lundi 11 avril 2011

Haïti-élections présidentielles/ Habemus papam !

(Trouvé sur sur le Web, Dimanche 10 avril 2011, 11h 58min 06s)

Par Robert Benodin
r.benodin@att.net
Orlando le 8 avril 2011

Martelly est élu en raz-de-marée à 67% ! Coïncidence bizarre, le même pourcentage de voix obtenu par Aristide en décembre 1990 au lendemain de son plébiscite organisé et financé par l’ambassadeur de France, Jean-Raphael Dufour. Avec la nuance qu’après 20 ans, l’électorat se chiffre à 4 260 540. Les voix obtenues par Martelly, 716 986, n’ont atteint ce nombre qu’après la réintégration des procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude par les observateurs de l’OEA et du CARICOM. De fait, le vrai pourcentage des voix obtenu par Martelly relatif à l’électorat n’est que de 16.82%. Est-ce ça, la vox populi ? Que disent les 83.17%, soit 3 543 554 autres citoyens de l’électorat ? Y a-t-il lieu vraiment d’évoquer la notion de légitimité dans ce cas ? Même avec un haut pourcentage de voix à l’urne, la faiblesse de la participation tend à vous la dérober !


Force est de constater et surtout de comprendre que c’est par le biais des procès-verbaux annulés pour fraude, que Michel Martelly a pu être récupéré remplaçant le candidat du gouvernement, Jude Célestin, et participer au second tour ? N’y a-t-il pas maintenant, dans le cas du second tour entre Manigat et Martelly, une injuste utilisation de deux poids et de deux mesures, concernant la mise en quarantaine des procès-verbaux pour fraude ? C’est le président du CEP, Gaillot Dordinvil, qui a réintégré dans le décompte des voix, ceux appartenant aux procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude. Qui détient assez d’autorité pour ordonner le dimanche 3 avril, à la dernière minute, à Gaillot Dorsinvil, président du CEP, de réintégrer ces procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude ? Alors que ces procès-verbaux, écartés dès le début de la tabulation, en sa présence et à sa connaissance, n’ont jamais soulevé aucune réticence, ni protestation de sa part.


Il est arrivé qu’Edmond Mulet, le chef civil de la Minustah, ait appelé le président du Sénat Kelly Bastien pour lui dire de préparer la prestation de serment de Martelly. Qu’il a contacté madame Manigat qui a déjà consenti à sa défaite. Lorsque le président du Sénat a contacté Mirlande Manigat, grande fut sa surprise d’entendre qu’Edmond Mulet n’avait jamais contacté madame Manigat. Quand Kelly Bastien a rappelé Edmond Mulet pour lui faire savoir, ce qu’il vient d’apprendre de Mirlande Manigat. Edmond Mulet lui a répondu, qu’il voulait seulement l’informer de la décision et qu’il n’avait pas à appeler Madame Manigat. Pris de court, Edmond Mulet dit : « Que devra-t-on faire pour réparer cette gaffe ? »


Il n’y a pas que cela. D’autres, depuis le vendredi 1er avril, ont accusé réception d’un courriel envoyé par Edmond mulet annonçant la décision communiquée au président du Sénat. Edmond Mulet est-il le seul auteur de cette manœuvre pour imposer la réintégration des procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude ? Il serait naïf d’imputer cette décision qu’à Edmond Mulet. A cause de sa position comme chef civil de la Minustah, il n’en est que le coordinateur et l’exécutant. Il y a eu de fait de plus hautes autorités que lui, à contribuer à cette décision. Jugez-en vous-même, ne peut-on pas conclure logiquement, que l’autorité qui a appelé le président du Sénat, soit celle qui a aussi appelé le président du CEP ?


Ceux qui croient qu’il y aura rupture avec Martelly, devraient se poser la question, a-t-on jamais constaté de rupture entre le populisme de droite et celui de gauche depuis 53 ans ? Certes, il y a eu des querelles de chapelle, mais pas de rupture. Il y aura peut être un changement de style, dû à la personnalité du nouveau leader. C’est encore la même caste multi-classiste en décrépitude et en pleine décomposition qui a réussi ce sauve qui peut, en faveur de la continuité. Y a-t-il lieu de croire que le vieil adage « the devil I know », incité par la pression de certains secteurs, a pesé de tout son poids pour faire réintégrer les procès-verbaux frauduleux ?


L’avènement de Martelly au pouvoir peut déboucher sur un problème très grave pour le populisme. Il n’y a jamais eu jusqu’ici la coïncidence de la présence simultanée de deux leaders populistes occupant le même espace politique, réclamant la même clientèle. Martelly ayant le pouvoir, pourra-t-il forcer Aristide à se soumettre à son autorité ? Aristide revenu précisément pour revendiquer son espace politique, sa clientèle et relancer son parti, acceptera-il à se courber à la volonté de Martelly ? Deux xénophobes peuvent-ils coexister dans un même espace politique sans se détruire l’un l’autre ? Il y va de la stabilité du pays !


Ce bras de fer incontournable, aura lieu très certainement au cours de la compétition électorale pour la fin d’année. Les élections des autorités locales, qui octroient automatiquement le contrôle de la machine électorale, établiront dans les faits, lequel des deux camps populistes, aura finalement le haut du pavé. Cette décantation est cruciale et incontournable. Certes, Aristide ayant à son passif un patrimoine politique exécrable, après 7 ans d’exil, est-il en train de battre de l’aile, peut-il remonter le courant ? Mais ayant à son actif l’ethnicité et l’origine sociale, pourra-t-il comme dans le passé les exploiter en virtuose ? De fait, Martelly n’a pas l’avantage de l’expérience politique. Mais cependant jouit de la prépondérance d’un pouvoir encore très jeune. Le fait que les relations entre les bases du populisme et le pouvoir politique relevant plutôt du domaine du mercenariat, donne à Martelly un certain avantage dans cette relation. Pourra-t-il, dans ce lapse de temps, entre juin et décembre, développer le contrôle de cette relation fondamentale ? De plus, au sommet de la pyramide, les chantres du populisme qui ont collaboré avec Aristide dans le passé, pour faire leur beurre, mais qui se sont rangés momentanément du coté de Martelly pour assurer la continuité, vont-ils se maintenir du coté de nouveau pouvoir de Martelly et abandonner définitivement Aristide, malgré les affinités ethniques et d’origine sociale qui les lient ? Ou, vont-ils être plutôt en porte-à-faux entre les deux, restant constamment à l’écoute de la réalité politique, pour s’assurer dans quelle direction souffle vraiment le vent ? Car, l’échéance n’est pas à long-terme, mais seulement pour décembre. Mais de plus c’est une situation inédite qui réveillera de fait tous les vieux démons de la politique. En d’autres termes Martelly pourra-t-il, en un aussi bref délai, mettre fin à l’ascendance d’Aristide, le sol invictus, sur les masses populaires ? Voilà le hic !
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Lire aussi: Mirlande Manigat a bien raison de protester et devrait même contester !

1 commentaire:

  1. Entre tous ces jeux de mots là il y a un seul gagnant, par contre y aura t-il un seul et vrai perdant. L'invisible, ce t-on dennome l'anti changement d'Haiti sera le vainqueur et le peuple dit-on mieux la masse defavorisée vivra pour toujour et à jamais dans la misère. Comme je l'ai dit dans un auditorial le peuple haitien a toujour fait son choix incluant les consequences.
    Je suis pas pessimiste mais j'en doute très fort qu'un homme étant soucieux de sa patrie peut comprometre avec l'étrangé et faire avancer le payis à bon port. Pas de question d'Aristide. C'est du passé!!! Il a eu toute sa chance. Maintenant voyons donc la nation et non ces incapables. http://bit.ly/eii4i6

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