vendredi 31 décembre 2010

Haïti/Politique/ La Société Civile propose une sortie de crise

31/12/2010 07:07:52

Après plusieurs échanges, les organisations signataires de la présente, dans le souci d’apporter leur contribution à la résolution de la crise électorale, prennent la liberté de faire les considérations et propositions suivantes.

1. Les irrégularités, les fraudes systémiques en faveur d’une formation politique et les actes de violence qui ont entaché le scrutin du 28 novembre ont aggravé la situation catastrophique dans laquelle se trouve aujourd’hui la nation haïtienne. On ne pourra sortir de cette crise électorale, si la lumière n’est pas faite sur ce qui s’est véritablement passé à l’occasion de ces élections, non seulement à l’intérieur et aux abords des centres de vote mais aussi, au niveau du transfert des résultats entre les bureaux de vote, le Centre de Tabulation et le Site du CEP.

2. Une opération de vérification et d’évaluation s’avère donc indispensable. Selon le projet d’Accord entre l’OEA, le Président de la République et le CEP, dont nous avons pris connaissance, une Mission d’experts serait appelée à « réviser les pratiques, procédures et procédés appliqués lors des élections ». Il s’agirait alors d’un travail en profondeur, qui porterait non seulement sur la comparaison des données du Centre de Tabulation et des Procès-verbaux, mais aussi sur tous les documents électoraux à savoir : « listes électorales partielles, feuilles de dépouillement du scrutin/de comptage, déclarations d’irrégularités, documents d’appui de chaque bureau ». De plus, une analyse statistique serait faite des résultats pour « identifier des anomalies dans ces résultats ».

3. Une telle méthode de travail serait certes valable. Cependant, cette initiative présente quatre faiblesses majeures. D’abord, elle ne repose sur aucun fondement légal ou constitutionnel. Seul un consensus politique pourrait lui conférer une certaine légitimité. De plus, l’opération vise seulement les élections présidentielles. Or les élections législatives, qui sont tout aussi importantes, ont souffert des mêmes fraudes et nécessitent les mêmes redressements. Ensuite, la Mission OEA-CARICOM en raison de sa complaisance envers le Conseil Électoral Provisoire et le Pouvoir en place, souffre d’un grave déficit de crédibilité aux yeux du peuple haïtien. En effet, si la Mission avait respecté le premier objectif spécifique de toute Mission d’Observation de l’OEA, qui est d’«Observer la performance des principaux acteurs du processus électoral afin de vérifier leur conformité avec les lois et règlements électoraux du pays hôte » elle aurait dénoncé avec force, les graves irrégularités commises par le CEP. Par exemple : le remplacement illégal des superviseurs, la nomination arbitraire de membres de bureaux de vote, les obstacles dressés pour empêcher les mandataires d’exercer leur fonction, la délocalisation massive des électeurs, qui a privé des milliers de citoyens de l’opportunité de voter. Le CEP a dépassé toutes les limites de la décence parce qu’il était assuré de l’appui inconditionnel de la Mission OEA-CARICOM. Enfin, si le Secrétariat Général de l’OEA a consulté les Gouvernements du Canada, de la France et des Etats Unis d’Amérique pour composer cette Mission d’experts, il n’a pas fait appel à la partie haïtienne. Des experts haïtiens, connaissant le système électoral haïtien et jouissant de la confiance de la population et des candidats aux différentes fonctions électives auraient pu renforcer l’efficacité et la crédibilité d’une telle opération. Car après tout, il s’agit d’élections haïtiennes qui constituent l’affaire d’abord des Haïtiens.

4. Une bonne vérification-évaluation du processus électoral menée par des experts nationaux et internationaux, acceptés par les différents protagonistes, permettrait de rétablir la vérité et de fixer les responsabilités. La connaissance exacte des faits et des données, aiderait également à prendre une décision rationnelle, juste et responsable par rapport au scrutin du 28 novembre.

5. Pour être viable et opérationnelle, toute solution doit faire l’objet d’un consensus entre les différents acteurs impliqués dans le processus : partis politiques, candidats, représentants de l’Exécutif, du CEP, de la société civile au sens large, de la communauté internationale. L’Initiative d’une concertation dans ce sens devrait être prise.

6. Par ailleurs, les organisations signataires de la présente recommandent fermement au Président de la République de respecter scrupuleusement les prescrits de la Constitution, qui, dans son article 134.1, fixe la fin du mandat présidentiel au 7 février de la 5ème année de son mandat. Toute prolongation serait non seulement contraire à la Constitution mais aussi préjudiciable pour la paix sociale, la stabilité du pays et la tenue de bonnes élections. L’histoire récente du pays a montré que la présence d’un Juge de la Cour de Cassation à la tête du pays pour organiser les élections, représente une garantie pour la réalisation d’un scrutin acceptable. Ceci a été le cas pour Mes Ertha Pascal Trouillot et Boniface Alexandre.

7. De la fin du mois de décembre au 7 février, on pourrait mener l’opération de vérification-évaluation, identifier les mesures correctives à prendre, y compris les changements indispensables au niveau du Conseil Électoral, qui aujourd’hui a perdu toute crédibilité.


Signataires :

Initiative de la Société Civile (ISC) : Rosny Desroches
Conseil Haïtien des Acteurs Non Etatiques (CONHANE) : Edouard Paultre
Initiative Citoyenne (IC) : Jean Garry Denis
Centre Œcuménique des Droits de l’Homme (CEDH) : Jean-Claude Bajeux
Office de Concertation pour le Développement (OCODE) : Dominique Joseph
Action Citoyenne : Bellegarde Berthony
Centre pour la Promotion des Droits Humains et de la Démocratie en Haiti (CEPRODHD) : Jn Gardy Théodore
Barreau de Port-au-Prince : Kedler Augustin

jeudi 30 décembre 2010

Haïti/Fidel Castro réagit aux affirmations du nouveau Sonthonax: Ricardo Seitenfus

Source: granma.cu, La Havane, 29 décembre 2010

Réflexions de Fidel
La bataille contre le choléra

Je fais une pause au milieu de plusieurs analyses importantes qui prennent mon temps ces jours-ci pour aborder deux questions que notre peuple doit connaître.

L’ONU, poussée par les Etats-Unis, qui ont engendré la pauvreté et le chaos en République d’Haïti, y a dépêché voilà plusieurs années des forces d’occupation, dites Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), qui y ont d’ailleurs introduit le choléra.

Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), lui, y avait nommé, début 2009, comme son représentant personnel un intellectuel brésilien, Ricardo Seitenfus, qui faisait alors partie du ministère des Affaires étrangères de son pays.

Seitenfus jouissait d’un prestige mérité dans les milieux diplomatiques et gouvernementaux de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, par le sérieux et la franchise avec lesquels il se colletait avec les problèmes. Il avait écrit en 1993, l’année de sa première visite en Haïti, un livre intitulé : Haïti, la souveraineté des dictateurs.

Le 25 décembre dernier, les agences de presse faisaient savoir qu’il avait été cassé sans préavis de son poste de représentant spécial de l’OEA.

Le motif ? L’interview donnée quelques jours plus tôt au journal suisse Le Temps, au cours de laquelle il avait exprimé ses vues en toute sincérité.

J’en donne ci-après un résumé textuel à partir de l’interview disponible sur Internet en français :

Dix mille Casques bleus en Haïti. A votre sens, une présence contre-productive ?

Ricardo Seitenfus : Le système de prévention des litiges dans le cadre du système onusien n’est pas adapté au contexte haïtien. Haïti n’est pas une menace internationale. Nous ne sommes pas en situation de guerre civile. […] Et pourtant le Conseil de sécurité […] a imposé des Casques bleus depuis 2004, après le départ du président Aristide. […]. Il s’agissait pour l’ONU de geler le pouvoir et de transformer les Haïtiens en prisonniers de leur propre île. […]

Qu’est-ce qui empêche la normalisation du cas haïtien ?

Ricardo Seitenfus : Pendant deux cents ans, la présence de troupes étrangères a alterné avec celle de dictateurs. C’est la force qui définit les relations internationales avec Haïti et jamais le dialogue. Le péché originel d’Haïti, sur la scène mondiale, c’est sa libération. Les Haïtiens commettent l’inacceptable en 1804 : un crime de lèse-majesté pour un monde inquiet. L’Occident est alors un monde colonialiste, esclavagiste et raciste qui base sa richesse sur l’exploitation des terres conquises. Donc, le modèle révolutionnaire haïtien fait peur aux grandes puissances. Les Etats-Unis ne reconnaissent l’indépendance d’Haïti qu’en 1865. Et la France exige le paiement d’une rançon pour accepter cette libération. Dès le départ, l’indépendance est compromise et le développement du pays entravé. […] On ne résout rien, on empire. On veut faire d’Haïti un pays capitaliste, une plate-forme d’exportation pour le marché américain, c’est absurde. […] Il existe des éléments dans cette société qui ont pu empêcher que la violence se répande sans mesure.

N’est-ce pas une démission de voir en Haïti une nation inassimilable, dont le seul horizon est le retour à des valeurs traditionnelles ?

Ricardo Seitenfus : Il existe une partie d’Haïti qui est moderne, urbaine et tournée vers l’étranger. On estime à quatre millions le nombre de Haïtiens qui vivent en dehors de leurs frontières. C’est un pays ouvert au monde. […] Plus de 90% du système éducatif et de la santé sont en mains privées. Le pays ne dispose pas de ressources publiques pour pouvoir faire fonctionner d’une manière minimale un système étatique. […] Le problème est socio-économique. Quand le taux de chômage atteint 80%, il est insupportable de déployer une mission de stabilisation. Il n’y a rien à stabiliser et tout à bâtir.

Haïti est un des pays les plus aidés du monde et pourtant la situation n’a fait que se détériorer depuis vingt-cinq ans. Pourquoi ?

Ricardo Seitenfus : L’aide d’urgence est efficace. Mais lorsqu’elle devient structurelle, lorsqu’elle se substitue à l’État dans toutes ses missions, on aboutit à une déresponsabilisation collective. […] Le séisme du 12 janvier, puis l’épidémie de choléra ne font qu’accentuer ce phénomène. La communauté internationale a le sentiment de devoir refaire chaque jour ce qu’elle a terminé la veille. […] J’avais l’espoir que, dans la détresse du 12 janvier, le monde allait comprendre qu’il avait fait fausse route avec Haïti. […] Au lieu de faire un bilan, on a envoyé davantage de soldats. Il faut construire des routes, élever des barrages, participer à l’organisation de l’Etat, au système judiciaire. L’ONU dit qu’elle n’a pas de mandat pour cela. Son mandat en Haïti, c’est de maintenir la paix du cimetière.

Quel rôle jouent les ONG dans cette faillite ?

Ricardo Seitenfus : A partir du séisme, Haïti est devenu un carrefour incontournable. Pour les ONG transnationales, Haïti s’est transformé en un lieu de passage forcé. Je dirais même pire que cela : de formation professionnelle. […] Il existe une relation maléfique ou perverse entre la force des ONG et la faiblesse de l’Etat haïtien. Certaines ONG n’existent qu’à cause du malheur haïtien.

Quelles erreurs ont été commises après le séisme ?

Ricardo Seitenfus : Face à l’importation massive de biens de consommation pour nourrir les sans-abri, la situation de l’agriculture haïtienne s’est encore péjorée. Le pays offre un champ libre à toutes les expériences humanitaires. Il est inacceptable du point de vue moral de considérer Haïti comme un laboratoire. La reconstruction d’Haïti et la promesse que nous faisons miroiter de 11 milliards de dollars attisent les convoitises. […] Un exemple: celui des médecins haïtiens que Cuba forme. […] Près de la moitié d’entre eux, alors qu’ils devraient être en Haïti, travaillent aujourd’hui aux États-Unis, au Canada ou en France. […]

On décrit sans cesse Haïti comme la marge du monde, vous ressentez plutôt le pays comme un concentré de notre monde contemporain… ?

Ricardo Seitenfus : C’est le concentré de nos drames et des échecs de la solidarité internationale. Nous ne sommes pas à la hauteur du défi. La presse mondiale vient en Haïti et décrit le chaos. […] Pour elle, Haïti est un des pires pays du monde. Il faut aller vers la culture haïtienne, il faut aller vers le terroir. […] Personne ne prend le temps ni n’a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l’âme haïtienne. […]

Au-delà du constat d’échec, quelles solutions proposez-vous ?

Ricardo Seitenfus : Dans deux mois, j’aurai terminé une mission de deux ans en Haïti. Pour rester ici, et ne pas être terrassé par ce que je vois, j’ai dû me créer un certain nombre de défenses psychologiques. Je voulais rester une voix indépendante malgré le poids de l’organisation que je représente. […] Le 12 janvier m’a appris qu’il existe un potentiel de solidarité extraordinaire dans le monde. Même s’il ne faut pas oublier que, dans les premiers jours, ce sont les Haïtiens tout seuls, les mains nues, qui ont tenté de sauver leurs proches. […] Nous devons penser simultanément à offrir des opportunités d’exportation pour Haïti mais aussi protéger cette agriculture familiale qui est essentielle pour le pays. Haïti est le dernier paradis des Caraïbes encore inexploité pour le tourisme, avec 1 700 kilomètres de côtes vierges… […] Il y a deux cents ans, Haïti a illuminé l’histoire de l’humanité et celle des droits humains. Il faut maintenant laisser une chance aux Haïtiens de confirmer leur vision.

On peut être d’accord ou non avec les affirmations du Brésilien Ricardo Seitenfus, mais il est incontestable qu’il a dit des vérités lapidaires.

J’estime utile toutefois de préciser certains points.

Notre pays n’a pas envoyé des centaines de médecins qu’au peuple haïtien, frère et voisin ; il en a dépêché des milliers à d’autres peuples du Tiers-monde, surtout dans des cas de catastrophes naturelles, et il a contribué à la formation de dizaines de milliers de médecins dans notre patrie et à l’étranger.

La coopération médicale avec Haïti a démarré voilà douze ans, le 4 décembre 1998.

Quand la tyrannie des Duvalier et des Tontons Macoutes – imposée par les USA pendant des décennies – est tombée à la fin des années 90 et qu’un gouvernement élu par le peuple a pris la direction du pays, Cuba y a dépêché une centaine de médecins pour prêter service, et le premier groupe de jeunes bacheliers haïtiens est arrivé à Cuba en 1999 pour commencer des études de médecine.

En 2001, nous avons entrepris de coopérer avec l’université de médecine créée par le président Jean-Bertrand Aristide en transformant en professeurs les médecins qui travaillaient alors au service du peuple haïtien. Quand les Yankees ont fomenté le coup d’Etat et que les putschistes ont transformé l’Ecole de médecine en caserne, environ 270 élèves sont venus dans notre patrie avec les professeurs pour poursuivre leurs études.

La Mission médicale cubaine a néanmoins continué de prêter ses services humanitaires en Haïti, indépendamment des problèmes politiques internes du pays, qu’il soit occupé par les soldats putschistes, par les troupes yankees ou par les forces de la MINUSTAH.

En août 2005, les 128 premiers étudiants de médecine, alors en sixième année, sont rentrés dans leur pays pour y faire leur pratique professionnelle aux côtés des médecins cubains qui avaient prêté service en Haïti.

Du second semestre de 2006 au second semestre de 2010, un total de 625 étudiants de médecine haïtiens ont conclu leurs études, et nous les avons en très haute estime. Sur ce total, 213 travaillent dans des institutions médicales publiques ; 125 dans les Centres de contrôle médical du choléra ou dans les brigades de travail rapproché dans les sous-communes, aux côtés des médecins cubains et latino-américains diplômés de l’Ecole latino-américaine de médecine (ELAM), de La Havane, qui luttent contre l’épidémie de choléra ; 72 exercent dans des centres médicaux d’ONG et privés ; 20 dans ce qu’on appelle les Centres mixtes ; 41 font une seconde spécialité à Cuba ; 27, frais diplômés, attendent un poste en Haïti ; 14 ne travaillent pas pour des raisons personnelles (grossesse et maternité) ; 4 n’apparaissent pas sur les registres et 1 est décédé.

Finalement, 104 exercent à l’étranger, fondamentalement en Espagne, aux USA, au Canada et en France, 1 en Suisse et 4 en Amérique latine. Je ne me permets pas d’émettre un jugement sur eux, car leur pays, extrêmement pauvre, manque de ressources et d’emplois. Que je sache, par ailleurs, aucun n’a refusé de servir son pays. Ce sont des médecins très demandés, formés en Haïti et à Cuba.

Selon les chiffres officiels, 2 707 cholériques sont décédés à ce jour, soit un taux de 2,1 %.

La Mission médicale cubaine n’a rapporté aucun décès ces trois derniers jours. Le taux de mortalité chez les 47 537 patients qu’elle a traités est de 0,57%. On peut éradiquer l’épidémie et éviter qu’elle ne se transforme en pandémie.

La Table ronde télévisée de demain, à 18 h, donnera des nouvelles fraîches intéressantes sur la bataille contre le choléra en Haïti et offrira la parole à des autorités en la matière.

J’aborderai demain, mardi 28, le second point.

Fidel Castro Ruz

Le 27 décembre 2010

17 h 12

Politique québécoise/sondage Crop-La Presse (10-19 décembre 2010)


Selon le dernier sondage CROP-La Presse (10-19 décembre 2010), si des élections provinciales avaient eu lieu à la mi-décembre, voici comment se répartiraient leurs votes:

  1. Parti québécois de Pauline Marois: 41%;
  2. Parti Libéral de Jean Charest: 25%;
  3. Action démocratique: 16%;
  4. Québec solidaire: 12%
  5. Parti vert: 6%


Selon ce même sondage, voici comment se présente le taux d'insatisfaction des québécois vis-à-vis le gouvernement de Jean Charest:

  1. Plutôt/très insatisfait: 70%
  2. Très/plutôt satisfait: 28%
  3. Sans opinion: 2%

Par ailleurs, selon le même sondage, le Bloc québécois reste toujours en tête sur la scène fédérale. Si des élections avaient eu lieu à la même période (10-19 décembre 2010) au niveau fédéral, le Bloc québécois aurait remporté 40 % des voix québécoises contre 18 % pour le Parti libéral fédéral, 19 % pour les néo-démocrates et 20 % pour le Parti conservateur.

L'échantillon de québécois testé était de taille 1002. Par conséquent la marge d'erreur était de l'ordre de 3 %, 19 fois sur 20.
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Lire aussi l'article de Daphné Cameron, La Presse, 30 décembre 2010.

mardi 21 décembre 2010

«Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internationale»



Ricardo Seitenfus: «Pour rester ici, et ne pas être terrassé par ce que je vois, j’ai dû me créer un certain nombre de défenses psychologiques.» (Paolo Woods)



Arnaud Robert , Le Temps
Source: letemps.ch, 20 décembre 2010

Diplômé de l’Institut de hautes études internationales de Genève, le Brésilien Ricardo Seitenfus a 62 ans. Depuis 2008, il représente l’Organisation des Etats américains en Haïti. Il dresse un véritable réquisitoire contre la présence internationale dans le pays

Le Temps: Dix mille Casques bleus en Haïti. A votre sens, une présence contre-productive…

Ricardo Seitenfus: Le système de prévention des litiges dans le cadre du système onusien n’est pas adapté au contexte haïtien. Haïti n’est pas une menace internationale. Nous ne sommes pas en situation de guerre civile. Haïti n’est ni l’Irak ni l’Afghanistan. Et pourtant le Conseil de sécurité, puisqu’il manque d’alternative, a imposé des Casques bleus depuis 2004, après le départ du président Aristide. Depuis 1990, nous en sommes ici à notre huitième mission onusienne. Haïti vit depuis 1986 et le départ de Jean-Claude Duvalier ce que j’appelle un conflit de basse intensité. Nous sommes confrontés à des luttes pour le pouvoir entre des acteurs politiques qui ne respectent pas le jeu démocratique. Mais il me semble qu’Haïti, sur la scène internationale, paie essentiellement sa grande proximité avec les Etats-Unis. Haïti a été l’objet d’une attention négative de la part du système international. Il s’agissait pour l’ONU de geler le pouvoir et de transformer les Haïtiens en prisonniers de leur propre île. L’angoisse des boat people explique pour beaucoup les décisions de l’international vis-à-vis d’Haïti. On veut à tout prix qu’ils restent chez eux.

– Qu’est-ce qui empêche la normalisation du cas haïtien?

– Pendant deux cents ans, la présence de troupes étrangères a alterné avec celle de dictateurs. C’est la force qui définit les relations internationales avec Haïti et jamais le dialogue. Le péché originel d’Haïti, sur la scène mondiale, c’est sa libération. Les Haïtiens commettent l’inacceptable en 1804: un crime de lèse-majesté pour un monde inquiet. L’Occident est alors un monde colonialiste, esclavagiste et raciste qui base sa richesse sur l’exploitation des terres conquises. Donc, le modèle révolutionnaire haïtien fait peur aux grandes puissances. Les Etats-Unis ne reconnaissent l’indépendance d’Haïti qu’en 1865. Et la France exige le paiement d’une rançon pour accepter cette libération. Dès le départ, l’indépendance est compromise et le développement du pays entravé. Le monde n’a jamais su comment traiter Haïti, alors il a fini par l’ignorer. Ont commencé deux cents ans de solitude sur la scène internationale. Aujourd’hui, l’ONU applique aveuglément le chapitre 7 de sa charte, elle déploie ses troupes pour imposer son opération de paix. On ne résout rien, on empire. On veut faire d’Haïti un pays capitaliste, une plate-forme d’exportation pour le marché américain, c’est absurde. Haïti doit revenir à ce qu’il est, c’est-à-dire un pays essentiellement agricole encore fondamentalement imprégné de droit coutumier. Le pays est sans cesse décrit sous l’angle de sa violence. Mais, sans Etat, le niveau de violence n’atteint pourtant qu’une fraction de celle des pays d’Amérique latine. Il existe des éléments dans cette société qui ont pu empêcher que la violence se répande sans mesure.

– N’est-ce pas une démission de voir en Haïti une nation inassimilable, dont le seul horizon est le retour à des valeurs traditionnelles?

– Il existe une partie d’Haïti qui est moderne, urbaine et tournée vers l’étranger. On estime à 4 millions le nombre de Haïtiens qui vivent en dehors de leurs frontières. C’est un pays ouvert au monde. Je ne rêve pas d’un retour au XVIe siècle, à une société agraire. Mais Haïti vit sous l’influence de l’international, des ONG, de la charité universelle. Plus de 90% du système éducatif et de la santé sont en mains privées. Le pays ne dispose pas de ressources publiques pour pouvoir faire fonctionner d’une manière minimale un système étatique. L’ONU échoue à tenir compte des traits culturels. Résumer Haïti à une opération de paix, c’est faire l’économie des véritables défis qui se présentent au pays. Le problème est socio-économique. Quand le taux de chômage atteint 80%, il est insupportable de déployer une mission de stabilisation. Il n’y a rien à stabiliser et tout à bâtir.

– Haïti est un des pays les plus aidés du monde et pourtant la situation n’a fait que se détériorer depuis vingt-cinq ans. Pourquoi?

– L’aide d’urgence est efficace. Mais lorsqu’elle devient structurelle, lorsqu’elle se substitue à l’Etat dans toutes ses missions, on aboutit à une déresponsabilisation collective. S’il existe une preuve de l’échec de l’aide internationale, c’est Haïti. Le pays en est devenu la Mecque. Le séisme du 12 janvier, puis l’épidémie de choléra ne font qu’accentuer ce phénomène. La communauté internationale a le sentiment de devoir refaire chaque jour ce qu’elle a terminé la veille. La fatigue d’Haïti commence à poindre. Cette petite nation doit surprendre la conscience universelle avec des catastrophes de plus en plus énormes. J’avais l’espoir que, dans la détresse du 12 janvier, le monde allait comprendre qu’il avait fait fausse route avec Haïti. Malheureusement, on a renforcé la même politique. Au lieu de faire un bilan, on a envoyé davantage de soldats. Il faut construire des routes, élever des barrages, participer à l’organisation de l’Etat, au système judiciaire. L’ONU dit qu’elle n’a pas de mandat pour cela. Son mandat en Haïti, c’est de maintenir la paix du cimetière.

– Quel rôle jouent les ONG dans cette faillite?

– A partir du séisme, Haïti est devenu un carrefour incontournable. Pour les ONG transnationales, Haïti s’est transformé en un lieu de passage forcé. Je dirais même pire que cela: de formation professionnelle. L’âge des coopérants qui sont arrivés après le séisme est très bas; ils débarquent en Haïti sans aucune expérience. Et Haïti, je peux vous le dire, ne convient pas aux amateurs. Après le 12 janvier, à cause du recrutement massif, la qualité professionnelle a beaucoup baissé. Il existe une relation maléfique ou perverse entre la force des ONG et la faiblesse de l’Etat haïtien. Certaines ONG n’existent qu’à cause du malheur haïtien.

– Quelles erreurs ont été commises après le séisme?

– Face à l’importation massive de biens de consommation pour nourrir les sans-abri, la situation de l’agriculture haïtienne s’est encore péjorée. Le pays offre un champ libre à toutes les expériences humanitaires. Il est inacceptable du point de vue moral de considérer Haïti comme un laboratoire. La reconstruction d’Haïti et la promesse que nous faisons miroiter de 11 milliards de dollars attisent les convoitises. Il semble qu’une foule de gens viennent en Haïti, non pas pour Haïti, mais pour faire des affaires. Pour moi qui suis Américain, c’est une honte, une offense à notre conscience. Un exemple: celui des médecins haïtiens que Cuba forme. Plus de 500 ont été instruits à La Havane. Près de la moitié d’entre eux, alors qu’ils devraient être en Haïti, travaillent aujourd’hui aux Etats-Unis, au Canada ou en France. La révolution cubaine est en train de financer la formation de ressources humaines pour ses voisins capitalistes…

– On décrit sans cesse Haïti comme la marge du monde, vous ressentez plutôt le pays comme un concentré de notre monde contemporain…

– C’est le concentré de nos drames et des échecs de la solidarité internationale. Nous ne sommes pas à la hauteur du défi. La presse mondiale vient en Haïti et décrit le chaos. La réaction de l’opinion publique ne se fait pas attendre. Pour elle, Haïti est un des pires pays du monde. Il faut aller vers la culture haïtienne, il faut aller vers le terroir. Je crois qu’il y a trop de médecins au chevet du malade et la majorité de ces médecins sont des économistes. Or, en Haïti, il faut des anthropologues, des sociologues, des historiens, des politologues et même des théologiens. Haïti est trop complexe pour des gens qui sont pressés; les coopérants sont pressés. Personne ne prend le temps ni n’a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l’âme haïtienne. Les Haïtiens l’ont bien saisi, qui nous considèrent, nous la communauté internationale, comme une vache à traire. Ils veulent tirer profit de cette présence et ils le font avec une maestria extraordinaire. Si les Haïtiens nous considèrent seulement par l’argent que nous apportons, c’est parce que nous nous sommes présentés comme cela.

– Au-delà du constat d’échec, quelles solutions proposez-vous?

– Dans deux mois, j’aurai terminé une mission de deux ans en Haïti. Pour rester ici, et ne pas être terrassé par ce que je vois, j’ai dû me créer un certain nombre de défenses psychologiques. Je voulais rester une voix indépendante malgré le poids de l’organisation que je représente. J’ai tenu parce que je voulais exprimer mes doutes profonds et dire au monde que cela suffit. Cela suffit de jouer avec Haïti. Le 12 janvier m’a appris qu’il existe un potentiel de solidarité extraordinaire dans le monde. Même s’il ne faut pas oublier que, dans les premiers jours, ce sont les Haïtiens tout seuls, les mains nues, qui ont tenté de sauver leurs proches. La compassion a été très importante dans l’urgence. Mais la charité ne peut pas être le moteur des relations internationales. Ce sont l’autonomie, la souveraineté, le commerce équitable, le respect d’autrui qui devraient l’être. Nous devons penser simultanément à offrir des opportunités d’exportation pour Haïti mais aussi protéger cette agriculture familiale qui est essentielle pour le pays. Haïti est le dernier paradis des Caraïbes encore inexploité pour le tourisme, avec 1700 kilomètres de côtes vierges; nous devons favoriser un tourisme culturel et éviter de paver la route à un nouvel eldorado du tourisme de masse. Les leçons que nous donnons sont inefficaces depuis trop longtemps. La reconstruction et l’accompagnement d’une société si riche sont une des dernières grandes aventures humaines. Il y a 200 ans, Haïti a illuminé l’histoire de l’humanité et celle des droits humains. Il faut maintenant laisser une chance aux Haïtiens de confirmer leur vision.

lundi 20 décembre 2010

Conférence de presse de Madame Mirlande Manigat, candidate à la Présidence

De: Robert Benodin
Objet: Conférence de presse de Madame Mirlande Manigat, candidate à la Présidence
À: "'*RDNP 098 News'"
Date: Lundi 20 décembre 2010, 12h00

Conférence de presse de Madame Mirlande Manigat, candidate à la Présidence
Port-au-Prince, le vendredi 17 décembre 2010
Version française de la déclaration introductive faite en créole.

"Messieurs et dames les journalistes, Bonjour.

Je vous remercie pour votre présence ce matin.
Je voudrais vous entretenir de divers sujets.

Tout d'abord, le cas de Patrice Dumont, responsable du service de presse de ma campagne. Vous savez qu'il a été convoqué, hier matin, au Parquet de Port-au-Prince pour répondre d'accusations de complicité afin d'incendier les locaux de la Télévision Nationale. De ce fait, il est accusé d'association de malfaiteurs.

A ce sujet, je voudrais faire les observations suivantes.

Pour qui connaît Patrice Dumont, une telle accusation est dénuée de tout bon sens et ne saurait constituer un dossier sérieux et acceptable. Il s'agit de l'expression d'une volonté de porter atteinte à l'intégrité bien connue de ce citoyen remarquable.

Mais, mal en a pris aux auteurs d'une initiative aussi incongrue que maladroite et ils se sont rendus compte que Patrice n'était pas "pitimi san gado". Vous étiez nombreux à venir couvrir cet événement et surtout pour lui témoigner votre solidarité. D'autres citoyens, des parlementaires, des amis y compris moi-même, étaient aussi présents au Parquet. Après une audition rapide, Pepe a pu sortir libre, mais il doit rester à la disposition de la justice, ce qui signifie que l'affaire n'est pas encore classée.

En second lieu, par delà Patrice Dumont, c'est le RDNP qui était visé car le chef d'accusation a souligné qu'il avait assisté à une réunion au domicile d'un membre du RDNP sis à Delmas 22 ! Aucun nom, aucune adresse précise, ce qui souligne la désinvolture et le manque de professionnalisme des dispensateurs de la justice.

Tout le monde sait que le RDNP est un parti non violent. Nous condamnons toute forme de violence comme moyen politique. Alors, que recherche-t-on ?

Je répète ce slogan martelé tout au long de la campagne "Nou pa pè, nou pap janm pè !!" S'ils croient nous intimider avec ce genre d'abus, ils se trompent lourdement.

Je lance un appel aux commissaires du Gouvernement pour qu'ils n'oublient pas qu'ils font partie du Ministère de la Justice, mais qu'ils ne sont pas aux ordres du Ministre de la Justice.

Les juges de paix ne sont pas protégés par l'Article 177 de la Constitution comme ceux des cours d'appel et du Tribunal de Cassation déclarés inamovibles. Aussi, ils sont placés dans une position fragile. Nous savons que beaucoup d'entre eux ont été révoqués ou déplacés à la veille des élections, un acte arbitraire qui viole le principe de l'indépendance de la Justice proclamée par cette même Constitution. A ceux-là, je demande de prendre patience car justice leur sera rendue lorsque Mirlande Manigat deviendra Présidente de la République.

Enfin, je lance un appel à ceux qui détiennent encore le pouvoir et je leur dis ceci : il vous reste encore 52 jours. Le compte à rebours a déjà commencé pour vous car bientôt 50 jours, 45, 30, 15, 8, 2 et.....le 7 février, good bye ! Tachez de finir votre mandat en beauté si vous le pouvez ! Ne ternissez pas les jours qui vous restent !

Le deuxième point que je voudrais aborder est la suite des élections du 28 novembre.

Je remercie les 336.878 citoyens qui ont voté pour moi. Je remercie aussi tous ceux dont les votes n'ont pas été pris en compte car JE SAIS et VOUS AUSSI VOUS SAVEZ qu'ils ont été plus nombreux que les 31% qui m'ont été accordés.

Mais la réalité est que j’occupe la première place et celle-ci n'est pas contestée.

Actuellement, une vaste opération de recomptage est annoncée
Comptez ! Recomptez ! Mais respectez le vote populaire. Le peuple sait pour qui il a voté et pour qui il n'a pas voté. Je vous le répète PINGA ! Respectez le vote populaire !

Celui des jeunes, étudiants ou pas, mais désœuvrés et qui se sentent abandonnés !
Celui des femmes de toutes les catégories sociales !
Celui des marchandes de "chin jambé et de maléré pa brital" !
Celui des ouvriers et des artisans !
Celui des paysans malmenés par la vie et par l'infortune !
Celui des professionnels !
Celui des membres de la société civile et du secteur privé !
Celui des membres de notre vaillante Police Nationale !
Celui des croyants de toutes les confessions religieuses !

Respectez leur vote et leur choix.
J'occupe la première place et j'attends que l'on indique qui sera non mon adversaire car nous sommes fils et fille d'une même nation, mais mon compétiteur dans une élection loyale.

Je voudrais préciser pour quelle raison je ne participe pas à cette opération de recomptage. Pour cela, il me faut revenir en arrière. Le vendredi 7 décembre, j'apprends par voie de presse la formation de cette Commission spéciale (Communiqué No 59 du CEP). Nous nous sommes réunis et nous avons décidé de publier un communiqué signé de deux avocats de mon équipe, Me Wilmine Raymond Saint Pierre et Carol Chalmers, par lequel, nous avons décliné l'invitation à en faire partie, car aucune indication n'était donnée quant à la composition de cette Commission, son mandat, ni même le lieu de la réunion projetée. Le lendemain samedi, à 5h a.m., je reçois sur Internet une lettre signée du Président du CEP, m'invitant à participer le jour même à midi, à une première prise de contact, au local de la MINUSTAH. Cette lettre était accompagnée d'un document indiquant les termes de référence, la composition de la Commission et les trois candidats arrivés en tête ou, à défaut, leurs représentants étaient invités à "assister" aux travaux de la dite Commission.

Cette fois, je n'ai même pas répondu car cette démarche me paraissait irrecevable pour plusieurs raisons. D'abord la forme. J'ai trouvé que le CEP avait failli à tous les usages de la bienséance en adressant, via Internet, à une personne en passe de devenir la prochaine Présidente de la République, une lettre avec une signature illisible, sans le sceau du CEP et sans le document accusant réception d'une correspondance importante. En outre, le CEP n’a pas compétence pour former une telle Commission sans les nécessaires provisions constitutionnelles et légales requises
Enfin, je me demande quelle crédibilité accorder à cette démarche et surtout, quels sont les documents qui feront l'objet de cette opération de recomptage, car il est vraisemblable qu'ils pourraient être triés sur le volet, afin de soumettre à l'attention ceux d'entre eux qui seraient acceptables. Vous savez que vous pouvez consulter sur Internet des pièces ahurissantes qui indiquent comment, maladroitement, des Procès Verbaux ont été falsifiés, mis en quarantaine puis récupérés pour gonfler le résultat obtenu par un candidat. A la base donc, il se pose une question de confiance et il ne faudrait pas que les promoteurs de l'opération prennent les citoyens pour des imbéciles.

A ce que j'ai pu apprendre, cette commission est mort-née et plusieurs institutions pressenties pour en faire partie ont décliné l'offre. De même, j'ai appris de la bouche même de Monsieur Ramdin, Secrétaire Adjoint de l'OEA venu me visiter hier, que les deux Commissions sollicitées de l'OEA par le Président de la République, n'ont pas été constituées, ce qui ne signifie pas que l’institution interaméricaine ne va pas s'impliquer dans une opération de recomptage.

Enfin, le troisième élément de mon intervention préliminaire porte sur les solutions proposées à la crise électorale en passe de se transformer en crise politique.

Depuis quelque temps, de propositions sont discutées et on me les a soumises il y a quelques jours, venant aussi bien d'institutions nationales que de secteurs internationaux. Je n'en retiendrai que deux d'entre elles.

La première consisterait en l'organisation du deuxième tour avec les trois candidats placés en tête. Cette "triangulaire" prévue dans un pays comme la France et pour les élections législatives, est en contradiction avec notre Constitution qui précise qu'un deuxième tour est organisé seulement avec les deux candidats les mieux placés.

La seconde anticiperait une nouvelle élection avec tous les candidats avec cette particularité que le vainqueur serait le candidat qui obtiendrait le plus grand nombre de voix. Dans ce cas aussi, il s’agit d'une proposition de violation de la Constitution qui précise que le Président, tout Sénateur ou Député doit obtenir la majorité absolue, c'est-à-dire 50% + 1.

Etant constitutionnaliste et légaliste, je ne saurais me rallier à ces deux propositions.

Je suis aussi une citoyenne consciente de la gravité de la situation et je demeure ouverte pour la recherche d'une solution. J'éprouve toujours un malaise lorsque l'on souligne à mon attention que telle solution n'est pas juridique mais elle est politique, comme si une décision de nature politique ne devrait pas, a priori, reposer sur des bases juridiques. Aussi, je privilégie la voie constitutionnelle car celle-ci me sert de boussole et je me bats pour qu'il en soit ainsi dans notre pays, même si, comme vous le savez, j'ai de nombreuses critiques contre la Charte Fondamentale, tout en soulignant que tant qu'elle existe, il faut en respecter les principes.

Mais je vous le dis et je vous le répète : en tant que femme politique consciente et responsable, je demeure ouverte et disponible pour toute recherche d'une solution adéquate à la crise présente à condition qu'elle ne soit pas imposée, qu'on me considère comme une partenaire et qu'elle ne s'écarte pas trop de la légalité.

Pour terminer, je fais un appel au Président Préval pour lui demander de mieux terminer son mandat, qu'il s'appuie sur ce qu'il conserve de patriotisme et de sens de l'Etat pour qu'il ne soit pas coupable envers la nation pour des décision inappropriées que ses amis et lui seraient tentés de concocter. Il est encore temps pour qu'il se ressaisisse !

Mirlande Manigat
Candidate à la présidence de la République d'Haïti.
Tel : (509) 3561 - 9430
E-mail: mhmanigat@yahoo.fr

dimanche 19 décembre 2010

Resistance et Dialogue – Dialoguer et Résister

NDCDP-Politique.- Cette note a été écrite par Micha Gaillard, un mois et demi avant sa mort tragique le 12 janvier 2010

Par Micha Gaillard
23 novembre 2009


Mon intuition et mes réflexions à date m’inclinent à pronostiquer que le chemin dans lequel s’engage le Président René Préval, au lieu de garantir la stabilité chère au chef de l’Etat, risque plutôt de conduire le pays vers une nouvelle aventure néfaste pour les institutions, le peuple et la nation en général. Par ailleurs, les membres et sympathisants des partis politiques et des organisations de la société civile qui manifestent leur désapprobation par rapport à ce que le Président échafauderait, ne montrent pas encore de signes clairs de rupture avec un système conçu pour davantage satisfaire les intérêts personnels, de clans que ceux de la communauté.

Une grande manœuvre pour une stabilité « made in Préval »

A mon avis, Monsieur Préval, par la position attractive dont jouit le Président de la République en Haïti, voudrait assurer la victoire de ses candidats aux prochaines législatives. Il est au centre de la grande manœuvre qui (1) a commencé par le renvoi de la trop indépendante Michelle Pierre-Louis de la tête de la Primature et son remplacement par un Premier ministre connu davantage pour ses capacités de grand technocrate que de politicien madré (2) par la création d’une nébuleuse plateforme électorale présidentielle qui, à moyen terme, aura à se transformer en un parti politique « melting-pot » pour ne pas dire « fourre-tout » ; (3) par la mise en place, de la tête au pied, d’une machine électorale non indépendante ; (4) par l’utilisation, si nécessaire d’une partie de l’appareil d’Etat (certains ministres, certains délégués départementaux, vices-délégués, maires, CASECs, juges de paix, commissaires de gouvernement, parlementaires sortants…) chargée de conduire les prochaines élections vers un résultat déterminé ; (5) par le soutien d’une frange du secteur privé, souchée au palais quelqu’en soit son locataire, qui financera les candidats que le Président désirera voir au parlement et ce (6) avec une communauté internationale silencieuse car « respectueuse des choix des institutions haïtiennes ». Pauvre Haïti !

Des intérêts supérieurs, moyens et élémentaires à satisfaire

Si tout se passe comme prévu, les « élections-sélections » terminées, une large majorité au Parlement devrait assurer la retraite politique paisible du Président ou lui donner la possibilité d’exercer une forte influence politique en dehors (ou en dedans ?) du pouvoir. Malheureusement, en retour, cette manœuvre risque de compromettre la démocratie et le développement du pays. Les acteurs politiques sortis de « ces urnes » auront d’abord à satisfaire les grands intérêts des hommes et des femmes d’affaires ayant « investi » en eux, ensuite à combler leurs propres intérêts et ceux des grands commis de l’Etat qui tous deux ne demandent que de vivre décemment et enfin à penser aux besoins de survie des cadres moyens et du petit personnel de l’Administration publique. Je n’irai pas dire comme Jean Dominique en un autre temps : « Bon appétit, Messieurs !» car je comprends que dans un pays qui ne crée pas de richesses, l’Etat étant le principal pourvoyeur de revenus, il soit sujet de tant d’attention ...

Complicité de démocrates et de la Communauté internationale

Et la nation, le peuple dans tout cela me direz-vous, que deviennent-ils ? Ils risquent tout simplement de passer aux oubliettes. Je crois pourtant que mes compatriotes, parties prenantes de cette triste manœuvre, sont sincèrement persuadés que la voie dans laquelle ils se sont engagés est la plus efficace pour délivrer un minimum à la population. Se rendent-ils compte qu’ils se mentent à eux-mêmes ? Ils ne comprennent pas qu’ils sont en train de pérenniser un archaïque système bloqué et contesté qu’il faille impérativement remettre en cause et ce le plus tôt possible.

Je suis d’autant plus contrarié de penser ainsi car bon nombre de démocrates et de progressistes, connus comme tels dans un passé encore récent, se sont embarqués dans ce projet sans pour autant manifester, du moins publiquement, certaines inquiétudes. De même, l’aveuglement ou la politique de l’autruche de la plus grande partie de la communauté internationale parait déroutant. Cela est plus compréhensible pour elle vu que son personnel est sans arrêt remplacé sur la scène politique. Il ne peut donc comprendre qu’un scenario « déjà-vu » anti-démocratique, anti-progressiste est en train de se déployer sous ses yeux …

Une Alternative réellement de rupture

Une Alternative sérieuse doit être pensée et construite afin d’offrir à la population l’espoir (le vrai) que ses prochains dirigeants vont réellement s’attaquer au système et se pencher sur ses besoins. Ce qui se passe ces dernières années au sein des partis politiques, étalant leurs divergences dans les medias sur des sujets ne concernant pas la population , fait dire à celle-ci dépitée, que les hommes et les femmes politiques s’occupent de leur propre affaire et non de son avenir.

Aussi, il est souhaitable, également, que le spectacle de cette kyrielle de candidats à la présidence soit traité au sein de cette Alternative en formation et non sur la place publique. Et que cette place soit plutôt le lieu de débat sur une vision, un projet de société et un programme pour l’atteindre. De même, le choix des candidats au Sénat et à la Chambre des députés devrait rompre avec une tradition qui consiste à offrir une bannière à des personnalités locales qui, arrivées au Parlement, défendent leur propre ligne politique et non celle établie par la direction du parti. L’exemple du Bloc parlementaire CPP (Concertation des Parlementaires Progressistes) est révélateur : élus sous différentes bannières, leurs membres se regroupent pour offrir une majorité négociable au locataire de la Primature puis à celui du Palais national. A quoi sert donc un parti politique si ses élus au Parlement ne respectent pas la ligne de l’organisation et vont recevoir les consignes au Palais ?

Que la réalité contredise mon « Filtre » d’analyse

J’écris ces lignes avec en tête plus de vingt ans d’expériences, d’observation et d’analyse continue de la situation politique et sociale d’Haïti. J’aurais bien aimé me tromper sur ce que je viens d’exprimer en particulier sur les manœuvres du Chef de l’Etat et ne pas péremptoirement déclarer que « les mêmes causes entrainent les mêmes effets , donc … » D’autant plus, j’ai appris récemment (mieux vaut tard que jamais) que ce n’est pas la réalité que notre cerveau saisit mais plutôt notre interprétation de cette réalité, filtrée en fonction des principes et valeurs qui sont propres à chacun de nous, de notre éducation formelle et informelle, de nos vécus, de ce que nos neurones ont mémorisé sur les différents événements traversés. Cette nouvelle approche a ébranlé ma formation de matérialiste[i].

J’ai bien envie de ne pas généraliser et de mal interpréter cette manœuvre présidentielle ; je souhaite être démenti ! Mais en attendant, il ne faut pas se croiser les bras. Nous devons résister et dialoguer. Résister au projet du Président Préval et en même temps forcer le dialogue avec son camp pour empêcher au pays cette éventuelle dérive. Dialoguer aussi entre nous, citoyennes et citoyens, pour bâtir une réelle Alternative en rupture avec l’ordre et les pratiques établis.

Micha Gaillard

23 novembre 2009
______________________________
[i] Pour en savoir plus consulter la littérature sur la Programmation Neuro-Linguistique (PNL).


LETTRE OUVERTE À MIRLANDE H. MANIGAT ET À MICHEL J. MARTELLY

Henri J. Piquion
18 décembre 2010


Madame, Monsieur,

Le 29 novembre 1987 notre pays devait faire l’expérience des premières élections post-dictatoriales. Il sera inscrit dans les livres d’histoire que ces élections se sont terminées dans le sang. Le 28 novembre 2010 notre pays devait faire l’expérience des dernières élections de l’ère des horreurs. Il sera inscrit dans les livres d’histoire que les massacreurs d’idéaux que sont les responsables du gouvernement et du Conseil Électoral ont trouvé que le pays n’avait pas besoin de vraies élections, que le pays n’avait pas besoin de mettre fin à sa descente aux enfers par étapes successives d’amnésie et de regrets.

Si le père lebrun a presque fait oublier et regretter Fort Dimanche, si la vacuité intellectuelle et morale de René Préval a fait dire à plus d’un qu’après tout Aristide assassinait à visage découvert, de même a-t-on pensé dans les cercles du gouvernement et du Conseil Électoral que Jude Célestin peut creuser si profondément encore le puits de notre indignité que nous en finirons par regretter Préval sous le prétexte qu’il n’était qu’une étape dans le perfectionnement de l’alliage de l’incompétence et de la cruauté. Si Jude Célestin devait devenir Président de la République d’Haïti, nous nous surprendrions à souhaiter le retour de Préval, d’Aristide, de Jean-Claude, de François, de l’occupation (celle de 1915) et même de l’esclavage.

C’est aussi pourquoi, car il y a d’autres raisons, il ne peut y avoir recomptage. C’est pourquoi IL NE PEUT Y AVOIR 2ÈME TOUR À DEUX AVEC JUDE CÉLESTIN. Tout recul sur ces deux points est une façon d’avaliser par la bande les fraudes du 1er tour qui n’en a pas été un, et surtout d’accepter à l’avance la victoire appréhendée de Célestin dans un 2ème tour qui n’en sera pas un.

Parce que le pouvoir est parfois empoisonné et souvent sale nous ne devons pas en faire une fin alors qu’il ne doit jamais être autre chose qu’un moyen pour servir une communauté, une nation, un peuple. Les exigences de la moralité politique et de l’éthique imposent aux deux plus importants candidats à la présidence que vous êtes de rejeter le 1er tour sans nuances au profit d’élections générales dans d’autres conditions de supervision. L’alternative est de laisser le gouvernement et le Conseil Électoral nommer et installer Jude Célestin le 7 février prochain sans valider la farce en y participant. Soyez assurés que malgré la MINUSTHA complice et assassine le peuple haïtien verra à faire du fauteuil présidentiel un siège éjectable dont les occupants se retrouveront bien vite en Afrique du Sud en compagnie de leur père spirituel.

Madame, Monsieur,

Il y a trop à faire que vous pouvez faire, et le pays a trop besoin de vous pour qu’il ne s’attriste pas déjà à l’idée que vous risquez de perdre toute crédibilité et surtout son estime parce que l’impatience légitime de le servir vous aura fait « dansé collé » avec Préval, Célestin et compagnie.

Il y a trop à faire que vous pouvez faire et le pays a besoin de vous :

Il y a le choléra. Des Haïtiens meurent chaque jour du choléra népalais sans que le gouvernement, à part mentir sur le nombre réel des victimes, n’a manifesté aucun intérêt pour leur sort. La vision surréaliste d’un homme traînant le cadavre de son beau-père au bout d’une longue corde nous a fait comprendre concrètement que le mot pestiféré désigne celui dont on ne doit s’approcher que de la longueur d’une corde, la plus longue possible. Les Haïtiens sont des pestiférés les uns pour les autres par la grâce des Népalais, par la grâce de la MINUSTHA, par la grâce de Gérard Latortue. Pour que cela change il nous faut des gouvernants en mesure, non seulement de trouver et d’appliquer des solutions techniques au choléra, mais surtout ayant la légitimité et le courage patriotique requis pour en déchouquer toutes les racines népalaises. J’ai la naïveté de croire, Madame, Monsieur, que vous pouvez le faire alors qu’il ne fait de doute pour aucun Haïtien que Célestin ne s’intéressera au choléra que dans l’unique mesure où il générera de l’argent à détourner.

Il y a les villages de tentes à l’intérieur des villes. Combien y-a-t-il de gens à relocaliser et à loger? Les relocaliser, ce n’est pas les envoyer mourir n’importe où avec quelques gourdes en poche. C’est d’abord savoir qu’ils sont en grand nombre les descendants des paysans que Duvalier dans sa folie a fait kidnapper, empiler dans des camions, emmener à Port-au-Prince où ils ont été soûlés, drogués, les femmes violées afin qu’ils crient « Vive Duvalier, Vive Papa Doc » avant d’être abandonnés dans la ville où ils ont fini par s’installer dans le vagabondage, la prostitution, la délinquance et bien vite la criminalité politique. De petits « cagoulards » ils sont devenus « macoutes » avant de graduer « chimères ». Aujourd’hui sous les tentes, dans la promiscuité des cités Préval-Bellerive, ils n’ont ni passé, ni présent. Vous pouvez quand même croire qu’ils rêvent d’un avenir car c’est ce qui fait leur humanité malgré la misère. Ils rêvent parfois de la terre où ils seraient nés, où ils auraient grandi si leurs grands-parents n’en avaient pas été arrachés par Duvalier. En attendant qu’ils puissent être relocalisés selon leurs rêves dans le cadre d’un vaste programme d’enquêtes et de revalorisation de terre et du travail agricole, il faut au moins diminuer l’entassement et la promiscuité en leur offrant des activités dont la rémunération ne sera pas seulement que monétaire, mais pour lesquelles ils se paieront eux-mêmes dans la reconstruction de leur personnalité et de leur dignité. J’ai la naïveté de croire, Madame, Monsieur, que vous pouvez le faire alors qu’il ne fait de doute pour aucun Haïtien que Célestin ne s’intéressera aux réfugiés du tremblement de terre que dans l’unique mesure où ils seront sources d’argent à détourner.

Si je devais faire la liste de la moitié des problèmes qui attendent nos futurs gouvernants les lecteurs de cette lettre ouverte risqueraient de déclarer qu’il y a trop donc rien à faire et que le pays est foutu. Fort heureusement vous connaissez les dossiers du pays, et mieux que moi j’ai eu l’occasion de le constater comme celle de me convaincre que vous pouvez y faire face avec apparemment autant de bonne volonté et de patriotisme l’un que l’autre. Avec dans un cas une compétence reconnue depuis toujours, et dans l’autre une sensibilité et une disponibilité qui ont forcé des observateurs nationaux et étrangers à réviser certains de leur jugements. Je précise que la compétence et la sensibilité ne sont pas des qualités exclusives l’une de l’autre ni chez l’un ni chez l’autre.

C’est pour cela d’ailleurs que je m’adresse à vous pour vous faire la remarque que la présente conjoncture marque la fin de quelque chose sans être pourtant le début d’autre chose. Il ne tient qu’à vous qu’il en soit autrement.

Patriotiquement vôtre.

Henri J. Piquion
18 décembre 2010

samedi 18 décembre 2010

Haiti-Élections : Publication définitive des résultats du premier tour reportée, selon divers médias

Source: alterpresse.org, samedi 18 décembre 2010

P-au-P., 18 déc. 2010 [AlterPresse] --- Le président haïtien, René Préval, a demandé au Conseil Électoral Provisoire (CEP) de surseoir à la publication, initialement prévue le 20 décembre, des résultats définitifs des élections présidentielles et législatives du 28 novembre, entachées d’irrégularités et de fraude, annoncent les médias haïtiens.

Le chef de l’État a pris cette décision sur demande de l’Organisation des États Américains (OEA), indiquent les mêmes sources. L’organisation hémisphérique a demandé que les résultats ne soient pas publiés avant tout recomptage des voix.

Le Secrétaire général adjoint de l’OEA, Albert Ramdin, a effectué une visite cette semaine en Haïti, où il a rencontré le président Préval et d’autres personnalités politiques.

Selon Ramdin, cité par les médias haïtiens, Préval a décidé de requérir du CEP la non-publication des résultats définitifs, puisque l’OEA n’a pas pris part au processus de vérification, décidé par l’institution électorale.

Dans un communiqué transmis ce 18 décembre à AlterPresse, la Mission d’Observation Électorale Conjointe OEA/CARICOM (MOEC) souligne que la Commission spéciale de vérification « ne s’est pas concrétisée ».

Entre-temps, Préval a demandé à l’Organisation hémisphérique d’envoyer deux nouvelles missions en Haïti pour aider aux tâches de vérification des résultats.

Selon le communiqué, le CEP a confié à la MOEC qu’il « s’est trouvé dans l’obligation de surseoir à la mise en place de la Commission qu’il se proposait de créer afin de prévenir toute éventuelle duplication entre le mandat de celle-ci et celui de la mission commandée par le Chef de l’Etat ».

En ce qui concerne la période de contestation qui a pris fin mercredi, l’OEA a noté que « plusieurs (contestations présentées) sollicitent l’annulation du processus électoral sur la base que les irrégularités, les cas de violence et la fraude ont entaché le premier tour des élections en privant de nombreux électeurs d’exercer leur droit de vote ».

La mission de l’OEA a réitéré sa demande au CEP « afin que (…) ces plaintes soient traitées avec la transparence, la rigueur et l’équité qu’elles méritent ».

Le pays est plongé dans une crise depuis la proclamation des résultats préliminaires des élections, violemment rejetés par la population lors d’émeutes qui ont fait au moins 4 morts.

Selon les données officielles, Mirlande Manigat est arrivée en première position dans les résultats avec 31,37 % des voix contre 22.48 % au candidat officiel Jude Celestin. En troisième position figure le chanteur Michel Martelly, qui a remporté 21,84 % des voix. [gp apr 18/12/2010 19 :00]

Haïti: l'OEA demande un report de l'annonce des résultats du premier tour

Source: google.com
AFP, 17 décembre 2010

WASHINGTON — L'Organisation des Etats américains (OEA) a annoncé vendredi avoir demandé au président haïtien René Préval que les résultats définitifs du premier tour de la présidentielle ne soient pas publiés avant recomptage et assuré que le chef de l'Etat avait donné son accord.

Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, "a discuté avec le président Préval et demandé un report de l'annonce des résultats définitifs" du premier tour, a déclaré à l'AFP le secrétaire général adjoint de l'Organisation, Albert Ramdin.

"Le président a dit qu'il était d'accord pour demander au CEP (Conseil électoral provisoire, ndlr) de ne pas annoncer de résultats tant que l'OEA n'avait pas participé au processus de vérification des résultats", a-t-il ajouté.

Le premier tour de l'élection présidentielle, marqué par des incidents et des accusations de fraudes, s'est tenu le 28 novembre. Le Conseil électoral a publié des résultats préliminaires le 7 décembre. Cette première publication a ouvert une période de recours à l'issue de laquelle les résultats définitifs devaient être publiés le 20 décembre.

Mais, les nombreuses accusations de fraudes électorales qui ont été portées par différents candidats ont amené les autorités haïtiennes à mettre en oeuvre une procédure de recomptage et à demander à l'OEA de la chapeauter.

Le second tour doit avoir lieu le 16 janvier.

L'OEA a commencé à préparer la mission de recomptage des voix et ses équipes pourraient se rendre à Port-au-Prince en début de semaine, a indiqué M. Ramdin. Néanmoins l'OEA, qui travaille conjointement avec les pays du Marché commun de la Caraïbe (Caricom), ne se rendra pas en Haïti si l'annonce des résultats définitifs du premier tour n'est pas reportée comme elle le demande.

"Cela n'a pas de sens de vérifier les résultats si ces derniers sont déjà définitifs", a expliqué Albert Ramdin.

Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservés.

vendredi 17 décembre 2010

Haiti-Élections : Myrlande Manigat prête pour le second tour

Source: alterpresse.org,vendredi 17 décembre 2010

Port-au-Prince, 17 déc. 2010 [AlterPresse] --- La candidate à la présidence Myrlande Manigat, arrivée en tête dans les résultats préliminaires du premier tour des élections du 28 novembre, a annoncé ce 17 décembre qu’elle est prête à prendre part au second tour et rejette les solutions « préfabriquées » proposées pour résoudre la crise née de ce scrutin entaché de fraude.

« Je n’ai aucune solution personnelle » à la crise électorale qui affecte le pays depuis la publication des résultats préliminaires le 7 décembre, « mais je suis prête pour le second tour », déclare Myrlande Manigat, lors d’une conférence de presse.

La candidate démocrate-chrétienne rejette plusieurs propositions qui sont communiquées à travers les médias pour tenter de trouver une solution à la crise.

On parle notamment d’un second tour avec 3 candidats au lieu de 2 ou d’un second tour avec l’ensemble des 18 candidats à la présidence, alors que le Conseil Électoral Provisoire (CEP) avait annoncé la mise en place d’une commission de vérification.

Myrlande Manigat déclare que le candidat « qu’on mettra en face » d’elle pour le second tour doit refléter le « vote populaire ». « Le peuple sait qui il a voté », martèle-t-elle.

Arrivée en tête du premier tour avec 31,37 % des voix, selon les résultats provisoires, la candidate déclare opter pour une solution « rapprochée de la constitution ».

Selon Manigat, les solutions proposées ne sont pas conformes à la constitution qui « donne la solution », souligne-t-elle.

Aussi, elle invite à la méfiance face aux solutions dites « politiques » qui sont des solutions de la « raison d’État ». « C’est la solution la plus arbitraire », juge-t-elle.

La candidate rejette également l’idée de la formation par le CEP d’une commission en vue du recomptage des procès verbaux.

« Cette commission n’est pas basée sur la loi… la loi ne donne pas la permission de former une pareille commission », souligne la candidate.

« Comptez et recomptez, mais ne marcher pas sur le vote du peuple », met-elle en garde, en invitant à la raison les autorités chargées de trouver une solution à la crise.

Elle se dit « disposée et disponible » pour toute concertation en vue de trouver cette solution, mais écarte par avance « toute solution préfabriquée ».

Par ailleurs, la période de contestation que le CEP avait ouvert le lundi 13 décembre a pris fin mercredi. Seulement trois candidats à la présidence ont déposé des dossiers de contestation. Il s’agit de Jude Célestin, candidat du parti Inite au pouvoir arrivé en 2e position avec 22,48 % des voix, Michel Martelly candidat de la plateforme Repons Peyizan (Réponse Paysanne), arrivé 3e avec 21,84% des voix et Charles Henri Baker, candidat du parti RESPÈ (Respect), 6e avec 2,38% des voix ont fait des contestations. [rh gp apr 17/12/2010 15 :00]

jeudi 16 décembre 2010

Haïti-élections 2010/LCDP-Maths appliquées/ Un second tour à trois ?

Amies et amis internautes,

J'ai publié sur Le Coin de Pierre-Mathématiques appliquées, l'article suivant:

Haïti-élections présidentielles 2010-2011/Un second tour à trois ?.

Certaines parties de ce travail sont un peu techniques. Je vous prie de m'en excuser.

Mais je suis certain que vous saisirez aisément l'essence de mon propos.

Bonne lecture.

Prière de faire circuler l'article parmi vos connaissances.

Dr. Pierre Montès

mardi 14 décembre 2010

Haïti, vous avez un problème!

Par Raymond Giroux
Le Soleil, Québec
Source: cyberpresse, 14 décembre 2010 à 05h00

(Ottawa) Haïti, vos amis commencent à s'impatienter. J'espère qu'un responsable politique quelconque, à Port-au-Prince, avait l'oeil sur la visite de Hillary Clinton à Wakefield, dans une auberge québécoise à 30 minutes du parlement canadien, hier.

Et j'espère que les membres de l'élite haïtienne, qui ignoraient les besoins de la population même avant le tremblement de terre de janvier dernier, liront la déclaration finale de cette rencontre entre Mme Clinton et ses homologues du Mexique, Patricia Espinosa, et du Canada, Lawrence Cannon.

Nul besoin de lire entre les lignes, ce qui est écrit noir sur blanc et les paroles prononcées clairement donnent l'heure juste : «Les acteurs de la scène politique haïtienne doivent s'acquitter de leurs responsabilités», leur a dit M. Cannon.

Et cela, ils ne le font pas plus aujourd'hui que l'an dernier.

L'aide internationale tarde à se rendre aux principaux intéressés, sur le terrain. Pendant quelques mois, les pays amis d'Haïti ont avalisé le thème du respect de la souveraineté de ce pays même après la catastrophe.

Ceux qui ont suivi la conférence des donateurs à Montréal, ce printemps, se montraient abasourdis devant cette exigence ferme de ce qui restait du gouvernement local, et de l'absolu manque de résistance de la communauté internationale face à ces velléités.

Il était déjà visible que les autorités légales n'avaient aucune capacité d'agir. Mais il fallait respecter le processus politique normal et croire en la possibilité d'élections honnêtes dans le cadre du calendrier prévu.

L'expérience est concluante, les élections ont donné un improbable deuxième tour dont fait partie le protégé du président sortant René Préval, totalement déconsidéré dans son pays.

Le Canada offre ses services pour vérifier un recomptage électoral. Les États-Unis aussi, mais y croit-on vraiment, à ce recomptage?

Les observateurs internationaux tout comme les journalistes sur le terrain ont croisé des dizaines d'électeurs incapables de voter, et vu des urnes bourrées de votes. Recompter les mêmes votes ne servira à rien, la fraude a été commise en amont.

Mme Clinton a dressé un portrait fort sombre de la situation, alimenté peut-être par les comptes rendus personnalisés de son mari, l'ancien président Bill Clinton, actuellement émissaire spécial des Nations unies pour Haïti.

Défis humanitaires, défis économiques, défis électoraux aigus, rien ne manquait de sa description.

Elle a même ajouté qu'il était difficile de choisir une priorité entre tous ces défis et manifesté sa frustration constante devant le manque de réformes cohérentes de la part du gouvernement de Port-au-Prince.

«Même affaibli, le gouvernement doit faire plus d'efforts, a-t-elle dit. Nous attendons plus de sa part.»

Mais pas question encore de couper l'aide comme le suggère un influent sénateur démocrate, Patrick Leahy. «Nous ne voulons pas punir le peuple haïtien», a-t-elle répliqué.

Mais attention, le sénateur Leahy représente un important secteur de l'opinion et soutient justement par principe les programmes d'aide internationale. Si un vent mauvais souffle de ce côté, les Haïtiens ont matière à s'inquiéter.

Pas de progrès économique dans ce pays sans stabilité gouvernementale, a lancé M. Cannon après la rencontre. La communauté internationale ne peut pas tout faire en Haïti.

L'élection devait relancer le pays, en théorie. Dans les faits, elle l'a enfoncé un peu plus dans la misère.

Le mot tutelle fait partie des tabous dans ce dossier. Mais elle vaudrait mieux que la rupture et l'abandon, et la saison de la chasse aux idées pour sortir les Haïtiens de la dèche reste ouverte, pour le moment.

lundi 13 décembre 2010

Haïti dans l'impasse politique

Source: lefigaro.fr, lundi 13 décembre 2010
Par Maeva Bambuck

Les candidats qui dénoncent les résultats de la présidentielle sont contre un recompte.

Un calme précaire régnait en Haïti cette fin de semaine après le rejet, par deux des trois candidats en tête de liste de la présidentielle, d'une commission de vérification des procès-verbaux. Celle-ci devait recompter à partir de lundi les résultats publiés par chaque bureau de vote à la suite du premier tour de l'élection tenu le 28 novembre dernier, afin de tirer au clair les allégations de trucage, et apaiser les manifestants qui avaient paralysé Port-au-Prince et plusieurs grandes villes haïtiennes la semaine dernière.

Le candidat Michel Martelly, que les résultats placent en troisième position, a 0,64% de voix du premier tour, considère la mise en place de cette commission illégale et insuffisante. Il a indiqué dans un communiqué que seule l'annulation totale des procès-verbaux et un recompte des bulletins de vote lui seraient satisfaisants. Son rejet est appuyé par Mirlande Manigat, candidate arrivée en tête avec 31,37% des voix, pour qui la procédure de vérification proposée par le conseil électoral est trop floue.


Les diplomates en quête d'un plan B

La commission prévoyait un droit de regard des trois partis politiques en tête de liste, sur le travail de ses 7 membres, issus notamment de groupes d'observateurs haïtiens et internationaux. Mais la commission n'est pas prévue par la loi électorale, et très peu d'information sur son fonctionnement n'a été donnée jusqu'ici. Si l'impasse persiste, elle pourrait replonger le pays dans l'insécurité qui a fait plusieurs morts la semaine passée. De violentes émeutes ont paralysé la capitale et plusieurs villes de province pendant les deux jours et trois nuits qui ont suivi l'annonce des résultats préliminaires. Les supporteurs du chanteur Michel Martelly sont descendus dans la rue pour contester les résultats, et se sont affrontés avec la police et les Casques bleus de la mission onusienne en Haïti.

Selon l'ambassadeur de France en Haïti, Didier Le Bret, des solutions d'urgence auraient déjà été évoquées dans le milieu diplomatique pour éviter que le pays ne sombre dans une crise politique. Notamment trois alternatives auraient été proposées par la conférence épiscopale d'Haïti, qui reviendraient à soit mettre en place un gouvernement technocratique jusqu'à l'organisation d'un nouveau scrutin, soit transformer le second tour prévu le 16 janvier en élection à tour unique où seraient invités tous les candidats. La troisième solution viendrait à inviter le troisième de liste, Michel Martelly, à participer au second tour.

La loi électorale prévoit d'ailleurs un second tour à 3 candidats, si le pourcentage de voix qui le séparent de la deuxième place est négligeable. Bien que cette solution soit déjà populaire dans les rues de Port-au-Prince, elle exclurait les 16 autres candidats.

Des observateurs haïtiens sous la bannière de la société civile s'accordaient ce week-end pour appeler les acteurs politiques à la table de négociation, pour éviter que les émeutes viennent à nouveau paralyser le pays.
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Lire aussi l'article: Le Canada aidera à rétablir l’ordre si nécessaire, sur canoe.ca.

dimanche 12 décembre 2010

Haïti-crise politique/ Proposition d'une solution de sortie de crise

LCDP-Politique suggère bien humblement une solution à la crise politique créée par le pouvoir en place dirigé par le Président René Préval.
  1. Le Président René Préval accepte de démissionner immédiatement et se retire dans ses terres à Marmelade.
  2. Un Président provisoire remplace le Président démissionnaire René Préval. Il s'agira du Président de la Cour de cassation. Il aura pour mandat l'organisation des élections générales et la gestion des affaires courantes. La durée de son mandat ne doit pas dépasser six (6) mois et le coût des élections générales sera défrayé par l'État haïtien sans aucune aide pécuniaire étrangère.
  3. Le premier acte du Président provisoire sera l'annulation des élections du 28 novembre 2010, le renvoi du CEP actuel et la formation d'un Conseil des sages.
  4. Le Conseil des sages aura une double mission: dans un premier temps sélectionner un nouveau Premier ministre provisoire et, dans un deuxième temps, sélectionner les membres d'un nouveau Conseil électoral provisoire. Le Conseil des sages sera dissous, une fois sa double mission achevée.
  5. Le Président provisoire en consultation avec le Premier ministre nomme un Gouvernement provisoire composé d'un nombre restreint de Ministres et de Secrétaires d'État.
  6. Les candidats ayant pris part aux élections du 28 nombre 2010 seront admis à participer aux nouvelles élections générales.
  7. Le nouveau Président définitif entrera en fonction le 15 mai 2011.

samedi 11 décembre 2010

Haïti-élections/ Note de Presse des organisations engagées dans l'observation des élections du 28 novembre 2010


NOTE DE PRESSE
10 Décembre 2010.

Les Organisations signataires de la présente, engagées dans l’observation électorale constatent avec satisfaction le crédit que le peuple haïtien et les instances qui suivent de près le déroulement des élections accordent à l’observation nationale indépendante. Elles constatent également la vigueur dont fait preuve le peuple haïtien dans la défense de son vote et de l’intégrité du processus électoral.

La détermination de la population haïtienne à défendre ses droits est aujourd’hui manifeste et ne laisse aucun doute à personne. Les organisations signataires estiment que le moment est venu pour passer a la table de négociation, une negociation franche, honnête, qui considère les intérêts de toutes les parties en présence mais aussi et surtout qui prend en compte le bien commun, le bien de notre nation, qui fait face aujourd’hui a des menaces d’une extrême gravité.

Dans ce sens, elles prennent acte du communiqué du Conseil Electoral Provisoire faisant état de la création d’une commission mixte pour la vérification des procès verbaux. Elles estiment toutefois que cette proposition ne suffit pas pour nous conduire à une éventuelle sortie de crise.

D’abord, le CEP ne peut seul décider d’une mesure qui sort du cadre légal. Toute disposition de ce genre doit faire l’objet d’un dialogue, d’une concertation susceptible de déboucher sur un consensus suffisant, condition indispensable pour aboutir à des résultats acceptés par tous et pour une mise en œuvre réussie. La présence des observateurs nationaux est nécessaire dans le cadre de cette concertation. Les candidats et les partis politiques doivent aussi participer à ce dialogue et faire valoir leur point de vue.

Par ailleurs, ces vérifications ne peuvent concerner uniquement les trois candidats à la présidence qui auraient recueilli le plus grand nombre de voix. Toutes les contestations doivent être entendues aussi bien pour les législatives que pour les présidentielles.

Cette vérification doit enfin aller en profondeur et tenir compte de tous les facteurs qui au cours de la journée du scrutin, auraient pu altérer la volonté exprimée par les électeurs.

Tout en présentant leurs sympathies à tous ceux qui d’une façon ou d’ une autre ont été victimes au cours des récentes manifestations, les organisations signataires espèrent vivement que tous ceux qui ont une responsabilité dans ce processus électoral, feront cette fois preuve de sagesse et de patriotisme et sauront placer le bien de la nation au dessus de leurs intérêts personnels.

Suivent les signatures :

Conseil National d’Observation Electorale : (CNO)
Initiative de la Société Civile : (ISC)
Conseil Haïtien des Acteurs Non Etatiques (CONHANE)
Réseau National De Défense des Droits Humains (RNDDH)
Centre d’Education, de Recherches et d’actions en Sciences Sociales et pénales (CERESS)
Mouvman Fanm Aktif Kafou (MOFKA)

Haïti-élections 2010: Mirlande Manigat ne veut plus d'un nouveau comptage des voix

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Madame Mirlande Manigat, candidate à la présidence d'Haïti, photo: AFP.

Source: cyberpresse.ca, 10 décembre 2010 à 23h46

Agence France-Presse
Port-au-Prince

Mirlande Manigat, la candidate à la présidence d'Haïti arrivée en tête du premier tour du scrutin, a indiqué vendredi qu'elle ne voulait plus un nouveau comptage des voix proposé par le Conseil électoral haïtien.

La candidate, qui dit avoir pris acte de la proposition du CEP portant sur la vérification des procès-verbaux liés à la présidentielle du 28 novembre 2010, a indiqué ne plus vouloir s'associer à cette opération.

«À l'analyse, il résulte que ce communiqué n'indique ni la date ni l'heure d'une éventuelle invitation des intéressés, ni surtout la procédure envisagée pour une telle opération. Dans ces circonstances, la candidate regrette de ne pouvoir s'associer à une pareille démarche», dit le communiqué signé des avocats de Mme Manigat.

La publication mardi des résultats du premier tour a soulevé la colère des partisans du très populaire chanteur Michel Martelly arrivé en troisième position donc non classé pour un second tour.

Mme Manigat a toutefois indiqué qu'elle «demeure ouverte à toute initiative pouvant favoriser un dénouement de la crise, pourvu que la solution soit empreinte de transparence et de légalité».

De son côté, M. Martelly a également exclu vendredi de participer aux opérations de nouveau comptage des voix, jugeant qu'elles constituaient un «piège».

«Nous avons un gros problème avec le recomptage des voix dans la mesure où pas moins de 3000 procès-verbaux frauduleux ont été ajoutés. Ils n'auraient pas dû être comptés», a déclaré M. Martelly dans un entretien avec l'AFP.

«Je ne veux pas faire partie de ça», a déclaré Martelly. «Ils ont organisé la fraude et je suis convaincu qu'ils sont prêts à tout pour rester au pouvoir. C'est un piège», a-t-il dit.

vendredi 10 décembre 2010

Leahy Calls For Freeze Of Funds To Haiti’s Central Government And Of Travel Visas For The Government’s Leaders

Source: leahy.senate.gov

Leahy Calls For Freeze Of Funds To Haiti’s Central Government And Of Travel Visas For The Government’s Leaders Who Are ‘Trying To Subvert The Will Of The People’
December 10, 2010


[(FRIDAY, Dec. 10) -- U.S. Senator Patrick Leahy (D-Vt.) Friday said he has urged the Obama Administration to withhold funding to the central government of Haiti, and to suspend visas for travel to the United States by senior Haitian Government officials and their immediate family members, until necessary steps are taken to ensure a fair and democratic outcome to the elections held on November 28, 2010. Leahy chairs the Senate Appropriations Committee’s Subcommittee on The State Department and Foreign Operations, which handles the Senate’s work in funding foreign assistance, including aid to Haiti, and the State Department’s budget. Leahy also chairs the Senate Judiciary Committee, which handles immigration policy issues. Leahy released the following statement:]


As if Haiti did not have enough problems, now, once again, those in power there are trying to subvert the will of the people. The United States must come down squarely in support of the Haitian people’s right to choose their leaders freely and fairly. By suspending direct aid to the central government and visas for top officials and their immediate family members, the United States would be sending that message. This process needs to bring about a legitimate government respected by the Haitian people and recognized by the international community.”

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jeudi 9 décembre 2010

La catastrophe électorale

Par Agnès Gruda
La Presse
Source, cyberpresse, 09 décembre 2010 à 06h52

Le député québécois Benoît Charette a passé les jours qui ont suivi les élections haïtiennes du 28 novembre dans un hangar industriel de Port-au-Prince, transformé pour l'occasion en «centre de tabulation du vote.»

Muni de bidules qui rendraient jaloux bien des directeurs d'élections dans des pays développés, dont des lecteurs optiques permettant d'identifier chaque électeur au moyen d'un code-barre, ce centre a traité les «procès-verbaux» où sont compilés les résultats des élections de tous les bureaux de vote. But de l'opération: déceler la fraude.

Membre d'une mission d'observation de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Benoît Charette a passé en revue des centaines de ces procès-verbaux. Et devinez quoi: ce qu'il y a vu ne correspond absolument pas aux résultats officiels annoncés mardi soir.

Selon ses observations, le chanteur Michel Martelly devance les autres candidats à la présidence dans la capitale. Ailleurs au pays, il y a une lutte serrée entre Michel Martelly et Mirlande Manigat. Quant au candidat du régime, Jude Célestin, il se classe en troisième position, loin derrière les deux favoris, assure Benoît Charette.

Imaginez donc sa surprise à l'annonce des résultats préliminaires, qui donnent la deuxième place à Jude Célestin et lui permettent d'accéder au deuxième tour contre Mirlande Manigat.

Le député québécois n'est pas le seul à avoir été surpris. En deux semaines de séjour en Haïti, j'ai parlé avec des dizaines de fans de Michel Martelly. J'ai suivi Mirlande Manigat dans une tournée électorale où elle était accueillie chaleureusement par ses partisans. Et j'ai assisté à des assemblées pro-Jude Célestin totalement artificielles, où de prétendus partisans ne se faisaient pas prier pour dire qu'ils allaient voter contre lui.

Mes observations sont forcément empiriques. Celles des observateurs de l'OIF restent partielles. Mais des tas d'autres signes permettent de conclure que, entre les résultats officiels et la volonté populaire, il y a un gouffre.

Le jour du scrutin, des dizaines de milliers d'électeurs n'ont pas pu aller voter parce que leur nom ne figurait sur aucune liste, ou parce qu'ils se sont heurtés à un bureau de vote fermé. Exemple: dans la région de Saint-Marc, les gens ont pu voter dans 4 des 24 centres de vote, selon Pierre Espérance, du Réseau haïtien de défense des droits humains.

Combien d'électeurs ont été ainsi privés de leur droit de vote? On l'ignore. Mais Pierre Espérance estime que c'est la majorité. Après avoir vu le chaos du 28 novembre, je n'ai aucune peine à le croire.

En plus des gens qui n'ont pas voté, il y a ceux qui ont «vendu» leur vote au plus offrant, ou ceux qui ont voté plusieurs fois dans des bureaux contrôlés par des représentants d'Inité - le parti du président René Préval.

Certains de ces votes ont été écartés parce qu'on soupçonnait une fraude. Il y en aurait près de 125 000 - soit plus de 12% de tous les votes! Mais d'autres votes douteux ont manifestement pu passer à travers les mailles du filet, favorisant systématiquement le candidat du régime.

Juste pour vous donner une idée de l'ampleur du cafouillage, voici le constat du correspondant de la BBC, Mark Doyle, qui a suivi de nombreuses élections dans des pays non développés. «Ce sont les pires élections que j'aie jamais vues», a-t-il écrit au lendemain du scrutin.

Maintenant, la question à 1 million: comment le monde doit-il réagir face à cet exercice démocratique qui n'en est pas un? Faut-il désavouer le scrutin - et admettre que des millions de dollars ont été jetés à l'eau? Ou essayer de sauver les apparences en espérant que la procédure de contestation des résultats préliminaires permettra de refouler Jude Célestin en troisième place?

C'est le pari que semble avoir fait la communauté internationale. Mais ce pari est risqué. De toute évidence, le régime est prêt à tout pour éviter que le pouvoir ne lui échappe. Tandis que la population ne fait aucunement confiance à un système qui l'a trompée d'une façon grossière.

L'explosion de colère d'hier montre que la farce électorale est sur le point de tourner à la catastrophe. La seule façon de calmer les choses serait de procéder à un nouveau dépouillement de votes, sous supervision internationale. De laisser voter les gens qui n'ont pas pu le faire. Et de reprendre le scrutin là où il n'a pas pu avoir lieu. Mais pour ça, il faudrait d'abord admettre que le vote du 28 novembre a été un lamentable échec.

Haiti's election/Whomever they voted for, the government plans to win




The Economist, Dec 9th 2010 PORT-AU-PRINCE from PRINT EDITION

MIGHT the surprising calm that pervaded Haiti for months following its devastating earthquake finally be over? On December 7th the electoral council announced preliminary results that would send the protégé of René Préval, the unpopular president, through to a run-off presidential ballot in January at the expense of a popular musician. Convinced that the government is trying to steal the election, demonstrators threw rubble, burned barricades and set fire to the ruling party’s headquarters. Airlines cancelled flights to Haiti.

The count gave 31% of the vote to Mirlande Manigat, an academic. A trembling council spokesman announced that Mr Préval’s man, Jude Célestin, a little-known but conspicuously well-financed engineer, won 22.5%, just ahead of Michel “Sweet Micky” Martelly (21.8%), a musician known for bawdy stage antics who has become a favourite among the urban dispossessed.

The United States embassy stated bluntly that the result was “inconsistent” with reports by numerous election observers. An exit poll by the National Council for Election Observation, a local watchdog which deployed 5,500 monitors, found that Mrs Manigat and Mr Martelly were easily the two top vote-getters. The United States urged the government and the council to respect the “will of the people”. So earlier did Edmond Mulet, the head of the United Nations mission in Haiti, who threatened a pull-out by foreign donors if the “people’s decision is not respected.”

But what is the popular will? Only 1.1m of a potential electorate of 4.7m managed to cast votes. “The will of those who voted? Of those who contested the vote? Or those who couldn’t vote?” pondered an editorial in Le Nouvelliste, a newspaper. Ten of the 19 presidential candidates are calling for the election’s annulment. So are many Haitians. To their welter of reasons—the exclusion of some political parties, a raging cholera epidemic and the disenfranchisement of many on voting day—they can now add an electoral council that doesn’t seem to know how to count.


mercredi 8 décembre 2010

Message de la candidate Mirlande Manigat à la Nation

Port-au-Prince, 8 décembre 2010

Ayisyen, frè-m ak sè-m,

Mwen te di nou onè lè m te vin kandida ; nou te dim respè, kom sitwayen.
Mwen vin di nou onè anko.
Nou ban m misyon poum mete tout renmen peyi m, tout kompetans mwen, tout kouraj manman pitit mwen, tout experyans mwen nan operasyon « pou sa chanje », pou sa chanje nèt al kole, pou nou koupe fache ak sa ki prale yo.
Nan eleksyon sa yo, menm jan ak apre eleksyon, gen yo dividal lot moun ki dwe pran responsabilite yo. Kanta pou mwen menm, map kenbe king alaganach avek nou ! Mwen tande chif KEP la bay yo. Yo pa koresponn ditou ak PV pa m yo. Paske dapre chif pa nou fok mwen ta pi wo lontan. Nou pral reklame dwa nou, nap envite tout moun ki gen reklamasyon pou yo fè menm jan. Pou yo fè l nan tèt frèt. Jan lalwa mande l.
Se pou tèt sa, mwen mande yon evalyasyon endepandan pou propte rezilta sa yo. Mwen espere
laverite ap djayi, ni sou kantite vwa pa-m, ni sou pa lot kandida.
Moun ki fin awoyo lan fè fwod, ak zot ki ankouraje ou byen ki fèmen je sou move rezilta yo; ya konn sa pou yo di ak konsyans yo devan yon pèp ki nan grangou, ki pa gen kay, kap mouri anba kolera, devan yon pèp ki merite tout sa ki bon, men ki nan tout malsite. Nou di moun sa yo PINGA.
Pèp sa-a, mwen redi nou li anko : li gen moun ki ka defann li, mwen, Mirlande Manigat, mwen se yonn lan yo. Nap chanje sa nèt al kole.
Map pwofite pou m voye yon gro mèsi bay tout moun ki te vote pou mwen avèk tout fikilte nou viv, tout magouy nou te reyisi kwape jou dimanch sa a.
Batay la pa ko bout, nap rete kanpe dèyè vot nou, e nou pap pedi batayla !

Ansanm ansanm ansanm, jouk nou pote laviktwa !

Pour l’Histoire et pour la Nation

Comme sénateurs, nous avons pour devoir de défendre les intérêts de la République.

Nous élevons la voix dans ce chaos créé par la volonté à tout prix de M. René Préval, malgré son impopularité, de s’accrocher au pouvoir par l’entremise de M. Jude Célestin et la détermination de l’International à nous régenter sous prétexte de promouvoir la stabilité.

De quelle stabilité nous parle-t-on, quand il était prévisible que toute élection réalisée dans les conditions qui prévalaient avant le 28 novembre 2010, allait déboucher sur cette pagaille. Il est évident que les Nations-Unies, sans peut être s’en rendre compte, ont plutôt œuvré à la déstabilisation du pays en partageant et en appuyant l’agenda de M. René Préval d’organiser des élections truquées qui ont abouti à cette débâcle. A qui profite le crime ? Une cascade de provocations et de malheurs se sont abattus sur le peuple, depuis la gestion scandaleuse de la catastrophe du 12 Janvier, en passant par l’insolite épidémie de choléra et aujourd’hui la manipulation éhontée des élections du 28 Novembre. Tout se passe comme si on s’acharnait à provoquer l’exaspération et la colère de la population pour justifier la perpétuation de la présence des troupes onusiennes en Haïti. ».

Il est de notre devoir de dénoncer cette mascarade électorale que le CEP et certains secteurs de l’International veulent nous faire cautionner. En tant que sénateurs ayant pour charge de veiller à la sauvegarde de la souveraineté du pays, nous manifestons notre indignation, au nom du peuple haïtien, par rapport au comportement maladroit joué par le représentant des Nations-Unies dans le pays. Notre Constitution contient des provisions qui nous permettraient de remplacer sans casse M. Préval dont le mandat touche à sa fin, tenant compte des difficultés d’organiser quant à présent de bonnes élections.

Qu’on ne nous parle pas d’élections acceptables avec tout ce processus entaché de violations de la loi électorale, avec ces chiffres fabriqués par le CEP, après la manipulation préalable très adroite de l’opinion par certains secteurs. Qu’on ne nous parle pas de vote populaire quand tout a été fait pour empêcher à la majorité des électeurs inscrits d’exprimer leurs choix, quand des partis politiques ont été, dès le début du processus, habilement écartés de la course.

Le problème n’est plus électoral, il est politique. Par un détour dit électoral, M. René Préval cherche à imposer au pays son poulain impopulaire en fonction de ses intérêts. Et la population en a assez.

Nous préconisons la recherche immédiate d’une solution politique nationale passant par : 1) l’annulation de ces élections frauduleuses aux résultats fabriqués de part et d’autre ; 2)L’application de sanctions légales contre les responsables du CEP et d’INITE, organisateurs de cette calamité ; 3) La concertation nationale pour la formation immédiate d’un nouveau gouvernement avec un premier ministre de consensus, jouissant de la confiance de la population pour gérer le pays, en attendant le remplacement de M. Préval, le 7 février prochain, et mettre en place les conditions nécessaires à la tenue d’élections crédibles, 4) un dialogue avec l’international sur le droit du peuple haïtien à choisir en toute indépendance ses propres dirigeants.

Port-au-Prince, ce 8 décembre 2010

Sénateur Jean William Jeanty
Sénatrice Edmonde Supplice Beauzile
Sénateur Melius Hyppolite
Sénateur Maxime Roumer

Statement by the Embassy of the United States on the electoral process on December 8, 2010

Source: Embassy of the United States, Port-au-Prince

December 8, 2010 - 2010/100

The United States urges all Haitians, including all political leaders and their supporters, to express themselves peacefully now and to work through Haiti's electoral contestation process to address any electoral concerns. The 2010 elections represent a critical test of whether the Haitian people will determine their destiny through their vote, and it would be regrettable that violence would mar this process.

The United States supports the right of the Haitian people to free, fair, and transparent elections. The United States has called upon the Government of Haiti, the Conseil Electoral Provisoire, and all political forces in the country to work through the electoral process to ensure that the will of the people is reflected in the outcome of this election. The United States reiterates that it stands ready to work with the Government of Haiti and its international partners to support electoral results that reflect the will of the Haitian people.

(end of text)


mardi 7 décembre 2010

Election en Haïti: les USA déplorent des résultats "incohérents"

PORT-AU-PRINCE - Les Etats-Unis se sont dits "préoccupés" mardi soir par les résultats "incohérents" de l'élection présidentielle haïtienne mais ont appelé au calme et offert d'examiner toute fraude éventuelle, selon un communiqué de leur ambassade à Port-au-Prince.

"Comme d'autres, le gouvernement des Etats-Unis est préoccupé par l'annonce des résultats préliminaires des élections du 28 novembre par le Conseil électoral provisoire, qui sont incohérents par rapport aux résultats publiés par le Conseil national d'observation des élections", a fait savoir l'ambassade.

Le Conseil électoral provisoire a annoncé mardi que le candidat du pouvoir, Jude Célestin, serait présent au deuxième tour face à l'ancienne Première dame Mirlande Manigat.

Mais M. Célestin n'a obtenu que quelque 6.000 voix de plus que le chanteur populaire Michel Martelly, dont les partisans manifestaient leur colère mardi soir à Port-au-Prince.

Le Conseil national d'observation des élections avait en revanche nettement relégué lundi le candidat du pouvoir à la troisième place, derrière Mme Manigat et M. Martelly, sur la base des constatations de ses quelque 5.500 observateurs électoraux.

"Au moment où Haïti entre dans la période de contestation des résultats électoraux, il est essentiel que tous les acteurs de la vie politique restent calmes et appellent leurs partisans à faire de même", a plaidé l'ambassade.

L'annonce des résultats préliminaires ouvre une période de recours éventuels avant la publication des résultats définitifs du premier tour prévue le 20 décembre.

Washington se tient prêt à aider à un réexamen exhaustif des irrégularités constatées lors du scrutin afin de parvenir à des résultats "qui correspondent à la volonté du peuple haïtien exprimé par ses suffrages", selon le communiqué.

(©AFP / 08 décembre 2010 05h21)

Haïti/Élections présidentielles 2010/ résultats du premier tour

LCDP-Politique, mardi 7 décembre 2010, 21h25

Le CEP a enfin publié ce soir (entre 20h40 et 21h10) les résultats du premier tour des élections présidentielles et législatives en Haïti.

Pour les présidentielles, les trois candidats suivant arrivent en tête:

1.- Mirlande Manigat (RDNP) : 336 878 voix, soit 31,37%

2.- Jude Célestin (INITÉ) : 241 462 voix, soit 22,48%

3.- Michel Martelly (Répons Peyzan) : 234 617 voix, soit 21,84%

Il y aura donc un second tour aux élections présidentielles, le 16 janvier 2011, entre Mirlande Manigat et Jude Célestin.

Pour la première fois en Haïti, un président sera élu au deuxième tour.

Bien que le candidat Michel Martelly soit plus populaire sur le terrain que le candidat du pouvoir Jude Célestin, il n'a pas pu se placer en deuxième position et se qualifier pour le second tour. Est-ce que ce sont les bourrages d'urnes en faveur du candidat du pouvoir le 28 novembre dernier qui lui ont permis au candidat du pouvoir de se placer en deuxième position ?

LCDP-Politique souhaite bonne chance à Madame Mirlande Manigat au second tour.

Nous reviendrons plus tard pour plus de détails sur les résultats du premier tour (élections législatives et présidentielles).
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Résultats du premier tour des présidentielles, vidéo: livestream.com.