lundi 28 juin 2010

Marc Louis Bazin : j'adore les défis

Propos recueillis par Frantz Duval en 2008
« Marc Louis Bazin, le politicien, est connu de tout le monde. Plus de 25 ans qu'il occupe l'actualité à des adresses diverses. Directeur général, ministre, Premier ministre, candidat, opposant, perdant, en retraite annoncée ou en avantgarde active. Toujours, on doit le lui rendre, avec élégance et le souci du pays, il s'implique.
L'invité d'honneur de Livres en Folie 2008 a bien voulu répondre à toutes nos questions...
Ce texte déjà publié est repris dans ce numéro du Nouvelliste pour rendre hommage à cette eminente personnalité haïtienne.»


Haïti: Frantz Duval: Racing ou Violette?
Marc Louis Bazin: Racing, Racing...
Mais mon équipe, véritablement, c'était Excelsior. Bon, elle a eu des fortunes diverses et en cours de route elle s'est effondrée, victime des haïtianneries. Il y avait de grands joueurs. Une grande équipe à l'époque. Quand l'Exelcior a sombré, je me suis rabattu sur le Racing et je dois dire que je ne m'en plains pas. C'est une équipe qui a beaucoup de prestance, beaucoup de caractère.

F.D : Pourquoi l'Excelsior?
M.L.B : D'abord parce que j'étais très très ami avec Gérard Rouzier qui était le secrétaire général de l'équipe à l'époque. Il habitait mon quartier, le Bois-Verna, près du Sacré-Coeur. J'avais également un excellent ami qui était un grand patron à l'Excelsior, Fito Boucard. Et je dois dire que Gérard Rouzier m'avait pris en affection, j'étais très jeune et il m'avait offert d'écrire un article, mon premier article publié, pour le journal de l'équipe. J'avais donc des rapports étroits avec l'équipe. Il y avait un type étonnant qui s'appelait Dadadou. Dadadou jouait à l'aile droite et il était petit, tout petit. Il avait une tête très longue. On n'était jamais sûr s'il allait jouer parce qu'il était toujours malade. Enfin, la veille des matchs, il avait toujours un bobo quelque part.
« Mesye m pa konn si m ap jwe demen. Fòk nou ban m kòb pou m achte piki. M pa santi m byen... », disait-il. Et comme il était très fort sur son aile, tout le monde cotisait immédiatement pour réunir l'argent dont il avait besoin. Est-ce que c'était pour prendre vraiment une piqûre? Ou pour assurer son samedi soir et aller bambocher, on n'a jamais su. Mais, quand il avait reçu l'argent, il remettait toujours un très bon match. C'était un type étonnamment capricieux et difficile. C'est lui qui me donnait de grandes joies. A l'époque, j'avais 15 ou 16 ans. C'était peu avant que je ne parte en France étudier... Il y avait aussi un gardien original, le gardien de l'équipe. Il a été gardien de l'équipe nationale. Je ne sais pas comment, ils sont allés au Mexique. Ils se sont fait tabasser. Ils ont ramassé 11 buts à 0. Et ce gardien a raconté avec une ingénuité absolument désarmante: « Mesye, m pa konn sa Meksiken yo fè. Lè boul la ap vin sou ou, ou wè 5 boul. Ou pa kon kilès ki bon boul la. »

F.D : Nemours ou Sicot ?
M.L.B : Moi, c'était le Jazz des jeunes. C'est tout un passé, le Jazz des jeunes. J'allais aux répétitions les voir jouer. Ils s'entraînaient quelque part à la rue des Fronts-Forts, et le chanteur à l'époque était aussi un personnage remarquable. Je suis très content qu'on essaye de reformer le Jazz des jeunes. Jean Jean Pierre a fait un travail remarquable. Il a reconstitué les partitions, il a trouvé des musiciens du Palais, il a reçu des subventions du gouvernement et il a donné une ou deux prestations publiques dont l'une a eu comme témoin et spectateur intéressé le président Préval lui-même. Comme tous les gens de cette époque-là, je suis très attaché au Jazz des jeunes.

F.D : Djakout ou T-Vice?
M.L.B : Je ne connais ni l'un ni l'autre. Ils sont venus bien longtemps après moi. J'entends les jeunes en parler avec excitation. Mais là, vraiment, je suis complètement dans le noir. Je ne sais pas qui est qui.

F.D : Thé ou café?
M.L.B : Je prends du café, mais avec le café, j'ai une histoire étrange. Pendant des années, j'ai pris du café, surtout quand j'étais en Afrique et à un certain moment j'ai eu des palpitations. Alors, j'ai abandonné. Je me suis contenté de très peu de breuvage fort, et puis, au fur et à mesure, je me suis rendu compte que mon organisme tolérait le café. J'ai recommencé à en prendre, il n'y a plus de palpitation, il n'y a plus eu d'énervement du tout. Mais, malgré tout, j'ai décidé à un certain moment de passer à du décaféiné parce que c'est le même goût, mais il y a moins de risque et je m'en porte très bien.

F.D : Avec ou sans sucre ?
M.L.B : Sans sucre. Il y a des années que je ne prends plus de sucre dans mon café. C'est quand même idiot, car je me rattrape sur les gâteaux. C'est vraiment un coup pour rien. Ceci dit, j'ai pris l'habitude d'apprécier le café sans sucre.

F.D : Rhum ou whisky ?
M.L.B : Je prends plutôt du whisky. Le rhum, je le prends sous forme de cocktail. Ma femme fait un cocktail étonnant avec du sucre, du citron et une espèce d'orangeade. C'est très bon avec du rhum. Mais, en dehors du cocktail que je bois à la maison, dans les réceptions, je prends ou un verre d'eau ou un whisky.

F.D : Premier diplôme obtenu?
M.L.B : C'est le baccalauréat évidemment. Les 2 bacs que j'ai passés au début des années 50. Et tout de suite après, je suis parti pour Paris où j'ai commencé par préparer une licence de droit à la faculté de Droit et des Sciences Economiques. Mon premier diplôme à la fac était en 55. En 56, j'ai eu le diplôme d'Etudes supérieures de doctorat de Droit d'Etat en Droit privé. Après quoi, j'ai décroché un diplôme d'Etudes supérieures de doctorat d'Etat en Histoire du droit. Après cela, je suis allé en Belgique. Quand j'ai quitté Paris où j'ai d'abord travaillé comme directeur d'un cabinet immobilier et comme professeur de Droit des affaires dans une école professionnelle, je suis allé en Belgique et je me suis inscrit comme attaché de recherche à l'Institut Solvay. Et là, j'ai fait pour Solvay un travail sur la négritude. Sujet d'actualité ces temps-ci avec la mort d'Aimé Césaire, et sujet que j'ai porté avec moi des années au point que quand j'ai quitté la Belgique et que j'ai commencé à travailler au Maroc, je donnais à l'Alliance israélite de Rabat des conférences sur la négritude. Autant dire que j'ai bien connu Césaire, Anta Diop, Léon Damas, tous ces gens qui étaient les prêtres de la négritude. La négritude au sens de la revendication du fait noir, à un moment où le fait noir était énormément contesté. Ces années-là, c'était les années de la lutte contre le colonialisme. C'était la lutte pour l'indépendances en Tunisie, au Maroc, en Algérie, au Vietnam, à Madagascar, et ,pour comprendre à quel point ce phénomène allait très loin, un jour j'ai déjeuné avec Bourguiba. Habid Bourguiba, à l'époque, était prisonnier à Montargis en France, et les étudiants tunisiens de Paris, Zmerli, Masmoudi organisaient un déjeuner. Une fois par mois. Bourguiba avait l'autorisation des autorités françaises de passer la journée de dimanche en dehors avec les étudiants tunisiens de la Cité Universitaire. En fait, il n'était pas en prison, mais en résidence surveillée. Et Bourguiba m'a dit quand on m'a présenté à lui: « Marc Bazin de Haïti »; il a proclamé : "Haïti, ah ! Toussaint Louverture. Mon cher ami, ce Toussaint Louverture, quel homme!" et tremblant d'émotion, Bourguiba toujours s'adressant à moi m'a dit: « Bazin, je vais vous faire une confidence, vous savez pourquoi je me suis lancé dans la lutte contre les Français en Tunisie? C'est parce qu'ils voulaient m'interdire d'enseigner le français aux petits Français du lycée. Si jamais ils m'avaient autorisé à enseigner le français aux Français, jamais je ne serais devenu un leader révolutionnaire. » La langue de la négritude était un instrument de combat, autant que son contenu.

F.D : Premier voyage ?
M.L.B : Je suis né voyageur. Je suis né à Saint-Marc. Mon père était commissaire du gouvernement et, bien entendu, comme c'est la tradition en Haïti, le gouvernement qui l'avait nommé est tombé et le gouvernement qui est venu après l'a révoqué. Et n'étant pas de St-Marc, mon père a décidé qu'on allait se replier sur nos terres. Une partie des enfants est partie à Gros-Morne avec ma mère et l'autre partie est partie avec mon père au Limbé. Parce que ma mère est de Gros-Morne et mon père du Limbé.
Aussi loin que mes souvenirs remontent, je me vois en train de voyager dans des camions surchargés de marchandes, de djanni, de banane, etc. J'ai toujours voyagé. Ma mère faisait un peu de commerce. Dans le commerce de ma mère, il y avait : achat de tissus chez Léon Saint-Rémy, chez Zuraik aux Gonaïves, chez les grands bourgeois de l'Artibonite, et revente de ces mêmes denrées, de ces mêmes tissus, sur les marchés de Gros-Morne où ma grand-mère était déjà installée. Ma mère pour se faire une place a dû voyager pour aller vers Chansolme, Rivière Mancel, toutes les petites localités au Sud de Port-de-Paix.
Eh bien! j'ai voyagé, comme on disait, sur la croupe du cheval ou de la mule de ma mère, tout jeune. On partait à 4 heures du matin, on allait vendre dans les marchés de Rivière Mancel et de Chansolme et on rentrait le soir à la maison. Ces voyages m'ont marqué. Le souvenir le plus émouvant que j'en garde, c'est quand on a failli être emporté par les eaux, parce que cette rivière Mancel, elle est traîtresse. On ne la voit pas venir. En un tour de main, hop les eaux montent et voilà le cheval qui est en train de dériver. On a eu très peur. Je me rappelle toujours ce voyage qui a failli nous coûter la vie à ma mère et à moi. On a fait aussi beaucoup de périples en province parce que la soeur de mon père était mariée à Charité Jean, le père de Père Sicot, qui est mon cousin, on allait souvent à Pilate. Gros-Morne-Pilate, c'est un entrelacs de montagnes et de cours d'eau. Evidemment, on allait aussi au Limbé voir mon père. Les voyages à l'intérieur du pays, j'en ai fait beaucoup étant très jeune. Mon premier voyage à l'étranger c'était directement pour aller en France. Après avoir passé les examens du bac, on a décidé que j'allais faire mes études à l'étranger. Donc je suis parti en France, j'y suis arrivé en 1952, en octobre 52. Une fois en France, j'ai parcouru l'Europe de bout en bout, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre, l'Espagne, oh! que j'ai aimé l'Espagne), j'ai beaucoup voyagé. Plus tard, les Marocains avec lesquels je m'étais lié d'amitié à Paris m'ont fait chercher. Ils m'ont dit : « Il faut que tu viennes, on a l'indépendance. » Il faut dire qu'on s'était battu ensemble contre les étudiants de l'extrême-droite à Paris.
Une fois le Maroc indépendant, mes amis marocains m'ont écrit en me disant: « Viens! on a besoin de toi. » Comme à l'époque il n'était pas question de revenir en Haïti parce que c'était les jours les plus noirs de la dictature, j'ai commencé ma carrière professionnelle au Maroc où j'ai été d'abord conseiller technique à la Trésorerie Générale, ensuite agent judiciaire adjoint du Trésor, ensuite conseiller technique au cabinet du ministre des Finances. Et c'est là que j'ai fait la rencontre de la Banque Mondiale. D'autres voyages m'attendaient vers une carrière qui me conduisit de Washington à Paris, de Francfort à toute l'Afrique.

F.D : Premier texte publié ?
M.L.B : Mon premier papier, c'est cet article que j'ai écrit dans le journal de l'Excelsior. Et puis, par la suite, toutes mes conférences ont toujours eu un bout de publication dans un journal ou un autre. Mais ma première publication, c'est tout de même le programme du MIDH en 1987. C'est la première fois que j'ai apporté à une imprimerie un texte qui était de mon cru et qui disait les intentions que je me fixais pour la vie. C'est-à-dire une bataille pour la démocratie et le développement économique de mon pays. Evidemment, par la suite, beaucoup de livres ont suivi.

F.D : Premier flirt ?
M.L.B : Vous savez, j'ai été très longtemps célibataire. Je me suis marié très tard. Mon premier flirt, c'était une jeune fille qui n'habitait pas trop loin de chez moi. Alors je passais le matin, j'allais au coin l'attendre, parce que son frère aîné ne pouvait pas me sentir. Il estimait que c'était du désordre que je courtise sa soeur. Il ne fallait pas que je fréquente sa soeur. Elle et moi, on allait ensemble tous les matins à pied du Sacré-Coeur à la rue du Centre, elle était à Elie Dubois. Et je m'arrangeais pour aller la prendre également en fin de journée. C'était vraiment le grand amour, échange de poèmes, de cadeaux divers.
Mon voyage en France a tout gâché, il y a eu une espèce de cassure, je dois dire d'ailleurs que j'ai été pris à la gorge par l'Europe, j'ai été pris à la gorge par la France et c'était un tel choc. Moi, j'ai vécu toute ma jeunesse avec l'idée qu'Haïti est un grand pays, que nous étions les plus grands nègres du monde. Quand j'avais entre 12 et 15 ans, chaque fois qu'il y avait un noir important, il devait être Haïtien. Joe Louis était un Haïtien, Maria Anderson était Haïtienne, Sugar Ray Robinson était Haïtien. Tellement nous étions les grands nègres et notre pays un grand pays, tous les Noirs dans notre imaginaire étaient Haïtiens. On a mis les Blancs dehors, on a eu l'indépendance. Et alors quand j'ai mis les pieds pour la première fois à l'étranger, j'étais absolument renversé, je me suis dit mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'était un choc ! Mon premier flirt a été aussi victime de ce choc parce que j'étais dans un monde tellement différent que j'avais du mal à me rattacher au monde que j'avais laissé.
On a des amis communs qui ont essayé plus tard de faire la liaison, mais trop de temps s'était écoulé et surtout trop de choses. On n'a jamais pu faire la soudure. Mais c'était elle, Jeannine, mon premier flirt.
C'est avec elle que j'ai tout commencé.

F.D : Premières amours ?
M.L.B : Bon, je ne sais pas jusqu'où on peut aller dans les premières amours. C'est après que j'avais quitté Haïti que je suis vraiment entré dans le monde des échanges, que j'ai découvert les femmes.
Contrairement à beaucoup de mes amis haïtiens de l'époque en France, très vite j'ai découvert le mystère de l'éternel féminin. Donc je n'ai pas eu à papilloter, à sauter d'une fille à l'autre, pour chercher à savoir s'il y avait un secret quelque part. J'ai eu des amitiés solides tout au cours de ma vie. Elles n'étaient pas nécessairement de longue durée, mais elles avaient toujours du poids, des échanges toujours de bonne qualité.
Beaucoup de mes amis à l'époque, à Paris, accumulaient les filles parce que plus on en avait mieux ça valait, et plus on était macho. Moi, je n'étais pas dans cette logique-là, donc j'ai eu des relations d'échange très profondes avec un certain nombre de personnes. Comme je me suis marié très tard, bien sûr il y a eu beaucoup de rencontres. Mais ce n'était jamais la bagatelle.

F.D : Première scène de jalousie
M.L.B : C'était un soir, lors d'une fête de fin d'années. Cela devait être entre le 24 et le 31 décembre. Elle s'appelait Arlette Arnaud. Je m'en souviens très bien, car c'était vraiment la première fois que j'étais secoué. J'étais sorti sans elle et elle est arrivée à cette boîte de nuit qui était rue de Rennes, à Paris. Comme toujours, on fait un petit peu le dur et elle est allée s'asseoir toute seule. M'ignorant complètement, elle a dansé avec un type et ils sont partis. Ah ! c'était très dur, parce que je ne croyais pas qu'une chose pareille pouvait m'arriver à moi. Et pourtant, j'avais vécu la scène. Bon, finalement, le lendemain tout s'est calmé. On a rabiboché. Mais, sur le coup, je dois dire qu'elle m'a eu, parce que jamais je ne l'avais cru capable de faire cela, et ensuite c'était le cycle. J'étais devenu vulnérable et depuis jaloux comme tout le monde.

F.D : Première bagarre ?
M.L.B : Ah ! mes bagarres. La plus mémorable, c'était avec une bande de Hongrois. En 56 à Paris, les Hongrois ont débarqué après l'échec du Printemps de Prague, les Soviétiques sont entrés, ont installé leur gouvernement. Dubcek a perdu la bataille et tous les gens qui avaient été rameutés par Radio Free Europe, pour faire la révolution contre les Soviétiques, tous ces gens-là ont dû s'exiler. Alors ils ont débarqué à Paris et nous, en tant qu'étudiants, on s'était donné pour tâche de les caser. Il faut dire qu'à l'époque, j'étais président de l'Association de la Maison des provinces de France. Nous nous étions donné pour tâche d'accueillir les réfugiés hongrois, de leur trouver des matelas, des couvertures, de quoi se chausser, nous faisions donc des demandes à droite et à gauche, des pèlerinages chez les gens en disant: « Les Hongrois sont arrivés. Aidez-nous à les aider. »

Eh bien! ces Hongrois, une fois installés à Paris, « Wa pat kouzen yo » c'est-à-dire ils étaient en terrain conquis, c'était des gens très choyés, héros d'une révolution anticommuniste qui avait échoué. Tout le monde se sentait plus ou moins responsable de leur sort. Il y a eu bien vite à la Cité Universitaire de Paris un climat d'animosité, d'hostilité réciproque entre eux et la maison de la France d'outre-mer qui logeait à l'époque la plupart des Africains. Alors, très vite, il y a eu 2 bandes et, bien entendu, j'étais de la bande des Africains, on s'est rentré dedans avec les Hongrois régulièrement, pratiquement tous les dimanches. Bref, c'était toujours la bagarre, et elle a duré un certain temps. C'était un vieux conflit qu'on n'arrivait pas à résoudre.

F.D : Première altercation avec la police ou première contravention avec la police.
M.L.B : La police, c'était en Belgique et à Bruxelles, à l'époque il y avait un policier par quartier. A peine installé dans une maison, le policier passait vous voir en disant : «Monsieur, vous êtes là! Votre prénom, etc., j'espère qu'on va faire bon ménage. » Eh bien! la première épreuve, c'était où est-ce que vous laissez votre voiture, sur quel trottoir ? Parce qu'il y a un trottoir pour les jours pairs et un trottoir pour les jours impairs. Alors si vous vous trompez de jour et de trottoir, vous avez une contravention. Donc j'ai eu quelques contraventions. Mais il fallait faire très attention. Car cela peut vous amener très loin, les contraventions. Une autre fois, j'ai eu un problème avec une femme à qui j'avais donné mon linge à nettoyer. Non seulement elle n'avait pas nettoyé le linge, mais quand je lui disais qu'elle me fait perdre du temps, en me promettant le linge pour vendredi et... », elle me répondait: « Monsieur, si vous n'êtes pas content, j'appelle la police. » Je lui dis : « Eh bien, appelez la police ! » La police est arrivée. Elle a pris parti pour la bonne femme. Evidemment, le policier se rendait bien compte que j'avais raison, mais à l'époque, Lumumba, le Congo, c'était une atmosphère pourrie. J'ai compris qu'il n'y avait pas moyen d'avoir raison. Donc, j'ai abandonné. Voilà deux altercations avec la police. Je n'en ai pas eu beaucoup, Dieu merci.

F.D : Premier mariage ?
M.L.B : Je ne me suis marié qu'une seule fois. Une seule. C'était la bonne. Cela s'est passé en Haïti, quand je suis rentré de Washington. En 1980, en effet, j'avais pris un congé de la Banque Mondiale pour venir en Haïti fonder et diriger le Fonds de Développement Industriel (FDI). Très peu de temps après, je me suis retrouvé ministre des Finances et des Affaires Economiques. Je me suis marié en 1981. Après 27 ans, ma femme et moi, nous sommes toujours mariés. Je dois dire que cela se passe bien. Le mariage, c'est une affaire éminemment compliquée. C'est un acte de foi. Ce n'est jamais gagné d'avance. Moi, j'appelle cela un investissement, un investissement émotionnel, physique, psychologique, matériel. Quand on est marié, on n'est pas marié seulement avec sa femme, mais aussi avec la mère de sa femme, on est marié avec les amis de sa femme, cela crée non seulement des liens très étroits, mais cela crée aussi des poches de conflits, des poches de dissensions, donc quand je dis que c'est un investissement qu'il faut soigner, ce n'est pas seulement dans la maison, c'est aussi avec l'environnement, c'est avec tout ce qui accompagne le mariage. Et c'est là qu'il faut voir si on le réussit ou pas. Beaucoup d'Haïtiens qui échouent dans leur mariage, la plupart du temps, se sont mariés sans raison. Ils se sont mariés parce qu'il le fallait, c'est quelque chose à faire. « Ou paka rive laj sa a ou poko marye », cela, c'est la première chose. Il y a aussi beaucoup de gens qui se marient sans comprendre les implications profondes de cette affaire. Ce n'est pas une affaire ordinaire. Assumer une vie avec quelqu'un, c'est un engagement très sérieux. Beaucoup de gens loupent leur mariage parce que le sens profond de cette affaire, ils ne l'ont jamais ressenti, calculé comme il faut. Le troisième élément, c'est l'environnement, c'est une chose de dire que je veux un mariage réussi, l'autre chose, c'est l'environnement dans lequel vous vivez votre mariage. Les circonstances de la vie peuvent influer considérablement sur la réussite ou l'échec. Un mariage normal, vous êtes haïtien, vous épousez une haïtienne en Haïti, vous vivez dans votre pays. C'est bien. Mais quand un type est Haïtien et il épouse une Française ou une Allemande, qu'il vit en France ou en Allemagne, il a évidemment d'autres contraintes, d'autres défis à relever et je dois dire que beaucoup de mes amis qui ont fait ces choix-là, je les admire car je trouve qu'ils ont beaucoup de courage, compte tenu des difficultés qui sont inhérentes à l'aventure du mariage elle-même, indépendamment des différences de milieu, de race etc...

F.D : Première infidélité.
M.L.B : (Longue hésitation)... écoutez, très franchement, je crois qu'une fois en passant, on est en mission pour de longues périodes, étant éloigné de chez moi, je peux avoir eu une ou deux petites incartades. Ce ne sont pas des infidélités. Cela n'a jamais laissé de trace. Vous sortez un soir, vous êtes en mission, vous tombez sur des gens. Cela ne va jamais très loin. Cela ne va pas loin parce que comme je vous disais tout à l'heure, je n'aime pas la bagatelle pour elle-même. J'aime bien avoir des relations solides, qui ont un certain poids. Donc, l'éparpillement n'a jamais été mon fort. Mais, attention, dans cette matière-là, le plus important, ce n'est pas la petite sottise que l'on fait en passant. À mon avis, le plus dur, c'est la déloyauté. Quand on n'a pas le courage de refuser de faire une bêtise, il faut au moins avoir le courage de l'avouer.

F.D : Dans les légendes urbaines qui courent sur vous, vous auriez été acteur d'un film, c'est vrai ?
M.L.B : Oui, j'ai fait du cinéma, j'ai tourné un film avec Michèle Morgan et Jean Gabin comme acteurs principaux et, dans ce film, j'avais joué le rôle d'un pianiste. J'ai aussi fait du théâtre. Au théâtre, j'ai joué le rôle d'un pasteur. La pièce se déroulait dans le Sud des Etats-Unis et son titre c'était : « Si la foule nous voit ensemble ». Mon rôle consistait à dissuader un jeune noir d'épouser une jeune fille de race blanche qui était tombée amoureuse de lui, mais cette jeune fille blanche n'avait aucune idée de ce que c'était que d'être noir, car elle était aveugle de naissance. La pièce, mise en scène par Jean Mercure avec Sylvia Monfort comme actrice principale, au théâtre d'Elvire Popesco à Paris, a eu sa part de succès. Quant à Gabin, il m'avait pris en sympathie parce qu'il trouvait original qu'un étudiant essaye de gagner sa vie en faisant du cinéma.

F.D : Première grande folie ?
M.L.B : Quel genre ?

F.D : De n'importe quel genre.
M.L.B : Acheter une voiture alors que je n'avais pas les moyens. Il fallait payer après. Il fallait tirer la langue. Une belle MG. Une MG décapotable, cuir rouge. Très flamboyant. Je n'avais pas la moitié de l'argent, bon, finalement, j'ai dû en trouver. Mais c'était une folie.

F.D : Première bataille politique.
M.L.B : C'était la bataille contre le colonialisme. Vous savez, quand vous avez des amis qui sont très proches, qui vivent dans leur chair l'exil de leur roi, qui vivent les émeutes de Madagascar, les massacres qui s'en suivirent, avec eux, j'ai pris parti pour la bataille anticoloniale et ma première épreuve du feu, cela a été sur le vote d'une résolution sur l'Algérie. A l'époque, mon oncle, Joseph D. Charles était ministre des Affaires étrangères d'Haïti et mes amis, Marocains, Tunisiens, Vietnamiens, Malgaches, comptaient sur moi pour l'influencer, pour un vote contre la France, et cela a été quelque chose de vraiment difficile puisque les Haïtiens avaient leur choix. A l'époque, j'étais très jeune, je n'allais pas influencer le vote d'Haïti, je n'avais pas l'autorité pour cela. Mais c'était une bataille. Elle s'est poursuivie dans les escarmouches, elle s'est poursuivie longtemps après qu'un Frantz Fanon soit entré dans la bataille anticolonialiste avec son fameux livre ''Les damnés de la Terre''. On s'est tous reconnus dans Fanon. Alors moi, je vais vous dire que, contrairement à la majorité de mes amis de l'époque, je n'étais pas communiste, je n'ai jamais été communiste. Pour une raison tout à fait élémentaire. Eux ils étudiaient Marx, Lenine etc... moi je leur disais : « Je ne comprends pas cette doctrine qui s'imagine qu'un homme peut travailler pour autre chose que le profit. » Pour moi, c'était la première grande faiblesse du communisme. Par contre, si je n'étais pas un adepte du communisme, je me sentais très proche de Jean-Paul Sartre, de Camus, du Nouvel Observateur, de l'Express.

F.D : Première bataille politique en Haïti.
M.L.B : En Haïti, ministre des Finances de Jean-Claude Duvalier, j'ai eu à faire face à une coalition je dirais de droite. On les appelait les dinosaures, des gens qui étaient vraiment ancrés dans le régime, et qui ne toléraient pas la moindre déviation. Alors moi, je suis venu et j'ai dit: « Vous avez fait assez de bêtises comme ça. » J'étais ministre des Finances et je donnais des interviews à la télévision. J'allais à la radio et je dénonçais la malversation. D'où mon nom de Mr Clean de l'époque. Et j'ai heurté pas mal de sensibilités. Je marchais sur pas mal d'orteils, comme on dit. Et le gouvernement de l'époque avait mis en prison pratiquement tout le staff qui travaillait avec moi. Lesly Delatour est allé en prison, Hervé Denis est allé en prison, Guy Malary est allé en prison, Féfé Lamour est allé en prison. Toute l'équipe avec laquelle j'avais constitué un réseau à l'intérieur du ministère des Finances s'est retrouvée en prison. Et moi en exil.
Donc c'était ma première bataille politique. Quand je suis revenu d'exil à la chute de Jean-Claude Duvalier, alors là je suis entré dans le combat politique au jour le jour. J'ai fondé le Parti politique MIDH. J'ai eu une période exaltante dans laquelle il y avait de grandes joies, de grandes déceptions. Mais si vous voulez, c'est un combat dans lequel on s'engage, parce qu'on croit qu'il y a des choses à faire. Les hommes et les femmes de ma génération, on dirait qu'il y a une espèce de dictat, d'exigence profonde qui fait qu'ils doivent faire quelque chose pour Haïti. C'est le devoir, c'est pour cela que notre devise c'était: « Il ne faut pas se servir du pays pour faire de la politique, mais il faut faire de la politique pour servir le pays. » Et nous sommes engagés là-dedans.
C'est un combat avec des hauts et des bas, de bons et de mauvais moments, mais jusqu'à mon dernier souffle, je le poursuivrai.

F.D : La plus grande déception de votre vie ?
M.L.B : Les amis qui vous trahissent, c'est dans l'ordre des choses, mais on ne s'y habitue jamais.

F.D : Le plus grand défi de votre vie ?
M.L.B : Je suis un homme de défis. Chaque fois que je relève un défi, je suis un homme heureux. Mais le défi le plus difficile que j'ai relevé, c'est celui de la Banque mondiale. Dans le département où je travaillais, un Vietnamien s'occupait d'un dossier de télévision scolaire en Côte d'Ivoire. Soudain, il quitte la Banque pour retourner au Vietnam. Et moi je travaillais avec lui. Et très vite on m'a dit: « Puisque Liu n'est pas là, vous allez reprendre le dossier, et vous allez le présenter au Conseil d'Administration. » Or il n'y avait même pas trois mois que j'étais à la Banque. Je connaissais encore mal l'institution. Mon anglais n'était pas tout à fait au point.
Je ne sais pas si vous réalisez ce que cela veut dire, le Conseil d'Administration de la Banque mondiale. Plus de 100 administrateurs qui représentent autant de pays et au bout de la table il y a Bob Mc Namara qui est un type qui se flatte de faire n'importe quelle opération sur le dos de son enveloppe, qui est une machine à calculer comme on n'en a jamais vu. Et on me dit que j'allais présenter le projet au Conseil d'Administration. Le Conseil siège dans une salle très impressionnante, les drapeaux de tous les pays sont sur les murs, c'est une vaste salle et des administrateurs sont autour de la table. Mc Namara est au bout de piste. Je me réveille tôt, comme toujours d'ailleurs, ce matin-là. Je sors faire mon jogging et durant tout le temps du jogging je me posais une seule question: « Tu vas parler pour la première fois de ta vie devant le Conseil d'Administration de la Banque Mondiale. Tu es Haïtien, tu viens du Limbé. Est-ce que tu vas parler sans papier ou est-ce que tu vas parler avec papier ?» Alors j'ai relevé le plus grand défi que je m'étais donné. J'ai parlé sans papier. Parce que mon raisonnement était très simple. Je me suis dit : « Tu sais d'où tu viens, si tu arrives là et que tu colles, tu n'a qu'à retourner au Limbé, c'est que tu n'avais pas la carrure. Par contre, si tu passes, la suite est gagnée. » Quand j'ai terminé mon exposé, tout le monde est resté bouche bée. Il n'y a pas eu un mot. Et Mc Namara a dit : « Well gentlemen, can I take it that silence means acquiescence? Well, thank you, thank you very much. That was it. »

F.D : Marc Bazin, qu'est-ce qui fait de vous l'homme que vous êtes aujourd'hui ?
M.L.B : Ma mère, ma mère, ma mère.
Ma mère était une femme animée d'une grande ambition pour tous ses enfants. Et elle a pensé depuis le début que l'ambition commence à l'école. Elle disait souvent : « Ou konn sa wap fè pou mwen, ou pral vise dèyè ou sou chèz sa a, ou pap leve jiskaske ou pa ban m leson sa a clean. » Ma mère m'a appris ce qu'était que le devoir. Ma mère m'a inculqué le sens de l'effort, du mérite. Je me rappelle quand mon père était candidat au Sénat en 1946. J'étais moi-même tout à l'étonnement que mon père puisse devenir sénateur, nous vivions une époque extrêmement pénible. Lescot avait été président, il y avait des problèmes de couleur, il y avait toutes sortes de miasmes, la société charriait des miasmes qui pouvaient vraiment intoxiquer un enfant. Et j'ai dit à ma mère : « Ou kwè lepè ka senatè ? » Je n'y croyais pas moi-même. Et elle m'a dit : « O oh ! sa ou konprann ? papa w se yon nèg ki fò wi. » Et j'ai compris que, pour ma mère, la qualité première, c'était le savoir. Je peux vous dire qu'à cause d'elle, chaque fois que, dans la vie - vous savez on est étudiant à l'étranger et on est pris par toutes sortes de tentations -, il y a des évènements qui vous tombent sur la tête, je ne connais pas une seule mauvaise action à laquelle j'ai succombé chaque fois que je pensais à ma mère. Où que je fusse, quelles que fussent les circonstances, les tentations, il y a toujours une seconde où je pensais à ma mère et où je disais non : « sa a, ou paka fèl »

F.D : L'homme politique en vous, cela vient de votre père ?
M.L.B : C'est dans la famille. Nous sommes une famille politique.
Mon père, Louis Bazin, avocat, a été premier sénateur du Nord, président du Sénat, ministre de l'Agriculture et du Travail ; mon oncle Joseph D. Charles, ambassadeur d'Haïti à Washington puis ministre de l'Education Nationale; mes oncles du côté maternel Adelphin et Watson Telson, l'un après l'autre député de Gros-Morne ; Charité Jean, mon parrain, député de Pilate. Tout jeune, j'ai vécu dans des atmosphères d'élection. A la maison, défilaient sans arrêt des gens qui faisaient de la politique. Ma passion à moi, tout jeune, c'était la lecture, je lisais tous les livres de mon père : Poincaré, Painlevé, Léon Blum. J'assistais également, de manière assidue, à de nombreuses séances du Parlement où j'allais écouter les grands tribuns de l'époque, les Emile Saint-Lôt, Max Hudicourt, Castel Demesmin et bien d'autres.
La politique, je l'ai reçue pratiquement au berceau. Je n'ai pas eu à me forcer pour entrer dans la politique. Ce que j'ai découvert par contre, si la vocation m'était naturelle, la vision m'est venue avec le temps, car une chose c'est de vouloir faire de la politique, autre chose, c'est d'être habité par une grande idée, un grand dessein. Aussi longtemps qu'on n'a pas une vision globale de la direction dans laquelle on souhaiterait engager un pays, on est condamné à procéder au coup par coup et à tourner en rond.

F.D : Quels conseils donneriez-vous à un jeune ?
M.L.B : Travaillez, travaillez, travaillez! Je ne connais personne qui ait travaillé sans récolter, tôt ou tard, le fruit de ses efforts.

F.D : Comment expliquez-vous cette constance, vous croyez en vous-même, en vos chances d'être toujours l'homme du moment ?
M.L.B : J'ai une vision pour Haïti. C'est cela qui m'inspire et me donne la force de continuer. De plus, j'aime les défis, je n'ai jamais rencontré un défi que je n'aie eu envie de relever.

vendredi 25 juin 2010

Marc Ls. Bazin: La Politique du Dialogue Permanent Et de la Concertation

Par Parnell Duverger
Chairman, Omega World News
Economiste Principal, Omega Military Consultants
Professeur Adjoint en Science Economique, Broward College
p_duverger@yahoo.com
p_duverger@omegaworldnews.com


Je le voyais et l’écoutais à la télévision pour la première fois, et en direct ce jour-là, de Washington, D.C., un jour ou deux après la chute du gouvernement de Mr. Jean Claude Duvalier, dans une entrevue qu’il accordait à une journaliste nord-américaine dont j’oublie le nom en ce moment, tant j’ai encore de la difficulté à me relever du terrible choc de cette pénible nouvelle qu’un ami commun, et d’une grande délicatesse, tenait à me délivrer lui-même très tôt dans la matinée de ce mercredi 16 juin, 2010, de crainte peut-être que je ne l’apprenne soudainement des média, dans une annonce publique qui ne saurait trop tarder. Marc Ls. Bazin n’était plus.

Durant cette entrevue, je me rappelle très bien encore aujourd’hui, il articulait une pensée politique nouvelle pour Haïti, que seule la démocratie, soutenue par les institutions de la liberté et de l’état de droit, permettra l’émergence des compétences et talents individuels dotés du sérieux et de l’honnêteté nécessaires à la gestion des ressources physiques et humaines, que nous devrons utiliser avec efficacité et efficience, pour créer et mieux distribuer l’incontournable richesse économique qui devra nous aider à nous défaire de cette honteuse réputation d’être le pays le plus pauvre de notre hémisphère. Aux Haïtiens, il proposait une nouvelle formation politique, le Mouvement pour l’Instauration de la Démocratie en Haïti, dans le creuset duquel leurs énergies créatrices seraient mises au service de leur patrie. A Haïti, il offrait un leadership nouveau, compétent, honnête et rassembleur, par lequel il s’engageait à « servir son pays en tout temps, en tous lieux et en toutes circonstances. » A moi, il donnait toutes les raisons de croire en un avenir de liberté et de prospérité pour mon pays.

Devant mon petit écran, je regardais encore ce tribun d’une grande et rare éloquence offrir à son pays ses grandes qualités de gestionnaire, d’économiste et d’analyste financier, bien reconnues dans plusieurs pays d’Afrique auxquels il avait montré, avec énormément de succès et d’espoir, la voie du développement économique, en tant que haut fonctionnaire délégué de la Banque Mondiale qui ne tarissait pas d’éloges à son sujet et lui confiait des postes de plus en plus prestigieux de direction, jusqu’à faire de lui son ambassadeur aux Nations Unies. Pressé par l’appel incessant du lambi qui n’avait jamais arrêté d’angoisser son âme de patriote Haïtien, et qui ramenait toujours son esprit à l’examen minutieux de l’affreuse pauvreté de sa terre natale, et des abominables souffrances de ses compatriotes, Marc Ls. Bazin entreprit de se rendre à Haïti, convaincu que le moment était venu de donner entièrement au peuple Haïtien ce que la Banque Mondiale avait su obtenir de lui en faveur de ses frères africains, et qui demeurent les outils les plus performants de transformation radicale d’une nation pauvre et gérée par des traditions de plus en plus inexplicables, en une société moderne et prospère, fraternelle et solidaire, en occurrence la démocratie, la liberté institutionnalisé e, et l’état de droit qui fait de la corruption et des abus de droits humains, des anomalies entièrement répudiées et consignées à un passé irrémédiablement révolu.

Revenons à cette entrevue télévisée de février 1986. A l’invitation que Mr. Bazin lançait à tous de se joindre à lui pour construire une nouvelle société Haïtienne qui réussirait à relever le défi du développement économique et du progrès social dans notre pays, je répondis immédiatement. Tout de suite après l’émission, j’ai pu retracer à Washington D.C. cette journaliste avec laquelle il s’était entretenu, et lui ai laissé mon numéro de téléphone qu’elle communiqua à Mr. Bazin, tel que promis. Durant notre conversation le lendemain, Mr. Bazin m’accueillit au sein de son équipe du MIDH, après qu’il eût requis de moi une brève présentation de mon parcours académique et professionnel, pour me demander ensuite de contacter sans délai Mr. Edvard Despeignes, à Montréal, au Canada où je vivais alors, pour les suites nécessaires.

Ainsi débutèrent une collaboration fructueuse, une sincère amitié, ainsi qu’une admiration et une grande confiance mutuelles, qui me placèrent au sommet du directoire du MIDH au Canada et en Haïti, comme vice-président et assistant de Mr. Despeignes pour le Canada, représentant principal du parti à Ottawa et pour la région Outaouaise du Québec, membre du Conseil National du MIDH, et plus tard, membre du cabinet particulier du Premier Ministre Marc Ls. Bazin et du Ministre des Finances Wiener Fort, et responsable de la liaison entre le bureau du Premier Ministre et celui du Ministre des Finances, et finalement, chargé de mission du Premier Ministre et consultant au Grand Quartier Général des Forces Armées d’Haïti pour la gestion des crises politiques et économiques liées aux violations répétées de la constitution de 1987 par le Président de la République, son départ pour l’exil et sa volonté de retourner en Haïti sans offrir les garanties de sa résolution à mettre un terme à ses appels à la violence et à ses menaces à peine voilées contre les membres de l’institution militaire.

A partir de cette période d’implantation du MIDH au Canada, j’ai eu toutes les opportunités d’apprendre à connaître, à admirer et à respecter Mr. Marc Ls. Bazin, ce monument de la nature qui rassemblait en sa personne une énorme capacité analytique, une similaire aptitude de synthèse, une intelligence naturelle des théories et pratiques de la science économique, ainsi que de leur applicabilité générale ou limitée dans l’explication des faits et évènements économiques en Haïti, et enfin, une remarquable simplicité de langage qu’il savait bien mettre au service d’une formulation intelligible pour tous des problèmes économiques, politiques ou sociaux les plus complexes. Ma collaboration avec Mr. Bazin fut largement facilitée, je crois, non seulement par une convergence de philosophie politique, mais aussi par une affinité d’intelligence économique qui reconnaît au mécanisme des prix du marché libre une fonction essentielle de réallocation continuelle des ressources économiques vers les activités auxquelles une société libre accorde les plus grandes valeurs, et qui aussi voit dans le marché économique une des plus importantes institutions de la liberté. Ce qui nous unissait aussi était ce credo dans la nécessité de « miser sur l’homme », c'est-à-dire dans cette croyance bien raisonnée qu’il fallait viser le développement humain le plus large, pour que les bénéficiaires de la transformation économique et sociale, par l’accumulation des richesses et la démocratie, en soient à la fois les sujets, les acteurs, ainsi que la grande finalité.

Fort de ses profondes convictions philosophiques, économiques, politiques et démocratiques, Mr. Marc Ls. Bazin reconnaissait aussi l’impérieuse nécessité de promouvoir et réaliser la cohésion du tissu social Haïtien par le dialogue permanent et la concertation. Connaissant bien la nature de ses propres idées, des thèses qui leur sont contraires, ainsi que de leur évolution dans la quête humaine du savoir universel, Mr. Marc Ls. Bazin pouvait partir à la conquête des vieux démons de nos divisions politiques en identifiant clairement les espaces de compréhension mutuelle et de désaccords profonds, idéologiques ou autres, ainsi que les intérêts et contraintes de chaque acteur politique, incluant le gouvernement, chacun dans sa démarche individuelle visant à tirer le drap de son côté et/ou satisfaire sa propre chapelle ou base politique. Dès lors, il s’ingéniait à présenter des propositions qui reconnaissaient les besoins essentiels de chacun, ainsi que les intérêts du peuple Haïtien, facilitaient une sortie de crise sans que qui que ce soit n’ait à perdre la face, tout en faisant aussi ressortir clairement les coûts politiques, économiques ou sociaux de tout échec du processus de dialogue et de son fruit, la concertation, autant pour le pays que pour les protagonistes eux-mêmes.

Tout naturellement, c’étaient-là les démarches d’un homme qui s’était proposé de travailler à instaurer la démocratie en Haïti, et qui nous montrait à nous du MIDH, à notre peuple tout entier, à la classe politique, aux comédiens qui se disent être un gouvernement, et à notre jeunesse plus particulièrement à laquelle il ambitionnait d’inculquer aussi « les vertus du corps, les vertus de l’engagement, les vertus du mérite », la voie royale qui devra conduire notre pays à la pleine réalisation de son potentiel. Les pierres dont est pavée cette voie royale sont la démocratie, la liberté économique, le mécanisme des prix du marché économique, la création d’une richesse mieux distribuée, et l’état de droit, pour vivre ensemble et construire ensemble, dans un dialogue permanent et dans la concertation.

Au nom de ces principes du dialogue permanent et de la concertation, et fidèle à son engagement de servir son pays « en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances », Marc Ls. Bazin prit l’initiative de créer « l’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Progrès » avec le Panpra de Mr. Serge Gilles et le MNP-28 de l’ingénieur Dejean Bélizaire, pour les élections générales de 1990. Au cœur de la crise politique du début des années 90s, Marc Ls. Bazin accepta le poste de Premier Ministre et travailla avec les militaires, pour « combattre l’embargo » infligé à notre petite économie forcer le retour en Haïti de Mr. Aristide, et on le retrouvera quelques années plus tard dans un poste de Ministre au sein d’un gouvernement dirigé par Mr. Aristide, encore pour travailler « contre un autre embargo » qu’on voulait imposer cette fois-ci au gouvernement de ce dernier. Au nom de la démocratie, du dialogue et de la concertation, on le retrouvera une autre fois Ministre des Négociations, pour tenter de trouver une entente salutaire pour le pays au conflit opposant Mr. Aristide, l’OPL et la Convergence Démocratique. Aux présidentielles de 2006, il sera le candidat d’une nouvelle alliance dénommée « Union pour Haïti », née d’un rapprochement entre le MIDH et Fanmi Lavalas, encore une fois au nom du dialogue permanent et de la concertation, qui seront aussi les motifs de sa participation recherchée à un colloque réunissant en 2009, à Santo Domingo, un groupe restreint d’activistes Haïtiens qu’il a su honorer également par une contribution écrite très pertinente sur les besoins économiques de notre pays.

Si, face à une armée étrangère au service de l’esclavage, l’armement de guerre et le courage du marron inconnu étaient indispensables aux meurtriers combats que devaient livrer nos pères et mères fondateurs « pour nous créer une patrie où le nègre Haïtien se sent réellement souverain et libre », pour le combat du développement économique et du progrès social, à l’heure mondiale de la globalisation, de la compétitivité économique accrue et de l’internet, des nouveaux défis qui appellent à la solidarité de tout le genre humain, les armes de la démocratie triomphante des tares économiques et sociales demeurent celles que privilégiait Mr. Marc Ls. Bazin, le dialogue permanent et la concertation, avec lesquels il nous exhortait au MIDH de « faire de la politique pour servir le peuple, et ne jamais se servir du peuple pour faire de la politique. »

Enfin, après des livres comme « Un Programme d’Action pour l’Avenir », après « Miser sur l’Homme », après « Le Défi Démocratique », après « Sortir de l’Impasse », après « Démocratie sous Pression », ou encore des articles comme « Des Idées pour l’Action » écrit tout récemment pour Le Nouvelliste, on reconnaîtra que le dialogue permanent et la concertation sont toujours demeurés au cœur de la méthode de Marc Ls. Bazin, comme outils d’une praxis démocratique visant à transformer l’état et l’économie de notre pays au bénéfice de notre peuple. Comme il le rappelait lui-même de temps en temps à certains critiques qui ne soufflaient d’ailleurs que du vent, mais qui dit mieux ?

Pilate aura beau se laver les mains, toujours on dira : « il a souffert sous Ponce Pilate. » De cet homme vertical, honnête et intègre, aux manières princières, aux actes courageux, qui eut à dire un jour : « je n’ai jamais rencontré un seul défi que je n’aie éprouvé le besoin de relever », la postérité répètera toujours après lui et avec lui, ses propres mots, pour affirmer :

« Bazin : ni voleur, ni assassin, ni ignorant, il a tout donné, il a beaucoup reçu. »

Pour avoir rencontré et connu notre Marc Ls. Bazin national, et parce que j’ai beaucoup reçu de lui, je suis un meilleur homme aujourd’hui. Et, parce que sa vision était juste, et son travail si laborieux, si riche et désintéressé, je peux déjà voir se dissiper les ténèbres dans mon pays.

Merci, et adieu Mr. Bazin.

Que Dieu vous garde dans la paix de sa demeure.

Que la lumière éclaire Haïti toute entière !

A la veuve de Marc Ls. Bazin, à tous ses proches, alliés et amis,
A Mr. Patrick Michel, et à tous les autres collaborateurs de Marc Ls. Bazin,
A tous les membres de cette grande famille politique que demeure le MIDH,
A tous ceux qui ont cheminé et travaillé avec le fondateur du MIDH,
J’offre mes sincères condoléances.

Parnell Duverger
20 juin 2010

mercredi 23 juin 2010

US Senate report says Haiti rebuilding has stalled

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AP – A woman walks past earthquake damaged buildings in downtown Port-au-Prince, Monday, June 21, 2010

(Photo AP / Alexandre Meneghini)

Source: yahoo.com .

NDCDP-Un lien vers le rapport est donné à la fin de cet article.

By JONATHAN M. KATZ, Associated Press Writer Jonathan M. Katz, Associated Press Writer – Mon Jun 21, 10:42 pm ET

PORT-AU-PRINCE, Haiti – Haiti has made little progress in rebuilding in the five months since its earthquake, because of an absence of leadership, disagreements among donors and general disorganization, a U.S. Senate report says.

Obtained Monday by The Associated Press, the eight-page report is meant to give Congress a picture of Haiti today as U.S. legislators consider authorizing $2 billion to support the country's reconstruction.

That picture is grim: Millions displaced from their homes, rubble and collapsed buildings still dominating the landscape. Three weeks into hurricane season, with tropical rains lashing the capital daily, construction is being held up by land disputes and customs delays while plans for moving people out of tent-and-tarp settlements remain in "early draft form," it says.

The report was written by staff of Sen. John Kerry, the Massachuetts Democrat who is chairman of the Senate Foreign Relations Committee, and other Democrats who interviewed U.S., Haitian, United Nations and other officials and visited resettlement camps, hospitals and schools throughout the quake zone.

"While many immediate humanitarian relief priorities appear to have been met, there are troubling signs that the recovery and longer term rebuilding activities are flagging," said the report, which is scheduled to be released Tuesday.

Three times it says the rebuilding process has "stalled" since the Jan. 12 disaster.

The report also criticizes the government of Haitian President Rene Preval and Prime Minister Jean-Max Bellerive, saying it has "not done an effective job of communicating to Haitians that it is in charge and ready to lead the rebuilding effort." The report calls on Preval to take a "more visible and active role, despite the difficulties."

Bellerive responded to the criticism in a Monday interview with the AP. He said officials are working hard behind the scenes to ensure reconstruction does not simply mean the rebuilding of barely livable slums.

"We understand the impatience and we are the ones more frustrated than anybody," the prime minister said. "It took some time. I believe four months (since a U.N. donors' conference in March) to plan the refoundation from such a disaster is pretty acceptable."

With a chuckle, he also said it is unfair for U.S. officials to take him to task when the Senate still has not approved aid money that Secretary of State Hillary Rodham Clinton promised at the donors' conference.

"They ask me to move more projects when the money is still on hold," Bellerive said.

In all, just 2 percent of the $5.3 billion in near-term aid pledges have actually been delivered, up from 1 percent last week.

The report expresses concerns that even once the money is in hand, it will not move quickly enough to help. The funds are managed by a 26-member reconstruction commission led by Bellerive and former U.S. President Bill Clinton that started its operations last week.

While the report calls the commission the "best near-term prospect for driving rebuilding," it also says the panel "has the potential to dramatically slow things down through cumbersome bureaucratic obstacles at a time when Haiti cannot afford to delay."

The report notes disagreements among donors over strategy, approach and priorities, saying the disputes "are undercutting recovery and rebuilding."

The reconstruction panel includes representatives of donors who pledged at least $100 million in cash or $200 million of debt relief, including the United States, Venezuela, Brazil, Canada, the European Union, the Inter-American Development Bank and the World Bank.

Bellerive said the report's criticism that the panel has been too slow in organizing is already moot. "We had a meeting, we have an office, we have administrative support," he said.

One thing on which all parties agree is the importance of November elections. The legislature has almost entirely dissolved after members' terms expired because the quake forced the cancellation of February legislative elections. Preval's five-year term ends next February; an attempt to prolong his term by several months if elections are not held resulted in protesters clashing with police in front of the ruins of the presidential palace.

Failing to hold the November elections on time, even despite the losses of the electoral commission's headquarters and records, could imperil "Haiti's fragile democracy," the report says. But it expresses limited optimism that a plan for holding the vote is "apparently imminent".



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VERSION FRANÇAISE

Source: kerry.senate.gov
US rapport du Sénat dit la reconstruction d'Haïti est au point mort
Tuesday , Juin 22 , 2010
par Jonathan M. Katz
AP


PORT -AU- PRINCE , Haïti - Haïti a fait peu de progrès dans la reconstruction dans les cinq mois depuis son tremblement de terre, en raison d'une absence de leadership , les désaccords entre les donateurs et la désorganisation générale , un rapport du Sénat américain dit .

Obtenu lundi par l'Associated Press , le rapport de huit pages est destiné à donner une image du Congrès de l'Haïti d'aujourd'hui en tant que législateurs des États-Unis envisage d'autoriser 2 milliards de dollars pour soutenir la reconstruction du pays .

Ce tableau est sombre : des millions de personnes déplacées de leurs foyers , les décombres des bâtiments effondrés et continue de dominer le paysage. Trois semaines après la saison des ouragans , des pluies tropicales d'arrimage de la capitale tous les jours , la construction est détenu par des litiges fonciers et des retards de douane tandis que les plans pour déplacer les gens de campements -et- bâche rester dans " l'état de projet au début , " il dit .

Le rapport a été rédigé par le personnel du sénateur John Kerry , le démocrate Massachuetts qui est président de la commission sénatoriale des relations étrangères , et d'autres démocrates qui ont interrogé des États-Unis , d'Haïti , les Nations Unies et d'autres fonctionnaires et a visité des camps de réinstallation , les hôpitaux et les écoles à travers le tremblement de terre zone.

" Alors que de nombreux priorités immédiates de secours humanitaires semblent avoir été respectées , il ya des signes troublants que la récupération et à long terme aux activités de reconstruction sont de signalisation , dit le rapport, qui devrait être rendu public mardi .

Trois fois il dit que le processus de reconstruction a "décroché" depuis le 12 janvier en cas de catastrophe .

Le rapport critique également le gouvernement du président haïtien René Préval et le Premier ministre Jean -Max Bellerive , en disant qu'il «n'a pas fait un travail efficace de communiquer aux Haïtiens qu'il est chargé et prêt à diriger l'effort de reconstruction . " Le rapport invite Préval à jouer un rôle " plus visible et plus active , malgré les difficultés . "

Bellerive a répondu à la critique dans un entretien lundi avec l' AP . Il a dit que les fonctionnaires travaillent dur dans les coulisses pour assurer la reconstruction ne signifie pas simplement la reconstruction de la peine habitables bidonvilles .

"Nous comprenons l'impatience et nous sommes les plus frustrés que personne ", dit le Premier ministre . «Il a fallu un certain temps. Je crois que quatre mois ( depuis la conférence des donateurs de l'ONU en Mars ) pour planifier la refondation d'un tel désastre est assez acceptable. "

Avec un petit rire , il a également dit qu'il est injuste pour les fonctionnaires des États-Unis de l'emmener à la tâche lorsque le Sénat n'a pas encore approuvé l'aide de l'argent que la secrétaire d' État Hillary Rodham Clinton a promis à la conférence des donateurs .

" Ils me demandent de passer plus de projets lorsque l'argent est toujours en attente », dit Bellerive .

Au total, seulement 2 pour cent des 5,3 milliards de dollars en promesses d'aide à court terme ont été effectivement livrées , soit une hausse de 1 pour cent la semaine dernière .

Le rapport exprime les préoccupations que même une fois l'argent en main, il ne bougera pas assez rapidement pour vous aider. Les fonds sont gérés par une commission de reconstruction de 26 membres, dirigé par Bellerive et l'ancien président américain Bill Clinton qui a commencé ses opérations la semaine dernière .

Bien que le rapport appelle la Commission de la " meilleure perspective à court terme pour la conduite de reconstruction », elle dit aussi le panneau " a le potentiel de considérablement ralentir les choses à travers les obstacles bureaucratiques lourdes à un moment où Haïti ne peut pas se permettre d' attendre. "

Le rapport note les désaccords entre les donateurs sur la stratégie , l'approche et les priorités , affirmant que les conflits " sont sous-cotation de récupération et de reconstruction. "

Le panneau de reconstruction comprend des représentants des donateurs qui se sont engagés au moins 100 millions de dollars en espèces ou 200 millions de dollars d'allégement de la dette , y compris les États-Unis , Venezuela, Brésil, Canada, l'Union européenne , l' Inter -American Development Bank et la Banque mondiale .

Bellerive a dit la critique du rapport que le Groupe spécial a été trop lent dans l'organisation est déjà discutable. "Nous avons eu une réunion , nous avons un bureau , nous avons le soutien administratif ", dit-il .

Une chose à laquelle toutes les parties ont convenu de l'importance des élections Novembre . Le législateur a presque entièrement dissous après mandat des membres a expiré parce que le tremblement de terre a forcé l'annulation des élections législatives Février . mandat de cinq ans de Préval se termine prochaine Février ; une tentative de prolonger son mandat de quelques mois si les élections ne se tiennent pas donné lieu à des affrontements avec les manifestants de police devant les ruines du palais présidentiel .

À défaut de tenir les élections Novembre à temps, même malgré les pertes du siège de la commission électorale et des dossiers , pourrait mettre en péril «fragile démocratie en Haïti », indique le rapport. Mais il exprime un optimisme limité qu'un plan pour la tenue du vote est «apparemment imminent.»

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Pour télécharger le rapport, cliquez sur: Haiti at a crossroads.

mardi 22 juin 2010

Haïti/Politique/Marc Bazin vu par Gérard Bissainthe

Source: vinoush, juedi 17 juin 2010, 22h 24min 54s
UNE PAGE D’HISTOIRE QUI SE TOURNE


Marc Bazin nous a quittés

par Gérard Bissainthe

Il s’appelait Marc Bazin.
Nous l'appelions tous Marco; il n'y en avait pas deux.

Nous, c'est ce que j'appelle le "groupe de Paris", comme j’aime à designer ces Haïtiens qui ont fait leurs études dans la Ville Lumière dans les années 1950-1960. Ils avaient en commun d'avoir été dans ce haut lieu de la pensée occidentale en ces temps de l'après-guerre pendant lesquels le monde se refaisait, repartait sur de nouvelles bases. Qui n'a pas connu Paris en ces temps-là n'a pas connu Paris. C’était le temps des Français qui avaient nom De Gaulle, Mitterrand, Sartre, Camus, Aron, Senghor, Césaire, Alioune Diop, Cheik Anta Diop, Mauriac, Mounier, les plus grands.

La crème de notre jeunesse y était alors: Jean Claude (de Jacmel), Gérard Gourgues, Leslie Manigat, Marc Bazin (Marco), Max Chancy, Pierre Riché, Edriss Saint-Amand, Jacques Stephen Alexis, René Depestre, Ernst Avin. Une deuxième vague de plus jeunes vint après: Gérard Latortue, ma cousine Micheline Dominique, la sœur de Jean Dominique, René Saint Louis, Marie-Thérèse Valès. J'en passe et des meilleurs.

Je terminais alors mes études de théologie au Grand Scolasticat des Pères du Saint-Esprit à Chevilly-Larue aux portes de Paris avec entre autres Ernst Verdieu, Roger Pereira, Jean-Paul Claude, Pierre Déjean. Je faisais fonction d'aumônier des étudiants haïtiens de France.

Max Chancy, brillant élève du Collège Saint-Martial, qui m'avait confié en 1947 que son rêve était d'être près de moi un grand militant catholique (c’était longtemps avant son engagement dans le communisme), me servait de lien avec la communauté des étudiants haïtiens de Paris. C'est par lui d'abord que je fis la connaissance de la première vague de ceux que j'ai cités plus haut. Ce groupe avait en quelque sorte deux vedettes: Leslie Manigat qui pour tout le monde était Leslie et Marc Bazin que tout le monde appelait Marco, deux hommes issus de deux grandes familles du Nord et qui en tireront toujours des motifs de fierté, même si eux-mêmes vinrent au monde hors du "Grand Nord". Deux hommes, deux profils: Leslie l'universitaire habile à disséquer des idées, Marco déjà le tribun qui aurait pu devenir un autre Emile Saint-Lot, s'il avait eu la veine populiste, mais il ne l'avait pas. Il était plutôt un aristocrate et un technocrate, indifférent aux idéologies, qui rêvait avant tout de gérer, de conduire une voiture politique, peu importe la marque, pourvu qu'il fût au volant.

A Paris je constatais que beaucoup pouvaient en vouloir à Marco pour une raison ou pour une autre; mais au fond tout le monde l'aimait pour sa vitalité, sa chaleur humaine, ce côté "Renaissance Man" qui le faisait aimer les joies de l'existence, son courage aussi: il se racontait qu'on l'avait vu sur le Boul' Mich' au cours d’une manifestation faire le coup de poing aux côtés des étudiants africains.

Après Paris où déjà il croisait le fer avec Leslie Manigat, je le perdis de vue pendant très longtemps. Je devais le retrouver des décennies plus tard, à New York où moi-même j'étais professeur à la City University of New York et lui Directeur dans cette ville du Bureau de la Banque Mondiale, un poste des plus prestigieux. Nous fîmes ensemble, pour ne pas changer, des plans pour "sauver Haïti".

"Sauver Haïti" c'était l'obsession de cette génération haïtienne de l'après-guerre qui restera certainement une des plus brillantes et des plus douées de notre histoire. Elle avait tout pour "sauver Haïti". Si elle n'a pu que poser les bases sans édifier les murs, il y a à cela des raisons complexes que j'analyse longuement ailleurs. Mais je peux porter ce témoignage que Marc Bazin, Marco, voulait sincèrement le salut d’Haïti, la preuve en est qu'il aurait pu, s'il l'avait voulu, réussir à merveille en dehors du pays, comme cela avait déjà été le cas. Mais retourné au pays après la chute de Jean-Claude Duvalier, il m'avait confié que, quoi qu'il arrive, il ne repartirait plus jamais à l'étranger et qu'il finirait ses jours en Haïti.

Il a été très controversé. Je l'ai moi-même parfois combattu sans ménagements; il en fit autant pour moi; car entre lui et moi il y avait le contentieux de la souveraineté nationale. Mais j'ai toujours reconnu sa valeur. Lorsque le Président Nérette insistait pour que j'accepte le poste de Premier Ministre, c'est moi-même qui lui recommandai de faire plutôt appel à Marc Bazin; ce qu'il fit. C'est moi qui annonçai la nouvelle de cette décision à Marco à cinq heures du matin, car il était très matinal comme moi.

J'avoue que je n'avais pas encore bien compris le mécanisme des engrenages de notre machine politique et l'enchevêtrement des pièces de notre puzzle. J’ai mis du temps à le comprendre. Pour moi ce que nous devions faire pour "sauver Haïti" c'est
-d'abord "bondir hors du cercle";
-puis "briser le compas".
Mon idée était d'envoyer Marco à l'attaque pour qu'il déblaie le terrain en "bondissant hors du cercle". Puis une autre équipe serait venue pour "briser le compas", autrement dit: détruire le système en mettant à la place un autre système.

Je ne crois pas que Marco ait agit comme notre soi-disant-Gauche de l'après 1986, dont le fer de lance était constitué de quelques très rares authentiques résistants et surtout d'anciens jean-claudistes, quelques uns sincères, d’autres prétendument repentis et qu'il se soit fait comme eux à l'idée de devenir une marionnette aux mains des "tuteurs de facto" de la communauté internationale. Il s'est passé, à mon avis, autre chose. Comme il avait travaillé dans les réseaux internationaux, qu'on y avait reconnu sa valeur, qu'il y avait occupé des postes clés, il était dans ces réseaux internationaux comme un poisson dans l'eau et il gérait Haïti non comme un indigène, mais comme un cadre étranger. Il se sentait lui-même avec "le Blanc" sur un pied d'égalité, parlait la même langue, avait les mêmes réflexes et finissait, sans le savoir, par défendre les mêmes causes. D'autres compatriotes sont tombés dans le même panneau. Marc Bazin pratiquait une "gestion externe" d'Haïti, celle qui nous avait jusqu'ici plongés dans tous nos marasmes, au lieu de pratiquer une "gestion interne", celle que je voulais et qui est la seule qui pourra nous sauver.

Je dois dire que longtemps auparavant, lorsque j’étais Ministre de la Culture et de l’Information, Frantz Merceron, ex-Ministre des Finances, avait fait le voyage de Paris à Miami pour venir me dire que c'est moi qui devrais accepter le poste de Premier Ministre et non pas Marc Bazin, car il avait entendu parler de mon projet de propulser Bazin à la Primature. Je crus comprendre qu’entre lui et Marco le torchon avait parfois brûlé. A son grand regret, il ne put me convaincre.

Je dois dire aussi qu’en 1986 revenu en Haïti, après n'avoir jamais trempé dans le duvaliérisme, même dans sa mouture jean-claudiste, sous quelque forme que ce soit, partisan comme je l'ai toujours été d'une solution "nationaliste-souverainiste", je ne voyais pas d'objection à travailler avec les anciens duvaliéristes, pourvu qu'ils fussent ouverts au changement. Je ne pouvais faire la fine bouche: des anciens duvaliéristes il y en avait partout et les pires étaient ceux d'entre eux qui jouaient les purs, après avoir rallié la résistance au petit matin du 7 février 1986. Si l’Ambassadeur de France, /Michel de la Fournière, me présentait au Ministre de la Coopération française, Michel Aurillac en visite en Haïti en 1986 comme un "héros de la résistance haïtienne", je lui faisais remarquer après que les vrais héros étaient morts, que je n’étais qu’un survivant.

Lorsque Marco devint Premier Ministre, la tutelle était déjà programmée. En fait elle l'a été depuis 1986 au moins. La mise sur pied de cette tutelle fut même la vraie mission de moult organisations politiques ou parapolitiques qui germèrent, comme des champignons, avec des fonds étrangers souvent des plus opaques, après le départ de Jean-Claude Duvalier, et qui constituèrent cette nébuleuse qu'on appelait tantôt la "Gauche" et tantôt "le Secteur Démocratique". Beaucoup de dirigeants de cette nébuleuse dont je connaissais tous les tenants et aboutissants, étaient comme les radis "rouges à l'extérieur, blancs à l'intérieur et toujours près de l'assiette au beurre". De ce temps date ma rupture avec bien des membres d’une Gauche chrétienne haïtienne que j'avais en quelque sorte portée sur les fonts baptismaux dans les années 1960 avec le mouvement personnaliste que j'avais lancé à la Bibliothèque des Jeunes et qu'on avait dévoyé pour en faire une soi-disant-Gauche de Grands-Guignols, celle qui écrivait que "le Père Lebrun est une exigence de justice stricte" (je n'invente rien). Cette soi-disant-Gauche détestait Marco, comme elle détestait aussi d'ailleurs Leslie Manigat. Pour cette soi-disant-Gauche avoir de l'esprit était et est toujours une forme de provocation.

La soi-disant-Gauche restera la peste et le choléra de l'après-Duvalier.

"Sé leu on couleuv mouri ou kon'n longeu'l" (c’est lorsqu’une couleuvrfe est morte, que l’on connaît sa longueur). Cela vaut pour Marc Bazin. Mais, il est encore trop tôt pour se mettre à le mesurer. On pourra difficilement le comprendre sans le mettre dans son contexte et sans connaître la nature du terrain sur lequel il évoluait. Lui-même le connaissait-il vraiment? J'en doute. Lorsque j'ai eu, moi, la révélation un jour qu'un des représentant en Haïti d'une grande agence de presse européenne avait émargé pendant tout le règne de Jean-Claude Duvalier et émargeait encore après 1986 au budget de notre Ministère de l'Intérieur, je me suis rendu compte que beaucoup d'éléments-clés de la nature du terrain m'échappaient.

Qu’est-ce qui faisait courir Marco ? Quels étaient ses objectifs ?

Les objectifs de la soi-disant-Gauche étaient et sont la tutelle étrangère, le retour à la colonisation. La Théologie de la Libération version haïtienne n’est pas devenue, comme je l’ai cru à un moment, Théologie de l’Occupation. Elle était dès le départ Théologie de l’Occupation. Sur ce point les objectifs de Marc Bazin ont toujours eu quelque chose d’un peu énigmatique pour moi. S’il avait voulu comme la soi-disant-Gauche créer ou renforcer la tutelle, ces messieurs et dames peu scrupuleux lui auraient offert de partager avec lui le gâteau, qu’il fût américain ou français, c’était si peu leur souci, au lieu de lui livrer une guerre à mort. Si la soi-disant-Gauche détestait aussi bien Bazin que Manigat, c’est que ces deux leaders avaient en commun quelque chose. Quoi? Voilà un beau sujet d’enquête. Peut-être Bazin était-il, Leslie est-il aussi allergiques aux thèses sidérantes pour retardés et débiles des pays du Nord comme des pays du Sud d’un Régis Debray, souverain pontife de cette soi-disant-Gauche. Quand on a été formé en France pendant les années fortes de l’après-guerre, on est vacciné contre les inepties pseudo-scientifiques.

J'ai eu à faire des pieds et des mains, depuis Paris car je suis têtu, pour rapprocher Marc Bazin et Leslie Manigat. Il me semblait qu'ils pouvaient et devaient se compléter. Ce fut toujours en vain. Marco y était ouvert. Leslie a toujours pensé que ce tandem ne marcherait pas.

Marco est et reste un grand de notre vie politique. Il n’a jamais renié Haïti. Résistant aux sirènes étrangères, il a consacré sa vie à cette Haïti qui a fait corps avec lui.

Quelques uns me diront peut-être que si aujourd'hui je semble "donner l'absolution" à Marc Bazin, c'est par une sorte de... déformation professionnelle. Ce qui est vrai c'est qu'aux pires moments de mes dissensions avec lui (et c'est arrivé aussi avec d'autres), je n'ai jamais pu m'empêcher d'éprouver le sentiment que j'avais… charge d'âme et que je devais tout tenter pour le "sauver". Il y a tout un clair-obscur de la politique haïtienne qui échappera toujours au grand public, celui, par exemple, où un Max Chancy, fier meneur du parti communiste haïtien, viendra me dire un jour en 1961 ses doutes ou même son désarroi. Je ne canoniserai pas Marc Bazin, comme je ne canoniserai personne, n’ayant d’ailleurs aucun pouvoir pour ce faire. Mais je lui rendrai la justice de reconnaitre ses qualités, il en eut de grandes, et ses mérites, il en eut de grands. Il est un des fils du pays dont le pays peut être fier.

La mort de Marco crée un grand vide, qu'apparemment rien ne vient combler. Je suis de ceux qui regrettent profondément que cet homme vivant, au verbe chaud, au rire parfois homérique, cultivé, blagueur, goguenard, aimant charnellement son pays, toujours optimiste ne soit plus avec nous.

Je présente à son épouse, à sa famille, à son mouvement le MIDH mes plus sincères condoléances.

Adieu, Marco.

Gérard Bissainthe
17 juin 2010

Haïti/Politique/Marc Bazin vu par Leslie F. Manigat

Source: haiti-nation.com, mardi 22 juin 2010, 1h 26min 01s

Ce n’est qu’un AU REVOIR, Marco !
par Leslie F. MANIGAT

Le départ pour l’éternité du camarade fraternel Marc Bazin, Marco pour les proches de sa génération et les familiers de ses relations les plus fréquentés, constitue une brusque accélération d’une vie qui ne demandait qu’a se prolonger encore pour la délectation des siens et sa joie épicurienne des plaisirs de l’existence, si la pernicieuse maladie n’avait pas si vite fait ses ravages là où il restait le plus fort, le cerveau atteint par des métastases fatales venues d’ailleurs. Car, dans les deux sens du terme, Marco était un cerveau. Un fort en thèmes, économiste de formation, spécialiste en affaires bancaires comme dominantes de son expérience pratique, un expert au service de la Banque Mondiale en Afrique puis dans la capitale américaine, à Washington, où ses services avaient mérité l’attention soutenue de Mac Namara, ce qu’il aimait rappeler.. Et un cerveau dans le sens qu’il s’était impliqué dans les jeux de la politique active plus souvent du côté de la gouvernance et de sa gestion que de l’opposition dont n’avait ni le gout ni le tempérament. Marco se voulait un homme de pouvoir et il l’a été de Jean-Claude Duvalier dont il voulait être le « mentor », à Aristide par lequel il s’est laisse tutorer dans une relation ambiguë, mais par choix politique délibéré, et illusoire pour avoir sous-estimé les incompatibilités du populisme lavalassien ascendant et allergique à une conciliation sans capitulation. La nouvelle donne avait changé la règle du jeu en faveur du tout ou rien, alors que Bazin continuait à penser aux « combinaziones » classiques et aux alliances traditionnelles sur la base des rapports de forces. Il lui est arrive à définir et a mettre en équation le salut du pays dans une coalition équilibrée entre Aristide et lui, avec les atouts de sa supériorité tactique qualitative adjointe aux forces belligérantes quantitatives titidiennes. Il appelait cela, me disait-il, sa « recette ». Illusion d’optique.

Un grand nom est efface dans la mémoire de l’actualité vivante transitoire, mais s’est inscrit, en sa pérennité historique, dans le monde de la mémoire historique haitienne parmi ceux qui ont fait notre histoire contemporaine. A d’autres de dire s’il était aimé, à d’autres encore de dire s’il méritait l’admiration dont il était l’objet dans le monde des économistes de ce pays, à certains d’expliquer pourquoi ils misaient davantage sur Rico, le frère, en maitière de sciences économiques appliquées. J’ai eu l’élan sincère récemment, de lui faire un éloge remarqué, fait insolite pour lequel il m’a exprime lui-même sa SURPRISE ravie. Mais je sais, et c’est ce que j’ai dit, que dans ce grand public lettre qui appréciait son talent, il y avait peu pour l’émuler et trop pour le critiquer. A sa manière, c’était un grand bonhomme et il me fallait le dire, moi surtout.

Il a tout fait pour plaire. Il se savait charmeur, du football à la Cite Universitaire de Paris où il se faisait une popularité de plaisance, aux salons de la coquetterie bourgeoise où l’homme du monde accompli trouvait ses complaisances comme en terrain conquis. Mais il y avait là un jeu ambigu, car Marco avait été et est resté un « quarante-sizard », sous Estimé où sa famille était aux affaires, puis sous Magloire où les affaires faisaient sa famille. Estimé était réputé austère, Magloire était un bambocheur. Il ralliait beaucoup de monde par sa manière. Notamment les Nordistes de l’ancienne aristocratie christophienne installés à Port-au-Prince et mal adaptés à la domination de la bourgeoisie dorée des bords de mer, des clubs sélects (genre Bellevue), et des résidences collinaires fleuries du haut patriciat du Bois Verna et de la Coupe. Marco, à partir de la détente sous Magloire, a voulu représenter l’opulence rassise de ces groupes, en s’érigeant en homme politique de droite sensible à leur éminence sociale et exploitant leur situation politique d’orphelins d’une candidature qui leur fut propre après 1946 sauf Déjoie. Bazin a pensé que c’était une place à prendre. Mais une partie de cette haute société nantie restait allergique au charme déployé par l’ancien quarante-sizard. Et celui-ci le savait. on était encore près de 1946. On se racontait assez souvent pour être connu dans les milieux les plus divers, l’incident de Jean-Robert Estimé à qui un membre de la haute société traditionnelle avait lance dédaigneusement au cours d’une simple plaisanterie d’amis devenue un mot malheureux : « Mon cher J-R, dans notre société, c’est moi qui vous fait sonner et pas l’inverse ! », c'est-à-dire comme à table, on sonne un membre du personnel domestique pour le service. Le pays a changé heureusement depuis 1946.

C’est dans ce contexte de changement que j’ai connu Marco le mieux. On fréquentait le Centre Démocratique que Léopold Berlanger abritait et Marc Bazin s’y positionnait comme homme de droite, un libéral en tout, pensée, idéologie, économie, société, culture, religion, profil identitaire, relations sociales. La droite libérale était son capharnaüm, tandis qu’il me regardait, avec ma position de centre progressiste comme trop dans la proximité de la gauche alors en vogue dans la jeunesse instruite et dans les milieux intellectuels. Mais c’est la que j’ai eu l’opportunité de rencontres avec l’homme politique. J’ai encore, en souvenir, la cordialité de nos relations d’adultes dont l’origine venait de l’enfance et de l’adolescence communes sous Vincent et Lescot et dont la foi centriste venait du danger des extrémistes du « rancher manioc ».

Il avait su constituer un mouvement féminin dans son parti, le MIDH, qui avait une présence active comme groupe de pression qui comptait dans l’imaginaire collectif avec des échantillons de valeur et remuants du deuxième sexe. Certains disaient que c’était ce qu’il y avait de meilleur dans le MIDH.

Mais le MIDH, c’était Bazin. Une valeur, un joueur, un destin. Une valeur au double titre de l’oracle économiste et de la figure de proue politique. Deux ouvrages de vulgarisation et certains de ses meilleurs discours et interventions ont consacre la réputation de l’oracle économiste et financier. Frédéric Marcelin avait été un premier crayon qu’il n’a pas pu être lui-même plus tard. Il avait la parole éloquente et le verbe rémininiscent. Son genre plus hautain que suffisant, était perçu comme arrogant. J’y voyais plutôt sa manière d’imposer une autorité savante. Paroles, paroles, paroles, il admirait Emile Saint Lot mais n’avait pas le style pour l’émuler. Il y suppléait comme joueur car c’était un operateur de talent.

Animal politique, même quand il n’avait pas le pouvoir, il savait en gérer la gouvernance, de Jean-Claude à Cedras. On l’a vu, premier Ministre, se coiffer du deuxième chapeau de chef de l’État sans le titre nominal, ce qui a manque a sa carrière. Quarante ans de présence politique dans les couloirs du palais national ou dans les dédales de la « non-opposition », position qu’il avait l’heur d’incarner même dans ses relations avec Aristide et les chimères lavalassiennes. Candidat à la présidence sans interruption de Jean-Claude à Titide, sans prison ni exil, capable d’une souplesse d’échine, Marco était capable de sourire de lui-même, et de ne pas se prendre trop au sérieux, performance qu’il partageait avec les hommes de théâtre quand il n’a pas hésite a monter sur scène dans des spectacles publics et dans des danses dont le souvenir n’a pas beaucoup aidé à sa réputation d’homme de pensée. Mais c’était péché de jeunesse.

Marco a eu une fidélité exemplaire, celle de son assurance tous risques, que les Américains allaient lui donner ce pouvoir haïtien qui lui était réservé par eux. Candidat des Américains, était une certitude chez lui, et je me rappelle une conversation avec André Louis, secrétaire-général de l’Internationale de la Démocratie Chrétienne (IDC), au Département d’État, quand à une question d’André Louis demandant pourquoi les Américains du State Deparment ne voulaient même pas considérer la candidature de Manigat pour son propre mérite, la réponse a été : « parce que nous appuyons déjà la candidature de Marc Bazin, c’est lui notre choix comme candidat pour Haiti ». Paroles qui m’ont été naturellement rapportées par le secrétaire-général de mon Internationale et grand ami personnel. Plus tard, rentré d’exil et candidat à la présidence haïtienne, comme Peña Gomez candidat à la présidence de la République Dominicaine, avec lequel j’entretenais depuis Paris d’excellentes relations personnelles, il m’a dit : Leslie, tu dois soigner tes relations avec les Américains, je lui ai raconté l’épisode André Louis, il a hoché la tête, et quand je l’ai assuré que nonobstant je ferai tout le possible pour être acceptable pour les américains le cas échéant dans mon combat patriotique pour la présidence de mon pays sans chercher a être leur favori, (ou comme on dit chez nous leur « sousou »), il m’a souri son accord de voisin amical compatissant. Nous rêvions alors, le candidat socialiste dominicain et le candidat social-chrétien haitien, de devenir une réplique Adenauer-De Gaulle de la réconciliation haïtien-dominicaine, ces deux frères ennemis héréditaires de l’histoire insulaire partagée.

Petit pays ! Je me souviens d’une note exprimant les préférences des anglais, des américains, et grosse surprise, des français (c’était, il est vrai, a l’époque de Hanotaux) à ne pas voir Firmin arriver au pouvoir en Haiti. Les options des grands !

Parfois, c’est simplement la perception d’un moment qui ne prend pas corps définitif. Le quotidien jamaïcain « Le Daily Gleaner » a publié à la chute de Jean-Claude Duvalier deux articles éditoriaux présentant la compétition attendue de Bazin et de Manigat comme le duel entre les deux plus grandes figures de l’actualité politique haïtienne. Rien de tel ne s’est produit, et cet antagonisme binaire polarisateur a fait place à un trop plein qui a caractérisé l’échiquier politique haïtien, projeté sur la scène politique mondiale.

Mais Bazin, pour revenir à nos moutons, était, avant de mourir, en train de se faire une cure de jouvence intellectuelle en se replaçant au lime light de l’actualité haïtienne, d’une part avec l’icône de la jeunesse à la mode , le fondateur de « Ticket » devenu récemment le rédacteur en chef du Nouvelliste, qui était en train de promouvoir en vogue soutenue des grandes figures contemporaines du monde de l’esprit chez nous, en commençant avec Georges Anglade, Monsieur « Géographie » lu et étudié dans toutes les écoles sur toute l’étendue du territoire haïtien, englouti dans l’horrible tragédie de 12 janvier 2010, mon ami et compagnon de « bout de route ». La promotion de ce groupe-caucus incluait déjà Marc Bazin comme devant être le second, lui aussi affublé d’un chapeau aux larges bords dont on se demandait s’il n’allait pas devenir emblématique. Et d’autre part, avec la place stellaire qu’il venait de se tailler avec le groupe Boulos dans un plan –marathon pour le sauvetage national d’Haiti, dont la partie économique et financière porte sa griffe. Bazin s’était fait réintroduire sous les feux de la rampe.

Il faut se rendre à l’évidence. La perfection n’étant pas de ce monde, Marc Bazin était un poids lourd du savoir et du pouvoir haitien, sans négliger d’être aussi, mais a un degré moindre, un homme de l’avoir, acquis avec mesure. Tous ces talents, toutes ces ressources, toutes ces opportunités, tout cet art de profiter des circonstances, même artificiellernent créées pour se maintenir au premier rang, et jusqu’à cette fragilité mondaine de sa cuirasse, tout lui servait de capital en politique. Qui n’a pas connu Marco dans notre génération, imprévisible et pourtant identifiable ? Hervé Boyer, Clovis Désinor, Max Chancy, Gerard Bissainthe, Marc Balin, Lucien Benjamin, Jean-Claude Bajeux, Ernst Verdieu, Jean Claude et Pierrot Riché, et, pour rester à l’intérieur de notre génération, son frère Rico et moi-même, le censurions bien à l’occasion, mais comme pour dire avec l’autre « Va, je ne te hais point ». Ce n’est qu’un triste Au REVOIR d’ami qu’exprime ma réaction émotionnelle devant la disparition d’un cadet de deux ans qui n’a pas perdu ses traces même en ne pas toujours avoir cultivé assidument les jardins d’une amitié restée pérennement souriante qui va manquer à l’appel du vécu quotidien quand on savait que tu étais là. Une génération s’en va progressivement, consacrons au départ d’un de ses membres les plus en vue, les plus contestés, les plus sérieux pour l’essentiel, les plus valeureux et les plus chargés de chaleur humaine souriante malgré la froideur d’un masque aristocratico-technocratique, « una furtiva lagrima ».

Et surtout, sachons garder la mémoire des hommes qui ont enrichi le patrimoine intellectuel et politique du pays d’Haiti.
LFM

jeudi 10 juin 2010

«Pour que renaisse ma Quisqueya»


J'emprunte le nom de l'un des premiers recueils de poèmes de ma soeur Michaëlle Lafontant pour en faire le titre de cette brève note.

D'abord, le Président René Préval doit comprendre qu'il doit partir le 7 février 2011. Pas un jour de plus.

Je souhaite donc que les élections présidentielles aient lieu à la fin de l'année 2010 et que le peuple haïtien fasse, cette fois, le bon choix.

On a élu ou nommé des hommes à la présidence. Et pourquoi pas une femme cette fois-ci ? Une femme ayant la tête froide, mais dont le coeur est chaud et certainement ayant les mains propres (tèt fèt, kè cho, men prop).

Il faudra, de manière effective, déconcentrer l'administration du pouvoir pour chacun des ministères. Équiper chacune des dix directions départementales de chaque ministère en personnel qualifié et en biens meubles et immeubles pour qu'elles puissent offrir les services de base à la population de chacun des dix départements géographiques.

Il faudra aider les 140 communes et les 570 sections communales à se prendre en mains: c'est la décentralisation de l'administration du pouvoir vers les administrations locales.

Les administrations départementales renforcées (déconcentration), les administrations locales renforcées (décentralisation) et l'administration centrale réorganisée (articulée) travailleront ensemble pour qu'Haïti renaisse.

Hier, j'ai survolé Haïti virtuellement grâce à Google Earth. J'ai survolé un moment une partie de la RN1 entre Port-au-Prince et Cabaret. Mais, j'ai parcouru minutieusement le trajet Port-au-Prince - Cayes, la RN2. C'est une route que je connaîs suffisamment pour y avoir travaillé entre 1975 et 1978 à la construction du pont sur la rivière Momance (le plus long pont de la Route du Sud, qui a bien résisté au séisme grâce aux fondations sur pieux, entre autres choses) et du tronçon Carrefour Dufort - Carrefour Desruisseaux - Vieux-Bourg-d'Aquin.

Ce voyage virtuel m'a convaincu davantage de la nécessité de réorganiser les directions départementales du MTPTC pour que ces dernières soient capables d'intervenir dans la gestion de l'entretien du réseau routier national, dans celle de l'entretien des ponts, dans celle du curage des lits de rivières et torrents en amont et en aval des ponts, des dalots, etc.

Il me semble qu'il faudra ressusciter le SEPPRN et le SEEUR au sein du MTPTC, les scinder en dix services rattachés aux dix directions départementales, leur donner un budget et le personnel adéquats, former ce personnel, dissoudre le CNE et répartir le parc d'engins du génie civil dont dispose actuellement le CNE entre les dix directions départementales du MTPTC (*).

Pour désenclaver le pays en dehors, il faudra intervenir dans l'entretien et l'extension des routes agricoles (réseau tertiaire). Il faudra aussi et sur le réseau primaire, et sur le réseau secondaire, et sur le réseau tertiaire, remplacer tous les passages à gué par des ouvrages d'art appropriés (ponts, dalots, ou buses).

Il ne faut pas attendre que les autres viennent nous «aider».

Que nos techniciens aillent faire un tour à Cuba, en Jamaïque, au Vénézuela, en République Dominicaine, pour voir comment sont organisés leurs ministères des Travaux Publics, comment ils gèrent leur réseau routier, etc.

Que ma Quisqueya se lève comme un seul homme et se rebâtisse. Bien sûr, il faudra aussi compter sur l'aide étrangère, mais il ne faut pas attendre cette aide les bras croisés. À compter du 7 février 2011, avec un nouveau Président ou une nouvelle Présidente élu(e) à la première magistrature de l'État, il faudra avoir un plan pour enfin GOUVERNER.

________________
(*) Nous ne faisons que soulever un coin du voile qui recouvre des projets «sa ké nou ganyen na djakout nou» que nous pourrons proposer à tous ceux qui voudront rebâtir Haïti à partir du 7 février 2011.

mardi 8 juin 2010

Helen Thomas

*

Helen Thomas



Il s'agit d'une reporter de grande renommée, d'une chroniqueuse de Hearst Newspapers et d'une correspondante accréditée à la Maison Blanche de 1960 à 2010.

Elle travaille pendant cinquante-sept ans comme correspondante puis chef de bureau à la Maison Blanche pour l'agence United Press International (UPI) avant de travailler pour Hearst.

Elle a donc couvert l'actualité à la Maison Blanche de John F. Kennedy à Barack Obama.

On peut concevoir qu'Helen Thomas a dû analyser dans toutes ses coutures le conflit israelo-palestinien. Et donc, on peut comprendre qu'elle ait dégagé une solution durable, définitive pour ce conflit.

Le 27 mai 2010, Helen Thomas déclare: « juifs devraient foutre le camp de Palestine... et rentrer chez eux en Allemagne, en Pologne, aux Etats-Unis ou ailleurs».

Voici comment Wikipedia rapporte l'événement en anglais:

On May 27, 2010, outside a White House Jewish heritage event, Rabbi David Nesenoff asked if Thomas had any comments on the state of Israel. Thomas replied, "Tell them to get the hell out of Palestine... Remember, these people are occupied, and it's their land; it's not German, it's not Poland's." She was then asked where Israeli Jews should go, to which she replied: "they should go home" to "Poland, Germany, [...] America and everywhere else."

Pour écouter cette déclaration, cliquer sur:

Cette déclaration a eu beaucoup d'échos et Helen Thomas a dû par la suite présenter des excuses. De plus, le 7 juin 2010, elle décide de prendre finalement sa retraite à l'âge de 89 ans sans expliquer les raisons de cette retraite qui arrive seulement quelques jours après le début de la controverse.

Encore une fois, voici, en anglais, les excuses présentées par Helen Thomas et rapportées par Wikipedia:

Thomas subsequently issued an apology on her personal web site: "I deeply regret my comments I made last week regarding the Israelis and the Palestinians. They do not reflect my heart-felt belief that peace will come to the Middle East only when all parties recognize the need for mutual respect and tolerance. May that day come soon."

Si l'on regarde froidement la «solution» au conflit israelo-palestinien que proposait l'illustre journaliste Helen Thomas et qu'elle a ensuite rejetée en s'excusant, on ne peut s'empêcher d'avoir la certitude qu'une telle solution ait pu naturellement naître dans l'esprit de bien de personnes sensées qui ont analysé ce conflit, sans que ces personnes aient un parti pris pour l'un ou l'autre peuple. Mais l'on doit aussi concevoir qu'il puisse aussi exister d'autres solutions à ce même problème.


«Supposons un instant sans l'admettre», pour reprendre une expression chère à mon père, supposons qu'un territoire continu, de la grandeur de l'État d'Israël actuel, situé en Europe, avec accès à la mer, moitié en Pologne, moitié en Allemagne, soit offert en cadeau par ces deux pays aux Israéliens et que ces derniers déménagent et s'y établissent en laissant aux Palestiens le territoire de l'État d'Israël actuel, moyennant versement de dédommagements appropriés à l'État d'Israël par les Palestiniens pour prendre possession des ouvrages civils construits par l'État d'Israël sur le territoire à céder aux Palestiniens, une telle solution serait de nature à mettre fin définitivement au conflit et à ramener LA PAIX dans la région dans un délai fini.


Cette «solution» irait dans le sens de la déclaration d'Helen Thomas, sans parti pris pour l'un ou pour l'autre peuple. Cette «solution» mériterait d'être analysée, discutée, débattue, tant dans l'opinion publique internationale qu'aux instances de l'ONU, pour être finalement, ou retenue dans sa teneur actuelle, ou retenue avec amendements, ou rejetée.

On élabore des solutions qui ne ressemblent évidemment pas du tout à celle esquissée ci-dessus. Mais, entretemps, le conflit israelo-palestinien risque peut-être de durer une éternité.

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Pour connaître un peu plus Helen Thomas, cliquez sur les liens suivants:


vendredi 4 juin 2010

Punta Cana, RD, 2 juin 2010/Sommet mondial pour l’avenir d’Haïti « Solidarité au-delà de la crise »


DÉCLARATION

Dirigé par le Président de la République d’Haïti M. René Préval, par le Président de la République Dominicaine M. Leonel Fernandez Reyna, par les co-présidents de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti, son excellence William Clinton, ancien président des Etats-Unis et envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Jean-Max Bellerive, Premier ministre et ministre de la planification et de la coopération d’Haïti, par l’ambassadeur Edmond Mulet représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies et Chef de la mission des Nations-Unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah), par M. P.J. Patterson représentant de la Communauté de la Caraïbe (CARICOM), ainsi que M. José Miguel Insulza, Secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains (OEA), et une représentation du Forum des Etats ACP (CARIFORO), le Sommet mondial pour l’avenir d’Haïti, « solidarité au-delà de la crise », a eu lieu à Punta Cana, République Dominicaine, le 2 juin 2010 auquel ont participé les représentants d’une centaine de pays et organismes internationaux.

L’objectif de ce Sommet était d’assurer le suivi des accords qui ont été pris par la communauté internationale lors de la Conférence internationale de donateurs sur Haïti qui s’est déroulée au siège des Nations-Unies à New York le 31 mars 2010.

À ce moment là, la communauté internationale avait accordé une aide totale de 10 milliards de dollars pour les dix années à venir, dont 5,3 seront décaissés au cours des 24 prochains mois.

La communauté internationale a également approuvé la Vision et le Plan d’action présentés par les autorités haïtiennes qui reprend les résultats de l’évaluation des pertes et des dommages (PDNA), en soutenant la stabilité politique, le renforcement des capacités institutionnelles, l’autorité de l’État central et des gouvernements locaux, la création d’un climat favorable au secteur privé et à la société civile pour qu’ils puissent prospérer dans une ambiance démocratique.

La Conférence de New York a approuvé la création de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) et le fonds de reconstruction, dont l’agent fiduciaire est la Banque mondiale, dans le but de canaliser efficacement les ressources financières et techniques, ainsi que la coordination entre les bailleurs de fonds.

Dans le cadre du Sommet mondial pour l’avenir d’Haïti, « solidarité au-delà de la crise », la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti a pris connaissance de sa propre structure administrative et de son calendrier de travail. La présentation officielle de cette Commission est prévue pour le 7 juin à Port-au-Prince et sa première réunion aura lieu le 14 juin. La discussion a abordé le thème de la décentralisation, à travers des projets d'infrastructures de base, pour assurer la viabilité des possibilités d'investissement et des établissements humains; la promotion du développement de l'agriculture et de l'industrie; et établir l'éducation comme une priorité nationale.

Le Sommet mondial a été organisé en suivant les quatre volets du Plan d’action et a analysé la liste des projets d’investissements présentée par le gouvernement de la République d’Haïti portant sur ces volets.

Lors des délibérations des différentes tables rondes, les représentants des gouvernements et des organismes internationaux se sont engagés à analyser la liste des programmes et des projets présentés afin d’exprimer leur soutien spécifique selon leurs domaines d’intérêts. Le rôle fondamental de l’investissement privé et le rôle stratégique des organisations de la société civile dans le processus de refondation d’Haïti ont été mis en relief, ainsi que le besoin d’accompagner les projets d’investissement avec le renforcement des capacités institutionnelles de l’administration centrale et des autorités locales en Haïti.

Parallèlement, et en tenant compte du soutien promis, il a été recommandé de faire un effort spécial pour accorder au gouvernement d’Haïti un soutien pour couvrir le déficit de 80 millions de dollars de son budget 2010.

Le Sommet mondial pour le futur d’Haïti, « solidarité au-delà de la crise » a lancé un appel à tous les secteurs politiques d’Haïti afin qu’ils accordent la priorité au dialogue en tant que mécanisme de concertation capable de garantir un climat de paix et de stabilité. Dans ce sens, le Sommet a manifesté son soutien au processus de consolidation institutionnelle démocratique de cette nation dont l’objectif immédiat est l’organisation d’élections présidentielles en novembre prochain.

Enfin, les représentants des gouvernements et organismes internationaux ont reconnu le rôle particulier de la République Dominicaine dans la gestion de la solidarité avec Haïti et ont souligné le rôle stratégique qu’elle est appelée à jouer tout au long du processus de refondation. Ils se sont également engagés à soutenir Haïti dans ses efforts d’intégration régionale.

Fait à Punta Cana, République Dominicaine, le 2 juin 2010
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Sources: Textes et images