dimanche 13 mai 2012

« S'ils étaient l'Armée, ils m'obéiraient »

Compte-rendu d'une entrevue accordée par le Président Michel Martelly aux journalistes Frantz Duval et Robenson Geffrard,
Compte-rendu réalisé par ces mêmes journalistes.
Source: lenouvelliste.com, 10 mai 2012

Jamais le président de la République n'a été aussi tranchant sur le dossier des civils armés. Ils seront obligés de quitter les camps qu'ils occupent à travers le pays, a déclaré Michel Martelly. D'ailleurs, ce désordre provoqué par des bandes armées retarde le plan présidentiel pour la nouvelle force. Il a fait savoir qu'il va se concentrer maintenant sur le renforcement de la police nationale.

Haïti: Ils n'ont plus le choix. Ils doivent partir. Les hommes en treillis ont eux-mêmes compliqué leur situation en refusant de respecter les ordres du président de la République. Michel Martelly est fâché contre eux. « Si effectivement c'était l'armée, ils obéiraient, parce que le président de la République est le chef suprême de l'armée », a-t-il martelé dans une interview accordée, jeudi, au Nouvelliste.

Pour le chef de l'Etat, le comportement des civils armés le met dans une position de faiblesse. « Je ne parlerai pas de l'armée tant qu'ils ne quitteront pas les camps qu'ils occupent. Et, qu'ils le veuillent ou non, ils seront obligés de partir. C'est le désordre et le chaos... » Le locataire du palais national estime que l'agissement de ces hommes et femmes en treillis fait plus de mal que de bien à leurs revendications. Ils ne font que retarder le processus de la mise en place d'une armée.

Selon lui, personne ne s'intéresse maintenant à la question de l'armée après le mouvement des militaires démobilisés. « Ils font peur aujourd'hui; ils rappellent aux gens le nombre de coups d'Etat réalisés dans le passé par les FAD'H. Ils prouvent qu'ils n'écoutent personne. Au moins à deux reprises, le président de la République leur a demandé de rentrer chez eux », a rappelé le président.

Un peu partout à travers le pays, ces hommes armés circulent en toute quiétude dans des véhicules en bon état. Une dure réalité pour Michel Martelly. « Il n'y a pas une armée dans les rues. L'armée a été destituée depuis 15 ans à l'époque où on avait formé la police nationale. Aujourd'hui, ces messieurs sont dans les rues parce qu'ils savent que Michel Martelly était favorable à la mise en place d'une armée. Mais Michel Martelly président ne peut pas permettre que des gens qui se réclament de l'armée occupent des camps et demandent un état-major. Non. Au contraire, cela a beaucoup ralenti mon programme », a indiqué le chef de l'Etat.

M. Martelly a souligné que la France avait déjà promis 20 millions de dollars pour la mise sur pied d'une nouvelle force armée. Une somme qui ne sera pas suffisante, mais qui constituera une avancée dans le processus. « Aujourd'hui, je ne peux pas parler d'armée dans aucun pays. On me demandera si c'est ce qu'on voit que je vais former. Le mouvement des militaires démobilisés a saboté mon projet. Je vais continuer la lutte, mais il me prendra plus de temps. Parce que je crois qu'il nous faut une nouvelle force armée et on l'aura », a-t-il soutenu.

Mais pour le moment, il faut attendre. Le président se concentre sur d'autres choses. « Je vais me concentrer pour le moment sur le renforcement de la police nationale. L'erreur des militaires démobilisés, c'est qu'ils ne réalisent pas qu'ils ne sont pas légaux, même si la Constitution reconnait l'existence de l'armée... »

Au début de cette semaine, ces hommes et femmes qui se réclament des Forces Armées d'Haïti (FAD'H) ont entrepris une opération de ramassage de déchets solides, d'immondices en tout genre et de déblayage des voies obstruées par les alluvions.
En outre, au cours de cette semaine, un convoi de militaires démobilisés a été bloqué par une patrouille de militaires uruguayens de la Minustah à l'entrée nord de la ville de Fort-Liberté, au moment où le chef de l'Etat, Joseph Michel Marthelly, s'apprêtait à participer à l'inauguration de l'école professionnelle et technique Don-Bosco.

Venus de la ville frontalière de Ouanaminthe où ils se sont réunis depuis le mois de mars dernier, les ex-FAD'H, en tenue de campagne, voulaient rencontrer le numéro un haïtien pour lui demander, entre autres, la libération de deux des leurs, arrêtés dimanche soir à la capitale.

Entre le chef de la PNH et le président tout va bien maintenant, selon Michel Martelly. Comme pour faire rire, il a indiqué sur un ton ironique que c'est lui qui a guéri la jambe de Mario Andrésol en lui rapportant de voyage une pommade contre les inflammations. « A un certain moment, la communication était difficile pour des raisons que j'ignore jusqu'à présent. L'idée, c'est d'avoir des résultats. Maintenant, nous nous parlons pratiquement tous les jours. Nous sommes d'accord sur tous les dossiers pour avancer », a-t-il dit.

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