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mercredi 25 août 2010

Haïti/Politique/On se rapproche de l'ennemi pour mieux l'étouffer





La photo ci-dessus montre le président René Préval et le musicien Wyclef Jean, le jeudi 19 août 2010 à la résidence privée du président.

On connaît la suite: le lendemain vendredi 20 août 2010, à 21h30 (heure d'Haïti), le dossier de candidature de Wyclef Jean a été écarté par le CEP. C'est le cas de le dire: le Président «s'est rapproché de "l'ennemi" pour mieux l'étouffer».

Mais notez bien ici que ce n'est pas le Coin de Pierre qui versera des larmes à cause de ce rejet. M. Wyclef Jean doit comprendre qu'il n'est pas encore préparé pour briguer la présidence d'Haïti. Le rejet de sa candidature était souhaité implicitement ou explicitement.

Des 34 dossiers de candidature, le CEP en a accepté 19 et en a rejeté 15, dont celui de Jeannel Wyclef Jean.

L'un des 19 candidats agréés sera le Président d'Haïti à compter du 7 février 2011. Parmi eux, il y en a qui, sans aucun doute, sont "les plus capables" et sont animés du désir de travailler pour "le plus grand bien du plus grand nombre": c'est le cas de Madame Mirlande Manigat, de Monsieur Charles Henry Baker et d'un ou deux autres candidats.

Mais, la liste des 19 candidats retenus est truffée de noms d'anciens militants Lavalas revêtus aujourd'hui d'un costume griffé INITÉ, ou quelque chose du même genre.

Comment faire pour vaincre par les urnes tous les candidats de René Préval ?
Comment convaincre le peuple dans les 10 départements et dans les 140 communes du pays que Madame Manigat ou Monsieur Baker sont les plus capables des 19 candidats et que, s'ils sont élus, ils travailleront pour le bien de tous ?

Sur le terrain, les candidats Manigat et Baker doivent avoir déjà mis au travail une équipe de militants et de militantes pour se faire connaître partout dans le pays et expliquer le programme de leur parti aux électeurs. Ils ne doivent pas sousestimer leurs adversaires, ni manquer de confiance en eux-mêmes.

En Haïti, les candidats, même s'ils sont populaires, n'ont pas confiance en eux-mêmes. Voilà pourquoi, ceux qui sont les plus forts, c'est-à-dire qui ont «la rue» avec eux, s'appuient sur «la rue» pour se faire proclamer vainqueurs des élections sans attendre la fin du dépouillement du scrutin. En sera-t-il de même en 2010 ?

En outre, Haïti n'a pas la culture des seconds tours aux élections présidentielles. Avec 19 candidats à la présidence dont aucun ne soulève les foules, il est à prévoir qu'aucun d'eux ne sera capable d'obtenir la majorité absolue (50% +1 vote) au premier tour. Il devrait donc y avoir un second tour, à moins qu'un événement imprévisible ne survienne au cours de la campagne et ne fasse en sorte que soudainement, un candidat en lice parvienne à entrer pour de bon dans le coeur de la grande majorité des électeurs.


Il faut prier. Il faut prier pour le peuple haïtien. Il faut prier pour la victoire du candidat le plus capable ou la victoire de la candidate la plus capable. Il faut demander à la Vierge Marie d'intervenir auprès de son fils Jésus pour que ce dernier ouvre enfin les yeux du peuple haïtien et lui indique le choix à faire. Marie, dites au peuple haïtien de se mettre à l'écoute de votre fils Jésus et dites leur de faire ensuite ce que votre fils leur dira. Parallèment, Marie, demandez à votre fils Jésus d'éclairer et de guider tous les Hougans d'Haïti, toutes les Mambos d'Haïti, tous les prêtres et tous les pasteurs, pour qu'ils fassent campagne activement en faveur du candidat le plus capable ou de la candidate la plus capable, pour qu'ils guident constamment le peuple dans son choix qui doit être cette fois le bon choix, c'est-à-dire celui attendu depuis plus de deux cent six ans (1804-2010). Le tandem église chrétienne - culte vodou (pris dans ce qu'il a de plus pur) peut donner un coup de main aux candidats les plus capables pour vaincre «les forces du mal» qui ont toujours fait que parmi les candidats en lice, se soit le candidat le moins capable voire le candidat incapable qui soit élu ou proclamé Président d'Haïti.

Oui, il faudrait, cette fois que la personne la plus capable gagne, pour que, entourée des éléments les plus capables du pays, elle se mette au travail dès le 7 février 2011 pour créer les conditions favorables à l'épanouissement et au bien de tous les haïtiens. Ainsi, Haïti cessera d'être un singulier petit pays pour commencer à être un beau petit paradis. Amen.

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Liste des 19 dossiers de candidature agréés par le CEP le 20 août 2010

  1. ABELLARD Axan Delson
    Parti : Konbit Nasyonal pour Devlopman (KNDA)
  2. ALEXIS Jacques Édouard
    Parti : Mobilisation pour le Progrès d'Haïti (MPH)
  3. ANACACIS Jean Hector
    Parti : Mouvement Démocratique de la Jeunesse Haïtienne (MODEJHA)
  4. BAKER Charles Henry Jean-Marie
    Parti : Respè
  5. BIJOU Josette
    Parti : Indépendant
  6. BLOT Gérard Marie Necker
    Parti : Platfòm 16 Désanm
  7. CÉANT Jean Henry
    Parti : Renmen Ayiti
  8. CÉLESTIN Jude
    Parti : INITE
  9. CHARLES Eric
    Parti : PRNH
  10. CRISTALIN Yves
    Parti : Oganizasyon Lavni (LAVNI)
  11. JEUDY Wilson
    Parti : Fòs 2010
  12. JEUNE Jean Chavannes
    Parti : Alliance chrétienne citoyenne pour la reconstruction d'Haïti (ACCRHA)
  13. JEUNE Léon J.
    Parti : Konbit Liberation Ekonomik (KLE)
  14. JOSEPH Génard
    Parti : Groupement Solidarité
  15. LAGUERRE Garaudy
    Parti : WOZO
  16. MANIGAT Mirlande Hyppolite
    Parti : Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes» (RDNP)
  17. MARTELLY Michel
    Parti : Repons peyizan
  18. NEPTUNE Yvon
    Parti : Ayisyen pou Ayiti
  19. VOLTAIRE Leslie
    Parti : Plateforme Ansanm Nou Fò

Liste des 15 dossiers de candidature rejetés




ARMAND, Pierre
BERTIN, Jean
DALMACY, Kesler
DUROSEAU, Cluny Villaire
EUGENE,Jacques Phillipe
FLORIVAL, Paul Arthur
GAUDIN, Lavarice
JEAN, Jeannel Wyclef
JOSEPH, Raymond A.
PARENT, Claire Lydie
PIERICHE, Olicier
RODRIGUEZ, Eddy Mario
SAINT-FORT, René
VILSAINT, Ménélas
VOIGT, Charles

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Dernière mise à jour: 25 août 2010, 18h30

mardi 17 août 2010

La candidature de Wyclef JEAN : J’accuse les intellectuels haïtiens


NDCDP-Politique.-
Ce document circule actuellement sur le Web. Nous avons pris la liberté de le poster sur ce blog ce matin. Il coïncide à peu près avec notre propre point de vue en ce qui concerne ladite candidature éventuelle, le CEP n'ayant pas encore distribué les «carnets».

Par Alfred Valentin
alfred.valentin@yahoo.com

Comme la majorité de nos compatriotes, je suis attentivement l’affaire de la candidature de Wyclef Jean. Le 5 août 2010 dernier, j’avais également suivi l’émission spéciale que le Larry King Show avait consacré à Haïti en général et à la candidature de Wyclef Jean, en particulier. Quelques réactions sur cette comédie pour lesquelles j’accuse directement les intellectuels haïtiens.

Pourquoi, le 5 août dernier, Wyclef Jean a-t-il préféré annconcer officiellement sa candidature sur une chaîne de télévision étrangère au lieu de le faire sur un média haitien? La réponse est simple: l’individu est complexé. Il sousestime ce peuple même qu’il pretend aimer et pour qui il veut être le " Moïse des temps modernes ". Il aurait dû le faire dans n’importe quel média national - (Radio Métropole, Signal FM, Télé Nationale, Telemax (sa prope chaîne), etc. -, puis il pourrait accorder une entrevue à n’importe quel média étranger, dont CNN, Radio Canada, Le Droit, France 2 et d’autres.

En fait, quelle langue Wyclef Jean parle-t-il ? Il ne parle ni le français, ni le créole, nos deux langues officielles. Je m’imagine une conférence de presse conjointe entre Nicolas Sarkozy et son homologue haïtien. Comme on va nous tourner en ridicule, comme on l’avait fait l’année dernière à la suite de l’entrevue que son compère Shaba de Dyakout Mizik avait accordée à RFI. Le pire, c’est que, Wyclef ne parle pas vraiment bien l’anglais. Bien sûr, il parle la langue de la rue puisqu’il a grandi dans le pays, mais il en ignore les règles les plus élémentaires. J’en veux pour preuve les deux phrases « I don't hear nothing » et le « Young youth of Haiti » qu’il a données à Wolf Blitzer au cours de l’interview de jeudi soir dernier. En fait, ce n’est pas grave, car, selon ses dires, nous devons tous parler l’anglais en Haïti, surtout que, continue-t-il, « ceux qui parlent le français n’ont rien fait pour le pays pendant plus de 200 ans». Cette déclarattion a été une bonne paire de giffle au visage des intellectuels. Qui pis est, pas un seul d’entre eux n’a osé donner une réplique au chanteur de hip hop. Qui ne dit mot, consent. De toute façon, je m’imagine déjà la fin totale des choses culturelles dans le pays. D’ailleurs, Wyclef ne connaît rien de rien de la culture haïtienne, rien de notre musique, de notre littérature, de notre peinture. Il ne connaît même pas notre Histoire, à part les noms de Toussaint, de Dessalines et de Christophe qu’il connaît, sans pouvoir parler même superficiellement de la politique d’un seul de ces anciens héros.

Wyclef a tout d’un narcissique et d’un mégalomane. Tout se tourne autour de lui. Monsieur aime son nom. Il l’a cité au moins dix fois en moins de trente minutes, sans compter les « I » (moi). C'est ce qu'on appelle " culte de la personnalité ". Imaginez-vous ce type devenir président du pays ? D’ailleurs, il pense que tout le monde a peur de lui. Au cours d’une entrevue à l’émission floridienne « Bonjour Haïti » le 4 août dernier, il a demandé aux autres candidats de ne ni « trembler » ni de « paniquer » parce que « Wyclef est candidat… » Donc, il est sûr de lui, sûr de son messianisme. Ensuite, il ne cesse de rappeller au président René Preval qu'il avait voté pour lui lors des dernières élections présidentielles. Cela signifie que M. Préval doit lui retourner l’ascenseur.

Dans cette affaire de Wyclef, je crois que la presse, si elle n’est pas corrompue et ne reçoit pas de pourboires du chanteur, doit jouer son rôle de façon sérieuse. Car en fait, nous ne connaissons pas vraiment Wyclef. On le voit à la télé, on l’applaudit, et c’est tout ! Il est du devoir de la presse de former et d’informer le public ! Qui connaît la vie de Wyclef Jean avant sa célébrité avec le groupe « Fugees » ? A part du musicien, qui connaît d’autres aspects de la formation de Wyclef ? Qui connaît ses idéologies ? Il est arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 9 ans. Ce serait bien qu’il dise de quel " high school " (Lycée) a-t-il reçu son diplôme de fin d’études secondaires entre 1990 et 1992 (car il est né en octobre 1972)! Puisqu’il a grandi dans une ville où le taux d’abandon scolaire est très élevé, il est bien de savoir si, au moins, Wyclef a bouclé ses études secondaires !

Ensuite, Wyclef a souvent tendance à exagérer les faits. Il a déclaré qu’il ne pouvait pas demeurer « pendant cinq ans consécutifs dans le pays » à cause de ses obligations en tant qu’ambassadeur de bonne volonté. Cela ne tient pas. Préval avait nommé Wyclef à ce poste (ce qui était une grave erreur) en avril 2007, donc trois ans de cela. Il a également affirmé avoir fréquenté Berkeley. Etait-ce dans le cadre d’un programme régulier pouvant se déboucher sur une licence (BA ou BS)? Ou bien, fréquentait-il cette institution dans le cadre d’un programme spécial? Certaines universités n’ont aucun probleme à accepter qu’une superstar suive des cours à titre d’auditeur ou de participer à un programme spécial pouvant déboucher sur un certificat de participation. Certaines universités pourraient même offrir une chaire d’enseignant à une superstar de la trempe de Wyclef, s’il en avait les compétences, pour dispenser des cours de musique hip hop.

L’idée, ce n’est pas d’agir avec méchanceté avec « L’Honorable Ambassadeur », mais tout ce qu’on réclame de lui c’est de prouver qu’il a le minimum pour diriger une nation aussi importante que la nôtre. On ne s’adresse pas à la vedette Wyclef qui va se présenter sur une scène musicale. L’on se trouve plutôt en présence d’un éventuel chef d’Etat, ce qui n’est pas une plaisanterie. Il veut faire croire que nous questionnons ses capacités parce qu’il « parle le créole comme nous, et que l’ancien président Bill Clinton ne l’aurait jamais fait ». En tenant ce genre de lagage codé, il n’entend qu’à simplement diviser davantage la société haïtienne. Avait-on questionné les capacités intellectuelles de Jean-Bertrand Aristide, qui parle le créole (le français et l’anglais) beaucoup mieux que lui? Les journalistes ont donc pour devoir de le questionner sur des choses sérieuses, telle la gestion de Yele Haiti. Si Sean Penn a le courage de le faire, ils ont pour devoir et obligation de le faire également, cela de façon plus approfondie, car le rôle de la presse est de former et d’informer le peuple en toute objectivité. Autre point : c’est bien que Wyclef Jean n’a jamais renoncé à sa nationalité. Est-ce par pur patriotisme ou bien aurait-il quelque autre empêchement ?

Ensuite, Wyclef a parlé des études de Jean-Claude Duvalier, comparées aux siennes. Il doit comprendre que, qu’il le veuille ou pas, Jean-Claude Duvalier, en tant que fils de président, a grandi dans les couloirs du pouvoir. Alors, gouverner n’était pas difficile pour Baby Doc, car il avait en sa disposition toute la machine de répression de son père dont il ne faisait que continuer à la lettre les œuvres criminelles,avec l’aide d’une « régence » composée de sa mère, de Luckner Cambronne, de Jacques Gracia, de Zacharie Delva, etc. En fait, Wyclef doit constater et analyser les résultats négatifs de la présidence de Duvalier fils.

On dit que Wyclef Jean n’aura pas besoin de l’argent du pays car il en a assez. Cet argument est faible pour plusieurs raisons. Une première : l’homme est un éternel insatisfait. Deux : Dans un gouvernement, il n’y a pas que le président à détourner les fonds. Tous les ministres de Wyclef et ses collaborateurs seront-ils tous des millionaires comme lui ? Nous savons déjà clairement que les amis de Wyclef qui mènent une campagne active pour lui aux Etats-Unis (les King Kino, les Jensen Desrosiers …) sont tous de potentiels ministres ou grands commis de l’Etat. Ces gars sont-ils millionnaires ? Signalons que l’ancien président Aristide avait au moins la décence de ne pas placer King Kino à aucun ministère, à cause du niveau d’étude à peine primaire de ce chanteur.

Ensuite, c’est insensé de vouloir comparer la candidature de Wyclef Jean avec Ronald Reagan et Arnold Schwarzenegger. Ronald Reagan a fait ses études universitaires à Eureka College, dans l’Etat d’Illinois. Il y a obtenu un diplôme en Sciences Economiques et en Sociologie. Il était gouverneur de la Californie. Arnold Schwarzenegger est diplômé de l’Université de Wisconsin. En plus, il est un homme d’affaire réussi et fait partie de la famille politique la plus connu des Etats-Unis : il est le mari de Maria Shriver, une journaliste, fille de Sargent Shriver, un ancien diplomate et d’Eunice Kennedy, sœur du président John F. Kennedy.

Quelques simples questions au candidat « drafted » par les étudiants d’université :
  • A quel niveau Wyclef peut-il parler d’une réforme scolaire et universitaire en Haïti ?
  • A quel niveau Wyclef peut-il comprendre le fonctionnement des trois branches de pouvoir ?
  • A quel niveau Wyclef peut-il parler de plafond monétaire ?
  • A quel niveau Wyclef peut-il parler de la mémoire d’un Anténor Firmin, d’un Jean Price Mars, d’un Hannibal Price, d’un Louis Joseph Janvier ?
  • A quel niveau Wyclef peut-il parler de la musique haïtienne ?
  • A quel niveau Wyclef peut-il résoudre un conflit entre notre religion traditionnelle et les confessions catholique et protestantes ?

En tout cas, dans cette affaire de Wyclef Jean, nous n’avons qu’à remercier l’élite intellectuelle du pays. « Vous autres intellectuels, vous représentez tout le malheur du pays », comme l’avait si bien dit Pyram dans la pièce " Pèlin Tèt " de Frankétienne. Pourquoi ce même Franketienne et les autres intellectuels et hommes de plume du pays ne parlent-ils pas ouvertement pour faire voir le danger que représente ce Wyclef Jean pour Haïti et pour notre culture? Ils ne le feront pas car ils sont relativement bien lotis. Leurs enfants fréquentent les meilleures universités étrangères. Tremblement de terre ou pas, ils sont bien nourris et ne dorment pas sous des tentes. Ceux qui vivent à l’étranger mènent un style de vie princier, recevant assez souvent des récompenses littéraires qui leur rendent très connus internationalement. Donc, ils feront silence, ne voulant déranger personne. D’ailleurs, la misère du peuple inspire les Dany Laferrière, René Depestre, Frankétienne à écrire des romans pour lesquels ils gagnent beaucoup d’argent. Une comédie comme celle de Wyclef peut inspirer bien de romans et de pièces de théâtres ! Je n’ai rien contre ces hommes. Tout ce qu’on leur demande tout simplement est de prendre une position ouverte sur cette affaire. Ne dites pas que vous défendez le peuple avec votre plume. Cette affaire de Wyclef est une honte pour la nation haïtienne, un danger pour la francophonie et la créolophonie. Wyclef est une victoire sûre pour la cacophonie culturelle. Oui, messieurs les intellecteuls, vous devez faire des déclarations de principe. Vous devez guider le peuple. Vous devez guider la jeunesse du pays. C’est votre devoir ! C’est une honte d’entendre Wyclef Jean déclarer qu’il a été « draft » (sélectionné) par la jeunesse et qu’il a l’appui de la jeunesse estudiandine. C’est une honte !

Je m’attends à voir de ces intellectuels sans vergogne qui accepteront des positions dans une éventuelle administration Wyclef. Ils diront évidemment avoir répondu à l’appel du pays, car ces intellectuels, opportunistes véreux, se diront toujours « être en réserve de la République », selon l’expression de Leslie Manigat. Cela ne nous étonnera pas surtout que, en avril 1971, à la mort de Papa Doc, donc, à l’arrivée au pouvoir de Baby Doc, Hubert de Ronceray, brillant intellectuel, avait écrit un article intitulé : « Un géant s’en va, un génie le remplace ! » - le géant étant François Duvalier, le génie, Jean-Claude Duvalier. Nous n’oublierons pas non plus les bassesses et les acrobaties d’intellectuels tels que René Piquion, Gérard de Catalogne et d’autres.

C’est une honte pour les intellectuels du pays de voir des primaires de la trempe de Wyclef Jean, de King Kino et d’autres encore voulant diriger le pays. C’est une honte pour entendre qu’un Gracia Delva voulant devenir député de Marchand-Dessalines, une ville qui compte tant de gens bien formés ! Et je parie que ce sont ces genres de citoyens sans éducation qui dirigeront le pays pendant long temps encore. Car ce sont eux qui se présentent toujours à la télévision en moments de crise. Après le séisme, avait-on vu Franketienne, Leslie Manigat, Gérard Gourgue, Rosny Desroches, René Depestre et les autres intellectuels dans les rues pour aider la population ? Dany Laferrière se trouvait en Haïti ce 12 janvier. L’avait-on vu dans les rues pour voler au secours des victimes ? Au contraire, au début d’avril 2010, moins de trois mois après le séisme, Dany Laferrière a écrit un livre sur la catastrophe intitulé « Tout bouge autour de moi ». Au moins, il aurait pû donner au moins un pourcentage aux victimes. On l’a vu plutôt se parader sur des plateaux de télévisions français racontant des histoires les unes les plus idiotes que les autres. Frankétienne, lui, se souciait de sa bibliothèque. Qui avait-on vu dans les rues ? Exactement, ces primaires qui veulent nous diriger ! « Ventre affamé n’ayant pas d’oreilles », la population aura tendance à choisir ces imbéciles qu’ils voient au lieu des gens préparés qu’ils ne voient qu’à la veille des élections. On doit admettre que nos intellectuels sont toujours distants du peuple. Combien de fois Leslie Manigat s’est-il rendu dans un lycée de la capitale ou de nos villes de province pour présenter des cours aux étudiants avides de connaissance ?

Ces intellectuels doivent comprendre que s’ils ne se montrent pas sensibles à la douleur, à la misère et aux besoins élémentaires du peuple de façon concrète, ils n’obtiendront jamais son vote. Ils doivent changer de stratégie, s’ils ne veulent être pas dirigés par des gens non qualifiés. C’est une honte que Mirlande Manigat, une dame bien formée, l’une des rares de la liste de la trentaine de candidats vraiment qualifiée pour diriger le pays, sera battue aux urnes par quelqu’un qui ne peut être ni son élève ni l’élève de son mari ni l’élève de sa fille. Toute la faute est à son mari, Leslie François Manigat. Si Wyclef Jean gagne ces élections, le professeur doit se résigner à donner sa bibliothèque à des jeunes, car il semble que ce politologue n’a jamais lu les livres qu'il a lui même écrits ni ceux auxquels il fait souvent référence. Où sont les Laennec Hurbon, Jean Métellus, Dany Laferrière, Gary Victor... Prenez vos plumes. Ces intellectuels ont même peur de citer le nom de Wyclef Jean. Si on doit le critiquer, on le fait de façon voilée. Il a bien raison de leur demander de ne pas « paniquer ». Quelle giffle !

C'est une honte de voir Sean Penn défendre le pays alors que nos intellectuels, eux, se taisent. Je vais mourir de rire lorsque les Manigat, Gourgue, Frankétienne et autres appeler Wyclef Jean « Monsieur le président de la République ». Je parie que plus d’un de ces flatteurs professionnels vont monter au créneau pour défendre ces intellectuels. On a besoin de ces derniers, mais ils doivent savoir qu’ils ont une responsabilité sacrée de guider la jeunesse du pays abandonnée aux mains de gens sans formation.

Que Wyclef Jean soit élu ou pas, il bouleversera la politique et la société haïtienne au moins pendant le prochain quart de siècle. Alors, je vous accuse, messieurs les intellectuels !


Alfred Valentin
Montréal , Canada
10 août 2010

vendredi 6 août 2010

The Root: Dear Wyclef, Please Don't Run!

*
Wyclef Jean.- Photo: The Root, August 6, 2010




By Marjorie Valbrun, August 6, 2010 at 8:01 AM
Sources: The Root, npr.org.

In an open letter to the hip-hop icon, a fellow Haitian-American explains why it's a bad idea for him to try to become president of Haiti.


Dear Wyclef,

It pains me to have to tell you this — especially in public. Particularly because it goes to the heart of someplace and something we both care deeply about. But I have to, because as much as I love you, I love Haiti more — so much so that I'm unwilling to put her fate in your hands.

So here goes. Wyclef you're making a big mistake. Running for president of Haiti is a bad idea. Bad for you and bad for Haiti.

Yes, over the years, your words and deeds on behalf of our beloved little island have been commendable. You've inspired legions of young Haitian people both here and back home. You've done the Lord's work with a zealot's commitment and a salesman's enthusiasm. We love you for it, we really do.

Who can forget the television images of you on the ground in Haiti just days after the earthquake, helping carry and bury battered bodies, going on the evening news to call for faster and better organized relief efforts?

I, for one, thank you on behalf of other Haitian-Americans who didn't have the means, the connections, the public platform, or the gumption to do what you did.

You have sung love songs for Haiti. Written poignant rap lyrics for her. Held her in a tender, rhapsodic embrace. Loved her when she seemed unloveable. Made people care about her. You had pride in her long before it became fashionable, and way before the earthquake. And even now, seven months later, you've kept her in the headlines and refused to let others forget her.

But Wyclef, everything changed after the earth shook violently that awful January day. After the ground buckled and sent houses crashing and bodies crumpling; after the grief consumed us; after Haitians picked themselves up and went about the business of living again, we started thinking and asking ourselves: "What's next? How do we build a new and better Haiti?"

By "new" I mean different - radically different. Not the Haiti of inept, corrupt and unqualified leadership. Not the Haiti of starving masses and well-fed, indifferent elites. Not the Haiti that housed its people in flimsy shacks turned post-earthquake tombs. Not the Haiti of coups and kidnappings, stolen elections and political killings, and venal, contemptible politicians.

Now, more than ever, Haiti needs a highly educated and experienced technocrat who understands the intricacies of governing and diplomacy. Someone who can wage a successful civic education campaign and get different sectors of civil society all working on the same page and tamp down the country's cyclical social unrest. Someone who knows how to get things done and knows how to build schools, hospitals and neighborhoods, as well as sewer systems, electric grids and roads. Someone who can feed the people and give them jobs. Someone schooled in international affairs and who will be respected by the international community. Someone who can rebuild Haiti and ultimately restore its dignity.

Frankly, Wyclef, that someone is not you.

You're just not qualified. You're fame and hype but Haiti needs sure and steady. You have an entourage of "yes" men but Haiti needs an army of yeomen. You're a uniquely talented music man but Haiti desperately needs a credible statesman. And then there are your messy financial problems and the questionable accounting practices at your charitable foundation. It's too complicated to get into here, but it doesn't look good and will be a distraction throughout the campaign. Had you not built up so much goodwill over the years, your finances — both personal and professional — would have totally undermined your standing.

Your presence in the presidential campaign will not only diminish your brand, both at home and abroad, it will trivialize what should be a serious election focused on the hard work ahead.

I'm not questioning your sincerity or dismissing your art. After all you are the people's poet. But poets are not presidents, they're poets - and they have their place.

Wyclef, we feel you. We really do. We share your frustration with the lack of progress on the ground. We know you want better for Haiti. We do too.

But there are better people for the job. That's not to say you can't still keep doing your part. Your mic is a powerful tool, keep using it to inspire and to agitate.

But please, Wyclef, let someone else take the lead.

Marjorie