mardi 19 janvier 2010

Haïti : les Américains débarquent pour sécuriser l'aide humanitaire

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Des troupes héliportées américaines débarquent sur les pelouses du Palais national, le mardi 19 janvier 2010.- Photo Juan Barreto
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Source: le parisien.fr avec AFP
19.01.2010, 20h05 Mise à jour : 20.01.2010, 03h19


Sécuriser les distributions de l'aide alimentaire et les hôpitaux en liaison avec les Casques bleus déjà présents, mais aussi favoriser le passage des convois humanitaires et des ambulances. Une semaine après le séisme, les premiers militaires américains se sont déployés mardi dans Port-au-Prince, la capitale haïtienne.

«Poussez-vous !» Fusil-mitrailleur à l'épaule, les soldats américains foncent en colonne vers l'Hôpital général et prennent le contrôle de la sécurité à l'entrée. Les hommes de la 82e Airborne sont arrivés mardi matin à bord d'hélicoptères qui se sont posés sur la pelouse du Palais national complètement détruit.

«Fournir de l'électricité, des infrastructures et une organisation, voilà pourquoi nous sommes ici», explique l'un d'eux. «Il y a du racket, pas mal de vols, on n'arrive pas à contrôler tout le monde. C'est pourquoi on a fait appel à eux», explique le chef de la sécurité du palais présidentiel. Rapidement et fermement, les militaires commencent à faire sortir ceux qui, apparemment, ne devraient pas se trouver là.

Tensions internationales

L'arrivée massive des forces américaines en Haïti a suscité des tensions internationales, le Venezuela accusant Washington de vouloir «occuper» Haïti. En France, des critiques ont également vu le jour, mais l'Elysée a tenu à mettre les choses au point mardi, saluant «le rôle essentiel que les Etats-Unis jouent sur le terrain».

3 500 Casques bleus en renfort pour éviter pillages et attaques

Alors que les derniers jours ont été marqués par une poussée de violence, notamment lors des distributions d'aide - obligeant ainsi la Croix-Rouge à en interrompre une dans le quartier de Delmas, à Port-au-Prince, en raison d'une «atmosphère tendue» - cette mobilisation américaine doit faciliter l'accès de l'aide à la population. L'arrivée prochaine de 3 500 Casques bleus - militaires et policiers - supplémentaires approuvée mardi par le Conseil de sécurité de l'ONU va dans le même sens.

«Les policiers envoyés en renfort vont escorter les convois humanitaires, des milliers de tonnes d'aide alimentaire sont acheminées vers 200 points de distribution et ces convois ont un besoin croissant d'être escortés», a expliqué le directeur des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Alain Leroy. «Les militaires, eux, vont assurer la sécurité des couloirs humanitaires, entre Port-au-Prince et la République dominicaine, et entre la capitale et le port qui se trouve au nord de Haïti», le port de la capitale ayant été gravement endommagé, souligne-t-il.

Au moins 75 000 morts, 90 survivants tirés des décombres

Alors qu'Haïti compte ses victimes - 75 000 morts, 250 000 blessés et un million de sans-abri, selon un bilan provisoire mardi soir - l'ONU a affirmé que «l'espoir persiste» de retrouver des survivants. Mais le général Daniel Allyn, chef adjoint de l'opération américaine en Haïti, a annoncé que la phase de recherche des survivants allait «très bientôt» s'achever. Depuis une semaine, «au moins 90 survivants» ont été tirés des décombres, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Les blessés affluent toujours vers des centres de soins débordés, où les amputations se succèdent.

Eviter une catastrophe sanitaire

Sur le front des secours, l'urgence est désormais d'éviter une catastrophe sanitaire: sans accès à l'eau potable et à des sanitaires, les risques d'épidémie augmentent à chaque instant. A Port-au-Prince, huit hôpitaux, dont la moitié sont des structures de campagne, sont opérationnels et le navire-hôpital américain Comfort, avec 1 000 lits à bord, était attendu dans les prochains jours.

Malgré des débuts difficiles dans la distribution de l'aide dus à des problèmes logistiques et de coordination, «il y a des progrès, nous avançons sur l'assistance humanitaire d'urgence», a estimé la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) Emilia Casella.

1,2 milliard de promesses de dons

A Saint-Domingue, une première réunion internationale sur la reconstruction a estimé qu'Haïti avait besoin de dix milliards de dollars sur cinq ans pour se rétablir. Selon des données communiquées mardi par l'ONU, des promesses de dons de plus de 1,2 milliard de dollars, provenant d'Etats, de personnes privées et d'entreprises, ont déjà été recueillies.

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