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dimanche 19 juillet 2015

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes …?

Par Mirlande Manigat 

Sources: lenouvelliste.com , 13 juillet 2015 et touthaiti.com, 14 juillet 2015
Il y a un peu plus de quatre ans, les compatriotes qui m’avaient soutenue dans le combat pour être élue à la Présidence de la République et moi-même, nous avions appris avec stupéfaction, incrédulité et colère que, contrairement à toutes les informations recueillies et  confirmées par de sérieux sondages effectués, ce n’est pas moi qui avais été élue, mais mon compétiteur. Les résultats complets, indiquant, comme il est d’usage et comme le commandent les normes, des éléments de calcul et d’appréciation tels que le nombre d’inscrits et de votants, des votes nuls et blancs n’ont pas été rendus disponibles, mais on a eu la trouble élégance, dans la précipitation du complot, de m’accorder le même nombre de voix que j’avais obtenu au premier tour.
 Contre l’avis de mes collaborateurs, je n’avais pas contesté ce résultat, car j’estimais inutile d’essayer de changer une décision qu’une coalition entre des forces nationales et internationales avaient rendu telle. Telle elles la voulaient, telle elles l’ont eue. Ce n’est pas sans amertume que, sans accepter ce verdict, j’ai gardé le silence et, dans la discrétion de mes réflexions, j’ai estimé que je pouvais servir ma patrie sans être Présidente de la République.
 Je savais que ces résultats annoncés avec une indécente fanfare de satisfaction aveugle et sourde étaient faux. J’étais tenue au courant des équipées nocturnes du Président du CEP au Centre de tabulation, mais je ne pouvais pas anticiper qu’une ultime visite qui a échappé à la vigilance d’observateurs indépendants, scellerait finalement  l’issue du scrutin. Je l’ai su le matin même, mais déjà les jeux étaient faits, le champagne chambré, les lampions allumés et la danse des satisfaits entamée, même avec  malaise chez certains. Ce tintamarre a étouffé les protestations car il y eut tout de même des patriotes pour refuser d’accepter cette évidente iniquité. Mais d’autres se sont empressés d’aller à la soupe  rapidement mijotée par le nouveau pouvoir.
 Pendant quatre ans, j’ai assumé sérieusement mes responsabilités d’enseignante et de Secrétaire Générale de mon parti, le RDNP. Ces occupations ont représenté une espèce de catharsis qui m’a fortifiée. J’ai réussi, non sans peine, à ravaler mon amertume, transformant d’ailleurs ce sentiment normal en une sereine lucidité et à travers un comportement en accord avec mes principes. Entre-temps, j’avais accumulé des témoignages qui confirmaient ce que nous savions déjà, que les résultats représentaient une véritable arnaque effectuée non seulement contre moi, mais contre la démocratie et l’état de droit.
 J’ai personnellement entendu comme bien de compatriotes, les aveux de Monsieur Pierre Louis Opont admettant publiquement, sur une station de radio, que les résultats qu’il avait réunis et soumis il y a quatre ans n’étaient pas ceux qui avaient été publiés. A la question du journaliste qui a cherché à savoir pourquoi, à ce moment là il n’avait pas protesté, au nom de la vérité, il a répondu qu’il était un fonctionnaire public à l’époque et donc soumis à un étrange devoir de réserve, qu’il craignait qu’un résultat contraire mais correspondant à la vérité des urnes, pût entraîner des troubles violents. Et poussant l’outrecuidance, il a  poursuivi, à la manière de Ponce Pilate, qu’il y avait une sorte de consensus entre le perdant et le gagnant ! Je ne sais ce qui m’a le plus renversée, l’aveu ou ce mensonge éhonté relatif à une quelconque entente entre compétiteurs. Comme quoi, j’aurais à l’avance accepté la défaite moyennant, sans doute dans son esprit, quelque compensation. C’est ajouter la calomnie au mensonge.
 On m’a conseillé de réagir par la loi, comme c’est mon droit, de l’attaquer en diffamation, au mieux, d’engager une sommation pour exiger au moins la notification écrite de ces résultats falsifiés. Je dois dire que j’ai été tentée de le faire, pour la vérité et pour l’histoire, mais j’y ai renoncé, non par faiblesse car tous ceux qui me connaissent savent que je ne manque ni de courage ni de calme combativité, mais par une espèce de lassitude attristée non quant à l’issue d’une action judiciaire, mais à son inanité. 
Dans n’importe quel pays normal, et je ne pense pas seulement aux grandes puissances, mais par exemple, à nos voisins de la Caraïbe anglaise, ce Monsieur ne devrait pas se trouver actuellement à la tête du CEP et, de toute façon, après une telle déclaration, l’action publique aurait dû être mise en mouvement avec, comme conséquence, l’annulation purement et simplement des résultats publiés avec toutes leurs conséquences, sur la base des preuves imparables qu’il devrait fournir à une instance judiciaire.
Ma froide réaction devant la confirmation de ce que je savais déjà est le renforcement de ma lucidité en ce qui concerne le délabrement moral de notre pays. Il n’y a pas de nom pour qualifier un tel acte. Mais je voudrais demander à Monsieur Opont pourquoi il a décidé de dévoiler ce secret de polichinelle au lieu de l’emporter avec lui dans un au-delà que je lui souhaite rédempteur ? Je n’ose croire que c’est pour m’accorder une espèce de réparation morale rétrospective dont je n’ai guère besoin, à moins que ce ne soit l’effet d’un remords après coup ? En tout état de cause, mes principes ne me portent pas à tirer une quelconque satisfaction de cet aveu qui ne comportait d’ailleurs pas des accents de contrition. Une étrange banalité, comme une information sans conséquence.
 Mais je m’adresse à tous ceux qui sont engagés, malgré tout, pour le meilleur et pour le pire, dans la compétition électorale à tous les niveaux, qui ressemble bien à "une chronique d’une mascarade annoncée".
 Vous avez déjà constaté combien le CEP actuel se comporte avec un incroyable manque de sérieux et de professionnalisme dans la gestion des candidatures. Prenez garde : vous lui faites confiance si j’en crois des déclarations bien imprudentes. Tachez de prendre toutes sortes de précautions et il faudrait que celles-ci soient cohérentes et surtout coordonnées, car il n’est pas sûr que les résultats qu’on enfournera éventuellement dans votre conscience seront les vrais, authentiques et inattaquables.
 Au moins, que la déclaration de Monsieur Pierre-Louis Opont serve de leçon à la collectivité en général et aux candidats en particulier.

vendredi 26 juillet 2013

« Elections ou démission », Martelly doit choisir

Source: lenouvelliste.com, 25 juillet 2013
Par  Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com





Madame Mirlande Manigat, Secrétaire générale du RDNP
Crédit photo: Le Nouvelliste, 25 juillet 2013



La secrétaire générale du RDNP ne jure que par la réalisation des élections cette année. Selon Mirlande Manigat, qui n'a pas caché son intention de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle de 2016, Michel Martelly n'a que deux options : « élections ou démission ».
 
« Si Dieu le veut et si mes compatriotes le veulent, oui, je serai encore candidate à la présidence », a déclaré jeudi matin Mirlande Manigat sur Radio Magik 9. Mais pour l'instant, a souligné la secrétaire générale du RDNP, ce n'est pas la priorité de son organisation politique. « L'élection présidentielle de 2016 paraît assez loin », a-t-elle dit. Cependant, l'ex-première dame a indiqué que dans un pays normal, il ne serait pas trop tôt, trois ans avant, qu'un parti politique commence à s'organiser.
 
En revanche, l'ancienne candidate à la dernière présidentielle somme le chef de l'Etat de tout mettre en oeuvre pour la tenue, cette année, des élections devant renouveler le tiers du Sénat et les collectivités territoriales.
 
Selon elle, Michel Martelly a proposé d'utiliser la loi électorale de 2008 dans l'unique but de profiter du prescrit inconstitutionnel de l'article 231 du document qui raccourcit le mandat des députés et des sénateurs. « C'est le comble ! », a-t-elle lancé. Comme les autres partis politiques membres du Mouvement patriotique de l'opposition démocratique (MOPOD), Mirlande Manigat a estimé que le chef de l'Etat doit démissionner s'il n'arrive pas à organiser les élections cette année.
 
« Nous allons assister à un effondrement de l'ordre juridique et de l'ordre institutionnel du pays, a-t-elle prédit. Si le président veut déclarer le Parlement caduc, car c'est son intention, dans ces conditions il faut qu'on remette les pendules à l'heure. Tout le monde s'en va. »
 
Interrogée sur l'application et les interprétations divergentes autour de l'article 191-1 de la Constitution, la constitutionaliste a rappelé qu'elle avait, depuis longtemps, souligné l'ambiguïté qui existe dans cet article et dans plusieurs autres articles qui méritent qu'on y apporte des précisions. Il y a un principe en droit qui veut que, a-t-elle dit, ce qui est valable c'est ce qui est écrit et qui doit être observé.
 
Cet article indique que le CEP envoie le projet de loi électorale à l'exécutif pour « les suites nécessaires ». Mirlande Manigat a analysé successivement les deux interprétations qui sont sur le tapis. « On peut considérer que l'exécutif est une boîte aux lettres qui transmet au Parlement. Mais d'un autre côté, on peut aussi considérer, étant donné que le CEP est un organisme autonome, qu'il n'a pas accès au Parlement. Dans certains pays, le tribunal électoral dépose la loi directement au Parlement. Et, je pense que ce serait une bonne chose que le CEP a la faculté de déposer la loi électorale directement au Parlement », a-t-elle expliqué.
 
« Maintenant, a demandé madame Manigat, quel est le rôle de l'exécutif ? On lui envoie un document, il n'est pas là simplement pour le transmettre comme un facteur. Un projet de loi doit avoir une certaine forme et doit être approuvé en Conseil des ministres. Il faut qu'il y ait un ministre, probablement celui de la Justice, qui le présente et le défende au Parlement. »
 
La façon dont la Constitution parle de cet aspect laisse croire que c'est l'exécutif qui élabore le projet de loi. Mirlande Manigat a souligné qu'il ne s'agit pas du président Martelly, mais de l'exécutif, voire même du gouvernement, puisque le document doit avoir, en plus de la signature du chef de l'Etat et du Premier ministre, celles de tous les ministres.
 
Il y a une autre manière de procéder, a déclaré la secrétaire générale du RDNP. « Avec discrétion, le Conseil des ministres pourrait souligner à l'intention du CEP deux ou trois articles qui pouvaient être écrits autrement... », a-t-elle dit. Selon l'ancienne première dame, le chef de l'Etat cherche à faire passer le temps lorsqu'il a déclaré vouloir examiner l'ensemble des 246 articles du projet de loi électorale. « Ce qui confirme les soupçons qu'ils ne veulent pas organiser les élections », a-t-elle dénoncé.
 
 
Mirlande Manigat chez Aristide
 
Le mardi 18 juin dernier, Mirlande Manigat et Jean-Bertrand Aristide ont passé 1h30 à discuter de tout et de rien dans la résidence privée du leader Lavalas. « On parlait de la politique du pays, de ses idées à lui, c'était très charmant », a confié au Nouvelliste la secrétaire générale du RDNP. Elle a souligné que la rencontre était très cordiale. « Les questions relatives aux élections n'ont pas été abordées », a-t-elle précisé.
 
Peu de temps avant, le Dr Maryse Narcisse lui avait proposé de dispenser un cours à l'université du parti sous le titre ''Constitution et Etat de droit''. « Très sincèrement, je ne voyais pas pourquoi refuser », a-t-elle soutenu. Elle savait que sa présence à l'université de Jean-Bertrand Aristide allait soulever la curiosité des gens. Mais elle l'a quand même fait. La politique !

mercredi 1 juin 2011

Une actualité déconcertante et inquiétante pour l’état de droit

Par Mirlande MANIGAT
Secrétaire Générale du RDNP

J’ai été sollicitée pour m’exprimer sur l’actualité constitutionnelle du pays à un moment de dérive, d’atermoiements et d’incertitudes dans lequel ce qui est en jeu est la préservation de la Constitution de 1987, non dans sa pureté originelle, mais dans son rôle vigilant,et surtout le respect de cette base essentielle de la construction de l’état de droit qui ne souffre pas de compromissions au nom de la raison d’état qui est son contraire.

Je l’ai fait en créole sur des stations de radio, mais il me parait utile et opportun de produire mes analyses et d’exprimer mes préoccupations par écrit. Le langage parlé touche le plus grand nombre, mais l’expression écrite demeure comme témoignage d’une position et d’un engagement.

Pour la première fois depuis son adoption, la Constitution de 1987 est en train de subir une procédure d’amendement, initiée conformément à son Article 282 lors de la dernière session de la 48ème Législature, in extremis, le 14 septembre 2009 avant minuit. Un texte a été adopté qui sera publié dans Le Moniteur le 6 octobre. La 49ème Législature installée avec un retard considérable, mais dans les temps, a statué sur le texte le 9 mai avant minuit et l’a envoyé au Président de la République afin qu’il soit promulgué et publié, ce qui a été fait le 13 mai.

A partir de là,l’actualité s’emballe et la procédure est ballotée dans un bateau ivre où se sont multipliés de véritables "sauve qui peut". On a entendu plusieurs témoignages de parlementaires révélant, avec force détail et animés par une conviction pas toujours concordante, que le texte publié le 13 mai n’est pas celui qu’ils ont voté en Assemblée Nationale. Celui-ci souligne l’absence de sa signature réglementaire, celui-là attire l’attention sur des articles manquants, d’autres révèlent des prescriptions tronquées dans leur substance. Tout un cahier de charges verbales qui a troublé la conscience citoyenne mais aussi déclenché des dérives analytiques et des propositions de solution ahurissantes, quoique parfois sincères dans la volonté d’aider dans la recherche d’une solution, mais qui s’écartent des exigences du Droit, surtout s’agissant d’un texte fondamental comme la Loi-mère du pays qui réclame un minimum de respect. Le respect de la Constitution c’est ce qui me porte à livrer quelques réflexions même si,comme je l’ai maintes fois souligné, la Charte de 1987 présente de nombreuses lacunes qu’il est toutefois possible de combler mais en respectant les règles de procédure. Je rappelle aussi que ma proposition fondamentale va dans le sens de la préparation d’une nouvelle Constitution, mais lorsque le contexte national sera politiquement approprié. Mais j’ai toujours affirméque je n’avais aucune aversion méthodologique envers la procédure d’amendement s’appliquant à 10,20 ou, comme c’est le cas présentement, 128 Articles, à condition qu’on observe les principes et le chronogramme idoines.

J’ai travaillé avec 4 textes à partir de la Constitution de 1987 qui sert de référence :
 Les propositions d’amendement soumises par l’Exécutif, un document en trois colonnes, le premier rapportant la disposition constitutionnelle, le second le changement souhaité et le dernier la justification de la modification estimée souhaitable.
 Le texte voté séparément par la Chambre des Députés et le Sénat le 14 septembre 2009 avant minuit.
 La Déclaration correspondante publiée dans Le Moniteur le 6 octobre 2009.
 La Loi constitutionnelle parue dans Le Moniteur le 13 mai 2011 avec la formule sacramentelle de la promulgation par le Président de la République.

S’agissant de ce dernier texte que j’analyserai plus tard, si l‘opportunité se présente, je voudrais faire trois observations rapides.

La première concerne l’appellation d’Assemblée Constituante que l’Assemblée Nationale se serait accordée. En l’occurrence, il s’agit d’une Assemblée Nationale Constituante,car le titre précédentse justifie s’il s’agit de fabriquer une nouvelle Constitution et, le plus souvent, en dehors de l’enceinte parlementaire. Lorsqu’elle est dotée de pouvoirs constituants soit pour rédiger un nouveau texte, soit pour amender une charte en vigueur, le titre requis précisément par la fonction est bien Assemblée Nationale Constituante. Rappelons quedans notre histoire, 11 de nos Constitution, dont celle de 1987, ont été fabriquées par des Assemblées Constituantes, et 8 d’entre elles par des Assemblées Nationales Constituantes. Le produit fini dans un cas comme dans l’autre, détient la même valeur juridique. Ce n’est pas un détail car l’identification correcte de l’organe émetteur qualifie l’objet de l’intervention.

La seconde se rapporte à la dernière phrase "Le présent amendement après publication au Journal Officiel Le Moniteur entre en vigueur à l’ installation du futur Président de la République le 14 mai 2011".

Or,l’Article 284 de la Constitution précise "L’amendement obtenu ne peut entrer envigueur qu’ après l’installation du prochain président élu ".

La grammaire juridique est aussi de la grammaire et il se dégage une différence entre les deux conjonctions de temps qui ne sont pas interchangeables, car la première induitune immédiateté temporelle et même une coïncidence, tandis que la seconde établit undécalage qui va dans le sens voulu par la Constitution.

La troisième est plus importante et saute aux yeux dès la première page du texte publié dans Le Moniteur du 13 mai 2011. Elle concerne le label de Loi constitutionnelle octroyé au texte et qui suscite quatre commentaires critiques :
 La 49ème Législature a reçu de la précédente non un projet de loi mais une Déclaration telle que publiée dans Le Moniteur du 6 octobre 2009.
 La Constitution de 1987 ne requiert pas d’adopter des amendements sous forme de loi.
 L’Assemblée Nationale n’a pas dans ses attributions d’adopter des Lois. Il estinscritqu’elle peutprendre un décret pour ratifier les Traités et Conventions(Article 276-1), mais la Constitution ne lui reconnait pas une rérogative législative stricto sensu.
 Il existe toute une procédure d’adoption des lois à partir d’une compétence générique reconnue au Parlement dont il est dit qu’il fait des lois sur tous les objets d’intérêt public (Article 111). Mais plusieurs dispositions établissent l’itinéraire des lois, entre l’initiative, la navette d’abord bilatérale entre la Chambre et le Sénat qui doivent voter un texte dans les mêmes termes, puis triangulaire par l’obligation de solliciter et d’attendre les objections possibles du Président de la République lequel, en fin de parcours, promulgue la loi et l’envoie au Journal Officiel pour la rendre exécutoire. Il est donc impropre de parler de Loi constitutionnelle alors que cette procédure n’était pas de mise, ne se justifie pas et n’a pas été enclenchée. Et il convient de souligner que le Président de la République, en promulguant le texte envoyé au Moniteur, lui aussi, l’identifie comme telle, reprenant et confirmant ainsi l’anachronisme juridique.

A partir de ces documents de base, on peut reconstruire l’itinéraire de la pièce qui devait comporter et authentifier l’amendement. Mais plusieurs zones d’ombre demeurent, la principale étant le document transmis par le Président du Sénat et de l’Assemblée Nationale au Président Préval aux fins de promulgation. C’est le maillon manquant de la chaine et une pièce essentielle, la seule qui permettrait une minutieuse comparaison avec le texte du 13 mai pour repérer les erreurs, altérations de fond, en clair une manipulation. En son absence, il est logiquement et juridiquement impossible,en tout cas pas convaincant de révéler les points de différence ce qui permettrait de confirmer à coup sûr qu’il y a eu manipulation, dans quel sens et, peut-être, au profit de qui. Quelque crédibilité que l’on accorde à la parole de Députés et de Sénateurs qui crient au scandale, dont les propos sont largement repris par la presse parlée et écrite, elle ne constitue pas une preuve, même si elle oriente vers des probabilités surtoutpsychologiques. Ces propos vibrants de sincérité de parlementaires faisant appel à leur mémoire et non à leurs notes écrites ne sauraient fonder des arguments prouvant l’illégalité de la procédure et la caducité du texte publié le 13 mai.

Il revenait au Président de l’Assemblée Nationale, dès l’éclatement de la controverse,d’y mettre fin en publiant le document voté par l’Assemblée Nationale et transmis au Président de la République. Après tout, il parait logique de croire qu’il en a conservé une copie, sinon ce serait mettre en cause le sérieux avec lequel les choses ont été menées. Il ne s’agit pas, en l’occurrence, de fabriquer un rectificatif après coup, en corrigeant un texte publié car on pourrait douter de l’authenticité d’une initiative qui s’apparenterait plutôt à un rattrapage peu convaincant.

Incontestablement, il y a trois lieux possibles où l’intervention manipulatrice a pu être exécutée. Le premier est le milieu de l’Assemblée Nationale, mais est-ce le Président ou les membres du Bureau tout entier qui auraient agi dans la précipitation des dernières heures de la procédure ? Comment expliquer la disparition des Procès verbaux de la séance à partir desquels on pourrait retracer le fil des évènements, et qui en avait la garde ? Sommes-nous en présence d’un cas de désinvolture administrative ou faut-il soupçonner un geste délibéré? Restent les cassettes d’enregistrement télévisé de cette importante séance qui ne sauraient constituer des preuves intangibles,mais permettraient de révéler qui a dit quoi, quand et quel fut le résultat du vote article par article et à quel moment. On est en droit de se demander si ces documents ne se sont pas, eux aussi, volatilisés et sur ordre de qui.

Le second est la Présidence de la République : faut-il incriminer le Président René Préval, le Premier Ministre Jean Max Bellerive, les Ministres ou tous ensemble réunis et consentants pour mener à bien cette grave intervention ? Ils ont signé le texte envoyépar le Président de l’Assemblée Nationale et cautionné l’envoi au Moniteur. Ont-ils pris la peine de lire ce à quoi ils apposaient leur signature lui accordant ainsi un label d’authenticité et de légitimité, ou ont-ils, en la circonstance, fait confiance au Président qui, en signant le document, a dissipé les interrogations possibles ?

Reste un troisième espace, les Presses Nationales elles-mêmes pour fonder une possibilité technique à défaut d’un intérêt politique. La publication au Moniteur est soumise à des instructions reçues du Bureau du Premier Ministre ou du Ministère du Commerce. Sans en écarter l’hypothèse, une collusion avec des centres extérieurs pour effectuer les changements serait audacieuse et aussi dangereuse, car le Journal Officiel, en principe, ferme l’itinéraire d’un texte. Dans notre histoire, il est arrivé qu’un texte publié soit rappelé afin de corriger une erreur de transcription. On lit dans Le Moniteur le compte rendu de ces cas, rares au demeurant, où des parlementaires demandaient et obtenaient des rectifications au sujet de leurs déclarations mal rapportées ouqu’ils estimaient telles. Mais il s’agissait d’erreurs mineures et, à ces époques-là, le Parlement avait directement accès au Journal Officiel. En la circonstance, un tel rappel devrait être effectué par l’entité qui aura eu l’initiative du premier envoi, c’est-à-dire le Président Préval qui n’est plus en fonction. Et il n’est pas sans intérêt de souligner qu’un texte publié au Moniteur jouit du bénéfice de la présomption de légalité en ce sens que sa parution représente la dernière étape du chronogramme; mais une judicieuse controverse relativise ce caractère impératif car il suffirait d’inclure n’importe quel document dans le Journal Officiel pour lui attribuer une nécessité juridique. Ce qui demeure valide à cet égard, ce n’estpas la publication enelle-même mais le respect d’une procédure qui inclut la responsabilité de l’entité quiachemine les textes. Jusqu’à nouvel ordre, aucune rectification n’est venue de l’Exécutif quant à l’authenticité du document. On peut ainsi avancer l’hypothèse que, de son pointde vue, celui publié le 13 mai est bien la pièce qui a été acheminée, ce qui affranchit les Presses Nationales de toute responsabilité.

Ce n’est pas la police civile qui pourrait directement sanctionner ces manquements; elle pourrait seulement initier une enquête pour déterminer les responsabilités, mais elle devrait être requise de le faire et par qui ? Il ne faut pas oublier que les parlementaires jouissent de l’immunitéjuridictionnelle, sauf en cas de flagrant délit. Et il en est demême des membres du Pouvoir Exécutif. Mais comment, en l’occurrence, dans ces conditions de précipitation, établir la flagrance ? Ce cas relèverait plutôt de la Haute Cour de Justice car il s’agit bien d’une forfaiture qui resterait d’ailleurs à prouver; mais,faut-il le rappeler, le Président sortant n’est plus justiciable une fois qu’il a quitté le pouvoir et il serait hautement improbable d’obtenir le vote de 66 députés pour le mettre en accusation devant le Sénat érigé en Haute Cour de Justice. Les Ministres sont responsables des décisions du Chef de l’Etat, mais il faudrait identifier lequel d’entre eux aurait pris la lourde responsabilité de cette altération. Les parlementaires sont les seuls détenteurs du pouvoir d’état qui ne sont pas passibles de cette institution (Article186), ce qui est une anomalie. Dans notre histoire, il n’en a pas toujours été ainsi. La faculté de juger les responsables politiques est inscrite dans toutes nos Constitutions depuis 1806, et trois d’entre elles (1846, 1849, 1874) incluaient les parlementaires comme coupables possibles de forfaiture et de malversations. En les exemptant de toute poursuite devant la Haute Cour de Justice, la Constitution de 1987 n’anticipe pas qu’ils puissent errer dans l’accomplissement de leurs fonctions et leur accorde, avec l’inviolabilité et l’immunité, une totale impunité prospective.

Il est pénible d’anticiper que, malheureusement, comme cela se produit trop souvent,on va assister à une vaste opération de "kase fèy kouvri sa" et, par lassitude et une inertie collective consentie, le souci de préserver les acquis de la révision particulièrement en ce qui concerne la création du Conseil Constitutionnel dont l’intervention serait fort judicieuse en l’occurrence, les dispositions relatives à la nationalité si ardemment attendues de la part de nos compatriotes de l’extérieur, encore que certaines d’entre elles pourraient ne pas combler leurs espérances, on s’achemine vers un "kole piese" par lequel, contrairement à toutes les normes, on sortira prestement d’un chapeau une pièce rafistolée que l’onp résentera comme étant l’authentique votée le 9 mai,alors qu’il a déjà été révélé qu’elle a disparu. Pour comble, il se murmure qu’elle sera promulguée par le nouveau Président qui l’enverra au Moniteur…comportant la même date et revêtue des signatures apposées par l’équipe sortante ! Cet accroc, s’il se réalise au nom de la raison d’état, marquera un nouveau recul dans la construction de l’état de droit.

Je l’écris avec amertume et sans illusion, mais avec une inaltérable conviction en faveur du respect des normes: la seule solution acceptable capable d’assainir les bases juridiques de fonctionnement de l’Etat est de reconnaitre, courageusement, l’échec de la procédure d’amendement et de reporter celle-ci à la fin de la 49ème Législature, en prenant soin de respecter toutes les étapes requises. Ou alors créer les conditions pour organiser une Assemblée Constituante afin de préparer une nouvelle Constitution.

Mirlande H. Manigat
______________
Source: scribd.com.

samedi 9 avril 2011

Haïti-élections 2010-2011: Mirlande Manigat a bien raison de protester et devrait même contester !


Par Dr Pierre Montès, LCDP-Politique, 9 avril 2011


Introduction


Il est anormal que le pointage de la candidate du RDNP, Mirlande Manigat n'ait pratiquement pas augmenté et soit resté le même au second tour qu'au premier (31,57%au premier tour; 31,74% au second).

De même, il est anormal que le pointage du candidat de Repons Peyzan, Michel Martelly soit passé de 22,23% au premier tour à 67,57% au second.

En effet, une interprétation des résultats du second tour publiés par le CEP le 4 avril dernier serait que quasiment 100% (99,64%) des électeurs qui auraient voté au premier tour pour un candidat autre Marlelly et Manigat, soient allés voter pour Martelly au second tour, si l'on suppose évidemment que tous ceux qui ont voté pour Manigat au premier ont encore voté pour Manigat au second et que tous ceux qui ont voté pour Martelly au premier tour ont encore voté pour Martelly au second.


Considérations liminaires-les résultats des huit présidentielles françaises à deux tours (1965-2007) (*)

Une situation semblable s'est présentée en France en mai 2002 quand Jacques Chirac affrontait Jean-Marie Le Pen au second tour. En effet, au premier tour, parmi 16 candidats en lice, Jacques Chirac, président sortant, était classé premier et avait récolté 19,88% des voix, suivi de Jean-Marie Le Pen qui avait réussi à ammasser 16,86% des voix, devançant étonnamment le brillant Lionel Jospin, candidat socialiste ! Au second tour, pour réparer leur erreur de jugement du premier tour, les français avaient reconduit, malgré eux, Jacques Chirac à la présidence: Jean-Marie Le Pen n'a pu gagner qu'un peu moins d'un pourcent de plus (soit 17,79%), tandis que Jacques Chirac a vu son pointage s'élever à 82,21%! Une interprétation de ces résultats serait que 98,5% des électeurs français qui n'avaient voté ni pour Le Pen, ni pour Chirac au premier tour, étaient allés voter pour Chirac au second tour; et seulement 1,5% de ces mêmes électeurs qui n'avaient voté ni pour Chirac ni pour Le Pen au premier tour, avaient alors voté pour Le Pen au second tour.

Le Tableau 1 suivant montre les résultats des deux tours des huit présidentielles françaises, depuis que le suffrage universel direct est utilisé dans ce pays pour élire le Chef de l'État.



Tableau 1.- Compilation des résultats des huit présidentelles françaises (1965-2007).

La dernière colonne du Tableau 1 contient un facteur que j'ai nommé alpha. Le facteur alpha exprime, pour un candidat donné (1er ou 2e au premier tour), la proportion des électeurs qui ont voté pour lui au second tour et qui n'avaient pas voté pour les deux premiers candidats au premier tour.

Des huit élections présidentielles françaises, trois présentent un candidat qui, comme Martelly était arrivé second au premier tour et a gagné au second tour. Ce sont:

1) Valéry Giscard d'Estaing (1974).- Il est classé 2e au premier tour avec 32,60%; il réussit à se mettre au premier rang au second tour avec 50,81%, avec un facteur alpha égal à 0,754, battant ainsi son puissant rival, François Mitterrand par un écart historique de 0,39%! Je me souviens encore aujourdd'hui de cette fameuse journée de mai 1974, discutant avec des camarades étudiants à la FDS (Auguste Paquiot, Hernst-Clémenceau Pierre-Antoine, Rosemond Pradel et d'autres).

2) François Mitterrand (1981).- Il est classé 2e au premier tour avec 25,85%; il réussit à se placer au premier rang au second tour avec 51,76%, avec un facteur alpha égal à 0,565, battant ainsi son rival, Valéry Giscard d'Estaing, président sortant par un écart de 3,52%.

3) Jacques Chirac (1995).- Il est classé 2e au premier tour avec 20,84%; il réussit à se placer au premier rang au second tour avec 52,64%, avec un facteur alpha égal à 0,569, battant ainsi son rival, Lionel Jospin par un écart confortable de 5,28%.

Ces trois hommes, Giscard d'Estaing, François Mitterand et Jacques Chirac étaient des politiciens aguéris qui, malgré tout n'ont pu vaincre leur adversaire au second tour qu'avec un pourcentage compris entre 50,80% et 52,65%, et, avec un facteur alpha compris entre 0,56 et 0,75.


Quelques considérations sur les présidentielles haïtiennes 2010-2011

Le Tableau 2 ci-dessous montre les résultats des deux tours des présidentielles haïtiennes. On y voit que la candidate Mirlande Manigat a pratiquement le même pointage au premier tour qu'au second tour (31,57% au 1er tour; 31,74% au 2e). Son rival, Michel Martelly est, quant à lui, passé de 22,23% au premier tour, après un repêchage au forceps réalisé de justesse par les Docteurs et experts de l'OEA (on s'en souvient), à un poucentage fracassant de 67,57% au second tour. Selon les chiffres préliminaires, publiés par le CEP le 4 avril dernier, Michel Martelly est donc le président élu d'Haïti. Selon ces mêmes résultats, comme l'indique le Tableau 2, dernière colonne, le facteur alpha pour Martelly s'établit à, tenez-vous bien, 0,9964! Ce facteur, pour Mirlande Manigat, 0,0036, est donc tout petit et même plus petit que celui obtenu par Le Pen, 0,015, en France au deuxième tour des présidentielles de 2002! On peut comprendre le facteur alpha obtenu par Le Pen en 2002, mais pas celui attribué à Manigat en 2011 en Haïti.

Le facteur alpha égal 0,0036 attribué à Mirlande Manigat signifierait, s'il n'y avait aucunes fraudes au deuxième tour, que presque tous les électeurs qui auraient voté pour les 17 candidats autres que Martelly et Manigat au premier tour, le 28 novembre 2010, seraient allés voter (1 personne, 1 vote) effectivement pour Martelly au second tour, le 20 mars dernier! Cela n'a aucun sens. Mirlande Manigat n'est pas Jean-Marie Le Pen. Il n'y a pas de similitude possible, pouvant se traduire en termes de alpha, entre Manigat et Le Pen. Ce ne sont pas seulement 32% des électeurs qui, à travers le pays, scandaient ces paroles typiquement haïtiennes:« Banm manmanm, banm manmanm! ». C'est, sans aucun doute possible, beaucoup plus que 32%.

Martelly a peut-être gagné, mais à beaucoup moins que 67,57%; Manigat a peut-être perdu, mais à beaucoup plus que 31,74%.

Martelly a peut-être perdu par 47,04%; Manigat a peut-être gagné par 51,28%. Ce sont les chiffres qui circulaient sur le Web depuis jeudi soir 31 mars juqu'à très tard dimanche soir. Avec ces chiffres, le facteur alpha aurait été 0,4427 pour Mirlande Manigat et 0,5573 pour Michel Martelly, ce qui constitue une variante possible de la réalité que nous ignorons à ce jour.



Tableau 1.- Résultats des présidentelles haïtiennes (2010-2011).


La candidate défaite, Mirlande Manigat a vivement protesté contre les modifications introduites dans la base de données au centre de tabulation des votes sur ordre du président du Conseil électoral provisoire, M. Gaillot Dorsainvil. Mais, elle dit ne pas contester les résultats.

À la lumière de l'interprétation du facteur alpha défini ci-dessus, et, sachant que des milliers de procès-verbaux (près de 1728, selon The Miami Herald) avaient été mis en quarantaine pour fraudes et irrégularités par les techniciens du centre de tabulation, il est possible de penser que le gagnant ou la gagnante du second tour ait récolté entre 51 et 52% des voix et non 67,57%. Pour le savoir, il faudrait, peut-être qu'un groupe d'experts indépendants se penchent rapidement sur la question et en informer le CEP et la nation, avant le 16 avril 2011, date de la publication officielle des résultats définitifs des élections.

Il faut aussi noter que le CEP avait rendu le processus de tabulation très opaque, contrairement aux élections de 2006 où les opérations du centre de tabulation étaient rendues publiques quotidiennement par le directeur d'alors, M. Jacques Bernard.

Sur la base de l'analyse ci-dessus qui repose entre autres sur le facteur alpha, étant donné la popularité de Mirlande Manigat, étant donné le prestige et la sympathie dont elle jouit dans tous les mileux en Haiti, il est logique de penser, jusqu'à preuve du contraire que les 31,74% que lui a attribué le CEP, à la suite des changements introduits in extremis dans la base de données du centre de tabulation, ne correspondent pas à la réalité. Le CEP devrait chercher à faire la preuve à la population, et, à toutes celles et tous ceux qui ont voté pour Mirlande Manigat, que cette dernière a gagné ou perdu les élections avec le vrai pourcentage de votes (inconnu pour l'instant et à déterminer) qu'elle a obtenu le 20 mars 2011.

Qui auraient peur que Mirlande Manigat soit élue présidente d'Haïti: une frange des gens d'affaires haïtiennes et/ou étrangères ? une frange importante de la société haïtienne elle-même qui ne serait pas encore prête pour se laisser diriger par une femme ?
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(*) Résultats élections présidentielles en France: france-politique.fr

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Dernière mise à jour, dimanche 10 avril 2011, 08h07

jeudi 24 mars 2011

Haïti/Deuxième tour présidentielles 2011/Simulation conditionnelle des résultats (tentative no. 1)


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Par Dr. Pierre Montès
LCDP-Politique, 24 mars 2011

Une simulation est une variante possible de la réalité.

Selon cette simulation, la candidate Mirlande Manigat obtiendrait 52,6% des voix et le candidat Michel Martelly, 47,4% des voix.





Le CEP n'ayant pas encore commencé à publier les résultats préliminaires du deuxième tour des présidentielles 2011, nous avons procédé à une estimation basée sur les pourcentages avancés par les Alliés de la candidate du RDNP pour sept des dix départements géographiques du pays au cours de leur conférence de presse du 23 mars 2011 (1).

Pour les trois autres départements, les pourcentages mesurés par le dernier sondage BRIDES (17 mars 2011) ont été utilisés pour fin de simulation.

Selon cette simulation, la candidate Mirlande Manigat obtiendrait 52,6% des voix et le candidat Michel Martelly, 47,4% des voix.

Au moment d'écrire ces lignes, nous apprenons que le CEP a révisé le nombre d'électeurs potentiels sur la base d'une étude récente de l'OEA qui établit le nombre d'électeurs décédés à 432 347. Ainsi, le nombre d'électeurs potentiels passe de 4 712 693 à 4 290 540, selon le CEP (3). Nous notons que la différence entre ces deux nombre est de 422 153 et non 432 347. Le CEP n'a pas fourni d'explication pour justifier cette apparente inconsistance. De même la répartition des électeurs décédés par département n'est pas indiquée. On suppose que ces décès soient principalement concentrés dans l'OUEST et le SUD-EST (à cause du séisme du 12 janvier 2010 qui a affecté surtout ces deux départements du pays). Nous n'avons pas tenu compte de ces nouveaux chiffres dans la simulation, mais ils sont mentionnés au bas du tableau ci-dessus. De toutes facons, cela ne changera pas de façon sensible les pourcentages simulés pour les deux candidats et ne renversera pas le classement des deux candidats obtenu dans cette simulation, à savoir: Madame Mirlande Manigat, victorieuse au second tour, Présidente d'Haïti.

Une mise à jour de ce travail sera effectuée, si nécessaire, quand de nouvelles données ou informations seront disponibles, avant la publication des résultats officiels par le CEP d'ici au 31 mars 2011.

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(1) Conférence des Alliés de la candidate du RDNP: LCDP-Politique, 23 mars 2011.
(2) Sondage BRIDES: LCDP-Politique, 18 mars 2011.
(3) CEP, communiqué de presse #90, 24 mars 2011.

lundi 14 février 2011

Carte Postale : Antiquité mais d'Actualité

Source: Forum Culturel, Dim 13 février 2011, 16h 02min 13s
Par Ray Killick, 13 février 2011
RayHammertonKillick-conscience@yahoo.com


Ne possédant ni la bravoure ni le génie intellectuel, militaire et stratégique de son père adoptif Jules César, Gaius Octavianus, assoiffé de pouvoir allait terrasser ses adversaires politiques, ses ennemis, ses amis et certains membres de sa famille pour parvenir à ses fins. Il exécute avec Marcus Antonius les proscriptions romaines qui visent à déposséder certains patriciens romains ciblés, parmi eux les "césaricides", les partisans impénitents de la république romaine et les éliminer physiquement. S'il n'a pas la bravoure, il va se l'inculquer. S'il n'a pas l'expérience militaire pour le bellum gerere (conduire la guerre), il va se l'enseigner et s'entourer d'amis fidèles tels que l'indispensable Agrippa avec lequel il défait plus tard Marcus Antonius et Cleopâtre à la bataille d'Actium. Il devient après Princeps ou premier citoyen de l'Empire romain, Imperator Caesar Augustus Pontifex Maximus. Cependant, il faut donner à César ce qui est à César. Il possède en effet la patience et le génie de l'organisation de l'Empire qui faisaient défaut à son père Jules César. De plus, il combat systématiquement la corruption à Rome et les provinces romaines et mène une vie humble et sobre. Il meurt Imperator Divi Filius Caesar Augustus, le 19 août 14 ap. J-C. Son régime allait durer environ 15 siècles, et Caesar Augustus allait devenir après lui un titre; Kaiser en Allemagne; Tsar en Russie, etc. L'histoire retient que le père de la civilisation occidentale est l'un des rares leaders de l'humanité à s'enseigner la grandeur, l'intégrité, les valeurs universelles et utiliser le pouvoir à bon escient et plus prudemment et parcimonieusement avec le temps. Il aura grandi au pouvoir ou en dépit du pouvoir. C'est dire qu'il a prouvé l'exception que le pouvoir ne doit pas forcément corrompre sur le long terme.

Il dira avant de mourir: "J'ai trouvé une Rome de briques, je vous la laisse en marbre." Toutefois, sa meilleure épitaphe et son monument demeurent l'organisation de l'Empire (pour nous l'État) que perfectionnera plus tard la civilisation occidentale dont il aura édifié les fondations. Et ses derniers mots auraient été : "Si j'ai bien joué mon rôle, applaudissez-moi maintenant avant mon départ de la scène." Pour l'Imperator, la vie est une mise en scène. On lutte pour le rôle qu'on veut jouer. Si l'on parvient à l'obtenir, il faut le jouer pour donner un plein sens à l'existence. Il est difficile, si l'on veut être raisonnable, de lui trouver des égaux tant son impact sur la civilisation, pour le meilleur ou pour le pire, a été déterminant.

UNE AUGUSTE LEÇON

Il ne s'agit pas ici de glorifier qui que ce soit, mais de tirer plutôt la leçon que l'exercice du pouvoir qui a produit tant d'aberrations à travers les âges doit être reconsidéré par les leaders présents et futurs à la lumière d'une partition exceptionnelle jouée il y a 2 mille ans environ à Rome. Il s'agissait alors de construire un empire sur du roc, mais dans la plupart de nos pays d'aujourd'hui la tâche est plutôt de refonder l'État et diriger l'état-nation à bon port. Comment se fait-il que les chefs d'État et de gouvernement des pays du Tiers Monde utilisent les mêmes modèles de leadership qui ont échoué systématiquement au lieu de choisir de grandir au pouvoir, de devenir meilleur comme Caesar Augustus, de poser comme lui pour la postérité ? Comment se fait-il que nos chefs d'État adoptent pour modèles des rats, des sauterelles, des pintades, des coqs, des vautours et des tigres au lieu de l'aigle des légions dont la vision stratégique et la puissance permettent d'accomplir de grandes choses avec les peuples ?

La vie de l'Imperator est une leçon de leadership et de mission politiques pour les leaders qui veulent apprendre et s'enseigner la grandeur. L'historien américain Joseph J. Ellis évoque la conduite d'Augustus au pouvoir dans Founding Fathers : "...Il existe seulement deux exemples dans toute l'histoire de la civilisation occidentale où l'élite politique d'un empire émergeant s'est comportée aussi bien que l'on pouvait raisonnablement l'espérer : le premier fut Rome sous Caesar Augustus, et le second, les États-Unis sous l'égide des pères-fondateurs." Ceux-ci ont posé délibérément pour la postérité en dépit d'être conscients de l'impact de leurs grands échecs sur son jugement (l'esclavage, la question indienne et les droits de la femme). Ils ont même tenté de parfaire l'acte, et dans certains cas, ont essayé de biffer les erreurs du passé. La postérité fut leur passion, leur obsession. Et si Thomas Jefferson couronne Tacitus "le plus grand écrivain du monde sans exception. Son oeuvre, un bouquet d'histoire et de moralité sans pareille...", n'est-ce pas là une indication que les pères-fondateurs se sont également abreuvés dans l'antiquité des grands maîtres, de Tacitus, de Cicéron, de Platon, d'Augustus, etc. ?

CONFESSION SINE QUA NON

La plus grande confession d'un leader est d'abord intime. Elle consiste à déterminer et à accepter ses limitations afin de les compenser. Or, c'est précisément cet exercice d'humilité le plus important que des leaders tels que Jean-Bertrand Aristide ont évité de s'imposer dès le départ qui fait qu'ils ont gaspillé un capital politique énorme. S'il y des leaders-nés, ils ne sont pas nombreux. Tout le monde a la capacité de développer des qualités de leadership. Voilà pourquoi, il est impératif de faire l'inventaire de ses qualités et de ses limitations en arrivant au timon des affaires. Inventaire sans quoi on ne peut effectivement diriger, car diriger est précisément savoir se munir des instruments de navigation sophistiqués pour conduire l'état-nation à bon port.

Aujourd'hui, Mme. Mirlande Hyppolite Manigat et M. Michel Martelly, candidats au second tour de la présidentielle de mars prochain, doivent commencer cet exercice, car rien dans leur passé n'indique qu'ils possèdent toutes les qualités requises en ce moment précis de l'histoire nationale pour le revirement positif exceptionnel tant souhaité par les vrais patriotes. Il faut beaucoup plus que des talents de professeur et de musicien pour encadrer la nation, refonder l'État, changer le comportement de l'état-nation et lancer le développement d'Haïti pour enfin contempler des "lendemains qui chantent".

Chaque candidat accuse des déficiences sévères, car ils ne sont jamais passés dans le moule qui façonne les leaders modernes. Compte tenu des circonstances exceptionnelles de dégradation nationale, Haïti requiert un leadership également exceptionnel et beaucoup plus clairvoyant et stratégique que celui qui dirige les premiers pays du monde.

DÉFICIENCES BILATÉRALES

Manigat possède l'avantage d'une grande culture, d'une maturité relative à discuter des grands dossiers tellement vitaux de la vie nationale, d'avoir dirigé ce qu'on peut considérer, dans un esprit de justice, comme le meilleur parti politique d'Haïti. De plus, son âge de trop mûre jeunesse n'est pas l'âge des poursuites et pratiques politiques éhontées et destructrices. C'est l'âge où l'on peut poser pour la postérité. C'est l'âge où l'on peut imposer le respect dans la conduite des affaires du pays. Cependant, elle n'a jamais occupé de fonctions dans le secteur public ou privé qui lui auraient permis d'exercer des responsabilités de leadership de plus en plus complexes qui requièrent et mettent également à l'épreuve la dextérité et la volonté politiques. C'est ici l'aspect qu'elle doit considérer pour améliorer son leadership. Pour ce faire, il faut s'entourer d'un Maecenas et d'un Aggripa, c'est-à-dire de conseillers d'une rare intelligence stratégique et émotionnelle, et, en même temps, savoir écarter de son entourage les sauterelles qui n'y sont que pour leurs intérêts personnels et savent masquer leurs vraies intentions avec des CVs ronflants.

Quand à Martelly, il a l'avantage d'être conscient de son ignorance en politique et d'être apparemment direct.

-- "Messieurs, m'bouké." déclare-t-il durant un débat présidentiel
-- "Ou bouké alos ke ou poco mim komanse..." rétorque rapidement un adversaire
-- "Non monchè, se avek nou mim, mim ke m'bouké an wi..."

Martelly n'a pas une formation qui lui permettra d'aborder les grands dossiers avec une relative indépendance d'esprit qui nourrit les grandes décisions de grand leadership. Un leadership qui sait écouter des points de vue opposés pour finalement décider dans l'intérêt stratégique défini. Loin de la considérer une faiblesse, Martelly devra s'atteler à se mettre au travail pour la compenser. S'il sait faire sa confession intime, ce sera le premier pas vers une "auguste" transition personnelle. Et s'il veut vraiment poser pour la postérité en tant que premier président de la nouvelle Haïti et ne pas contempler l'exil au terme de son mandat, il devra s'armer d'une volonté politique pour assainir son entourage, refonder l'État et apprendre à pratiquer la discipline d'exécution. Son exercice de formation personnelle sera beaucoup plus éreintant que pour Manigat, mais il a néamoins l'avantage d'être beaucoup plus jeune que sa rivale.

POSER POUR LA POSTÉRITÉ

La leçon d'une vie exceptionnelle de l'antiquité est toujours d'actualité. Caesar Augustus est l'exemple le plus spectaculaire de l'évolution continue mais dramatique et positive d'un leadership au pouvoir. La plus grande qualité de l'Imperator fut peut-être sa capacité de changer pour le meilleur. C'est ce qui lui a permis d'évoluer d'une figure obscure et criminelle à une figure "auguste" en son temps et depuis, dans la mémoire de l'humanité. N'allez pas frapper à la porte de François Duvalier ou de René Préval ou de Jean-Bertarnd Aristide, car ceux-ci sont désormais au musée d'histoire des reptiles où se côtoient Staline, Hitler, Hosni Moubarak, etc.

Toutefois, il est important de rappeler que l'Imperator Caesar Augustus avait 44 ans pour parfaire son acte au pouvoir et jeter les bases de la civilisation occidentale. Le prochain président d'Haïti n'aura que 5 ans pour commencer à refonder l'État et inculquer de nouvelles valeurs, conduites et croyances à l'administration publique et l'état-nation. Sa tâche est herculéenne. La seule récompense est le jugement de l'histoire pour une place de choix dans la postérité. Et la consolation au terme de son mandat : "Si j'ai bien joué mon rôle, applaudissez-moi maintenant avant mon départ de la scène."

vendredi 4 février 2011

Haïti : une femme en lice pour la présidence

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NDCDP-Politique.- Mirlande Manigat, candidate du RDNP, la probable future présidente d'Haïti.
La devise de son parti est: «La tête froide, le coeur chaud, les mains propres
Contrairement à l'opinion émise dans l'article ci-dessous, il n'y a aucun doute en Haïti: Mirlande Manigat, en allant au second tour, part avec une grande longueur d'avance sur son rival, Michel Martelly. En effet, elle a toujours été premiere dans les sondages. De plus elle a été classée première au premier tour des présidentielles (31%), suivie de Michel Martelly (22%), malgré les fraudes massives et flagrantes des militants du parti INITÉ le 28 novembre 2010 en faveur du candidat Jude Célestin.
Photo: Thony Bélizaire, février 2011


Source: leparisien.fr et AFP, 4 février 2011

Haïti aura t-il bientôt une femme à sa tête ? C'est un scénario probable puisque Mirlande Manigat, 70 ans, figure parmi les deux candidats qui vont s'affronter au second tour de la présidentielle haïtienne. Jeudi, le candidat du pouvoir Jude Célestin a été exclu du second tour mettant fin à deux mois de crise politique née de la contestation des résultats du premier tour du 28 novembre dernier.

Mirlande Manigat affrontera donc Michel Martelly le 20 mars prochain. Ce dernier, star de la musique haïtienne, est le fils d'un cadre du secteur pétrolier. Ancien étudiant aux Etats-Unis, il est connu pour ses excès sur scène et ses virulentes invectives politiques. Par contraste, avec ses lunettes et sa voix douce, Mirlande Manigat, grande dévoreuse de romans d'Agatha Christie, a vécu 13 ans en France et appartient à l'élite haïtienne.

Intellectuelle diplômée de la Sorbonne et de Science-Po, Mirlande Manigat serait la première femme élue à la tête du pays. Elle promet de rompre avec la corruption et de réformer le système éducatif. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés au droit constitutionnel, elle n'a pas une grande expérience du combat politique. Jusqu'à la campagne des derniers mois, elle avait toujours vécu dans l'ombre de son mari, Leslie Manigat, au pouvoir quelques mois en 1988, se consacrant à l'enseignement pour devenir vice-rectrice d'une université privée en Haïti.

« Sweet Micky » veut « changer la face d'Haïti »

La lourde tâche de reconstruire le pays le plus pauvre des Amériques, après le violent séisme du 12 janvier 2010, pourrait cependant revenir à Michel Martelly, 49 ans, alias «Sweet Micky». Bien que critiqué en raison de liens qu'ils entretiendrait avec Jean-Claude Duvalier (ancien dictateur haïtien revenu au pays le mois dernier), le chanteur au crâne rasé incarne le changement et peut être considéré comme le favori.

«Je pense que les jeunes vont voter pour Martelly, en particulier ceux qui sont au chômage et qui vivent dans les zones urbaines», explique Robert Fatton, politologue, professeur haïtien à l'université de Virginie (est des Etats-Unis). «Il a l'avantage de pouvoir mobiliser cette frange de la population mieux que tout autre candidat. En ce moment, il a le vent en poupe».

«Mon objectif est d'avoir la possibilité de changer la face d'Haïti. Les gens me voient comme la lumière au fond du tunnel», avait assuré «Sweet Micky» le mois dernier, sans toutefois décrire concrètement les changements qu'il promet d'apporter.

lundi 20 décembre 2010

Conférence de presse de Madame Mirlande Manigat, candidate à la Présidence

De: Robert Benodin
Objet: Conférence de presse de Madame Mirlande Manigat, candidate à la Présidence
À: "'*RDNP 098 News'"
Date: Lundi 20 décembre 2010, 12h00

Conférence de presse de Madame Mirlande Manigat, candidate à la Présidence
Port-au-Prince, le vendredi 17 décembre 2010
Version française de la déclaration introductive faite en créole.

"Messieurs et dames les journalistes, Bonjour.

Je vous remercie pour votre présence ce matin.
Je voudrais vous entretenir de divers sujets.

Tout d'abord, le cas de Patrice Dumont, responsable du service de presse de ma campagne. Vous savez qu'il a été convoqué, hier matin, au Parquet de Port-au-Prince pour répondre d'accusations de complicité afin d'incendier les locaux de la Télévision Nationale. De ce fait, il est accusé d'association de malfaiteurs.

A ce sujet, je voudrais faire les observations suivantes.

Pour qui connaît Patrice Dumont, une telle accusation est dénuée de tout bon sens et ne saurait constituer un dossier sérieux et acceptable. Il s'agit de l'expression d'une volonté de porter atteinte à l'intégrité bien connue de ce citoyen remarquable.

Mais, mal en a pris aux auteurs d'une initiative aussi incongrue que maladroite et ils se sont rendus compte que Patrice n'était pas "pitimi san gado". Vous étiez nombreux à venir couvrir cet événement et surtout pour lui témoigner votre solidarité. D'autres citoyens, des parlementaires, des amis y compris moi-même, étaient aussi présents au Parquet. Après une audition rapide, Pepe a pu sortir libre, mais il doit rester à la disposition de la justice, ce qui signifie que l'affaire n'est pas encore classée.

En second lieu, par delà Patrice Dumont, c'est le RDNP qui était visé car le chef d'accusation a souligné qu'il avait assisté à une réunion au domicile d'un membre du RDNP sis à Delmas 22 ! Aucun nom, aucune adresse précise, ce qui souligne la désinvolture et le manque de professionnalisme des dispensateurs de la justice.

Tout le monde sait que le RDNP est un parti non violent. Nous condamnons toute forme de violence comme moyen politique. Alors, que recherche-t-on ?

Je répète ce slogan martelé tout au long de la campagne "Nou pa pè, nou pap janm pè !!" S'ils croient nous intimider avec ce genre d'abus, ils se trompent lourdement.

Je lance un appel aux commissaires du Gouvernement pour qu'ils n'oublient pas qu'ils font partie du Ministère de la Justice, mais qu'ils ne sont pas aux ordres du Ministre de la Justice.

Les juges de paix ne sont pas protégés par l'Article 177 de la Constitution comme ceux des cours d'appel et du Tribunal de Cassation déclarés inamovibles. Aussi, ils sont placés dans une position fragile. Nous savons que beaucoup d'entre eux ont été révoqués ou déplacés à la veille des élections, un acte arbitraire qui viole le principe de l'indépendance de la Justice proclamée par cette même Constitution. A ceux-là, je demande de prendre patience car justice leur sera rendue lorsque Mirlande Manigat deviendra Présidente de la République.

Enfin, je lance un appel à ceux qui détiennent encore le pouvoir et je leur dis ceci : il vous reste encore 52 jours. Le compte à rebours a déjà commencé pour vous car bientôt 50 jours, 45, 30, 15, 8, 2 et.....le 7 février, good bye ! Tachez de finir votre mandat en beauté si vous le pouvez ! Ne ternissez pas les jours qui vous restent !

Le deuxième point que je voudrais aborder est la suite des élections du 28 novembre.

Je remercie les 336.878 citoyens qui ont voté pour moi. Je remercie aussi tous ceux dont les votes n'ont pas été pris en compte car JE SAIS et VOUS AUSSI VOUS SAVEZ qu'ils ont été plus nombreux que les 31% qui m'ont été accordés.

Mais la réalité est que j’occupe la première place et celle-ci n'est pas contestée.

Actuellement, une vaste opération de recomptage est annoncée
Comptez ! Recomptez ! Mais respectez le vote populaire. Le peuple sait pour qui il a voté et pour qui il n'a pas voté. Je vous le répète PINGA ! Respectez le vote populaire !

Celui des jeunes, étudiants ou pas, mais désœuvrés et qui se sentent abandonnés !
Celui des femmes de toutes les catégories sociales !
Celui des marchandes de "chin jambé et de maléré pa brital" !
Celui des ouvriers et des artisans !
Celui des paysans malmenés par la vie et par l'infortune !
Celui des professionnels !
Celui des membres de la société civile et du secteur privé !
Celui des membres de notre vaillante Police Nationale !
Celui des croyants de toutes les confessions religieuses !

Respectez leur vote et leur choix.
J'occupe la première place et j'attends que l'on indique qui sera non mon adversaire car nous sommes fils et fille d'une même nation, mais mon compétiteur dans une élection loyale.

Je voudrais préciser pour quelle raison je ne participe pas à cette opération de recomptage. Pour cela, il me faut revenir en arrière. Le vendredi 7 décembre, j'apprends par voie de presse la formation de cette Commission spéciale (Communiqué No 59 du CEP). Nous nous sommes réunis et nous avons décidé de publier un communiqué signé de deux avocats de mon équipe, Me Wilmine Raymond Saint Pierre et Carol Chalmers, par lequel, nous avons décliné l'invitation à en faire partie, car aucune indication n'était donnée quant à la composition de cette Commission, son mandat, ni même le lieu de la réunion projetée. Le lendemain samedi, à 5h a.m., je reçois sur Internet une lettre signée du Président du CEP, m'invitant à participer le jour même à midi, à une première prise de contact, au local de la MINUSTAH. Cette lettre était accompagnée d'un document indiquant les termes de référence, la composition de la Commission et les trois candidats arrivés en tête ou, à défaut, leurs représentants étaient invités à "assister" aux travaux de la dite Commission.

Cette fois, je n'ai même pas répondu car cette démarche me paraissait irrecevable pour plusieurs raisons. D'abord la forme. J'ai trouvé que le CEP avait failli à tous les usages de la bienséance en adressant, via Internet, à une personne en passe de devenir la prochaine Présidente de la République, une lettre avec une signature illisible, sans le sceau du CEP et sans le document accusant réception d'une correspondance importante. En outre, le CEP n’a pas compétence pour former une telle Commission sans les nécessaires provisions constitutionnelles et légales requises
Enfin, je me demande quelle crédibilité accorder à cette démarche et surtout, quels sont les documents qui feront l'objet de cette opération de recomptage, car il est vraisemblable qu'ils pourraient être triés sur le volet, afin de soumettre à l'attention ceux d'entre eux qui seraient acceptables. Vous savez que vous pouvez consulter sur Internet des pièces ahurissantes qui indiquent comment, maladroitement, des Procès Verbaux ont été falsifiés, mis en quarantaine puis récupérés pour gonfler le résultat obtenu par un candidat. A la base donc, il se pose une question de confiance et il ne faudrait pas que les promoteurs de l'opération prennent les citoyens pour des imbéciles.

A ce que j'ai pu apprendre, cette commission est mort-née et plusieurs institutions pressenties pour en faire partie ont décliné l'offre. De même, j'ai appris de la bouche même de Monsieur Ramdin, Secrétaire Adjoint de l'OEA venu me visiter hier, que les deux Commissions sollicitées de l'OEA par le Président de la République, n'ont pas été constituées, ce qui ne signifie pas que l’institution interaméricaine ne va pas s'impliquer dans une opération de recomptage.

Enfin, le troisième élément de mon intervention préliminaire porte sur les solutions proposées à la crise électorale en passe de se transformer en crise politique.

Depuis quelque temps, de propositions sont discutées et on me les a soumises il y a quelques jours, venant aussi bien d'institutions nationales que de secteurs internationaux. Je n'en retiendrai que deux d'entre elles.

La première consisterait en l'organisation du deuxième tour avec les trois candidats placés en tête. Cette "triangulaire" prévue dans un pays comme la France et pour les élections législatives, est en contradiction avec notre Constitution qui précise qu'un deuxième tour est organisé seulement avec les deux candidats les mieux placés.

La seconde anticiperait une nouvelle élection avec tous les candidats avec cette particularité que le vainqueur serait le candidat qui obtiendrait le plus grand nombre de voix. Dans ce cas aussi, il s’agit d'une proposition de violation de la Constitution qui précise que le Président, tout Sénateur ou Député doit obtenir la majorité absolue, c'est-à-dire 50% + 1.

Etant constitutionnaliste et légaliste, je ne saurais me rallier à ces deux propositions.

Je suis aussi une citoyenne consciente de la gravité de la situation et je demeure ouverte pour la recherche d'une solution. J'éprouve toujours un malaise lorsque l'on souligne à mon attention que telle solution n'est pas juridique mais elle est politique, comme si une décision de nature politique ne devrait pas, a priori, reposer sur des bases juridiques. Aussi, je privilégie la voie constitutionnelle car celle-ci me sert de boussole et je me bats pour qu'il en soit ainsi dans notre pays, même si, comme vous le savez, j'ai de nombreuses critiques contre la Charte Fondamentale, tout en soulignant que tant qu'elle existe, il faut en respecter les principes.

Mais je vous le dis et je vous le répète : en tant que femme politique consciente et responsable, je demeure ouverte et disponible pour toute recherche d'une solution adéquate à la crise présente à condition qu'elle ne soit pas imposée, qu'on me considère comme une partenaire et qu'elle ne s'écarte pas trop de la légalité.

Pour terminer, je fais un appel au Président Préval pour lui demander de mieux terminer son mandat, qu'il s'appuie sur ce qu'il conserve de patriotisme et de sens de l'Etat pour qu'il ne soit pas coupable envers la nation pour des décision inappropriées que ses amis et lui seraient tentés de concocter. Il est encore temps pour qu'il se ressaisisse !

Mirlande Manigat
Candidate à la présidence de la République d'Haïti.
Tel : (509) 3561 - 9430
E-mail: mhmanigat@yahoo.fr

jeudi 2 décembre 2010

Message de Mirlande Manigat

Port-au-Prince, le 1er décembre 2010
Source: Harry Loiseau

FREM AK SEM NAN PEYI DAYITI,

Map komansé pou’m di nou mwen antré lakay nou, Onê, Respè !

Map di mèsi tout moun a la rond badè ki té soti pou mwen, byen bonè jou éleksyon an. Nou pap pèdi vot nou ! (bis)

Dimanch ki sot pasé-a , mwen te réyini ak kolaboratè’m yo, manb pati ak mouvman kap maché ak nou. Nou té konstaté yon pakèt magouy, déblozay nan péyi-a ; bagay ampil obsèvatè té wè ak gé yo.

Se pout tèt sa mwen té fè déklarasyon cila. Mwen te mandé ké yo anilé vot la ! Sépandan, Mwen toujou kandida a la prezidans, et kel ké lan swa rézilta définitif, map kontinyé batay la paské mwen konen, é nou men’m tou nou konen ké map prézidan péyi-a. Paské sé volonté nou !

Jounen Jodi-a mwen vini di nou apré anpil kontak, diskisyon, anpil réfléksyon, ké mwen menm, mwen respekté la lwa, konstitisyon’a : Sé sèl KEP la ki gen otorité pou anilé éleksyon an. Mwen mandé’l li pa fè-l. Ki donk éleksyon ap rapousiv.

Nap tan’n plis enfomasyon !

Map kontinyé mandé ké koté éleksyon yo té gen fos koté, pou yo refè yo. Epi pou KEP ‘la ak tout gouvènman-an, manb kominoté int’l la kap kolaboré nan zafè sa-a, ké yo bay garanti net al kolé ké briganday ki té fèt dimanch la pap rékomansé.

Mwen konnen gen pakèt rézilta kap flannen, gen pakèt kobinézon anbachal kap bouyi. MAP BAY PINGA, mwen mandé pou yo respekté volonté pèp ayisyen an !

Frem ak sè mwen, mwen tandé rèl nou nan 4 kwin péyi-a, é nan tout diaspora-a, mwen résévwa pil ak pakèt pétisyon, pou mandé’m pa kité pèp la pou kont-li. Mwen pa tap jan fè sa ! Mwen Mirlande Manigat, pap jan’m trayi konfyans nou !!! Mwen pa gen dwa abandoné nou ! Vot nou té ban’m dimanch lan, nou pap pedi’l ! Tout dézod yo tap fè-a. Se paské yo té wè nou ta pral genyen.

Fok nou assiré ké nap mété sou plas tout bèl program ké nou wè ansan’m yo, tout projè rékonstwi péyi-a. Respekté la lwa ak konstitisyon an, pwoblem koléra-a, pwoblèm moun ki anba tant yo, lékol ki pou répran’n, Tout ti moun ki pa al lékol… Nou vlé yon léta ki séryé, ki vlé é ki kapapb fè pèp la lévé a tè-a. Nou vlé yon léta konpétan, é ki sansib pou malè pèp ayisyen an. Tout bagay nou te wè ansan’m yo.

Depi konnyé a map di tout kandida ki té nan kous la, map tan yo pou nou palé, pou nou fè tèt ansan’m. Map di tout patizan lot pati yo, ké nou sé pitit yon sel péyi ki malad. Ki bezwen tout moun.

Batay la konsèné nou tout ! sé pou nou tout. Mwen konté sou nou, Nou mèt kontinyé konté sou mwen !

mardi 30 novembre 2010

Haïti : Manigat a de "bonnes chances"

Source: lefigaro.fr
AFP, 29/11/2010 Mise à jour : 21:06

Mirlande Manigat, qui compte parmi les favoris de l'élection présidentielle en Haïti, a estimé au lendemain du scrutin qu'elle disposait de "bonnes chances de gagner", et s'est dite prête à participer à un éventuel second tour. "Je suis toujours dans la course, j'ai de bonnes chances de gagner les élections", a déclaré Mme Manigat à l'AFP. Elle a également affirmé ne pas faire partie du groupe des 12 candidats qui ont demandé dimanche l'annulation de la consultation.

"On a cité mon nom dans un document, mais je n'ai jamais participé à l'élaboration d'une déclaration, je n'ai pas signé", a ajouté Mme Manigat, qui avait cependant fait une déclaration personnelle demandant l'annulation du scrutin.

"Compte tenu des circonstance dans lesquelles je me trouvais, j'avais demandé l'annulation, mais il y a de nouvelles données, alors je peux revenir sur ma décision", s'est-elle justifiée.

samedi 27 novembre 2010

MA POSITION POUR LES PROCHAINES ELECTIONS PRESIDENTIELLES D’HAÏTI


Professeur Gérard Bissainthe
gerardbissainthe@gmail.com
http://www.municipes-haiti.com/
26 novembre 2010


Comme les prochaines élections présidentielles d’Haïti auront lieu sous les auspices d’une occupation étrangère illégale qui ne dit pas son nom, je ne participerai pas à la consultation électorale de dimanche. Si j’y participe, je pense que mon exemple pourra contribuer à faire croire au peuple haïtien que ces élections sous occupation étrangère constituent une amorce de solution à notre marasme qui ne fait qu’empirer chaque jour, alors que le mal lui-même est l’occupation étrangère.

D’ailleurs la participation dont je parle ne pourrait être que virtuelle ou morale en quelque sorte, car même si je voulais aller déposer mon bulletin pour le candidat ou à la candidate de mon choix, je ne le pourrais pas, étant donné que je vis aujourd’hui à l’étranger, dans ce que nous appelons la Diaspora Haïtienne, et aucune disposition n’a jamais été prise pour que les Haïtiens de la Diaspora puissent voter.
Ancré sur un engagement d’au moins un demi-siècle dans la lutte en Haïti ou dans l’exil pour une Haïti meilleure, je réaffirme ma conviction que notre pays ne pourra sortir de son capharnaum qu’aux conditions suivantes:

1.- L’ARMEE NATIONALE INDIGÈNE
La remise sur pied inconditionnelle et dans les meilleurs délais des forces armées (Armée et Police) indigènes, comme l’exigent notre Constitution et notre histoire.

2.- LA DECENTRALISATION “MUNICIPALISTE”
Une décentralisation administrative qui mette fin en Haïti dans les meilleurs délais au suzerainisme féodal du pouvoir central souvent désigné par l’expression “la République de Port-au-Prince”. Cette décentralisation a été vulgarisée dans les médias haïtiens par le mot “municipalisme”.

3.- LA MONONATIONALITE TERRITORIALE
La reconnaissance immédiate sur le territoire haïtien de la nationalité haïtienne pleine et entière des citoyens qui ont une nationalité haïtienne d’origine et qui jouissent en même temps d’une ou de plusieurs nationalité(s) étrangère(s), quitte à ce que des conditions circonstancielles soient établies par le Législateur pour protéger la souveraineté de la nation haïtienne.

Etant donné que les “multinationaux” constituent le fer de lance, le noyau central et la locomotive de la Diaspora haïtienne, cette “mononationalité territoriale” est la seule et unique manière de libérer les forces puissantes actuellement bridées et désamorcées de cette Diaspora haïtienne qui est le deuxième pôle essentiel de notre nation haïtienne devenue aujourd’hui une nation pleinement bipolaire.

Pour sortir des impasses routinières de notre politique, j’ai lancé avec des citoyens dont la majorité se trouve dans le pays intérieur, un mouvement qui a pour nom RACINE, sigle de “RAssemblement des CItoyens pour un Nouvel Etat” et dont l’objectif est de rassembler tous les citoyens haïtiens de l’intérieur et de la Diaspora qui veulent travailler à changer les structures de base du pays de manière positive. Nous le ferons de la manière suivante.

1.- Nous éviterons l’inféodation organique ou l’opposition systématique à quelque instance que ce soit, nationale ou internationale.

2.- Nous appuierons toutes les actions et initiatives utiles au pays d’où qu’elles viennent, de manière circonstancielle.

3.- Nous viserons à donner à tous les citoyens haïtiens la possibilité de faire dans les consultations électorales des choix personnels, conscients, libres et responsables, ce qui est la seule manière pour le peuple haïtien d’accéder au pouvoir réel et non à celui fictif et oligarchique du système actuel.
4.- Nous instaurerons avec les instances internationales, de préférence celles qui sont décentralisées, des échanges toujours transparents qui évitent le parasitisme que crée l’assistanat et qui établissent avec ces instances internationales des relations conviviales, partenariales, synergétiques, paritaires.

5.- Nous viserons à resserrer les liens qui doivent unir la “Famille Panaméricaine” sans anathème d’aucune de ses composantes.

Ayant eu l’honneur et le plaisir de recevoir en 1989, en ma qualité de Commissaire Général aux Haïtiens d’Outre-Mer, la médaille de la ville américaine de Houston, Texas et de recevoir récemment la médaille de la ville du Pradet dans le Midi de la France, j’estime que j’ai un devoir particulier de travailler à resserrer les liens spéciaux qui doivent exister dans ce que j’appelle le “Triangle Révolutionnaire Atlantique”, à savoir la Révolution Américaine de 1776, la Révolution Française de 1789 et la Révolution Haïtienne de 1804, qui sont les trois révolutions-phares du monde occidental et dont Haïti par son histoire est en quelque sorte l’interface. Pour le bien même de toutes les parties concernées, je mets ainsi au cœur de mes préoccupations et de mes objectifs personnels, par delà les divergences épisodiques éventuelles, l’ouverture aux courants culturels de la République Étoilée, de la France, des courants qui, joints à ceux de l’Afrique et de l’Amérindie, sont intégrées de manière prioritaire dans la substance même de notre nation.

En 1987, alors que je dirigeais le Bureau Politique du F.N.C. (Front National de Concertation), j’ai connu l’épreuve, après le carnage de la Ruelle Vaillant, d’avoir à décider avec le Bureau Politique, et ce ne fut pas de gaîté de cœur, d’arrêter la participation du FNC à ces élections pour éviter un bain de sang. Je forme le vœu que les instances en présence aujourd’hui évitent tout affrontement meurtrier qui de toute façon ne pourrait qu’affaiblir la communauté haïtienne dont toutes les composantes doivent au contraire unir leurs forces pour combattre l’ennemi commun qui est la Tutelle, une tutelle dont les vraies caractéristiques sont qu’elle nous a apporté trois choses qui n’existaient pas avant la Minustah, à savoir les galettes de terre, les kidnappings et, d’après certains observateurs, maintenant le choléra.

Puisque cette Tutelle existe, le pouvoir qui sortira des urnes dimanche, ne pourra être qu’un pouvoir subsidiaire, pour ne pas dire même un pouvoir de façade. Pourquoi finalement se déchirer pour un mirage ? Alors qu’en se mettant tous ensemble, on peut simplement avec un NON collectif donner congé, sans coup férir, aux forces d’occupation qui ne sont là que pour perpétuer et renforcer dans le pays la mainmise politique et économique d’une minorité sans racines solides et profondes dans les bases de la nation.


A ceux qui se posent la question de savoir quelle est à mon avis la personne sur la liste des candidats à l’élection présidentielle la mieux qualifiée intellectuellement et susceptible de projeter la meilleure image du pays aux yeux des étrangers, ma réponse est incontestablement Madame Mirlande Hyppolite Manigat. C’est tout ce que je puis dire dans un contexte de Tutelle, où d’ailleurs la Diaspora haïtienne dans laquelle je vis actuellement et que j’ai toujours défendue est pratiquement et même cyniquement amputée de son devoir et de son droit d’aller exprimer sa volonté par les urnes.

Par contre moi-même et le mouvement RACINE restons ouverts pour un dialogue demain avec le vainqueur des élections, un dialogue qui sera centré essentiellement sur les possibilités de travailler ensemble en vue d’implémenter les trois points ci-dessus mentionnés qui sont l’axe autour duquel pivote toute notre action politique présente et future.

La libération et le bonheur d’Haïti sont nos deux étoiles.

Salut et Fraternité

Gérard Bissainthe

vendredi 26 novembre 2010

Élections en Haïti: une femme dans la course



Mirlande Manigat, candidate à la présidence d'Haïti, novembre 2010
Photo: Reuters



Mirlande Manigat, 70 ans, a plusieurs atouts, dont celui d'être une femme. «On a essayé avec des hommes, ça n'a pas marché. Maintenant, je veux essayer une femme», confie un électeur à Agnès Gruda.

Par Agnès Gruda, envoyée spéciale
La Presse, Montréal
Source: cyberpresse.ca, 25 novembre 2010 à 07h29 Mis à jour le 25 novembre 2010 à 07h29


(Haïti) Dimanche prochain, les Haïtiens voteront pour élire leur nouveau président. Selon les sondages, ça pourrait bien être... une présidente. L'ancienne première dame du pays, Mirlande Manigat, est systématiquement en tête des sondages. Son handicap: elle est perçue comme une personne loin du peuple. Son atout: elle est une femme. La Presse l'a suivie pendant une journée de campagne électorale, cette semaine.

Après Jacmel, la route qui longe la mer vers l'est impose un parcours du combattant où il faut slalomer entre des crevasses, contourner des monticules et traverser des rivières sans pont.

Le cortège de Mirlande Manigat attaque cette route escarpée en soulevant un nuage de poussière. Nous mettons près de deux heures pour atteindre le premier arrêt de cette journée de campagne électorale: Bainet, un village côtier de 2500 habitants.

Nous sommes accueillis par des motos-taxis arborant les affiches de la candidate qui se collent au convoi en klaxonnant. Des gens s'agglutinent autour du véhicule qui transporte la candidate. Leur cri de ralliement: «De la volonté, pas de l'argent.» Une allusion à la campagne coûteuse menée par le principal rival de Mirlande Manigat dans la course à la présidence d'Haïti, Jude Célestin, soutenu par le régime.


Mirlande Manigat se fraie péniblement un chemin dans la foule: elle a un orteil cassé et a besoin d'assistance pour avancer. Elle s'adresse brièvement aux électeurs. «Je suis une mère, quand une femme me dit qu'elle est incapable d'acheter du maïs pour ses cinq enfants, qu'elle me dit que sa chaudière ne montera pas, ça me fait de la peine.»

Puis elle invite des membres de l'assistance à la rejoindre pour lui faire part de leurs problèmes. Une femme monte sur la scène. Elle explique qu'elle a mal aux seins, et fait mine de relever son chandail pour montrer la source de sa douleur. «Avez-vous rencontré un médecin?» demande la candidate pleine de sollicitude.

Catastrophes et ras-le-bol

Le ton est donné. Dans ses rencontres avec les électeurs, Mirlande Manigat évite les grands discours et se montre préoccupée par les soucis quotidiens des gens - façon de casser l'image d'intellectuelle qui lui colle à la peau et constitue son principal handicap dans la campagne en vue du vote de dimanche.

Son principal atout, c'est le ras-le-bol généralisé d'une population qui accumule les catastrophes: tremblement de terre, ouragan, épidémie de choléra. Et qui ne voit aucun signe d'amélioration poindre à l'horizon.

«Mirlande Manigat est une personnalité respectée, c'est une marque de commerce connue, et elle est propre», dit Frantz Duval, le rédacteur en chef du principal quotidien de la capitale, Le Nouvelliste.

À 70 ans, avec ses lunettes à monture dorée et sa tunique beige, Mirlande Manigat a l'allure rassurante d'une grand-mère. «Elle pourrait calmer le pays, apaiser les tensions», dit le journaliste Cyrus Sibert.

La leader du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes a quand même un cadavre dans son placard. Gagnante au premier tour de l'élection sénatoriale de 2005, elle s'est retirée sous prétexte d'un processus électoral douteux. Des électeurs lui reprochent cette manoeuvre, attribuée à l'influence de son mari Leslie Manigat - qui a occupé le poste de président en 1987.

Dans une déclaration à la télévision, cette semaine, elle a présenté ses excuses. «Je ne regrette pas ce que j'ai fait, je regrette d'avoir mécontenté des gens», dit-elle avec diplomatie, quand je finis par me frayer un chemin à travers la foule pour la rejoindre dans sa jeep.

La violence du désespoir

Dimanche, des hommes brandissant des affiches électorales de Jude Célestin ont violemment interrompu un rassemblement de Mirlande Manigat. Plus tard, un autre événement a occasionné une altercation, cette fois avec des partisans du chanteur Michel Martelly.

Lors de notre rencontre, mardi, au milieu d'une foule qui faisait tanguer son véhicule, la candidate a affirmé que ces incidents ne lui faisaient absolument pas peur. Elle les attribue à des «gestes de désespoir» d'un régime aux abois.

Les explosions de violence ont aussi visé son principal rival, Jude Célestin, qui a été la cible d'une attaque, lundi, au cours de laquelle deux personnes ont été tuées. «Les Haïtiens n'ont pas une culture de la violence, mais nous avons malheureusement une habitude de la violence», déplore Mme Manigat.

Dans son programme, Mirlande Manigat plaide pour de nouvelles écoles, des investissements en santé. Elle souhaite le départ de la MINUSTAH, la mission de stabilisation l'ONU que les Haïtiens jugent trop associée au président René Préval. Mais elle estime que celui-ci devra se faire progressivement: «Nous ne sommes pas encore prêts.»

Les derniers sondages accordent 36% des intentions de vote à Mme Manigat, une avance de deux ou trois points sur son principal rival, Jude Célestin. Mais à Bainet, Jude Célestin est le plus populaire, reconnaît un organisateur électoral de Mirlande Manigat, Nestaud Henriquez. Pourquoi? «Parce qu'il a donné plus d'argent aux élus locaux.»

Mirlande Manigat a un dernier atout dans sa donne: son sexe. «On a essayé avec des hommes, ça n'a pas marché, maintenant, je veux essayer une femme», dit un homme rencontré au camp du Champ-de-Mars, face au palais présidentiel écroulé. Plusieurs autres électeurs m'ont fait la même remarque au cours des derniers jours. En appui à «sa» candidate, Nestaud Henriquez cite un proverbe haïtien, selon lequel «les hommes ont quatre poches, et les femmes n'en ont qu'une». Une image de probité qui pourrait servir Mirlande Manigat le jour du vote.


________________________
NDCDP-Politique.-

  1. Effectivement, Madame Mirlande Manigat avait gagné son siège au Sénat avec une majorité confortable dès le premier tour en 2006, selon ce qui a été rapporté à l'époque. Mais les résultats «officiels» publiés par le CEP avaient indiqué que le nombre de votes en sa faveur étaient inférieur à 50% et qu'elle devrait aller au second tour, ce qu'elle avait refusé de faire, sachant qu'elle avait gagné au premier tour et qu'on venait lui ravir cette victoire au premier tour dans le but de lui faire perdre au second tour. Face à ces manoeuvres frauduleuse, Madame Manigat avait alors décidé de se retirer dans la course et n'avait pas participé au second tour.
    Le 28 novembre prochain, il ne faudrait pas qu'on lui vole à nouveau sa victoire, si réellement le peuple vote en masse pour l'élire au premier tour.


  2. L'avance de Madame Mirlande Manigat est d'au moins 16 points sur M. Jude Célestin, selon le dernier sondage BRIDES et non dedeux ou trois points comme le mentionne Agnées Gruda.

mercredi 24 novembre 2010

Haïti/élections présidentielles 2010/ cinq sondages BRIDES: évolution des intentions de vote





Madame Mirlande Manigat, candidate (RDNP) à la présidence d'Haïti
Photo: Orlando Baria/AP, 12 novembre 2010



Par Dr. Pierre Montès
LCDP-Politique, 24 novembre 2010

Le dernier sondage BRIDES sur les intentions de votes des électeurs est sorti aujourd'hui 24 novembre 2010.

La candidate du RDNP, Madame Mirlande Manigat reste en tête. Et son pointage a encore grimpé pour atteindre 36,00% à une semaine (21 novembre) de la fin de la campagne. Elle est première dans 7 départements sur 10: OUEST, SUD, GRAND'ANSE, ARTIBONITE, NORD, NORD-OUEST, et NORD-EST. On note que les trois départements les plus importants, en termes de population, sont l'Ouest, l'Artibonite et le Nord. Et la candidate du RDNP mène largement dans ces départements, ce qui est de nature à la rapprocher de la victoire sur ses adversaires.

Jude Célestin arrive encore deuxième, mais loin derrière la favorite, avec 20.10%. Comme on peut le voir sur le Graphique 2, ci-dessous, la popularité de Jude Célestin ne peut plus grimper depuis les deux derniers sondages, ce qui semble plus conforme à la réalité sur le terrain: les deux sauts quantiques qu'il avait faits au deuxième et au troisième sondages apparaissent anormaux quand on les compare au plateau qui caractérise ses pointages aux trois derniers sondages.

Il paraît difficile pour le camp du pouvoir de faire «sélectionner» son candidat le 28 novembre 2010. Le peuple veut du changement. Et le changement, c'est Madame Mirlande Manigat qui le lui offrira.


Le Tableau 1 ci-dessous présente les résultats des intentions de votes obtenues par les huit premiers candidats dans les 10 départements géographiques et dans l'ensemble du pays, selon le dernier sondage BRIDES.

Le Graphique 1, préparé par M. Jean-Junior Joseph, présente en pourcentages, les intentions de votes en faveur de chacun des 19 candidats à la présidence. On note que depuis la fin de la semaine passée, le candidat Axan Abellard s'est retiré de la course et se range derrière Madame Mirlande Manigat.



Tableau 1.- Résultats du sondage BRIDES pour les huit premiers candidats, 24 novembre 2010
Préparé par Le Coin de Pierre-Politique, 24 novembre 2010




Graphique 1.- Résultats du sondage BRIDES pour l'ensemble des 19 candidats, 24 novembre 2010
Préparé par M. Jean-Junior Joseph / Forum culturel, 24 novembre 2010


Le Tableau 2 ci-après présente l'évolution des pointages des huit premiers candidats durant la campagne électorale 2010, selon les sondages BRIDES.

Le Graphique 2 montre plus clairement cette évolution. On voit d'un seul coup d'oeil comment Madame Manigat se détache enfin de son plus proche adversaire après que ce dernier se fût rapproché d'elle dangereusement (artificiellement selon nous, jusqu'à preuve du contraire)au deuxième et au troisième sondage.

À cause des inconsistances décelées dans le premier sondage BRIDES et dénoncées ici, Le Coin de Pierre-Politique a émis l'hypothèse que les sondages BRIDES soient entachés d'un biais systématique qui a eu pour conséquence principale une sousestimation de la popularité de la candidate du RDNP et une surestimation de celle du candidat du camp du pouvoir, entre autres choses.

Si cette hypothèse est vraie, en supprimant le recul de six points accusé dans le pointage de Madame Manigat au deuxième sondage, et, en lui attribuant au deuxième sondage le même taux d'accroissement de popularité que dans les trois derniers sondages, il serait alors logique que le pointage de la candidate du RDNP soit situé autour du seuil fatidique de 50% à quelque jours de la fin de la campagne électorale. Cette hypothèse serait confirmée ou infirmée selon que les élections du 28 novembre se déroulent sans magouilles ou avec magouilles en faveur du candidat du pouvoir, Jude Célestin.

Si les magouilles sont empêchées, il reste que l'hypothèse d'une victoire de Madame Manigat dès le premier tour apparaît plausible. Et s'il devait y avoir un second tour entre Mirlande Manigat et Jude Célestin, la candidate du RDNP pourra vaincre aisément et certainement le candidat du camp du pouvoir.



Tableau 2.- Sondages BRIDES/Évolution du pointage des huit premiers candidats, septembre-novembre 2010
Préparé par Le Coin de Pierre-Politique, 24 novembre 2010



Graphique 2.- Sondages BRIDES/Évolution du pointage des huit premiers candidats, septembre-novembre 2010
Préparé par Le Coin de Pierre-Politique, 24 novembre 2010