Par Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste, 6 mars 2012
Haïti: Le président Michel Martelly prend des coups. Pas un jour qu'une nouvelle lettre de sénateurs, une déclaration de député ou un document sur internet ne vienne troubler son règne. Stoïquement, le Martelly nouveau laisse passer la vague, fait le dos rond, encaisse et compte les jours.
La mauvaise passe comme les sept plaies d'Égypte n'est que pour un temps, doit-il se dire.
De partout, rapporte-t-on, les conseils affluent : il doit tenir bon et ne rien dire qui puisse raviver les ressentiments. Parler n'a pas été une bonne idée pour le chanteur. Quand on sait combien lui coûte son silence, lui qui adore provoquer, son attitude est admirable.
Les diplomates qui ont rencontré le président de la République ces derniers temps sont convaincus que les leçons de ses dernières sorties ont été apprises. « Monsieur le président, plus d'excitations gratuites », lui a même conseillé un des grands amis d'Haïti.
Résultats: les visites prévues de longue date se déroulent sans anicroches. Premier ministre de Curaçao, dollars de Petrocaribe, Commissaire de l'Union Européenne, elatriye. Les annonces de millions se suivent à un rythme soutenu. Cela ne veut pas dire que les promesses seront tenues, mais au moins elles sont faites. Le Premier ministre désigné a le temps de souffler et d'enfiler rencontre sur rencontre pour se tisser une base d'appui plus large. Martelly marque des points sans tapage, achète du temps. Compte ses vrais amis.
La communauté internationale sait que Martelly est convaincu qu'elle doit le soutenir. Comment les diplomates en poste ici pourraient-ils s'infliger un tel désaveu en mettant en doute le choix appuyé avec chaleur il y a moins d'un an ? Nos grands amis doivent peser sur le frein du leader et boire la lie de ses erreurs.
Les parlementaires aussi savent que nous ne sommes pas à la veille d'un bouleversement, mais, eux, ne peuvent plus actionner le bouton de l'arrêt d'urgence. Ils ne veulent pas se déjuger non plus ni passer pour des vendus, des mous, des lâches.
Pendant que les jours passent, la situation se détériore, le capital confiance s'effiloche, les conditions d'une crise plus sérieuse se mettent en place.
Frantz Duval duval@lenouvelliste.com Twitter:dalfaz |
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