mercredi 23 mars 2011

Haïti-deuxième tour des présidentielles 2011/Les organisations d'observation se contredisent sur ce que doivent taire les médias


Source: lenouvelliste.com, 22 mars 2011
Par Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com

Le Conseil électoral provisoire (CEP) est clair là-dessus. Les médias n'ont pas le droit de donner des résultats partiels du scrutin. « Cela n'est pas juste, s'insurge le directeur exécutif du CNO. Les procès-verbaux affichés dans les bureaux de vote sont déjà publics. Je ne vois pas pourquoi les médias ne peuvent pas les publier », a fulminé Noël Laguerre. « C'est très délicat de les publier dans les médias, a rétorqué le directeur exécutif du RNDDH. Ce que la population entend à la radio peut lui donner l'impression que son candidat a gagné, alors que dans le Centre de tabulation, des procès-verbaux peuvent être écartés pour diverses raisons », argue Pierre Espérance. Le duel de l'argumentaire.

Haïti: Seul le CEP est habilité à donner les résultats des élections, ont souvent fait valoir les responsables de l'institution électorale. Ils menacent même d'appliquer la loi pour arriver à leurs fins. Ce qui n'empêche pas pour autant les médias étrangers de donner les tendances des votes comme ils ont l'habitude de le faire. Les avis des organisations d'observation électorales divergent sur le dossier. Le directeur exécutif du Conseil national d'observation (CNO) n'arrive pas à s'expliquer ce comportement des autorités du CEP. « Ce n'est pas juste. Les procès-verbaux affichés dans les bureaux de vote sont déjà publics. Je ne vois pas pourquoi le CEP, après avoir affiché ces procès-verbaux dans les bureaux de vote, refuse à la presse de les publier », a déclaré Noël Laguerre, joint au téléphone par Le Nouvelliste.


Même position pour l'ISC et le CONHANE

« En demandant cela, je ne crois pas que le CEP obéit à la loi électorale, selon le responsable du Conseil Haïtien des Acteurs Non Etatiques (CONHANE), Edouard Paultre. La tendance du vote n'est pas le résultat des élections. Elle n'est qu'une communication qui indique l'évolution du vote au fur et à mesure que le dépouillement des procès-verbaux se poursuit. Cette décision du CEP montre qu'on doit être vigilant. Il se donne une marge de manoeuvre pour pouvoir faire toutes sortes de manipulations. C'est inacceptable. »

Dans presque tous les pays démocratiques, deux heures après ou pendant le vote on commence à donner les tendances et les résultats disponibles. Invité du jour mardi à l'émission Panel Magik sur les ondes de Radio Magik 9, le directeur exécutif du l'Initiative de la société civile, Rosny Desroches, se questionne sur les vrai motifs du CEP.


Le RNDDH fait cavalier seul

« Je pense que c'est une très bonne chose que les résultats des élections ne soient pas publiés dans la presse. C'est très délicat. Ce que la population entend peut rapidement lui donner l'idée que son candidat a remporté les élections, alors que des procès-verbaux acheminés au Centre de tabulation peuvent être écartés pour fraudes ou irrégularités », a contredit le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits de l'homme (RNDDH), Pierre Espérance, arguant que cela peut arriver qu'un centre de vote ou des bureaux de vote soient annulés pour les raisons susmentionnées.

Il ne faut pas oublier, a-t-il renchéri, qu'Haïti, ce n'est pas seulement un département, il s'agit de 10 départements. Un candidat peut remporter une zone et perdre une autre...De ce fait, le responsable du RNDDH a suggéré que l'on attende les résultats préliminaires du CEP fixés pour le 31 mars. Toutefois, Pierre Espérance estime que vu le nombre réduit de candidats à la présidence et aux l'égislatives, le CEP pourrait publier les résultats cinq jours après le vote.

M. Espérance dit enfin compiler ses documents afin de les confronter avec ceux du CEP. « Nous n'avons aucun problème à ce que le CEP dise que c'est lui qui doit publier les résultats. Cependant, nous avons nos données, après la publication des résultats, nous allons voir s'ils sont conformes à nos documents », a-t-il avancé. Dans le cas contraire, il demandera des comptes.


La POHDH un peu plus nuancée

Le responsable de la POHDH, se veut un plus nuancé dans ce débat. Tout en voulant respecter la loi électorale qui donne au seul CEP la prérogative de publier les résultats des élections, Antonal Mortimé a déclaré que rien ne peut empêcher un journaliste de rendre publiques ses informations. Selon lui, les procès verbaux lus après le vote par certains médias étaient déjà publics.


Tout le monde est d'accord sur le bon déroulement du vote

Toutes ces organisations d'observation électorale, par contre, sont d'avis sur le fait que le second tour a été plus acceptable que le premier. Elles disent avoir constaté une grande amélioration dans le déroulement de la journée de vote du 20 mars. Toujours est-il qu'il y a des choses qui méritent encore d'être corrigées.

Plus de 40 centres de vote dans l'aire métropolitaine ont commencé à fonctionner après 9 heures du matin le jour du vote. Soit parce qu'ils n'ont pas reçu de matériel, soit que le matériel n'était pas complet. Contrairement à ce qu'avait dit le CEP, de nouvelles organisations d'observation ont été autorisées à superviser les élections, alors qu'il y en avait qui étaient à la solde des candidats à la présidence, ce qui a tendance à discréditer les organisations d'observation nationale...

Pour l'instant, dans cette phase du processus électoral, tout se joue dans le Centre de tabulation où les procès-verbaux commencent à arriver. La population doit attendre le 31 mars pour connaître les résultats préliminaires.

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