vendredi 30 août 2013

Haïti / Qui a l'initiative de faire des lois ?

Par Dr. Pierre Montès
Mise à jour 1er septembre 2013

Certains secteurs s'étonnent du fait que le Pouvoir exécutif ait modifié le projet de loi électorale 2013 avant de le déposer au Parlement. Mais la Constitution n'interdit pas au Pouvoir exécutif d'apporter des modifications au projet de loi élaboré par le Collège transitoire du Conseil électoral permanent (CTCEP).

Voici ce que dit la Constitution de 1987:

Article 111:
Le Pouvoir législatif fait des lois sur tous les objets d'intérêt public.
Article 111.1:
L'initiative en appartient à chacune des deux (2) Chambres ainsi qu'au pouvoir exécutif.
 
Article 191.1: Il [Le conseil électoral permanent] élabore également le Projet de Loi Électorale qu'il soumet au Pouvoir exécutif pour les suites nécessaires.


Il découle de ces articles que le projet de loi électorale ne peut être présenté au Parlement par le Conseil électoral. Selon l'article 191.1, le Conseil électoral élabore ce projet de loi et le soumet au Pouvoir exécutif pour les suites nécessaires.

Évidemment, le CTCEP peut discuter avec le Pouvoir exécutif (et même avec le Pouvoir législatif) du contenu du projet de loi à élaborer; le CTCEP élabore ensuite le projet  de loi électorale, puis il soumet, comme il se doit, le projet de loi élaboré au Pouvoir exécutif.

Étant donné que l'initiative d'une loi n'appartient qu'au Pouvoir exécutif et à chacune des deux Chambres, selon l'article 111.1, il est évident que le Pouvoir exécutif, une fois qu'il a reçu du CTCEP le projet de loi élaboré, peut faire l'une des choses suivantes:
  1. le Pouvoir exécutif peut présenter à la Chambre des députés sans le modifier le projet de loi électorale élaboré par le CTCEP;
  2. le Pouvoir exécutif peut modifier le projet élaboré par le CTCEP, puis présente à la Chambre des députés le projet de loi électorale modifié pour les suites nécessaires.

La Constitution ne dit pas que le Pouvoir exécutif ne peut modifier le projet de loi que lui soumet le CTCEP.

jeudi 29 août 2013

Haïti / L'ancien Premier ministre Gérard Latortue résume sa vie dans une entrevue d'environ quarante-cinq minutes

Par Dr. Pierre Montès

Voici une entrevue très intéressante accordée par l'ancien Premier ministre Gérard Latortue.
À voir absolument.

Première partie / Gérard Latortue se confie à Altiery Léandre (Partie I, vidéo postée par Jean-Junior Joseph),  durée:23 minutes 38 secondes.

Deuxième partie / Gérard Latortue se confie à Altiery Léandre (Partie II vidéo postée par Jean-Junior Joseph),  durée:23 minutes 56 secondes.

Haïti / Présentation au Conseil de sécurité du rapport du Secrétaire général sur Haïti par sa Représentante spéciale, Sandra Honoré, 28 août 2013


Par Dr. Pierre Montès


Pour voir la vidéo de la séance de présentation au Conseil de sécurité, cliquez sur le lien suivant:
Haïti / minustah.org / Vidéo séance de présentation Rapport Mme Sandra Honoré (en anglais, durée: 3 heures 35 minutes).

Pour télécharger le rapport du Secrétaire général au Conseil de sécurité, cliquez sur le lien suivant:
Haïti / minustat.org / Rapport Mme Sandra Honoré (fichier pdf en français, 25 pages).

vendredi 16 août 2013

Mali / Résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle 2013

Par Dr. Pierre Montès

Le Mali a un nouveau Président: son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta.
 
En effet, hier 15 août 2013, 10h00, (6h00, heure de Montréal), le Général Moussa Sinko Coulibaly (le Colonel a été promu la veille au grade de Général de brigade), Ministre de l'Administration territoriale (intérieur), a proclamé les résultats officiels provisoires du second tour de l'élection présidentielle au Mali.
 
Voici en résumé les résultats du second tour:
 
Nombre d'électeurs inscrits:            6 829 696
Nombre de votes:                            3 126 521
Nombre de bulletins nuls:                    92 920
Suffrages exprimés:                        3 033 601
Taux de participation:                        45,78%
 
Candidat Ibrahim Boubacar Keïta: 2 354 693 voix (77,61%)
Candidat Soumaïla Cissé:                  679 258 voix (22,39%)
 
LCDP-Politique avait prédit la victoire d'IBK au second tour, mais pas avec ce fort pourcentage. Cette prédiction se situait entre 60 et 71% [1].
 
J'aurais voulu vous faire écouter tout le discours du ministre Coulibaly dont la plus grande partie était consacrée aux remerciements de tous ceux qui ont contribué à l'organisation des deux tours de l'élection présidentielle au Mali. Cela aurait été de quelque utilité aux haïtiens en 2013.
J'ose suggérer aux responsables haïtiens d'entrer en contact avec le Général Coulibaly, car il me semble que l'expérience du Ministre en matière d'organisation de l'élection au Mali pourrait être partagée avec Haïti, en particulier, le Ministre de l'intérieur M. Bien-Aimé et le Président du CTCEP, M. Ménard. Au Mali, ils n'ont pas de CEP, mais un Conseil constitutionnel. C'est le Ministère de l'Administration territoriale (intérieur) qui prend en charge l'organisation des élections. Le Conseil constitutionnel publie les résultats officiels définitifs après que le Ministère de l'intérieur ait publié les résultats officiels provisoires, tant au premier tour qu'au second.
 
Cliquez sur le lien suivant pour écouter/voir le Ministre Coulibaly proclamer les résultats du 2e tour:
 
Mali / Résultats du 2e tour élection présidentielle, 15 août 2013, durée: 2 minutes 48 secondes.
  
 
Pour voir les résultats complets des deux tours et pour chacune des neuf régions du Mali et pour l'ensemble du pays, cliquez sur les liens suivants:
 
 
 
 
Remarque: Le facteur alpha.-
 
Au premier tour le candidat Ibrahim Boubacar Keïta avait obtenu 39,84% des voix, tandis que Soumaïla Cissé avait obtenu 19,74%, selon les résultats officiels confirmés par Conseil constitutionnel.
Le facteur, que j'ai nommé "facteur alpha", exprime, pour un candidat donné (1er ou 2e au premier tour), la proportion des électeurs qui auraient voté pour lui au second tour et qui n'avaient pas voté pour les deux premiers candidats au premier tour [2]. Bien sûr, ce coefficient suppose que tous les électeurs qui avaient voté pour un candidat donné (classé 1er ou 2e) au premier tour, votent encore pour ce même candidat au second tour.
 
Avec les données de l'élection présidentielle au Mali en 2013, on trouve facilement:
 
coefficient alpha = 0,93 pour IBK: [ ( 77,61 - 39,84 ) / ( 100 - (39,84+19,74) ) = 0,93 ];
 
coefficient alpha = 0,07 pour Cissé: [ ( 22,39 - 19,74 ) / ( 100 - (39,84+19,74) ) = 0,07 ].
 
On se rappelle que 22 des 26 candidats qui avaient pris part au premier tour avec IBK et Cissé avaient donné leur appui à IBK au second tour. 
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[1] Pour voir la prédiction de LCDP-Politique, cliquez sur le lien suivant:  LCDP-Politique-1, 7 août 2013
[2] Pour connaître les valeurs du facteur alpha estimées pour des élections présidentielles en France et en Haïti,  cliquez sur les liens suivants:

jeudi 15 août 2013

Haïti / Loi électorale de 2008 et projet de loi électorale 2013


Par Dr. Pierre Montès
Mise à jour: 16 octobre 2013


Le Président Martelly propose d'organiser les élections sénatoriales et locales selon la loi électorale de 2008 [1]. C'est semble-t-il la seule façon d'organiser ces élections avant la fin de l'année 2013.
 
Le CTCEP (Collège transitoire du conseil électoral permanent) a élaboré un avant projet de loi électorale qu'il a soumis à l'Exécutif. Ce dernier a demandé à la CPRJ (Commission présidentielle pour la réforme judiciaire) de réviser le document. Cette révision qui constitue le projet de loi électorale 2013 [2] est une mise à jour de la loi électorale de 2008.
 
Le projet de loi électorale 2013 n'est pas encore acheminé au Parlement (août 2013) [3]. 
 
Selon la loi électorale de 2008, le mandat de 10 autres sénateurs (élus en 2009 sous la loi électorale de 2008) arrivera à échéance en janvier 2014 [4]. Le Sénat sera alors amputé d'un deuxième tiers. Il deviendra alors dysfonctionnel.
 
L'Exécutif propose de faire des élections pour 20 sénateurs d'un seul coup, soit à la fin de 2013, soit au début de 2014. Les sénateurs concernés ne veulent pas que leur mandat soit écourté. Certains prétendent qu'ils ont été élus pour 6 ans.
 
La fin de l'été et l'automne s'annoncent donc riches en événements et en palabres de toutes parts qui aboutiront finalement, nous l'espérons,  à l'organisation des élections avec tous les partis qui voudront y prendre part.

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  1. Loi électorale de 2008
  2. Avant-projet de loi électorale 2013 révisé par la commission présidentielle pour la réforme de la justice, 17 juillet 2013
  3. Le projet de loi a été acheminé au Parlement (après la date de la publication initiale de cet article (15 août 2013)); il a été modifié et voté par la chambre des Députés; puis à nouveau modifié et voté par le Sénat qui l'a retourné à la chambre des Députés qui devra se prononcer sur la dernière version votée par le Sénat. Mais la chambre des Députés est actuellement en vacances. Elle devrait/pourrait être convoquée par l'Exécutif pour se prononcer sur la dernière version du projet de la loi. Et l'Exécutif aurait sans doute des objections au sujet des modifications apportées à ce projet de loi électorale de 2013 par le Parlement.
  4. Loi électorale de 2008, article 231: «En application de l'article 85 de la présente Loi, les Sénateurs élus à la plus prochaine compétition électorale pour remplacer le tiers (1/3) du Sénat reste en fonction jusqu'au deuxième lundi de janvier 2014

dimanche 11 août 2013

Mali / 2e tour Présidentielle 2013/ Entrevues d'IBK et de Cissé sur France 24

Par Dr. Pierre Montès

Nous sommes dimanche 11 août 2013.
C'est le jour où se déroulera le second tour de la présidentielle au Mali.
Les bureaux de vote sont ouverts.
Il pleut au Mali. Souhaitons que les maliens sortent en grand nombre pour aller voter pour le candidat de leur choix.

Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé, les deux candidats en lice, ont accordé des entrevues à France 24. Cliquez sur le lien suivant pour accéder à chacune d'elles:

Présidentielle malienne/ Entrevues d'IBK et de Cissé sur France 24

Plus d'une vingtaine de candidats au premier tour ont donné leur appui à IBK, classé premier au premier tour avec un pourcentage de près de 40%.

Cissé quant à lui n'a eu qu'un peu moins de 20% au premier tour. Malgré tout, il compte sur un fort aux de participation et il espère bénéficier, au moment ultime, de ce qu'on appelle ici, en Amérique, la prime à l'urne.

LCDP-Politique, quant à lui, prédit la victoire d'IBK, si les maliens sortent massivement pour voter, comme il l'ont fait le dimanche 28 juillet 2013. Il ne serait pas étonnant qu'IBK obtienne près de deux tiers du voix et Cissé, environ un tiers, si l'on se fie sur les résultats du premier tour et si l'on tient compte de l'appui accordé à IBK par un très grand nombre de candidats défaits au premier tour.

vendredi 9 août 2013

Mali 2013/ Qui sont les deux candidats en lice: Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé ?

Par Dr. Pierre Montès





Ibrahim Boubacar Keïta (à gauche) et Soumaïla Cissé (à droite)
Crédit photo: Pierre René Worms et RFI, 6 août 2013


Au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 11 août 2013, les maliens choisiront leur prochain Président entre les deux candidats qui s'affrontent: Ibrahim Boubacar Keïta [1] et Soumaïla Cissé [2]. Les deux hommes, politiquement, «alignent plus de convergences que de divergences» selon RFI et selon la classe politique. Seuls leurs styles et leurs tempéraments sont différents.

Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et Soumaïla Cissé sont issus de la même mouvance politique et idéologique, c'est-à-dire, d'une association clandestine qui s'est convertie en parti politique en 1991: l’Alliance pour la Démocratie au Mali - Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADÉMA-PASJ). Ce parti a été au pouvoir au Mali entre 1992 et 2002.

Pour avoir une saveur de la géographie, de l'histoire et de la politique  du Mali, on consltera le lien donné en [3].

Keïta et Cissé se connaissent très bien. Ils ont travaillé ensemble au sein d'ADÉMA-PASJ. De plus, ils ont exercé ensemble le pouvoir, le premier en tant que Ministre des Affaires étrangères, puis Premier ministre, le second, en tant que Ministre des Finances.

IBK est à sa troisième tentative pour devenir Président du Mali; Soumi (c'est le surnom de Cissé), quant à lui, est à sa deuxième tentative.

Leurs partis politiques

IBK est le candidat du Rassemblement Pour le Mali (RPM). Ce parti est membre de l’Internationale socialiste (comme l’ADÉMA).
Cissé se présente pour l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Cissé et ses partisans se réclament de la social-démocratie.


Les programmes des deux candidats 

Les programmes des deux candidats sont très similaires.

Le programme d'IBK a 60 pages et s'intitule: « Pour l’honneur du Mali » [4].
Le programme d'IBK propose de « refonder le dispositif de défense et de sécurité », de « retrouver le leadership d’une diplomatie aux intérêts du Mali », d' « accroître le nombre de bénéficiaires de la protection sociale universelle », de « conjuguer l’enracinement et l’ouverture culturelle », de « promouvoir une diaspora respectée et vecteur du développement ».


Le programme de Cissé, 72 pages, a pour titre:  « Programme pour un Mali nouveau » [5].
Le programme de Cissé propose de  « moderniser les forces de défense et de sécurité », de « mettre les intérêts nationaux au cœur de la diplomatie », de « renforcer la protection sociale et la solidarité nationale », d' « assurer le rayonnement culturel du pays » et de « faire des Maliens de l’extérieur des acteurs des politiques publiques ».


Ce qui diffère les deux hommes

IBK et Cissé sont deux socialistes maliens qui diffèrent par leur tempérament et leur style.
IBK, admire François Mitterrand et Patrice Lumumba; il est chaleureux, mais il est d'une grande fermeté.
Cissé est un disciple de Keynes; il admire John Kenneth Galbraith. Il est féru de chiffres (les finances de son pays). Par opportunisme, peut-être, il préfère « conserver le masque du pharaon qui sied dans une nation en danger ».

Remarques.-

Dans la rédaction de ce article nous avons puisé certaines informations dans les articles suivants:
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mercredi 7 août 2013

Mali 2013/ Le 11 août, les maliens choisiront pour Président Ibrahim Boubacar Keïta ou Soumaïla Cissé.

Par Dr. Pierre Montès

Résultats du premier tour

Les résultats provisoires du premier tour de l'élection présidentielle au Mali ont été proclamés par le ministre de l'Administration du territoire (intérieur), Moussa Sinko Coulibaly à la nation.
Oui, au Mali c'est ainsi que cela se passe.

Selon la loi, le ministre doit proclamer les résultats provisoires au plus tard cinq jours après la date de la tenue du scrutin. Le premier tour ayant lieu le 28 juillet 2013, le ministre s'est donc présenté à la télé le vendredi 2 août 2013 pour proclamer les résultats provisoires du premier tour.

Les résultats provisoires sont par la suite transmis à la Cour constitutionnelle qui proclame les résultats définitifs du premier tour.

Voici les résultats provisoires:

Nombre d'électeurs inscrits: 6 829 696
Nombre de votants:              3 520 242
Nombre de bulletins nuls:       403 532
Suffrages exprimés:             3 116 710 (nombre de votants moins nombre de votes nuls)
Taux de participation:          51,54% (100 fois nombre de votants divisés par nombre d'inscrits)

Les 28 candidats se sont classés comme suit au premier tour:
  1. Ibrahim Boubacar Keïta:       39,24%;  (1 222 657 voix)
  2. Soumaïla Cissé:                       19,44%;  (605 901 voix) 
  3. Dramane Dembélé:                     9,59%
  4. Modibo Sidibé:                           4,87%
  5. Housseiny Guindo:                     4,63%
  6. Omar Mariko:                             2,40%
  7. Choguel Kokalla Maïga:             2,29%
  8. Cheik Modibo Diarra:                 2,08%
  9. Jeamille Bittar:                            1,74%
  10. Mountaga Tall:                            1,52%
  11. Moussa Mara:                              1,50%
  12. Mamadou Blaise Sangaré:           1,06%
  13. Soumana Sacka:                           0,87%
  14. Oumar Ibrahim Touré:                 0,82%
  15. Haidara Aichata Alassane Cissé: 0,76%
  16. Hamed Sow:                                 0,56%
  17. Niankoro Yéah Samaké:               0,56%
  18. Konimba Sidibé:                           0,55%
  19. Racine Seydou Thiam:                  0,53%
  20. Oumane Ben Traoré:                     0,52%
  21. Oumar Bouri Touré:                      0,51%
  22. Cheik Keïta:                                   0,49%
  23. Siaka Diarra:                                  0,47%
  24. Youssouf Cissé:                             0,41%
  25. Cheik Boucadry Traoré:                0,30%
  26. Sibiry Coumaré:                            0,29%
  27. Oumar Alhousseini Maïga:            0,28%
  28. Tiébilé Dramé:                               0,19%
Cliquez sur lien suivant pour voir le ministre Coulibaly et écouter les résultats provisoires du premier tour:
Mali 2013/Résultats premier tour, 2 août 2013, durée: 13 minutes 50 secondes


Les électeurs du Mali se préparent-ils à élire Ibrahim Boubacar Keïta à la tête du pays ?

Les deux candidats qui sont arrivés en tête au premier tour s'affronteront au second, le dimanche 11 août 2013. Ce seront: Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) [1] et Soumaïla Cissé (Soumi) [2].
Le parti d'IBK est le RPM (Rassemblement pour le Mali) [3]; celui de Cissé est l''URD (Union pour la République et la Démocratie) [4].

Bien qu'IBK ait une large avance de 20 points sur son rival Soumi, il était difficile de prédire sa victoire au second tour, peu après la publication des résultats du premier tour, pour un observateur extérieur qui est loin du sol malien.

Soumaïla Cissé disait, peu après la lecture des résultats, que les maliens devront choisir leur futur président sur la base des programmes présentés par les deux candidats.

Les militaires, eux, ont appuyé ouvertement Ibrahim Boubacar Keïta au premier tour et l'appuieront sans doute au second.

Dramane Dembélé, le candidat classé troisième au premier tour, avec 9,59% des voix, a donné samedi 3 août, son appui à IBK. Cependant, Iba N'Diaye, président par intérim du parti de Dembélé, avait demandé dès vendredi à ses partisans de voter pour Soumaïla Cissé. Dembélé ne serait pas considéré comme une figure de premier plan dans son propre parti (Adéma-PASJ). Il est donc à se demander pourquoi Dembélé avait-il été choisi comme candidat de ce parti au premier tour.
On ne peut donc pas prévoir comment voteront les partisans du parti Adéma-PASJ: donneront-ils leurs votes à IBK comme le propose Dembélé ou à Cissé comme le réclame N'Diaye ?

Cependant au fur et à mesure que la date du second tour approche, le vent semble tourner en faveur d'IBK. En effet, en plus de l'appui de Dembélé (Adéma-PASJ), dix-neuf (19) autres candidats au premier tour appuient désormais la candidature d'IBK au second tour [5].   Ce geste fatidique porte Soumaïla Cissé à twitter ce cri de désespoir le 5 août: «Le Mali n’a pas besoin, en ces heures graves que traverse notre pays, de leaders opportunistes et versatiles

Il est peu probable que les électeurs maliens tiennent compte massivement de l'appel de Cissé quand ils seront seuls dans l'isoloir.

Les vingt (20) candidats qui donnent leur appui à IBK avaient reçu au total 31,27% des suffrages (incluant les 9,59% obtenus par Dembélé) exprimés. Les six autres candidats qui n'appuieraient pas IBK avaient quant à eux totalisé 10,05% des suffrages exprimés au premier tour.

Donc, idéalement, IBK pourrait au second tour obtenir un maximum de l'ordre de 71% et un minimum de l'ordre de 60% (si l'on exclut les 9,59% obtenus par Dembélé). Sous cette hypothèse, Soumaïla Cissé pourrait recueillir environ 29 à 40% au second tour.

Les chances semblent donc très bonnes pour IBK.
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  1. Dramane Dembélé, candidat de l'ADEMA-PASJ
  2. Housseini Guindo, président et candidat de la CODEM
  3. Moussa Mara, président et candidat de YELEMA
  4. Mamadou Blaise Sangaré, président et candidat de la CDS
  5. Omar Mariko, secrétaire général et candidat de SADI
  6. Oumar Bouri Touré, président et candidat de GAD
  7. Mme Haidara Aichata Alassane Cissé, présidente et candidate de l'Allliance Chato 2013
  8. Oumar Alhousseini Maïga, président et candidat de PANAFRIK
  9. Youssouf Cissé, magistrat et candidat indépendant
  10. Me Mountaga C Tall, président et candidat du CNID-FYT
  11. Siaka Diarra, président et candidat de l'UFD
  12. Choguel Kokalla Maïga, président et candidat du MPR
  13. Cheik Keïta, président et candidat d'IDA
  14. Hamed Sow, président et candidat du RTD 
  15. Sibiry Coumaré, président et candidat de SIRA
  16. Oumar Ibrahim Touré, président et candidat de l'APR
  17. Racine Seydou Thiam, président et candidat du CAP
  18. Niankoro Yéah Samaké, président et candidat de PACP
  19. Konimba Sidibé, président et candidat du MODEC
  20. Ousmane Ben Fana Traoré, président et candidat du PCR

Donc les six (6) autres candidats au premier tour qui n'appuieraient pas encore ouvertement la candidature d'IBK au second tour sont:
  1. Modibo Sidibé (4,87% au premier tour)
  2. Cheik Modibo Diarra (2,08%)
  3. Jeamille Bittar (1,74%)
  4. Soumana Sacka (0,87%)
  5. Cheik Boucadry Traoré (0,30%)
  6. Tiébilé Dramé (0,19%)

lundi 5 août 2013

Haïti/Ne l'oublions jamais: le mandat du Président Martelly est de cinq (5) ans complets.

Par Dr. Pierre Montès

Qu'on le veuille ou non, le Président Michel Martelly a un mandat de cinq (5) ans à la tête de l'État, un mandat ayant commencé le 14 mai 2011 (1).
 
Contre le Président Martelly ou contre les membres du Pouvoir exécutif, il ne devrait pas se faire d'attaques personnelles. Et réciproquement, il ne devrait pas y avoir d'attaques personnelles contre les membres de l'opposition.
 
Le peuple attend de l'opposition, idéalement des critiques constructives, ou, minimalement des critiques objectives des actes du gouvernement en fonction.
 

Haïti a eu Toussaint; ils l'ont trahi.

Haïti a eu Dessalines; ils l'ont assassiné.

Haïti a eu Christophe; ils l'ont trahi et il s'est suicidé.
     
Haïti a eu Borno, un homme de loi. Borno fut l'un des meilleurs Présidents (c'est mon avis et je le partage). Mais à cause de la couleur de sa peau et parce qu'il a profité de la stabilité due à la présence de l'occupant, pour bâtir (3), ils ont occulté la paternité de ses réalisations.   

Haïti a eu Duvalier. Parce qu'ils n'ont pas voulu l'accepter, il s'est enraciné de force.

Haïti a aujourd'hui Martelly. C'est un Borno bis (c'est encore mon avis et je le partage). Elle commence, enfin, à avancer; cependant ils cherchent sans cesse (depuis le jour du 14 mai 2011) à renverser le Président Martelly par tous les moyens. Une chance que Martelly a du «répondong», c'est-à-dire, qu'il ne se laisse pas faire, il avance.
 
Mais, quand est-ce qu'ils cesseront de détruire ou de contribuer à détruire leurs révolutionnaires ?
Quand est-ce qu'ils commenceront, enfin, à prendre part activement à la (re)construction de leur pays ?

 
L'opposition veut que les élections pour le renouvellement du Sénat aient lieu en 2013.
L'Exécutif aussi, nous devons le supposer jusqu'à preuve du contraire, veut que les élections aient lieu.
L'Exécutif doit faire tout ce qui est politiquement et administrativement possible pour aider le CTCEP à organiser et à tenir des élections honnêtes dans les plus brefs délais. Mais l'Exécutif n'est pas le seul responsable des retards dans la tenue des élections sénatoriales.
 
Et les élections sénatoriales de 2013 ou de 2014, les élections quelles qu'elles soient, ne permettront pas à elles seules de résoudre les problèmes d'Haïti.
 
Ce qu'il faudrait, disons-le, ce serait d'amener l'homme haïtien à changer. Et ce changement ne pourrait pas se faire du jour au lendemain. Il faudrait au moins une génération pour asseoir ce changement. 

Il est bon de rapporter ici cette citation qu'un ami prêtre a attribuée à Che Guevara: «Les révolutions importent peu, si l'homme n'est pas changé.»

Puisque le Président Martelly ne cesse de démontrer depuis le 14 mai 2011 qu'il aime réellement le pays, qu'il agit inlassablement pour l'implantation de ce changement, pourquoi ne pas conjuguer avec lui nos efforts ? Pourquoi ne pas nous unir  pour accélérer et stabiliser l'implantation de ce changement plutôt que de gaspiller nos énergies dans le but de freiner ou d'empêcher ce changement, dans le but de renverser le Président Martelly ?  

Le Professeur Hubert de Ronceray avait dit, quelques jours après l'adoption de la Constitution de 1987 (le texte était tout chaud), que le pays serait ingouvernable sous l'empire de cette constitution. Les vingt-cinq (25) dernières années n'ont cessé de donner raison à la perspicacité du sociologue.
 
Haïti est un pays aux vingt-six (26) constitutions (2).
 
Pourquoi ne pas s'asseoir autour d'une table pour analyser les raisons qui font qu'aucune d'elles n'a pu convenir à Haïti ?
Pourquoi ne pas s'asseoir autour d'une table pour écrire ensemble un nouveau et dernier texte constitutionnel qui soit à la fois:
  1. amendable (dans une forme similaire aux amendements de la constitution de 1918 faits en 1928),
  2. laconique et clair (comme le fut la constitution de 1918),
  3. plus adapté à la réalité du pays;
  4. et qui puisse contribuer à rendre le pays gouvernable ?
Il ne faudrait pas seulement des hommes de loi pour concevoir et écrire un tel texte.
Il faudrait aussi et surtout des sociologues.
 
Quand faudrait-il se mettre à table ?
 
Aussitôt que possible. Laisser le Président Martelly et son équipe gouverner en paix pendant la deuxième moitié de son mandat. Entre temps, constituer un groupe contenant des représentants des sept «gardiens» du pouvoir: l'Exécutif, le Législatif, le Judiciaire, la Paysannerie (le pays en dehors), la Société civile, la Presse (parlée, écrite, télévisée), la Diaspora.
Ce groupe se réunirait autour de ladite table.
 
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(1) On doit s'attendre à un débat houleux sur la date de la fin du mandat du Président Martelly. Sera-t-elle le 7 février 2016 ou le 14 mai 2016 ? Tout dépendra de la date de la proclamation des résultats du second tour de l'élection présidentielle en 2016.
(3) Voir le livre de François Blancpain ,"Haïti et les États-Unis (1915-1934)", éditions L'Harmattan, 2004.