mardi 30 octobre 2012

Commission Charbonneau/ Le coffre-fort du parti Union Montréal débordait, selon le témoignage d'un ex-organisateur

Je vous invite à lire l'article auquel conduit le lien suivant:

lapresse.ca / Le coffre-fort d'Union Montréal débordait, dit un ex-organisateur du parti

Voici un extrait de cet article sur un fait inusité.

« Un soir, à l'automne 2004, Bernard Trépanier, responsable du financement d'Union Montréal, convoque Martin Dumont. En entrant, il lui demande de fermer la porte et les stores, même si les locaux du parti sont vides. Celui que plusieurs surnomment monsieur 3% se tient alors derrière son bureau, penché devant son coffre-fort.»

- Comment est-ce que je peux t'aider? a dit Martin Dumont.

- La porte ne ferme pas, a répliqué Trépanier.

- Il y a un problème avec la serrure?

- Non, il est trop plein.

« C'est à ce moment que Martin Dumont affirme avoir constaté que le coffre-fort débordait d'argent. L'ex-organisateur dit surtout avoir été frappé par la couleur des billets - rouge, brun, rose, soit des coupures de 50$, 100$ et 1000$. "C'est le plus gros montant que j'ai vu de ma vie", s'étonne encore aujourd'hui M. Dumont, incapable d'évaluer combien d'argent se trouvait devant lui.»

« Pour résoudre son problème, Bernard Trépanier a fini par retirer des billets pour les cacher dans son veston.»
...

« Mal à l'aise, Martin Dumont dit avoir suggéré à la blague à Bernard Trépanier de se procurer un coffre-fort plus volumineux.»

« Quelques semaines plus tard, l'ex-organisateur dit avoir été surpris de constater qu'un coffre deux fois plus gros avait été installé dans le bureau du responsable du financement...»


NDCDP-Politique

Le témoin Martin Dumont a affirmé hier que le coffre-fort avait pour dimensions 2 pieds de largeur par 2 pieds de hauteur. On peut supposer qu'il avait aussi 2 pieds de profondeur. Le volume du coffre-fort était donc de l'ordre de 8 pieds cubes.

Bernard Trépanier a remplacé ce coffre-fort par un autre dont les dimensions étaient deux fois plus grandes (c'est ce qu'a affirmé le témoin Martin Dumont hier à la Commission Charbonneau).

Eh bien, ce faisant, le volume du nouveau coffre-fort, n'a pas doublé l'espace disponible pour déposer de l'argent liquide, mais il a été multiplié par huit, soit 4 pieds x 4 pieds x 4 pieds = 64 pieds cubes !

Pour doubler le volume d'un cube donné, il aurait fallu que les dimensions soient multipliées par racine cubique de 2, soit approximativement 1,26. En effet: 1,26 x 1,26 x 1,26 = 2.

Selon le témoignage de Martin Dumont, les dimensions du nouveau coffre-fort n'étaient pas 26 % plus grandes que celles de l'ancien coffre-fort, mais le double.


 Wikipédia rapporte cette légende grecque bien connue. Les Déliens (habitants de l'île Delos en Grèce) étaient frappés par une épidémie de peste. Ils demandèrent à l'oracle de Delphes comment faire cesser cette épidémie. La réponse de l'oracle fut qu'il fallait doubler l'autel consacré à Apollon, autel dont la forme était un cube parfait. Le problème de la duplication du cube était (et l'est encore) impossible à résoudre à l'aide de la règle et du compas.

De nos jours, la collusion et la corruption peuvent-elles être empêchées ?
Sur cette question, l'oracle est consulté: c'est la Commission Charbonneau.
Soyons optimistes...il ne s'agit ici ni de la duplication d'un cube, ni de la quadrature du cercle, ni de la trisection de l'angle, trois problèmes insolubles avec règle et compas.

vendredi 31 août 2012

Élections-Québec 2012/ Je voterai PQ le 4 septembre 2012

Mise à jour: 31 août 2012

Par Dr. Pierre Montès

À mon ami d'enfance Jean-Emmanuel Charlot qui, depuis des décennies, a fait le saut que je fais aujourd’hui après un long cheminement …
***
 
J’ai toujours voté Libéral au fédéral comme au provincial.
Mais cette fois-ci, aux élections provinciales du 4 septembre 2012, je voterai pour la candidate du Parti québécois dans ma circonscription. Et je souhaite que Madame Pauline Marois soit réélue dans sa circonscription et devienne Première ministre du Québec.
En général, les canadiens d’origine haïtienne votent pour le Parti libéral. Ils ne donnent  pas leur appui au Parti québécois qui veut que le Québec se sépare du Canada et devienne un pays indépendant.
Ceux qui sont mes amis sur Face Book ont sans doute constaté que j’ai donné mon appui au Parti québécois et à son chef, Madame Pauline Marois. Pour ceux qui ne le sauraient pas, Madame Marois a déjà été à la tête de pas moins de onze ministères en tant que ministre dans des gouvernements péquistes antérieurs. Elle est prête pour gouverner le Québec.  
J’ai décidé de donner mon appui au Parti québécois et à Madame Pauline Marois parce que je veux que la Province de Québec se débarrasse du gouvernement libéral de Jean Charest qui n’a pas su négocier avec les associations étudiantes au printemps dernier, mais leur a imposé une augmentation des droits de scolarité de 83% sur cinq ans.
Moi, je l’ai déjà dit sur LCDP, je suis pour la gratuité scolaire. Cette position de principe me rapproche plus des partis Québec solidaire que j’aime bien, et Option nationale. Mais ces petites formations politiques ne sont pas à même de remporter la victoire le 4 septembre prochain.
D’un autre côté, il y a la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault, un parti qui est au coude à coude avec le Parti libéral selon les derniers sondages, derrière le Parti Québécois qui maintient son avance sur tous les autres partis. La CAQ veut faire le ménage au Québec, prône le changement, ce qui est bien en soi, mais elle soulèvera un mécontentement général : les étudiants, les syndicats, etc. La CAQ fait peur, même à ceux qui sont pour le changement.
Le Parti québécois prône aussi le changement, mais sans provoquer le chaos au Québec. Avec le PQ, avec Pauline Marois comme Première ministre, c’est la sociale démocratie qui va régner. Et j’aimerais bien ça.   
De plus, le Québec ne deviendra pas un pays indépendant le 4 septembre 2012 si le Parti québécois prend le pouvoir mardi prochain. Les élections qui se déroulent actuellement ne sont pas des élections référendaires sur la souveraineté du Québec. Le Québec ne  deviendra un pays souverain que si le peuple québécois le décide démocratiquement par un référendum en répondant oui à une question dont l’énoncé sera débattu puis adopté à l’Assemblée nationale du Québec. Et pour la Province s'engage dans un processus référendaire, il faudra dans un premier temps qu’une pétition réclamant la tenue d'un référendum recueille au moins 850 000 signatures, et, dans un deuxième temps, que la Première ministre (si elle la devient), juge que les conditions gagnantes sont réunies.   
Les canadiens d’origine haïtienne n’ont pas à avoir peur de voter pour le Parti québécois. Et si un jour, ils votent oui dans un référendum sur la souveraineté du Québec, ils seront fiers de contribuer avec les québécois de souche à faire du Québec un pays. Dans un tel cas, les québécois de souche seront éternellement reconnaissants aux canadiens d’origine haïtienne et ils leur diront sincèrement, comme dans la chanson de Jean-Pierre Ferland : «une chance qu’on s’a
Pour le moment, nous n'en sommes pas encore là. Commençons par élire pour la première fois une femme Première ministre, Madame Pauline Marois.
J’exhorte donc les électeurs, ceux d’origine haïtienne en particulier, à donner leur vote aux candidats du Parti québécois dans les 125 circonscriptions électorales du Québec le 4 septembre prochain.

samedi 25 août 2012

Élections Québec 2012: Le PQ maintient son avance dans les intentions de vote à 10 jours du scrutin

Par Dr. Pierre Montès


Le Québec se dirigerait vers un gouvernement péquiste et minoritaire.

Un nouveau sondage Léger Marketing rendu public hier soir 24 août à 23h59 indique que le Parti Québécois dirigé par Madame Pauline Marois arrive toujours premier dans les intentions de vote avec 33%, que la CAQ de François Legault arrive deuxième avec 28%, que le PLQ de Jean Charest se place en troisième position avec 27%.

La taille de l'échantillon est de 1929. La marge d'erreur serait de 2,2% 19 fois sur 20.

Avec une avance d'au moins 5% par rapport à la CAQ et au PLQ dans les intentions de vote, le PQ semble se diriger vers une victoire le 4 septembre prochain.

Pour en savoir davantage, cliquez sur les liens suivants:

journaldequebec.com/sondage Leger Marketing/Péquiste et minoritaire

tvanouvelles.ca/sondage Leger Marketing/vers un gouverment péquiste et minoritaire

mercredi 15 août 2012

Haïti/ Le Conseil Electoral Permanent (CEP) est mis en place


Source: haitilibre.com, 15 août 2012, 17:09:46
Mise à jour: 16 août 2012
Haïti - FLASH : Le Conseil Electoral Permanent, c’est fait !

Finalement, le Gouvernement a choisi l’option de mettre sur pied le Conseil Électoral Permanent avec 6 membres seulement, ce qui permet à l'institution électorale, d’avoir une majorité fonctionnelle, en attendant que le Parlement sorte de l’impasse dans laquelle il se trouve et soit en mesure de nommer à son tour, ses 3 représentants du corps législatif dans ce Conseil permanent qui viendront alors compléter le CEP.

Le Gouvernement a décidé qu’il fallait agir et avancer, ce qui ne sera pas sans provoquer de nombreuses réactions dans le milieu politique...

Le Bureau de Communication de la présidence confirme que le Conseil Électoral Permanent (CEP) a été mis en place, ce mercredi 15 Août, conformément aux prescrits de la Constitution.

Membres du Conseil Électoral Permanent :

Le citoyen Yves Benoit Jean-Marie (Judiciaire);
Le citoyen Patrick Metelus (Judiciaire) ;
Le citoyen Salnave Exantus (Judiciaire) ;
Le citoyen Josue Pierre-Louis (Exécutif) ;
Le citoyen Gustave Acacia (Exécutif) ;
Le citoyen Raynaldo Brunet (Exécutif).

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À lire aussi:
Alterpresse/ Haïti-Politique : Un Conseil Électoral Permanent de 6 membres au lieu de 9

jeudi 9 août 2012

Haïti/ Que se passe-t-il au sein du pouvoir exécutif ?

Par Dr. Pierre Montès

Un important remaniement ministériel a eu lieu au début de cette semaine (lundi 6 août).
Plusieurs analyses sont faites par des journalistes en Haïti.

Si vous avez accès à FaceBook, je vous invite à visionner au complet le vidéo de 17 minutes suivant pour vous faire votre propre opinion sur l'événement.

Vous remarquerez certainement la poignée de main entre le Président Martelly et les deux ex-Sénateurs, aujourd'hui Conseillers spéciaux du président: MM. Joseph Lambert et Youri Latortue. Cela me rappelle la réponse de Sténio Vincent à sa soeur Résia à propos de certains politiciens de son entourage : «...contingences politiques...».

Mais le Président Vincent, lui, était aussi un homme de loi...

Dans mon livre à moi, à plus de 5 000 km de distance, il est écrit que le Président Michel Martelly a besoin d'avoir un Thierry Mayard-Paul à ses côtés. Le lien entre ces deux hommes ne peut être remplacé par aucunes contingences politiques. C'est ce qui se lit dans les paroles du Président vers la fin de son intervention.

Cérémonie d'investiture des nouveaux ministres via twitter:
http://t.co/B1kJGYHc

ou via FB:
http://www.facebook.com/photo.php?v=10152006404180005

dimanche 5 août 2012

Élections au Québec en 2012: une lutte à trois.


Par Dr. Pierre Montès

Le Premier ministre Jean Charest a déclenché, le 1er août 2012, les élections dans la la Province de Québec.

Le jour du scrutin est fixé au 4 septembre 2012, le lendemain de la fête du travail.

Au moment du déclenchement des élections, un sondage Leger Marketing, publié le 1er août dans le Journal de Montréal et effectué auprès de 1648 répondants de 18 ans et plus (marge d'erreur 2,4%, 19 fois sur 20), donnait les intentions de vote suivantes aux trois principaux partis:

Parti Québécois de Pauline Marois (PQ): 33%,
Parti Libéral de Jean Charest (PLQ): 31%,
Coalition Avenir Québec de François Legault (CAQ): 21%

La CAQ, un tout jeune parti, veut marquer des points au début de cette campagne et a recruté des candidats-vedettes (e.g., Maud Cohen, ancienne Directrice générale de l'Ordre des ingénieurs du Québec, Gaétan Barrette, ancien  Président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ); Jacques Duchesneau, ancien Chef de police de la ville de Montréal et ancien Directeur de l'Unité ani-collusion qui a investigué dans le domaine de la construction au Québec).

Le PQ a recruté quelques vedettes telles que Léo Bureau-Blouin, 20 ans, ancien porte-parole de la Fédération étudiantes collégiales du Québec (FECQ), candidat dans le comté de Laval-des-rapides et Jean-François Lisée, un intellectuel de haut vol, candidat dans le comté de Rosemont.

Au début de cette campagne, on sent que le PLQ peut perdre les élections, après avoir passé neuf ans au pouvoir. Le PQ a de fortes chances de reprendre le pouvoir et la CAQ n'a pas fini de surprendre. Ce qui est certain pour le moment, c'est que les étudiants ne voteront ni pour le PLQ, ni pour la CAQ. Leur vote ira vraisemblablement:
  • soit au PQ qui promet le gel des droits de scolarité ou, au pire des cas, leur indexation au coût de la vie;
  • soit à Québec Solidaire (QS);
  • soit à Option Nationale (ON).
Ces deux derniers partis sont pour la gratuité des études collégiales et universitaires, mais ils ne semblent pas, de toute évidence, avoir des chances de former le prochain gouvernement.

Au début de cette campagne, il nous semble, au CDP-Politique, que le PQ serait le parti qui  formerait le prochain gouvernement, minoritaire peut-être, avec, pour la première fois, une femme à sa tête: Madame Pauline Marois.

Les chefs de partis sont présents dans les médias sociaux. On les retrouve sur FaceBook principalement. Sur Twitter, les plus actifs sont, dans l'ordre: Amir Khadir (QS) et François Legault (CAQ).

Pour suivre la campagne électorale au Québec, voici, par exemple, deux liens vers les sites Web de Radio-Canada et d'Huffington Post-Québec:

Radio-Canada/ Élections-Québec 2012

Huffington Post-Québec/ Élections-Québec 2012

Si vous êtes un électeur et si vous voulez vous positionner dans le paysage politique québécois et identifier le parti politique qui soit le plus proche de vos opinions, vous pouvez utiliser la boussole électorale de Radio-Canada (vous pourrez peut-être avoir bien des surprises):

Radio-Canada/ Élections-Québec 2012/boussole électorale

dimanche 22 juillet 2012

Syrie : «Avec ou sans Assad, ce régime va tenir», Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France


Ambassadeur de Russie à Paris, Alexandre Orlov
Photo: leparisien.fr, 22 juillet 2012



Source: leparisien.fr, 22 juillet 2012
Propos recueillis par Bruno FANUCCHI


En poste à depuis octobre 2008, l’ambassadeur Alexandre Orlov nous explique la position de la Russie — souvent incomprise — sur la syrienne et laisse ouvertement entendre que le Bachar al-Assad est désormais prêt à négocier son départ.

Est-ce le début de la fin pour Bachar al-Assad?
ALEXANDRE ORLOV.
Le président syrien a toujours, d’après nos informations, un soutien assez fort de son peuple. Nous avons des contacts avec différentes franges de l’opposition syrienne : il y a des opposants de l’extérieur, comme ceux du Conseil national syrien (CNS), et d’autres groupements qui sont basés en France, en Turquie ou ailleurs. Mais il y a aussi une opposition intérieure qui, elle, est prête à négocier avec le président actuel. C’est pourquoi nous avons toujours souligné que c’est le peuple syrien qui doit décider de son avenir et élire son président. Le fait que le communiqué final de Genève du 30 juin ait été accepté par le président Bachar al-Assad, qui a déjà désigné son représentant pour les futures négociations avec les opposants, montre qu’en son for intérieur le président accepte l’idée qu’il pourrait partir. C’est déjà une évolution très importante.


François Hollande affirme que la chute de Bachar al-Assad est « inéluctable »… Moscou serait prêt à lui accorder l’asile politique? C’est une question qui reste hypothétique. C’est vrai qu’il est difficile d’imaginer qu’il va rester. Il va partir et je crois qu’il le comprend lui-même, mais il faudrait organiser cela d’une façon civilisée, comme on l’a fait au Yémen par exemple. Contrairement à la Libye où Kadhafi était un homme seul, en Syrie, il y a un régime baasiste qui existe depuis des décennies. Avec ou sans Assad, ce régime va rester et tenir.

Pourquoi la Russie a-t-elle opposé à nouveau son droit de veto jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU?
Avec ce projet de nouvelle résolution, les pays occidentaux ont bafoué les accords de Genève du 30 juin, prévoyant une transition du pouvoir du président actuel vers un organe de gouvernement provisoire représentatif de toutes les forces politiques. La Russie y a donc opposé son veto pour deux raisons :

1. Ce projet était unilatéral, car toutes ces dispositions visaient uniquement le président Assad, alors qu’il y a deux parties en conflit, qui toutes les deux emploient des armes.

2. La référence au chapitre VII la Charte des Nations unies ouvrait la voie à une intervention militaire comme en Libye, avec les conséquences que l’on connaît. L’an passé en Libye, nous avons eu le sentiment d’être roulés : cette résolution ne prévoyait pas du tout l’intervention militaire, mais elle a été interprétée par les Occidentaux comme donnant le feu vert à cette intervention. On ne fera pas deux fois la même erreur!

La France vous semble-t-elle partie prenante dans ce conflit?
Je ne veux pas le croire. Même si l’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud, a dit que la France allait « continuer à accompagner l’opposition syrienne dans sa lutte contre le régime Assad » et que la représentante des Etats-Unis, Mme Susan Rice, a déploré que la Russie ne veuille pas collaborer avec les Etats-Unis « pour changer le régime à Damas ». Cela dévoile bien les intentions des Occidentaux, mais est-ce vraiment le rôle de l’ONU, même s’agissant d’un régime peu sympathique? S’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays pour changer son dirigeant, cela remet en cause tout l’ordre international conçu et entériné par la Charte des Nations unies après la Seconde Guerre mondiale. Cela ouvre la boîte de Pandore : on a changé hier le dirigeant de la Yougoslavie, de l’Irak, de la Libye, aujourd’hui de la Syrie, demain de l’Iran, après-demain de la Corée du Nord… et ainsi de suite.

Mais la crise syrienne n’est-elle pas devenue une crise internationale?
Bien sûr, c’est une crise internationale… mais surtout la crise de confiance entre les membres du Conseil de sécurité. C’est pour cela qu’il faut travailler avec les deux parties. Ce que l’Occident n’a pas fait jusqu’à présent, préférant inciter l’opposition armée à aller jusqu’à la victoire finale. Mais ce sera un bain de sang pour le peuple syrien et nous voulons l’éviter. Le plan de Kofi Annan reste d’actualité. C’est la seule façon de régler ce conflit qui soit acceptable pour tout le monde.

La mission des observateurs de l’ONU est-elle encore utile en pleine guerre civile?
La présence d’observateurs internationaux est très utile, plus que jamais. Car c’est une des rares sources fiables d’information sur ce qui se passe en Syrie, où il y a beaucoup de désinformation, et cela calme un peu les deux belligérants.

Alors quelle est votre analyse des événements en Syrie?
Ce qui se passe en Syrie, c’est une confrontation entre deux tendances de l’islam : les sunnites, représentés par l’Arabie saoudite et le Qatar, qui arment l’opposition, et les chiites, représentés par la Syrie et l’Iran. Ce n’est pas notre guerre, mais nous voyons chez les sunnites les tendances les plus radicales de l’islam, les salafistes et les wahhabites, que nous avons combattus en Tchétchénie. Cela nous inquiète, car nous avons dans la Fédération de Russie beaucoup de musulmans.

La Russie paraît être le dernier soutien d’Assad…
C’est une contre-vérité de dire que la Russie défend le régime d’Assad. Il n’y a aucun lien particulier qui lie la Russie au président Assad et à son clan, alors qu’il a toujours été un grand ami de la France. Il a été reçu royalement à Paris et a été invité au défilé du 14 Juillet en 2008. Mais il est vrai que la Russie a des intérêts en Syrie qui est notre partenaire de très longue date. Du temps de l’Union soviétique, beaucoup de Syriens ont fait leurs études supérieures chez nous. Il y a beaucoup de mariages mixtes et la communauté russe compte plusieurs dizaines de milliers de personnes en Syrie. Sur le plan économique et militaire, notre intérêt est en revanche très exagéré.

Comment cela se passe entre Vladimir Poutine et François Hollande?
Le premier contact, le 1er juin, entre deux présidents fraîchement élus a été positif. Ils ont exprimé le désir d’intensifier les relations entre nos deux pays, surtout dans le domaine économique. Le courant est bien passé puisque le président Poutine a téléphoné à son homologue français dans les jours suivants. Le choix de Paris et Berlin le même jour pour sa première visite à l’étranger est significatif. Dès sa prise de fonctions, le 7 mai, le président Poutine a signé un décret fixant les priorités de sa politique étrangère et, parmi celles-ci, la définition d’un espace commun économique et humain entre la Russie et l’Europe. Cela va dans le sens de la fameuse phrase du général de Gaulle parlant de « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural ». Le temps est venu de commencer à bâtir cette grande Europe.

dimanche 15 juillet 2012

Les dernières cartouches de l'ambassadeur Merten

 
Source: lenouvelliste.com, 13 juillet 2012
 
Propos recueillis par Frantz Duval
 
7 heures du matin, le rendez-vous est pris pour une interview. La dernière avec Kenneth H. Merten. L'ambassadeur américain reçoit Le Nouvelliste sur la galerie de sa résidence à Bourdon. En 20 minutes le point est fait sur sa mission qui s'achève. Calme et honnête, comme pendant toute la durée de son séjour en tant qu'ambassadeur, Merten répond aux questions sans langue de bois, mais en diplomate parfait.
 
 
Le Nouvelliste (L.N.) : La tournée des médias pour faire ses adieux, ce n’est pas la norme; pourquoi la faites-vous ?
Kenneth H. Merten (K.H.M.): Je viens de passer trois années assez mouvementées en Haïti. Il y a eu aussi pendant cette période des réalisations importantes, il est simplement venu le temps de faire le bilan avant de quitter le pays.

L.N. : D’habitude, les adieux des ambassadeurs américains se font à l’occasion d’un grand discours; vous, vous passez de média en média, vous avez un message à transmettre, Monsieur l’Ambassadeur ?
K.H.M. : J’ai deux messages que j’aimerais transmettre au peuple haïtien : d’abord merci. A chacune de mes trois affectations en poste en Haïti je me suis toujours senti le bienvenu, toujours senti chez moi, à l’aise, confortable. Je veux dire merci pour tout cela. J’aimerais aussi souligner pour mes amis Haïtiens que je suis optimiste pour l’avenir de ce pays, mais il faut continuer à travailler, à se battre chaque jour pour que le pays avance. Je suis certain que le pays va avancer, mais il faut, et j’insiste, des investissements. Il faut travailler dur, et surtout, il ne faut pas compter sur l’aide, l’aide américaine, l’aide de la communauté internationale, l’aide des institutions internationales, l’aide des ONG. Toute cette aide ne va pas, ne peut pas transformer le pays.
C’est seulement l’investissement et seulement le dur labeur des Haïtiens qui pourront faire la différence.
Je ne transmets pas un message pessimiste, au contraire, je suis optimiste. Mais je crois qu’il revient aux Haïtiens de créer un pays comme ils le rêvent. Leur avenir est entre leurs mains. Le moment est propice, les étrangers veulent venir ici investir, les Haïtiens d’ici et de la diaspora le veulent aussi, c’est la seule façon de transformer ce pays.

L.N : Monsieur l’Ambassadeur, vos conseils sont à prendre avec attention, vous avez une position d’observateur avisé : vous trouvez que les Haïtiens ne travaillent pas assez dur… ?
K.H.M. : Pas du tout, au contraire, les Haïtiens travaillent très dur. Mais il est facile à constater qu’il y a beaucoup de chômage, les gens n’ont pas assez d’opportunités de travail, les Haïtiens sont parmi les peuples les plus travailleurs au monde. Mais pendant les 25 dernières années, surtout après l’embargo, ils n’ont pas eu beaucoup d’opportunités de trouver du travail.

L.N : Vous parlez des limitations de l’aide, vous êtes l’ambassadeur américain sous le mandat duquel Haïti a reçu le plus d’aide des Etats-Unis d’Amérique en même temps, c’est vous qui avez le discours pour nous dire que l’aide ne suffira pas pour nous sortir de nos problèmes. On a échoué quelque part avec l’aide, on en a mal compris le mécanisme ?
K.H.M. : Non. Je ne crois pas que le qualificatif est "échoué" . Il faut bien comprendre ce qu’un pays peut réaliser avec l’aide externe. Ce n’est pas seulement en Haïti, c’est le cas dans tous les pays.
Permettez que j’utilise une image : quand on bâtit une maison, il faut d’abord ériger les fondations. Des fondations solides. Et, ensuite, construire la maison. L’aide peut aider un pays à mettre en place les fondations, mais c’est au peuple de ce pays de construire sa maison à partir de ses rêves et de sa vision.
L’aide ne peut pas parvenir à transformer ou à construire un pays.
Je ne parle pas uniquement d’Haïti. Si on regarde les pays qui sont passés ces dernières décennies du stade de pays assez pauvres à celui de pays assez riches : la Chine, Taïwan, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, ce sont des pays qui ont décollé grâce aux investissements privés.
L’aide peut aider, l’aide peut encourager, l’aide ne peut pas transformer un pays.
D’ailleurs, il n’y aura jamais assez d’aide pour changer un pays. Les pays donateurs, même les Etats-Unis, ont tous des problèmes budgétaires. L’aide est susceptible d’être coupée à n’importe quel moment et plonger les pays receveurs dans la difficulté.

L.N : Certains vous placent dans la catégorie des ambassadeurs très honnêtes. Vous partez et faites le point sur l’aide à un moment où, en dépit des montants décaissés récemment qui sont les plus importants de l’histoire de la coopération entre Haïti et les USA, il n’y a pas de gros projets visibles qui ont pu être réalisés. Le parc industriel de Caracol, lequel est le porte-étendard de l’action américaine en Haïti, est inachevé et essuie des critiques: le parc ne va pas tenir ses promesses en termes de création d’emplois pour 2012; vous mettez tout cela dans la balance ?
K.H.M. : Je ne suis certainement pas d’accord avec les critiques sur Caracol. Il y a toujours des gens qui critiquent parce que c’est plus facile de le faire que de passer à la réalisation soi-même. Je les comprends, il en est toujours ainsi partout, et je l’accepte.
Le projet du parc industriel de Caracol est une des réalisations (les Etats-Unis y contribuent avec le gouvernement haïtien, la Banque interaméricaine de développement et des entreprises privées) qui ont la possibilité de transformer Haïti en un pays prêt à accueillir les investissements à l’aube du XXIe siècle.

L.N : Il y a cependant des aspects à corriger. Les critiques servent à cela…
K.H.M. : Il y a toujours des choses à améliorer dans tout projet; quelle que soit l’initiative on est confronté à des imprévus et on doit faire un changement par-ci, un retouche par-là, je suis cependant très confiant que si le projet du parc industriel de Caracol est bien géré, il sera une réussite.

L.N : Lors du dîner donné en votre honneur par la Hamcham, l’une des questions soulevées touchaient aux contrats octroyés grâce à l’aide américaine et attribués presque exclusivement à des entreprises américaines. Les entreprises haïtiennes sont mises sur la touche, vous avez été d’une honnêteté remarquable pour ne pas le nier et annoncer que des correctifs sont en cours d’implémentation. Nous sommes en route pour que cela soit corrigé ?
K.H.M. : Oui. Je le crois et je l’espère. Nous avons, comme je l’ai dit lors de la soirée, un nouveau projet USAID Forward qui introduit de nouvelles manières de travailler dans nos pays partenaires. On va faire plus d’effort pour chercher et trouver des partenaires locaux pour nos projets. Soit des membres du secteur privé, soit des ONG du pays où nous sommes visiteurs.
Cela vient d’être lancé il y a à peine quelques mois, nous sommes en train d’identifier des partenaires haïtiens. Nous avons organisé une journée portes ouvertes pour les entreprises et les ONG haïtiennes pour leur expliquer comment ils peuvent répondre aux appels d’offres de l’USAID.
Naturellement, ces nouveaux partenaires doivent passer les étapes de validation car le Congrès américain tient à ce que tout se passe en toute transparence. Nous devons veiller à savoir où l’argent va et à qui, et aussi nous assurer aussi que ces firmes ou ONG répondent aux standards que nous établissons pour les firmes et ONG américaines. La compétition sera ouverte à tous et sera équitable.
L’évaluation des résultats est aussi très importante.

L.N : J’ai eu la chance de visiter au Département d’Etat le desk qui s’occupe d’Haïti, seuls deux pays ont un desk aussi important : Haïti et l’Afghanistan, m’a-t-on expliqué. Un staff si important cela ne complique-t-il pas la communication entre Haïti, les ambassades des deux pays, le Département d’Etat, le ministère des Affaires étrangères d’Haïti ? Cela fait beaucoup de monde, cela favorise-t-il de meilleures relations entre les deux pays?
K.H.M. : Cela ne favorise pas, cela ne complique pas. C’est une réalité.
Vous savez, pour cette administration du président Barack Obama, Haïti est une priorité. Après le séisme, les besoins étaient tels que le Congrès a mis beaucoup d’argent à la disposition d’Haïti, soit pour des dépenses humanitaires, soit pour des programmes de relèvement, il fallait du monde pour gérer toute cette assistance.

L.N : Haïti a-t-elle assez de vis-à-vis pour comprendre la politique américaine en Haïti ?
K.H.M. : Oui, je le crois d’autant que vous avez maintenant un ambassadeur à Washington…

L.N : Enfin…
K.H.M. : … qui connaît bien Washington. C’est un homme sérieux et bien formé. Et il est bien connecté dans l’administration Martelly-Lamothe. Je crois que cela va beaucoup aider pour la communication.
De notre côté, ici à l’ambassade, nous avons toujours de bonnes relations avec les ministères, le Premier ministre et le président. Nous n’avons pas à nous plaindre de la qualité de la communication.

L.N : Faisons le bilan politique de votre mission. Il y a ce fameux communiqué qui a changé le cours des élections en décembre 2010, il y a aussi le déjeuner en votre résidence entre la secrétaire d’Etat et les principaux candidats engagés dans la course électorale où certains disent que c’est décidé le choix du gagnant de l'élection présidentielle de 2011, on met aussi dans votre bilan le président René Préval lâché par les Etats-Unis à un certain moment. Vous acceptez ce bilan politique de votre mission ?
K.H.M. : Je ne l’accepte pas. (Petit rire).
Comme je l’ai expliqué à plusieurs reprises, le gouvernement haïtien nous a invités à participer à la réalisation des élections législatives et présidentielle en 2010, d’autres partenaires de la communauté internationales et nous. Les USA y ont contribué à hauteur de seize millions de dollars. Le contribuable américain insiste pour que son argent aille à des élections qui vont refléter la volonté et la décision du peuple haïtien. C’est tout ce qu’on a voulu faire, on a voulu appuyer le processus, jamais appuyer un candidat, nous n’avions aucune préférence pour M. Martelly, M. Célestin. Mme Bijoux, X ou Y. Pour nous, ce n’était pas important du tout.
Nous avons rencontré presque tous les candidats avant les élections et nous n’avons pas choisi de favori, c’est le processus que les Etats-Unis ont toujours soutenu. C’était clair pour nous.
Il était clair aussi pour nous, pour l’OEA, pour les observateurs et pour de nombreux Haïtiens que les résultats du premier tour publiés en décembre 2010 ne reflétaient pas la réalité qu’on avait observée sur le terrain. C’est tout. Point final.
La visite de Mme Clinton visait à expliquer, à son niveau, ce que nous avons observé, et rappeler que nous avons travaillé ensemble avec nos partenaires haïtiens et internationaux pour assurer des élections qui reflètent la volonté du peuple haïtien. C’est tout.
Nous n’avons pas laissé tomber le président René Préval. Nous avons toujours bien travaillé avec lui. Même après les élections, nous avons pu ensemble avec lui, avec le Premier ministre Bellerive, réaliser des projets.
J’ai toujours, et aujourd’hui encore, de très bonnes relations avec le président Préval. Je l’ai vu récemment.

L.N : Il y a de nouvelles élections qui arrivent sou peu. Il y a un Conseil électoral permanent à mettre sur pied, vous êtes optimiste, vous qui avez vécu tant d’élections en Haïti ?
K.H.M. : Je suis optimiste.
Ce qui est important, surtout pour les investisseurs, c’est la stabilité. Le CSPJ qui est installé, la publication des amendements de la Constitution, la Cour de cassation qui est complétée et les élections qui vont se tenir, tout cela sont de bons signaux.
Nous allons apporter notre appui aux prochaines élections de concert avec nos partenaires de la communauté internationale pour assurer qu'elles soient transparentes et reflètent la volonté du peuple haïtien.

L.N : C’est votre troisième mission en Haïti, on ne sait pas s’il y aura une quatrième, quel est votre bilan personnel de vos passages en Haïti ?
K.H.M. : Comme je l’ai déjà dit, cela me fait trois affectations en Haïti. J’ai vécu sur place trois coups d’Etat, deux cyclones, un tremblement de terre, une grande mission humanitaire et quatre élections. J’ai l’impression que j’ai accompagné le peuple haïtien à divers moments de sa vie, j’espère, et je crois, que maintenant le pays est dans la situation, enfin, de pouvoir décoller. C’est en tout cas mon impression.
Les choses ont vraiment changé pour le meilleur. 2012 est une année clé. Ce semestre à venir est déterminant pour qu’Haïti montre aux investisseurs et à la communauté internationale que le pays a vraiment, comme on dit en anglais, turn the corner (passer le carrefour dangereux), que Haïti va attirer les investisseurs, va avoir la croissance économique, va prendre les décisions, difficiles parfois, pour son développement et pour sa stabilité. Je suis très confiant, c’est ma vision des choses. Je suis fier de ce que nous avons pu accomplir ici ensemble, l’ambassade et nos partenaires haïtiens. Je suis impatient de voir comment sera l’avenir.

L.N : Vos regrets ?
K.H.M. : Je n’ai pas beaucoup de regrets, un seul peut-être, je vais partir et le parc industriel de Caracol est encore inachevé. Je vais devoir suivre tout cela de loin, malheureusement.

Pour le retour de l'armée, Martelly donne et prend

Source: lenouvelliste.com, 11 juillet 2012

Par Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com



Le président Martelly se montre fin stratège. Plus madré qu’on ne le pensait. Martelly le joueur, fidèle à sa réputation, mise à nouveau sur l’armée.

Après avoir donné l’impression de laisser tomber sa promesse de reconstituer les Forces Armées d’Haïti (FAD’H): de s’être débarrassé des faucons de son entourage comme des hommes de troupes qui montaient des casernes rebelles un peu partout sur le territoire; après avoir donné l’ordre de leur faire la chasse et de clore le dossier, le président le rouvre. D’une manière inattendue. De l’étranger étant.

D’abord une petite phrase dans une déclaration faite au Panama, puis au cours d'une visite officielle en Equateur accompagné de son ministre de la Défense et du directeur général de la Police nationale d’Haïti, tous deux anciens officiers des FAD’H. À son rythme, à son heure, le président dicte le calendrier.

Cette fois, pas question de passer par le Venezuela et le commandant Chavez. Trop nombreux étaient les amis d’Haïti qui s’inquiétaient de la passion de ce généreux voisin pour la résurrection de l’armée en Haïti. Pas question non plus de prendre la tangente pour une force de défense civile comme le lui proposait la France. Martelly revient plus finaud que prévu avec une solution équatorienne. L’équation change. La défense sera civile et militaire.

Avant d’avancer ses pions, le président de la République a mis au propre tous ses devoirs, respecté toutes les promesses accumulées depuis des mois. Il s’est débarrassé, puis a recasé plus loin de lui, ses proches mis à l’index par les organisations de défense des droits de l’homme ; il a publié la version amendée de la Constitution qui seyait aux amis d’Haïti ; il a complété la Cour de cassation, monté le CSPJ et ouvert la porte à la formation du Conseil électoral permanent. Le président a donné son plein appui au renforcement de la PNH.

Personne ne peut plus reprocher quoi que ce soit au président Martelly. A son tour, il peut se mettre au service de ses promesses de campagne électorale. Le retour de l’armée en fait partie. Le président lui-même a eu une très courte carrière de cadet à l’Académie militaire dans sa prime jeunesse.

Sa visite ce mercredi à l’Ecole supérieure militaire Eloy Alfaro lui a permis de renouer avec le faste et de s'approcher au plus près de ce que peut être l'armée nouvelle.

« Accompagné du ministre haïtien de la Défense, M. Rodolphe Joazile, et du directeur général de la Police nationale d’Haïti, M. Mario Andrésol, le chef de l’Etat haïtien s’est entretenu avec le ministre Carvajal, le directeur de l’Ecole militaire Eloy Alfaro, le général Gustavo Cabrera et le haut Etat-major, sur des questions liées à la structuration du ministère haïtien de la Défense, notamment à la formation de forces armées modernes pour Haïti, à l’accompagnement de l’Equateur dans la mise en place d’un Etat-major en Haïti, au renforcement de la police nationale et le rôle que devrait jouer la Minustah en Haïti », indique un communiqué de la présidence publié mercredi.

« Pour prévenir et réprimer d'éventuelles actions armées internes ou étrangères, étatiques ou non étatiques, susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'Etat, le gouvernement haïtien espère, à moyen terme, avec l'appui de la République d'Equateur :

a) créer un corps d'infanterie légère capable d'assurer la sécurité dans les zones frontalières et dans les régions reculées et difficiles d'accès;

b) renforcer les capacités techniques et opérationnelles des gardes-côtes haïtiennes;

c) former une unité d'aviateurs et de pilotes d'hélicoptères;

d) créer une unité militaire antiémeute et de déminage », annonce la présidence.

« Dans le cadre de la coopération entre Haïti et la République d'Equateur dans le domaine de la défense civile, le gouvernement haïtien souhaiterait :

a) créer un corps de génie au sein du ministère haïtien de la Défense capable d'intervenir à titre d'appui technique, logistique et opérationnel dans de grands travaux d'infrastructure ou communautaires;

b) former un corps de sauvetage en milieu maritime et terrestre capable d'intervenir au profit des membres de la population civile, en cas de catastrophes naturelles ou humaines;

c) instituer un corps d'intervention humanitaire capable d'organiser la gestion humanitaire et les services d'ordre, dans les régions affectées, lors des situations post-désastres. »

L’armée et la défense civile dans un même paquet, cela enrobe le retour de l’armée d’une aura plus moderne que la dernière tentative sauvage d’imposer par la rue le retour des militaires.

L’avenir dira rapidement si le président Martelly a donné assez de garantie pour pouvoir prendre ce trophée qu’est le retour de l’armée après la débandade de 1994-1995.

jeudi 5 juillet 2012

Didier Le Bret, pa m' se pa m'.

Par Dr. Pierre Montès

Kreyol palé, kreyol konpran n'.

J'emprunte le titre de la "toun" (chanson) du chanteur Marc-Yves Volcy (*) pour répondre à l'ambassadeur Didier Le Bret: «pa m' se pa m».

J'emprunte aussi les paroles de la chanson pour répondre à l'ambassadeur en la circonstance.

En voici un extrait:

«kouzen mwen se yon gason ki fen
koutwazi nan men n' se pa monnen
rann sèvis l' chanje sa an plezi
se pou sa l' menm anvi di ou mèsi

kouzen mwen p' ap di ou anyen k'pa sa
santiman l' konn sa sa vle di sa
pa bokit li pot bel kalite
sèl defo l' pedan dènye degre

pi misye yon ti jan lèd
mwen di ou li lèd
se kòmsi l' fè ekspre li pran pwen l' pran remèd
misye lèd li lèd li lèd

men pa di avè m'
pa m' se pa m
pa m' se pa m
pa m' se pa m.»



J'ai aimé les réflexions de Louis Calvet exprimées dans  sa lettre ouverte à Monsieur Frantz Duval, rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste, publiée le 28 juin 2012.

Monsieur Calvet commence sa lettre ainsi:

«Concernant l'incident Jean-Claude Duvalier/ambassadeur de France, je vous fais parvenir ces réflexions parce que j'estime que, par-delà Duvalier, c'est le pays tout entier qui est victime de l'affront fait à un ancien chef d'Etat jusqu'à présent pas légalement déchu de ses droits civils et politiques. »

Cliquez sur le lien suivant pour la lire la suite:

lenouvelliste.com/ Louis Calvet/ Autour de l'incident impliquant l'ex-président à vie Jean-Claude Duvalier et l'ambassadeur de France en Haïti, Didier Le Bret.

______________________
(*) Marc-Yves Volcy, Coffret de quatre CD sous le titre "À flots et à délire  Kat kabès", quatrième CD, plage 5.

vendredi 22 juin 2012

Haïti/Politique/Amendements à la Constitution de 1987: publication du 19 juin 2012 sans les erreurs matérielles de la publication du 13 mai 2011


Par Dr. Pierre Montès

Voici le lien vers le texte des amendements re-publiés dans le journal officiel Le Moniteur:
Le Moniteur/Loi constitutionnelle portant amendement de la Constitution de 1987, 19 juin 2012.

***
N.B.  La crise se poursuit de plus belle.

Constitution de 1987 (version du 29 mars 1987):

«Article 137: Le Président de la République choisit un Premier Ministre parmi les Membres du Parti ayant la majorité au Parlement. À défaut de cette majorité, le Président de la République choisit son Premier Ministre en consultation avec le Président du Sénat et celui de la Chambre des Députés.

       Dans les deux (2) cas, le choix doit être ratifié par le Parlement



Constitution de 1987 (versions amendées 13 mai 2011 et 19 juin 2012):

«L'Article 137 se lit désormais comme suit:
Le Président de la République choisit un Premier Ministre parmi les Membres du Parti ayant la majorité absolue au Parlement. La majorité est établie sur la base des résultats électoraux des élus dans chacune des deux Chambres. À défaut de cette majorité, le Président de la République choisit le Premier Ministre en consultation avec le Président du Sénat et celui de la Chambre des Députés

La phrase stipulant que ce choix doit être ratifié par le Palement est bel et bien supprimée. J'aime ça. Pour ainsi dire, tels sont pris qui croyaient prendre...

Le vidéo du vote de l'article 137 confirme ce que les parlementaires ont effectivement voté. Cliquez sur le lien suivant: Veritehaitienne/youtube.com/, 0 min 50 sec, 10 juin 2011.
_________________________

Autre lien:
haiti-reference.com/Texte de la Constitution de 1987

mardi 5 juin 2012

Haïti/Éducation/Le programme Martelly de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (PSUGO) en chiffres

Par Dr. Pierre Montès

«Il nous faut courir alors que les autres marchent.», Julius Nyerere (*)


***

Voici quelques chiffres qui permettront de se faire une première idée de cet audacieux projet du Président Martelly.

 






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(*) Cette citation est communément appelée: "Le Cri d'Arusha". Julius Nyerere fut Président de la Tanzanie. Pour lui aussi, l’éducation était la priorité numéro un. Pour en savoir plus on consultera les liens suivants:
  1.  Wikipédia/Julius Nyerere (en français).
  2. Wikipedia/Julius Nyerere (en anglais).

samedi 2 juin 2012

Haïti/ Publication éventuelle de la Constitution de 1987 amendée: de quels amendements s'agirait-il ?

Par Dr. Pierre Montès
Mises à jour, 4 juin, 20 juin 2012

À l'heure actuelle, personne ne sait quelle est la version authentique des amendements qui ont été votés par l'Assemblée nationale en mai 2011.

De plus, la 49eme législature avait-elle le pouvoir de modifier les amendements votés par la 48e législature ? Dans mon livre à moi, la réponse est NON.

Il faut repartir à zéro.

Il faut laisser vivre la Constitution de 1987 non amendée ([1], [2]) et attendre la fin de la 49e législature pour voter de nouveaux amendements.

La 49e législature devra voter de nouveaux amendements (qui peuvent inclure certains des amendements qui avaient été proposés par la 48e législature) à la fin de sa dernière session quelque part en 2015. Et la 50e législature qui succédera à la 49e en 2016, ne devra rien ajouter à/retrancher de ces amendements, pour ne pas répéter la même erreur que la 49e en 2011. De plus, le cheminement des documents contenant les amendements d'une instance à l'autre devra être sécurisé pour assurer son intégrité en tout temps, jusqu'à sa parution dans Le Moniteur.

Nous fournissons ci-après des liens vers quelques documents et quelques articles sur la question. Ce n'est pas un travail exhaustif, mais il donnera aux lecteurs une saveur de la chose.


1)      Rapport de la Commission Moïse à René Préval, juillet 2009 :



2)      Déclaration du corps législatif relative à l’amendement de la constitution de 1987, le 6 octobre 2009 :



3)      Amendements publiés dans le Moniteur  le 13 mai 2011 (deux liens vers des copies du même document):






4)      Kiskeya, samedi  4 juin 2011 :
5)      Mise au point du RNDDH le 27 octobre 2011 sur les erreurs de publication de la loi constitutionnelle amendée :



6)      Article d’Haiti-libre mai 2012/Graves conséquences en cas de publication des amendements. On trouvera dans cet article des liens vers le rapport de la commission Gourgue et vers l'avis de Mirlande Manigat :

       http://www.haitilibre.com/article-5761-haiti-politique-graves-consequences-en-cas-de-publication-de-la-constitution.html
7)      Article du journal Le Matin du 1er juin2012 :



8)      Monferrier Dorval, docteur en droit, prof à l’UEH opine (13 février 2012) :



9)  Article du Dr. Georges Michel (30 mai 2012) :
Analyse de la crise constitutionnelle et politique/lenouvelliste.com

10)    Amendement de la Constitution de 1987: Le rétablissement de la vérité par Robert Magloire, conseiller du Président Préval (mis en ligne sur sribd.com; lien ajouté ici le 20 juin 2012) :
__________________________________________
[1] Wikipédia/ La Constitution de 1987.
[2] haiti-reference.com/Texte intégral de la constitution de 1987.

vendredi 1 juin 2012

Québec/confit étudiant/ rupture des négociations avec le gouvernement Charest

Par Dr. Pierre Montès

Ma décision est prise depuis quelques jours déjà: je ne voterai plus libéral aux élections provinciales comme je l'ai fait jusqu'à présent.

Il a fallu qu'un conservateur au fédéral devienne premier ministre d'un gouvernement libéral au provincial pour réussir à me faire changer de camp, depuis plus de vingt-cinq ans que j'exerce mon droit de vote au Québec.

Mais ne craignez rien, je ne suis pas encore pour la souveraineté du Québec...même si la social-démocratie à la Pauline Marois a conquis mon coeur depuis toujours, naturellement.

***
Les négociations entre la ministre Michel Courchesne (députée de mon comté !) et les leaders étudiants de la FEUQ, de la FECQ, de la CLASSÉ et de la TACEQ n'ont pas abouti à une entente.

Et pourtant, les étudiants ont proposé plusieurs solutions de sortie de crise à coût nul pour le contribuable, comme le voulait le gouvernement Charest, en respectant les paramètres imposés par le gouvernement Charest.

Mais M. Charest n'aime pas les solutions trouvées par les étudiants qui ont fait preuve d'ingéniosité, parce que ces solutions n'impliquent pas une augmentation des droits de scolarité pour les étudiants.

En fait, M. Charest veut une solution qui soit à coût nul pour le contribuable, mais qui contienne obligatoirement une hausse des droits de scolarité pour les étudiants.

Une solution qui soit à coût nul pour le contribuable, mais qui n'implique pas une hausse des droits de scolarité pour les étudiants est exclue par M. Charest.

Le budget 2011-2012 du gouvernement Charest pour les universités québécoises prévoit que la contribution du gouvernement passerait de 54% en 2008-2009 à 51,4% en 2016-2017. Pour cette même période, le gouvermenent veut faire passer la contribution des étudiants de 12,7% à 16,9%. Les contributions des autres sources restent pratiquement constantes durant cette période, sauf celle du gouvernement fédéral qui diminuerait de 14% à 12%. M. Charest l'a rappelé hier: dans le cas du financement des universités, il veut que soit appliqué le principe de "l'utilisateur-payeur".

Je souhaite que beaucoup d'électeurs qui , comme moi, ont toujours voté libéral, choisiront de voter pour un autre parti aux prochaines élections provinciales.


Voici un lien vers un article qui résume comment se sont terminées les négociations hier:
Journet et Lessard/ lapresse.ca, 31 mai 2012.
________________
À lire aussi la proposition de l'ancien premier ministre Bernard Landry qui est aussi un professeur d'université:
Bernard Landry: Conflit étudiant - une autre approche possible, Le Devoir, 31 mai 2012.

Conflit étudiant - Une autre approche est possible…

Par Bernard Landry
Ancien premier ministre du Québec
Source: ledevoir.com, jeudi 31 mai 2012

L'exceptionnelle mobilisation étudiante que nous vivons est en soi une manifestation civique positive : les jeunes s’engagent à nouveau. Espérons que cela laisse présager qu’ils iront à l’avenir aux urnes autant que leurs aînés et s’impliqueront sérieusement dans la politique. Évidemment, leurs justes causes n’autorisent par ailleurs aucune dérive anarchique, y compris la désobéissance civile qui ne sied aucunement à la situation actuelle ni à notre univers démocratique.

Curieusement, le présent nous ramène à certaines discussions des années 1960 qui sont toujours pertinentes. Comme président de l’AGEUM (Association générale des étudiants de l’Université de Montréal) et fondateur de l’UGEQ (Union générale des étudiants du Québec), j’avais, à l’instar de mes contemporains, des préoccupations proches de celles des jeunes d’aujourd’hui. J’ai même organisé la première grande et pacifique manifestation étudiante de notre histoire nationale autour de l’affaire Gordon.


Il n’y avait à l’époque aucun système public de prêts et bourses. Pour payer mes études, j’ai été officier dans l’armée canadienne comme Pierre Bourgault ! Les étudiants de l’époque ont donc mené à ce sujet une vigoureuse bataille qu’ils ont gagnée, grâce notamment à l’ouverture de Paul Gérin-Lajoie, ministre libéral visionnaire qui créa le régime qui est encore essentiellement en place. […]

Gratuité et salaire étudiant


Déjà, à l’époque, nous parlions de la gratuité scolaire et même davantage puisque certains camarades plus audacieux réclamaient un « présalaire » étudiant ! Par la suite, j’ai toujours été fier de voir que nos droits de scolarité étaient atypiques sur notre continent et que nous étions plus près à cet égard de l’Europe que de l’Amérique.


Comme ancien leader étudiant devenu ministre des Finances, je ne pouvais honnêtement pas les augmenter, même durant l’indispensable retour à l’équilibre budgétaire après un demi-siècle de déficit continu. Devant le désastre de l’endettement des jeunes diplômés américains, il est clair que l’inspiration européenne est plus sage et plus juste.


À la lumière de ce contexte historique, il y a peut-être une solution à l’impasse actuelle pouvant nous mener à un avenir stable et juste si l’on parvenait simplement à s’entendre sur quelques réalités incontestables et en tirer courageusement les conclusions.

Principes sacrés


D’abord quelques principes sacrés qui devraient faire l’unanimité et servir de fondement à la solution recherchée :


L’éducation jusqu’à la limite des talents et la volonté d’étudier de chacun constitue un droit individuel fondamental. Elle est liée aux chances de bonheur des humains de partout, particulièrement dans la complexité des défis contemporains.


L’éducation doit être également une priorité collective absolue et l’instrument fondamental de la création et de la répartition de la richesse dont dépendent aussi les chances de bonheur collectif, plus encore dans le contexte québécois du vieillissement spectaculaire de la population.


Seul un niveau d’éducation exemplaire peut nous conduire à l’efficacité et à la productivité nécessaires pour satisfaire les besoins des jeunes comme des aînés et continuer à élever notre niveau de vie. L’éducation nous a sauvés en 1960, elle devra le faire encore et plus dans les années à venir et devenir aussi dominante que pouvait l’être la religion avant les années 1960, ce qui n’est pas peu dire…


Il est indéniable que certaines formations universitaires assurent beaucoup plus de revenus à leurs diplômés qu’à d’autres et que certaines sont aussi beaucoup plus coûteuses que d’autres.


Il a été démontré que, pour de profondes raisons sociologiques, les enfants des plus riches profitent plus du bas niveau de nos droits de scolarité. Il s’agit d’un transfert des pauvres vers les mieux nantis, comme l’a expliqué l’économiste Claude Montmarquette.


Effort collectif de bonne foi


À partir de ces quatre constatations irréfutables, on peut esquisser une solution qui, avec un effort collectif de bonne foi, pourrait régler la crise actuelle et assurer une paix durable à l’avenir. D’ailleurs, plusieurs intervenants respectables (Guy Rocher, Louis Bernard, Claude Castonguay, Léon Courville et d’autres) ont mis de l’avant certaines composantes d’une solution rationnelle et réaliste et qui aurait les fondements suivants :


Gratuité scolaire complète - enfin ! - de la maternelle jusqu’à la plus haute diplomation universitaire suivant les talents et la volonté de chacun et chacune. Donc, aucune entrave matérielle d’accès aux études ne subsisterait, ni aux yeux des jeunes ni de leurs parents.


Par la suite, une fois les diplômes obtenus, un mode de paiement rétroactif des droits de scolarité tenant compte des critères suivants : le coût réel des études par faculté et le niveau de revenu moyen lié à la profession pratiquée ou les revenus réels des diplômés. Ainsi, le chirurgien et l’ingénieur auraient à rembourser plus que l’anthropologue et le professeur du secondaire.


Bien sûr, de nombreuses modalités seraient à étudier et à mettre en place : calendrier d’application, montants en cause, temps de remboursement, contrats avec les étudiants étrangers. Aucun de ces rajustements ne crée cependant de problèmes insolubles.


Ces droits modulés devraient par ailleurs être maintenus globalement à leur niveau d’avant la hausse et indexés pour qu’ils restent à leur niveau déjà exemplaire.


À ce virage majeur pourrait s’ajouter l’acceptation de demandes sensées des étudiants : états généraux, transparence de gestion, normes, etc.


Une telle approche, qui demande courage et lucidité, conserverait au Québec une position exemplaire en matière de droits de scolarité et serait compatible aussi bien avec la justice sociale, la marche vers un savoir accru et la santé des finances publiques. Sans compter une salutaire réconciliation avec une grande partie de notre jeunesse. Cela vaut la peine d’être exploré.

lundi 28 mai 2012

Québec/ Hausse des droits de scolarité/ Ce qui gêne dans le budget du gouvernement

Par Dr. Pierre Montès
LCDP-Politique.- Mise à jour 28 mai 2012, 17h45
Une image parle mieux que mille mots.
Les deux graphiques suivants sont tirés du budget 2011-2012 du gouvernement du Québec.

Le graphique 11 montre les revenus globaux des universités en 2008-2009:
  1. Contribution du gouvernement du Québec: 54,0%.
  2. Contribution du gouvernement fédéral: 14,0%.
  3. Contribution des étudiants: 12,7%.
  4. Dons et legs: 3,1%.
  5. Autres sources de revenus: 16,2% .
Le graphique 12 montre ce que seront les revenus globaux des universités en 2016-2017:
  1. Contribution du gouvernement du Québec: 51,4%.
  2. Contribution du gouvernement fédéral: 12,0%.
  3. Contribution des étudiants: 16,3%.
  4. Dons et legs: 3,4%.
  5. Autres sources de revenus: 16,3%





On voit que les deux paliers de gouvernement réduisent de 4,6 points de pourcentage leurs contributions dans le financement des universités, tandis que les étudiants voient leurs contributions augmenter de 4,2 points de pourcentage. C'est une chose qui gêne. Et le gouvernement du Québec doit tout faire pour corriger cette situation qu'il a lui même créée.

lundi 21 mai 2012

Élections présidentielles en République dominicaine/ Danilo Medina est élu.

Par Dr. Pierre Montès

Le nouveau président dominicain élu dès le premier tour hier dimanche 20 mai 2012 est Danilo Medina du Parti de la Libération Dominicaine (Partido de la Liberación Dominicana, PLD). Le parti du Président sortant, Leonel Fernandez, garde donc le pouvoir.

En effet, selon les résultats compilés jusqu'à maintenant et rendus publics par la junte électorale (1), Danilo Medina aurait obtenu 2 090 574 voix (51,2%), tandis que son plus proche rival, Hipòlito Mejìa du Parti Revolutionnaire Dominicain (Partido Revolutionario Dominicano, PRD) aurait mordu la poussière avec 1 919 877 voix (47,0%).

Les autres candidats qui étaient en lice auraient obtenu les résultats suivants:

Guillermo Moreno, Alliance Pays (Alianza País, ALPAIS): 55 191 voix (1.35%);

Max Puig, Alliance pour la Démocratie (Alianza por la Democracia, APD): 4 603 voix (0.11%);

Julián Serulle, Front Large (Frente Amplio, FRENTE): 5 771 voix (0,14%);

Eduardo Estrella, Dominicains pour le Changement (Dominicanos por el Cambio, DXC): 7 995 voix (0,20%).

Ces résultats partiels mais irreversibles résultent du traitement des données de 13 112 bureaux électoraux (90,62%), soit 4 116 430 votes valides et 32 999 votes nuls (2).


Le nouveau Président dominicain, Danilo Medina (1951), est un premier de classe (3). Il est ingénieur chimiste de formation (diplômé en 1978). Il a obtenu une licence en économie (1984). Son parti, le PLD, est de tendance libérale.

Le programme du PLD est accessible au lien suivant: diariolibre.com/Programme PLD, 60 pages.

Le programme du PLD propose la lutte contre la pauvreté et l'extrême pauvreté, propose de maintenir une croissance moyenne du PIB de 4,5% par année, promet de créer 400 000 nouveaux emplois, il propose l'égalité des genre dans ces nouveaux emplois.


Le candidat défait, Hipolito Mejìa (1941) est un agronome de formation (4). Il fut élu Président de la République dominicaine aux élections de 2000 pour le parti PRD où il avait battu Danilo Medina.


Le programme du PRD est accessible au lien suivant: diariolibre.com/Programme PRD, 599 pages.
Le programme du parti de Mejìa proposait d'appliquer une politique fiscale d'austérité qui permettrait de réduire le poids de la dette publique dominicaine à 35% du PIB à la fin de la période 2012-2016.

On peut donc voir une certaine similitude entre ce qui s'est passé en France aux dernières élections et ce qui se passe maintenant en République dominicaine: (Hollande vs. Sarkozy; Medina vs. Mejìa). Comme François Hollande, Danilo Medina met la croissance avant l'austérité.

______________________________
(1) diariolibre.com, séptimo boletìn, 21 mai 2012.
(2) Pour une mise à jour des résultats, cliquez sur le lien suivant: Junta Central Electoral / elecciones 2012.
(3) Biografìa de Danilo Medina, diariolibre.com, 1er avril 2012 ; voir aussi, wikipedia/Danilo Medina.
(4) Biografìa de Hipolito Mejìa, diariolibre.com, 1er avril 2012 ; voir aussi, wikipedia/Hipolito Mejìa Dominguez.

dimanche 20 mai 2012

LE DISCOURS DU SIECLE !


Par Emmanuelle Gilles
Source: page facebook d'Emmanuelle Gilles, 20 mai 2012


Le message de Madame Michaelle Jean est pour moi le discours du siècle. Je l’ai lu et relu avec beaucoup d’attention et de satisfaction. Je découvre Madame Michaele Jean à travers ce texte et en guise de réponse, je lui en remercie et lui présente mes compliments.

Le message est poignant et fort ! Les vérités qui y transpirent devraient nous permettre de porter plus haut la réflexion sur notre pays plutôt que faire ressortir des rages de dents pour la plupart. Elle dit bien! Elle dit vrai! C’est l’essentiel. Mme Jean peut se passer des critiques acerbes de ceux qui militent en cyber-espace alors qu’elle œuvre souvent sur le terrain pour nous apporter son support et partager son expérience. Je salue son courage de pouvoir nous cracher en plein visage les vérités que nous désavouons tous les jours. Est-ce pourquoi nous tardons à démarrer! Ce qui m’échappe, c’est qu’à la rigueur, on peut avoir des réserves sur un ou plusieurs points, mais comment ne pas admettre la pertinence des autres points à travers une analyse saine et constructive ? Lucas Martin a écrit : « Quel est le rapport entre la vérité et la politique ? « Dire la vérité » constitue-t-il par soi-même une action politique ? « Il n'a jamais fait de doute pour personne, que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques » La vérité est-elle donc impuissante dans la sphère de la politique, et cette dernière toujours destinée au mensonge et à la tromperie? »



J'ai lu les divers commentaires des internautes, signe que nous n'avons toujours pas appris que l'heure comme Madame Jean l’a dit, est assez grave. Nous continuons de fonctionner à reculons et dans le mensonge. Haïti est plus que jamais considérée comme un Etat en faillite. En lisant le texte de Madame Jean, je n'ai vu aucune tendance politique partisane, je vois une femme indignée qui rend compte de son pronostic de la situation de son pays et qui déclenche un plaidoyer pour le sauvetage de la nation. Dans ce message, j’entrevois un tout dernier cri en faveur de la raison ! Lorsqu’elle écrit « Le monde entier assiste, sans plus d’illusion, au spectacle désolant des impasses politiques haïtiennes qui se succèdent à coup de rivalités partisanes et stériles », n’est-ce pas vrai ? Et il me semble qu’aucun des acteurs et des spectateurs sont préoccupés par l’image que l’on projette au monde entier. Ceux qui sont indignés par les déclarations de Madame Jean doivent s’indigner davantage qu’Haïti n’arrive pas à produire suffisamment pour nourrir sa population, que des enfants pauvres pataugent dans la boue comme des petits animaux sous les regards indifférents de nos compatriotes, et j’en passe ! Si le monde nous regarde c’est parce qu’à chaque catastrophe, c’est le monde qui vient nous secourir. On l’a vu durant le cyclone Jeanne et on l’a vu après le séisme et on l’a vu aussi avec les casques bleus lorsqu’on n’avait ni armée et ni une institution policière fiable.

Faut-il que nous entendions uniquement des discours compassionnels vis-à-vis d’Haïti lorsque les Haïtiens créent eux-mêmes des situations qui font pitié. Depuis le séisme nous attirons l’humanitaire et non pas le respect. Nous continuons à compter sur les milliards promis au point que même notre palais national ne peut être reconstruit sans l’aide internationale. Nous attendons la manne du ciel par le biais de l’international et nous les fustigeons pour leur ingérence. Ce sont ces mêmes internationaux qui découvrent nos richesses minières sous nos riches sols tandis que nous rouspétons à n’en plus finir en perdant du temps. Les discussions oiseuses effectivement sur la double nationalité ont pris une place si importante qu’on oublie que 80% de la population est au chômage, tandis que de grands pays émergeants font appel à l’expertise de leurs ressortissants à l’extérieur pour contribuer à leur développement. Normalement, une enquête doit se faire discrètement et sans avoir à galvauder toutes nos énergies autour d’un seul sujet pendant des mois avant de détenir des preuves. On se demande s’il n’y a pas une velléité de vouloir délibérément reculer en arrière chez certains. On n’y comprend rien. Un simple amendement constitutionnel tenant compte des obstacles auraient rendu service au pays dans un proche futur. Qui sacrifierait leurs intérêts propres pour ceux de la nation ? Nous avons bien constaté le rôle macabre joué par de nombreux et influents parlementaires. Il est pour le moins regrettable que nous autres Haïtiens, au lieu de suivre le rythme de l’avancement du monde pour au moins y trouver une place, nous aurons choisi de tituber pour mieux nous enfoncer. Il aurait été mieux que nos politiciens eussent concentré des efforts sur la recherche scientifique et sur des inventaires de nos ressources naturelles afin de mieux planifier notre économie. Comme préoccupation pressante, nous devrions asseoir une main d’œuvre qualifiée pour travailler l’or et les autres minéraux qui dorénavant doivent constituer notre capital économique de base. Un investissement à cet égard s’avère d’une extrême importance. Qu’y a-t-il de nouveau ? Les regards sur nous n’ont pas changé, nous restons sensiblement les mêmes peuples avec les mêmes maux depuis bien longtemps. Dans l’ouvrage de Jean Daniel Rainhorn publié récemment, j’ai lu « Est-ce un tabou d’envisager de manière critique la responsabilité des hommes politiques et des partis haïtiens ? Est-ce qu’on ne peut pas pointer du doigt l’incompétence coupable de l’ancien président René Préval ? Fallait-il attendre les révélations de WikiLeaks pour décrire ses faiblesses ?

Avec le nouveau président Michel Martelly, les Haïtiens ne sont sans doute pas sortis de l’impasse politique. Alors, quel est le sens de dénoncer la mise sous tutelle du pays, si on glisse sur la défaillance de l’Etat et si on tait l’irresponsabilité des politiciens ? »

Le discours de Madame Michaële Jean est juste et reflète parfaitement la réalité de notre pays. Ceux qui la critiquent sont ceux qui ont des difficultés à accepter leurs tristes vérités, ceux qui n’ont aucune compréhension des enjeux politiques de ce pays ni non plus le rôle de Madame Jean en qualité de Gouverneure du Canada. C’était un honneur d’abord que l’une des nôtres ait occupé ce poste prestigieux dans un pays étranger alors qu’on lui aurait non seulement décliné cette chance dans son propre pays mais l’avilir. Est-ce pourquoi nous avons Michel Martelly, le musicien au pouvoir! Il est temps que nous posions les vrais problèmes, en particulier une explication à la hargne que nous affichons souvent contre les grandes têtes de notre pays, nos réactions face à l’objectivité et finalement notre haine pour tous ceux que nous jugeons et condamnons par manque d’intolérance et d’esprit de fraternité. Je termine avec cette phrase de Jean-Daniel Rainhorn « Réinventer Haïti suppose de réinventer la politique. Et pour ce faire, il faut commencer par décrypter la politique réellement existante en Haïti, sans complaisance ni paternalisme. »

UN GRAND BRAVO POUR CE MESSAGE HISTORIQUE DE MICHAELE JEAN !

La vérité blesse mais elle nous permet de jeter un regard sur nous afin d’avancer !