Par Gilbert Mervilus
Port-au-Prince, mardi 5 mars 2013, 18h30
«Je ne finirai jamais d’écrire cet ouvrage[1]»
Je n’ai pas encore mis les pieds au Vénézuela. Toutefois, vers la fin des années 90, une fois terminés les cours du samedi à Pétion-Bolivar, je restais dans une salle, pour approfondir Doña Bárbara ou Canta Claro. C’est pas facile à vous expliquer ; presque 4 ans au Centre m’avait fait découvrir que, lorsqu’on y lisait Rómulo Gallegos, un parfum, mystérieux et agréable – qui ne pouvait être que du Vénézuela – empreignait, tout doucement, la pièce.
Presqu’une décennie après, je reçois un appel vers 9h du soir, de Luis Quesada.
–Demain, tôt, vous allez rencontrer le lieutenant-colonel Juan Valero et le major Alberto Fabio Carrillo, de la Brigade Simón Bolívar.
En très peu de mots, Quesada me fit un brillant exposé du fonctionnement des structures institutionnelles solidaires du Poder Popular Bolivariano (à travers La Corporación de Abastecimiento y Servicios Agrícolas, C.A.S.A. ; Mercal, Mercado de Alimentos, entre autres) en temps de crise et me laissa entendre que, chaque jour, le Commandant serait ponctuellement informé de l’évolution respective de nos missions.
J’ai commencé à parler de Gallegos au major Carrillo, sur le campus de l’Université adventiste de Diquini. Nous étions en tournée d’inspection des principales boulangeries de la capitale. Troublante conjoncture, celle-là, lorsqu’une branche de l’Exécutif national venait de magouiller pour se débarrasser d’une autre branche, prétextant « émeutes de la faim », l’analyse des microstructures de production/distribution alimentaire, rien pour la région métropolitaine, nous révélerait de précieux détails.
A notre première réunion de travail à l’Ambassade –Bicentenaire–, nos alliés sourirent, en remarquant l’impressionnant paquet de revues et publications liées au chavisme que me remit le compañeroministre conseiller, Luís Quesada. L’analyse de nos enquêtes de terrain et l’analyse de toutes les données, alors disponibles, avaient convaincu, en haut lieu, à Miraflores, que pour la capitale, l’alimentation et le logement constituaient deux bombes à retardement pour n’importe quel gouvernement.
Je vous signale, en passant, que nous ne sommes qu’en 2008. Mai-Juin, 2008…Chavez rêvait d’un puissant ministère du logement, pour Haïti, et d’une superstructure équivalente à trois de nos ministères pour l’alimentation.
A l’issue de la réunion, le major Carrillo me présenta au capitaine Juan Prato, commandant du mini-contingent alors en poste à l’Ambassade et impliqué dans la construction du marché. A trois reprises, au cours de nos rencontres ultérieures, le capitaine Prato, de sa tente du Bord de mer, savait avec une effrayante précision microscopique, Qui faisait quoi, avec l’aide détournée, dans chaque corridor d’Haïti. Entre nous, gens de la Caraïbe, qui comprennent vite les choses compliquées, un délicat sourire philosophique terminait la conversation…
De Grand-Ravine à La Saline, en passant par Delmas –au delà de la vitrine–, jusqu’au Canapé-Vert (Rosa et alentours), pendant 21 jours, nous avons apporté le message et la personnalité doctrinale de Hugo Rafael Chavez Frías, efficacement. La plupart de ces cellules sont restées « dormantes », pendant quelques mois, avant de disparaître, purement et simplement. Accompagné d’un jeune ingénieur vénézuélien, apparemment civil, nous avions toujours cru que la quincaillerie politicienne nationale s’intéressait uniquement à l’argent de Chavez, mais pas au chavisme, dans son éruptive complexité émancipatrice.
En quelques jours et sans grand effort mental, j’avais vite compris que l’intérêt solidaire qui se manifestait dans la poitrine de ces officiers (Valero, Carrillo, Prato), envers la République d’Haïti, allait très au-delà des belles photos-souvenirs, généralement sans avenir, donc condamné à ne pas trouver d’écho consistant ou de vis-à-vis sérieux. Quelques jours après cette mémorable mission, les décideurs locaux firent publier une petite note réductrice, au bas d’une page perdue, d’un de nos quotidiens. Enfin ! Et Hélas, plusieurs fois…
Ami lecteur, l’une des rares personnalités solides de cette planète, qui nourrissait des rêves de dignité pour ce qui nous reste de pays, vient de s’éteindre. Nous lui devons une pensée spéciale. Merci pour cette longue minute !
[1] Dr. Carlo A. Désinor, Un
Siècle Au Quotidien, Tome 1.
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NDCDP-Politique.-
Pour lire un résumé de la biographie du Président Hugo Chavez, cliquez sur le lien suivant:
Wikipedia/ Hugo Chavez
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