vendredi 1 avril 2011

Cuba. Le régime est engagé discrètement sur la voie du capitalisme.

Source: yahoo.com, jeudi 31 mars 2011.

Par Normand Lester

Le parti communiste cubain tient ce mois-ci son premier congrès en 14 ans. Il va coïncider avec le 50e anniversaire de la victoire de la jeune révolution castriste contre les forces contre-révolutionnaires soutenues par la CIA à la baie des Cochons en 1961.

Le régime peut être fier de quelques réalisations dans le domaine de la santé et de l'éducation, mais à quel prix? Cinquante ans de bourrage de crâne, de censure, de répression politique et de privation de liberté qui ont fait fuir la totalité de la classe moyenne en Floride. La hargne et l'acharnement des États-Unis, entretenus par les exilés de Miami, ont contribué au blocage politique à La Havane. Mais le temps a fait son œuvre. La révolution cubaine est morte depuis longtemps et ses dirigeants, ceux qui ne sont pas encore à l'hospice, sont caricaturaux. Castro, 84 ans, a remis les rênes du pouvoir à son jeune frère Raoul, 79 ans. Le régime ramollit. Il a libéré ces derniers mois les 75 derniers prisonniers politiques de l'île.

Le congrès de La Havane va entériner sans le dire l'ouverture du pays à l'entreprise privée. Déjà en septembre dernier, Raoul Castro a renié le castrisme et le communisme en annonçant qu'il allait mettre un million de fonctionnaires à pied en abolissant leurs postes. Ils sont invités à créer leur propre entreprise ou à fonder des coopératives. Mieux, l'État communiste va avancer de l'argent aux entrepreneurs en herbe qui veulent se lancer en affaires. Je me demande comment la CSN et les syndicats de la fonction publique accueilleraient ici de telles mesures. De quoi déprimer les membres de Québec Solidaire qui durant leur congrès récent ont adopté une série de propositions qui vont à l'encontre des mesures adoptées par leurs camarades compagnons de lutte cubains.

Nos gauchistes québécois veulent resserrer le contrôle de l'état sur la totalité de l'activité économique alors que la planète entière, y compris les anciens états ultracommunistes comme le Viêt Nam, la Chine et Cuba rejettent le modèle marxiste qui a échoué catastrophiquement partout où il a été appliqué. Françoise David s'est retiré temporairement de co-présidence de Québec Solidaire pour écrire un manifeste politique. J'ai bien hâte de le lire.

Nos progressistes sont généralement en retard d'une révolution et de deux modes intellectuelles.

Les communistes cubains masquent leur reniement de la Cause derrière des slogans verbeux. Le programme de libéralisation de l'économie qui va être présenté au congrès de La Havane s'intitule « Seul le socialisme est capable de surmonter les difficultés et de préserver les conquêtes de la Révolution ». Officiellement le régime cubain va rester communiste. Comme les régimes vietnamiens et chinois qui le sont toujours.

Les Chinois sont peut-être des camarades communistes, mais ils exigent que les remboursements de prêts soient versés selon les échéanciers prévus. Business is Business.

La Chine, qui prête beaucoup d'argent à Cuba (comme elle finance aussi les États-Unis) conseille Raoul Castro sur la façon de décentraliser et de libéraliser le régime en maintenant l'image de marque « communiste ».

Il faut faire attention à l'image. Jadis l'URSS subventionnait les besoins en pétrole de Cuba. Depuis l'effondrement du communisme en Russie, Cuba s'est tourné vers le Venezuela pour obtenir du pétrole à prix d'amis. Hugo Chavez, celui qui se voit comme le porteur de la flamme socialiste et révolutionnaire en Amérique latine n'apprécierait pas du tout que La Havane embrasse trop ouvertement l'entreprise privée et le capitalisme.

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