dimanche 20 mai 2012

LE DISCOURS DU SIECLE !


Par Emmanuelle Gilles
Source: page facebook d'Emmanuelle Gilles, 20 mai 2012


Le message de Madame Michaelle Jean est pour moi le discours du siècle. Je l’ai lu et relu avec beaucoup d’attention et de satisfaction. Je découvre Madame Michaele Jean à travers ce texte et en guise de réponse, je lui en remercie et lui présente mes compliments.

Le message est poignant et fort ! Les vérités qui y transpirent devraient nous permettre de porter plus haut la réflexion sur notre pays plutôt que faire ressortir des rages de dents pour la plupart. Elle dit bien! Elle dit vrai! C’est l’essentiel. Mme Jean peut se passer des critiques acerbes de ceux qui militent en cyber-espace alors qu’elle œuvre souvent sur le terrain pour nous apporter son support et partager son expérience. Je salue son courage de pouvoir nous cracher en plein visage les vérités que nous désavouons tous les jours. Est-ce pourquoi nous tardons à démarrer! Ce qui m’échappe, c’est qu’à la rigueur, on peut avoir des réserves sur un ou plusieurs points, mais comment ne pas admettre la pertinence des autres points à travers une analyse saine et constructive ? Lucas Martin a écrit : « Quel est le rapport entre la vérité et la politique ? « Dire la vérité » constitue-t-il par soi-même une action politique ? « Il n'a jamais fait de doute pour personne, que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques » La vérité est-elle donc impuissante dans la sphère de la politique, et cette dernière toujours destinée au mensonge et à la tromperie? »



J'ai lu les divers commentaires des internautes, signe que nous n'avons toujours pas appris que l'heure comme Madame Jean l’a dit, est assez grave. Nous continuons de fonctionner à reculons et dans le mensonge. Haïti est plus que jamais considérée comme un Etat en faillite. En lisant le texte de Madame Jean, je n'ai vu aucune tendance politique partisane, je vois une femme indignée qui rend compte de son pronostic de la situation de son pays et qui déclenche un plaidoyer pour le sauvetage de la nation. Dans ce message, j’entrevois un tout dernier cri en faveur de la raison ! Lorsqu’elle écrit « Le monde entier assiste, sans plus d’illusion, au spectacle désolant des impasses politiques haïtiennes qui se succèdent à coup de rivalités partisanes et stériles », n’est-ce pas vrai ? Et il me semble qu’aucun des acteurs et des spectateurs sont préoccupés par l’image que l’on projette au monde entier. Ceux qui sont indignés par les déclarations de Madame Jean doivent s’indigner davantage qu’Haïti n’arrive pas à produire suffisamment pour nourrir sa population, que des enfants pauvres pataugent dans la boue comme des petits animaux sous les regards indifférents de nos compatriotes, et j’en passe ! Si le monde nous regarde c’est parce qu’à chaque catastrophe, c’est le monde qui vient nous secourir. On l’a vu durant le cyclone Jeanne et on l’a vu après le séisme et on l’a vu aussi avec les casques bleus lorsqu’on n’avait ni armée et ni une institution policière fiable.

Faut-il que nous entendions uniquement des discours compassionnels vis-à-vis d’Haïti lorsque les Haïtiens créent eux-mêmes des situations qui font pitié. Depuis le séisme nous attirons l’humanitaire et non pas le respect. Nous continuons à compter sur les milliards promis au point que même notre palais national ne peut être reconstruit sans l’aide internationale. Nous attendons la manne du ciel par le biais de l’international et nous les fustigeons pour leur ingérence. Ce sont ces mêmes internationaux qui découvrent nos richesses minières sous nos riches sols tandis que nous rouspétons à n’en plus finir en perdant du temps. Les discussions oiseuses effectivement sur la double nationalité ont pris une place si importante qu’on oublie que 80% de la population est au chômage, tandis que de grands pays émergeants font appel à l’expertise de leurs ressortissants à l’extérieur pour contribuer à leur développement. Normalement, une enquête doit se faire discrètement et sans avoir à galvauder toutes nos énergies autour d’un seul sujet pendant des mois avant de détenir des preuves. On se demande s’il n’y a pas une velléité de vouloir délibérément reculer en arrière chez certains. On n’y comprend rien. Un simple amendement constitutionnel tenant compte des obstacles auraient rendu service au pays dans un proche futur. Qui sacrifierait leurs intérêts propres pour ceux de la nation ? Nous avons bien constaté le rôle macabre joué par de nombreux et influents parlementaires. Il est pour le moins regrettable que nous autres Haïtiens, au lieu de suivre le rythme de l’avancement du monde pour au moins y trouver une place, nous aurons choisi de tituber pour mieux nous enfoncer. Il aurait été mieux que nos politiciens eussent concentré des efforts sur la recherche scientifique et sur des inventaires de nos ressources naturelles afin de mieux planifier notre économie. Comme préoccupation pressante, nous devrions asseoir une main d’œuvre qualifiée pour travailler l’or et les autres minéraux qui dorénavant doivent constituer notre capital économique de base. Un investissement à cet égard s’avère d’une extrême importance. Qu’y a-t-il de nouveau ? Les regards sur nous n’ont pas changé, nous restons sensiblement les mêmes peuples avec les mêmes maux depuis bien longtemps. Dans l’ouvrage de Jean Daniel Rainhorn publié récemment, j’ai lu « Est-ce un tabou d’envisager de manière critique la responsabilité des hommes politiques et des partis haïtiens ? Est-ce qu’on ne peut pas pointer du doigt l’incompétence coupable de l’ancien président René Préval ? Fallait-il attendre les révélations de WikiLeaks pour décrire ses faiblesses ?

Avec le nouveau président Michel Martelly, les Haïtiens ne sont sans doute pas sortis de l’impasse politique. Alors, quel est le sens de dénoncer la mise sous tutelle du pays, si on glisse sur la défaillance de l’Etat et si on tait l’irresponsabilité des politiciens ? »

Le discours de Madame Michaële Jean est juste et reflète parfaitement la réalité de notre pays. Ceux qui la critiquent sont ceux qui ont des difficultés à accepter leurs tristes vérités, ceux qui n’ont aucune compréhension des enjeux politiques de ce pays ni non plus le rôle de Madame Jean en qualité de Gouverneure du Canada. C’était un honneur d’abord que l’une des nôtres ait occupé ce poste prestigieux dans un pays étranger alors qu’on lui aurait non seulement décliné cette chance dans son propre pays mais l’avilir. Est-ce pourquoi nous avons Michel Martelly, le musicien au pouvoir! Il est temps que nous posions les vrais problèmes, en particulier une explication à la hargne que nous affichons souvent contre les grandes têtes de notre pays, nos réactions face à l’objectivité et finalement notre haine pour tous ceux que nous jugeons et condamnons par manque d’intolérance et d’esprit de fraternité. Je termine avec cette phrase de Jean-Daniel Rainhorn « Réinventer Haïti suppose de réinventer la politique. Et pour ce faire, il faut commencer par décrypter la politique réellement existante en Haïti, sans complaisance ni paternalisme. »

UN GRAND BRAVO POUR CE MESSAGE HISTORIQUE DE MICHAELE JEAN !

La vérité blesse mais elle nous permet de jeter un regard sur nous afin d’avancer !

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