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Photo: AP
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Par Thierry Oberlé
Le Figaro, 20 mai 2009
L'ancien locataire de la Maison-Blanche, qui s'est reconverti dans l'aide humanitaire privée, va tenter de trouver des remèdes pour redresser une île à la dérive.
Haïti va bientôt pouvoir compter sur un ambassadeur de choc. Les Nations unies ont en effet officialisé mardi soir la nomination de Bill Clinton au poste de représentant spécial de l'ONU en Haïti. Le nouveau chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) va diriger la force de 10 000 hommes, parmi lesquels 7 000 militaires, qui s'est déployée dans l'île il y a cinq ans au lendemain de la chute du régime du président Aristide.
«C'est un honneur d'accepter l'offre du secrétaire général (de l'ONU) de devenir l'émissaire spécial pour Haïti, a commenté Bill Clinton. Les catastrophes naturelles de l'an dernier ont emporté bien des vies, mais le gouvernement et la population d'Haïti sont déterminés et ont la capacité de mieux reconstruire en creusant les fondations d'un développement durable à long terme dont ils sont depuis longtemps exclus.»
Avec son nouveau job, l'ancien président américain donne, grâce à sa notoriété, un retentissement particulier aux inextricables difficultés du pays le plus pauvre du continent américain. Mais le fondateur de la Clinton Global Initiative (CGI) se lance aussi un défi qui s'apparente au mythe de Sisyphe, ce personnage de la mythologie grecque condamné à pousser indéfiniment un énorme rocher. Car, en dépit de l'assistance massive de la communauté internationale, Haïti ne parvient pas à se redresser.
La dictature des Duvalier et la transition chaotique des quinze dernières années ont laissé un pays en ruines. La débâcle est à la fois économique, sociale et morale. La production a régressé à son niveau d'il y a cinquante ans. Les riches font preuve d'égoïsme, l'argent de l'État disparaît dans la prévarication, l'immense masse des pauvres se débat dans une misère sans fond.
Un électrochoc
L'arrivée de l'ex-président américain pourrait servir d'électrochoc. Fascinés par Obama, les Haïtiens ont vécu l'arrivée d'un Noir à la Maison-Blanche avec enthousiasme. Ils accueillent la venue de son prédécesseur démocrate comme le signal de la fin d'une certaine indifférence.
En mars, Ban Ki-moon et Bill Clinton s'étaient rendus ensemble sur place et avaient exhorté la communauté internationale à accentuer ses efforts. En avril, les participants à une conférence des donateurs à Washington avaient accepté de verser une aide de 324 millions de dollars pour la reconstruction d'Haïti. De quoi inciter Bill Clinton à persévérer.
L'ancien président a déjà été envoyé spécial de l'ONU pour la reconstruction des régions touchées par le tsunami. Il est omniprésent dans le domaine des grandes causes humanitaires avec sa fondation qui draine des fonds privés contre la maladie, le réchauffement planétaire ou l'intolérance religieuse. Il a ainsi ramené, après avoir négocié un rabais de 80 % avec les laboratoires indiens fabriquant des médicaments contre le sida, le coût d'un patient dans le tiers-monde à 230 dollars par jour. Soit une méthode imaginative qui pourrait être pour Haïti celle de la dernière chance.
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