jeudi 11 août 2011

Haïti/Crise politique/ «Madame Liliane Pierre-Paul voit rouge»

    
Madame Liliane Pierre-Paul voit rouge

Source: haiti-nation, 11 août 2011, 1:41 PM
Par Professeur Gérard Bissainthe

Madame Liliane Pierre-Paul, s'imaginant que Mgr Louis Kébreau (1) parle des "pantalettes roses" de Sweet Micky a vu subitement rouge et est sortie de ses gonds. Devant la stagnation actuelle on peut comprendre son exaspération. Mais il faut quand même préciser qu’à aucun moment le prélat haïtien n'a parlé de la couleur du "kanson" de Sweet Micky auquel il fait allusion dans sa récente déclaration demandant au chef d'Etat haïtien de "mété Kanson nan rein li pou li dirigé pays a." De toute évidence le prélat haïtien se réfère à la fameuse expression du président Paul Magloire qui s'était donné le surnom de "Kanson Fè".

Le glissement de "kanson" à "pantalette" est d'ailleurs dû à une candidate à la présidence qui voulait dire qu'arrivée au pouvoir, le fait qu'elle appartient au sexe féminin ne l'empêcherait pas d'avoir ce qu'il est convenu d'appeler de "mâles vertus". De là à arriver aux "pantalettes roses" de Sweet Micky (qui appartiennent à l'histoire passée de notre actuel président), il n'y a qu'un pas que Madame Liliane Pierre-Paul a franchi un peu trop vite et un peu trop allègrement.

A la vérité; le mot du prélat haïtien --est-il vraiment besoin de le dire? -- est donc à prendre non au sens littéral, mais au sens figuré. L’Archevêque du Cap-Haïtien se fait l'interprète d'un très grand nombre de personnes qui ont soutenu Michel Martelly en se disant que sa spontanéité, sa fougue, sa détermination, son anticonformisme même étaient et sont encore ce dont un chef d'Etat haïtien a le plus besoin aujourd’hui pour nous sortir de la crise actuelle. Il faut quelqu'un qui soit capable de donner la parole aux actes pour en finir, car la plaisanterie a assez duré. Toutes ces personnes attendaient du nouvel élu qu'il prenne le taureau de nos problèmes par les cornes et le terrasse. Or depuis qu'il est arrivé au pouvoir, il passe son temps ou à se sauver hors du pays, comme s'il en avait peur –bientôt en Argentine, hier à Washington, ou à Miami ou à New York ou en Espagne--, ou à faire de beaux discours, comme on a toujours fait avant lui. Depuis près de trois mois la nation est bloquée et rien ne se règle. Toutes ces personnes pensent qu'elles ont élu quelqu'un qui avait une image de "dur" et qu'elles se retrouvent apparemment devant un "mou" totalement inefficient. Et tout le monde se dit: "Mais où est donc passé cet homme décidé, ce fonceur qui s'appelait Sweet Micky et qui semble aujourd’hui ou impotent ou prisonnier?" C'est ce mécontentement qui va se généralisant qu'a voulu exprimer, j’en suis convaincu, le prélat haïtien.

Une telle conjoncture de désarroi et d’impairs me ramène à la mémoire ces vers de Racine:

"Cet esprit d'imprudence et d'erreur,
De la chute des rois funeste avant-coureur
."

Si rose il y a, il est plutôt du côté de ceux, de quelque bord qu’ils soient, qui veulent faire croire que la situation actuelle est rose et que tout va très bien, Madame la Marquise", sauf qu'on déplore "un tout petit rien", à savoir que le pays est toujours sans PM, sans programme, sans plan, sans direction. Pour d’autres l’actuel Président n’est pas à sa place et doit partir tout de suite pour céder son siège, mais au fond à qui ? A un “déjà vu”? A un nouveau “sauveur”? Madame Liliane Pierre-Paul qui pour moi fait partie du “Gran-Lacou” et dont au fond je comprends le ras-le-bol, pourrait-elle nous faire part de la solution rapide et faisable qu’elle a en tête pour sortir du désordre sans entrer dans le chaos?

Pour ma part je pense qu’au lieu de tomber à bras raccourcis sur le nouvel élu, il faut avant tout essayer de “faire avec”. Il a voulu le poste; il l’a eu. Maintenant il doit faire le travail en s’entourant de gens capables et compétents. Presque trois mois sans même avoir mis le pied à l’étrier, c’est un record d’impuissance. Ça ne peut plus durer. Ça finira inéluctablement, croyez-en mon plus d’un demi-siècle d’expérience, par sentir le “Bonsoi dan’m” qui arrive toujours quand on s’y attend le moins.

Le prélat haïtien, de toute évidence, a voulu être paternel et même fraternel. Ses conseils sont gratuits. Souvent les conseils gratuits valent beaucoup mieux que ceux pour lesquels on paye très cher.

Gérard Bissainthe
11 août 2011
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(1) NDCDP-Politique.-
Pour un résumé de cet événement, cliquer sur les liens suivants:

a) Un article sur le site Web de Radio Vision 2000 rapportant les propos de Mgr Kébreau:
Haïti : Michel Martelly doit enfiler son pantalon de Sweet Micky pour pouvoir gouverner, selon un responsable ecclésiastique

b) Un article de Roberson Alphonse dans Le Nouvelliste rapportant la mise au point de Mgr Kébreau:
 Haïti: Kébreau et le pantalon de Sweet Micky font des vagues ! 

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