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Par Jean L. Théagène
Président du Parti
Président du Parti
Union Nationale des Démocrates Haïtiens (UNDH)
Miami, Floride
Miami, Floride
Notre unique souhait en ces temps des fêtes de Pâques où toutes les religions soulignent l’immortalité et l’éternité du Christ, c’est qu’à force d’empoignades multiples et de combats multiformes, notre Patrie, elle aussi, finisse par ressusciter de ses cendres, tel un phénix que les balles des chimères ne peuvent pas atteindre. Tant s’en faut que nous nous sentions, toujours, obligés de monter aux barricades pour répondre aux hurlements des loups et au braiment des ânes. Car, ce pays nôtre doit compter sur sa réserve de citoyens verticaux capables de dénoncer les dérives du pouvoir politique et de révéler les voies et moyens pour parvenir à une réorientation du cursus historique. Il est vrai que l’on commette tous des erreurs. Mais il est aussi certain que l’intelligence proactive et la raison raisonnante doivent rester des boussoles pour nos choix de société et des atouts maîtres pour interpréter l’expression de certaines démarches. La nouvelle de Guy Philippe sur son chemin de Damas n’a rien de surprenant. Les Lavalassiens ne lui pardonneront jamais sa victoire sur les forces obscures et immorales. Voilà pourquoi, aujourd’hui, je réactive ma lettre à Guy Philippe qui se révèle d’actualité pour attirer l’attention sur la réalité qui est nôtre. Aussi, dans cette course inexorable où des enfants dénaturés poussent la Patrie vers l’abîme ai-je pensé à soumettre à la réflexion de tous ceux qui constituent l’épine dorsale de la Nation ces mots qui sont autant de cris de cœur tirés de la poussière de mes archives.
Bonne lecture.
« Et ton nom paraîtra dans la race future »
« Aux humbles et aux rois, la plus forte blessure »
« D’où le sang a coulé pour qu’enfin au summum »
« De la vie, l’homme cesse d’être un loup pour l’homme »
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Cher Compatriote
Guy Philippe, Candidat à la Présidence d’Haïti ou Guy Philippe, jeune Chef d’une armée de rebelles qui a fini par chasser de la scène politique nationale l’un des pires satrapes que le pays ait connus? Au fond, l’un n’exclut pas l’autre, quand on pense qu’au siècle dernier, les chefs de guerre Haïtiens avaient l’habitude de marcher sur Port-au-Prince à la tête de leurs troupes et d’assauter le pouvoir après s’être autoproclamés « Général en chef des insurgés et plus tard Président de la République ». Souvenons-nous d’Antoine Simon ou de Nord Alexis ou encore des fameux Présidents éphémères qui ont, pour ainsi dire, causé la première occupation militaire d’Haïti par les Forces Américaines. Ainsi va la vie et… au cours du siècle, comme mue par une fatalité dont tout le monde se lave les mains, l’histoire de mon pays se révèle une succession d’évènements malheureux causés le plus souvent par la mauvaise foi des uns et le crétinisme des autres, « l’aplaventrisme » permanent d’une soi-disant élite et l’ignorance séculairement crasse d’une population tenue en otage par le ventre.
À dire vrai, vous et vos compagnons de lutte les Remissainthe Ravix, Butter Métayer, Winter Étienne et tous les autres qui avez dévalé les montagnes du Bahoruco pour venir délivrer votre coin de terre assiégé, dépecé, brutalisé par un gouvernement sans programme politique, sans dessein et sans vision, vous avez été, à votre tour, traités de tous les noms par ceux-là mêmes qui directement bénéficiaient de votre action d’éclat. Qualifiés au départ de combattants de la liberté, vous avez vite fait de glisser au rang de bandits de grand chemin, comme si la sémantique eût pu s’accommoder de tant d’incongruités verbales, de tant d’inconvenance et d’écarts de langage de la part de ceux qui avaient pour devoir de vous rendre un hommage mérité. Mais que voulez-vous, quand on a été esclave, on semble le rester pour la vie. Dans le cas de certains Haïtiens et non des moindres, l’esclavage est plus qu’une condition d’existence, c’est une vocation.
Vous voici aujourd’hui jeté dans la tourmente avec pour seule arme votre jeunesse et la générosité d’élan qui vous anima quand au péril de votre vie et de celle de vos compagnons, vous partiez, il y a deux ans, à l’assaut de la Citadelle d’horreur en laquelle Aristide, prêtre de son état donc disposant d’une présomption de pureté morale et de charité chrétienne, avait transformé notre pauvre pays dont Lumane Casimir chantait encore les beautés dans les années 1946 à 1950. Mais ce fut hier. Et les gros canons d’une Église bassement haineuse et cruellement « déchouquante » entreprirent de détruire tout ce qu’Haïti avait de propre, de sain et de prometteur en elle-même. Les crues des eaux sales ont emporté autant des pans entiers du patrimoine national, telle « La petite Cathédrale de Port-au-Prince » que la vie difficile de quelques citoyens dont le seul tort fut d’avoir été induits en erreur par les sempiternels vautours de la faune politique haïtienne. Et le massacre continue de plus belle. Des zones de non-droit, comme on les appelle : Cité Soleil, Bel-Air, Martissant, Solino ont vu camper à leur horizon réduit des enfants armés de mitraillettes et de lance-roquettes qui finissent par déferler sur les propriétés d’autrui dans le seul but de s’approprier en quelques minutes ce que deux siècles d’histoire leur avait refusé. Ils sont devenus des tueurs, des violeurs, des kidnappeurs à la solde de quelques puissances occultes qui les sur utilisent en leur laissant seulement l’illusion et l’ivresse d’une robustesse superfétatoire. Sous la dictée de prestidigitateurs connus et anonymes, ils sont devenus des assassins tirant sur tout ce qui bouge : femmes, vieillards, enfants, comme si les tueries gratuites et répugnantes eussent pu réveiller la conscience miasmatique de quelques adeptes de sciences occultes ou de sociétés secrètes.
C’est face à cette dérive disproportionnée d’un gouvernement dont la légitimité reposait uniquement sur la pseudo-rédemption des masses populaires sans souci des autres classes sociales du pays que des Haïtiens comme vous se sont dressés dans la plus pure tradition des Indomptables du quotidien. Héritier de la démarche sociopolitique d’un Goman ou d’un Acaau qui ont laissé la trace inextinguible de leur passage dans l’histoire de ce pays, vous avez montré à cette engeance de déchets le chemin qui mène immanquablement à la victoire sur les forces obscures et immorales. De ce fait, vous avez atteint les rives de la vérité et de la justification après vous être battu pour traverser les rivières du Massacre et des Pédernales.
Aujourd’hui, tel « un laboureur de la mer, précolombien et superbe », vous avez brûlé le seul moyen de transport qui aurait pu vous permettre une retraite improvisée en cas de défaite. Les portes de la République Dominicaine vous sont fermées comme vous est interdite une entrée simplement humanitaire dans les métropoles de l’Occident. À partir du moment où vous aviez démontré la faiblesse du colosse aux pieds d’argile dans votre marche inexorable et victorieuse sur les grandes villes haïtiennes de province et sur la Capitale, on ne vous a laissé que le choix de rentrer dans les rangs de la soumission et de l’indignité et de mourir au terme de votre action d’éclat. Dès lors, le silence était devenu le bouclier de votre force.
Mais ce que la plupart d’entre nous ignore, c’est que « tous les puissants ont connu la solitude que crée la grandeur ». Et ce que je vous demande à présent, c’est de vous hausser aux dimensions de cette puissance qui vous a permis de vaincre les hordes aristidiennes et de cette grandeur qui, désormais, va vous inciter à poursuivre le combat sous d’autres formes. Les lauriers du 29 Février 2004 sont déjà fanés. Mais les « Combattants de la liberté » doivent continuer à veiller aux portes de cet enfer dont on menace encore la population haïtienne, en faisant les choix qui se prescrivent, en contractant les alliances qui s’imposent.
Malgré votre jeune âge et tous les écarts inhérents à votre période de puissance, vous avez su donner à une dynastie de peureux et de lâches une leçon de bravoure : la seule dont l’écho sonore résonne toujours dans les forêts de la Crête-à-Pierrot pour convier les Haïtiens authentiques au rendez-vous de nouvelles victoires face aux Généraux Debelle ou Rochambeau et à toute la racaille qui les suivait dans leur entreprise d’infâmie.
Malgré votre jeune âge et tous les écarts inhérents à votre période de puissance, vous avez su donner à une dynastie de peureux et de lâches une leçon de bravoure : la seule dont l’écho sonore résonne toujours dans les forêts de la Crête-à-Pierrot pour convier les Haïtiens authentiques au rendez-vous de nouvelles victoires face aux Généraux Debelle ou Rochambeau et à toute la racaille qui les suivait dans leur entreprise d’infâmie.
Ce sont là les mots qui me viennent à l’esprit quand je me mets à penser à ce benjamin, au petit soldat qui s’est couvert de tant de gloire au moment où la Patrie blessée avait un besoin urgent de ses fils dispersés aux quatre coins du monde.
Merci, Mon cher Guy, pour m’avoir permis de garder ma foi dans le Destin de mon pays!
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