vu leur passage au pouvoir écourté brutalement. C’était le cas de Dumarsais Estimé, de Franck Sylvain, de Leslie François Manigat. Ils ne faisaient pas l’affaire des détenteurs traditionnels des leviers de l’économie du pays et résistaient aux tentations que leur présentaient les flibustiers indigènes et étrangers.

Les politiciens anarchistes qui, disant vouloir le bien du plus grand nombre, soulevaient les passions des démunis contre les intérêts des détenteurs des leviers de l’économie du pays, ont vu leur mandat écourté brusquement. Ils ne faisaient pas l’affaire des détenteurs traditionnels des leviers de l’économie du pays, ni celle de la classe moyenne et suscitaient de faux espoirs chez les plus démunis. Cependant, ils ont succombé aux tentations que leur présentaient les flibustiers indigènes et étrangers. C’était le cas de Jean-Bertrand Aristide.

Entre ces deux extrêmes, se situaient la plupart des politiciens (dictateurs ou non) qui ont joué le jeu des détenteurs des leviers de l’économie du pays et celui des flibustiers indigènes et étrangers.

S’ils brimaient les droits et libertés de leur peuple, ils arrivaient à se maintenir au pouvoir par la force (milice). C’était le cas des Duvalier.

Si le pays était (est) occupé, la dictature était (est) artificiellement empêchée par l’occupant qui se substituait (substitue) aux forces armées indigènes. C’était le cas de Préval I avec la Minuha; c’est le cas de Préval II avec la Minustah.

Les flibustiers indigènes sont des filous en cravate ou non, qui gravitent autour des détenteurs du pouvoir politique (dans l’ombre ou ouvertement). Ils drainent les ressources du pays à leurs fins personnels, siphonnent les recettes de l’État, aident les politiciens à s’enrichir.

Les flibustiers étrangers sont des filous qui drainent une part importante des fonds qu’ils aident l’État haïtien à obtenir (prêts ou dons) à des conditions désavantageuses pour le Pays. Ce ne sont pas eux qui vont donc empêcher les politiciens à s’enrichir à même ces prêts et ces dons.


5. Pour un nouveau système politique (décentralisé) avec de nouveaux (incorruptibles) hommes politiques en Haïti dès 2016

Oui, il faut qu’Haïti se débarrasse de la mouvance L.L.I. qui a lamentablement échoué en 1986-2010, et qui échouera en 2011-1016.
Il faut à Haïti une nouvelle génération d’hommes et de femmes qui résistent aux tentations des flibustiers indigènes et étrangers.
Il faut à Haïti une nouvelle génération d’hommes et de femmes qui prennent en main les destinées du pays fondé par Dessalines, Pétion, Christophe…
Il faut à Haïti une nouvelle génération d’hommes et de femmes qui fassent équipe avec les détenteurs des leviers de l’économie du pays et les haïtiens de la diaspora.
Il faut à Haïti une nouvelle génération d’hommes et de femmes qui fassent du développement des sections communales de chacune des 140 communes d’Haïti, leur première priorité (Exemples: le municipalisme du Professeur Bissainthe, ou la décentralisation de Paul G. Magloire (le MORN), ou les gouvernements départementaux décentralisés (avec à leur tête des Gouverneurs; voir mes écrits antérieurs, entre autres, sur ce sujet)).

Et que cette nouvelle génération d’hommes et de femmes se manifeste dès maintenant pour qu’elle parvienne à restaurer la souveraineté du pays (départ de la Minustah) et à éradiquer en Haïti toute dictature et tout pouvoir anarchique.

«Avance(z) en eau profonde… et lancez les filets». Luc (5, 4).

Dr. Pierre Montès
7 janvier 2010