Par Pascal Fletcher
Sources: lepoint.fr, 30/11/2010 à 07:27
PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Les observateurs internationaux ont prudemment cautionné les élections de dimanche en Haïti en dépit d'"irrégularités".
Les problèmes recensés par la mission conjointe des observateurs de l'Organisation des Etats américains et de la Communauté caraïbe vont de la manipulation des électeurs à des actes de violence ou d'intimidation, d'une "atmosphère toxique" déclenchée par les accusations de fraude à des cas d'électeurs dans l'impossibilité de trouver leur bureau de vote.
"La mission conjointe n'estime pas que ces irrégularités, aussi graves que soient certaines, invalide nécessairement le processus", a déclaré l'ambassadeur Colin Granderson, chef de l'équipe des observateurs.
Le Conseil électoral provisoire (CEP) a fait savoir qu'il faudrait peut-être une semaine pour connaître les premiers résultats.
Deux autres candidats à la présidence haïtienne ont dénoncé lundi les conditions d'organisation du scrutin et réclamé l'annulation du premier tour de la présidentielle.
Mais Michel "Sweet Micky" Martelly, qui avait demandé dès dimanche soir cette annulation avec onze autres candidats, est revenu sur sa décision et a souhaité que le dépouillement des suffrages se fasse normalement.
Le musicien, qui a recueilli le soutien du chanteur Wyclef Jean, a expliqué ce revirement par le fait qu'il était en tête dans les bureaux où il n'y a pas eu de fraudes. "Je veux que le Conseil électoral, le président (René) Préval et la communauté internationale respectent le suffrage populaire", a-t-il dit.
NOUVELLE MANIFESTATION
Mirlande Manigat, qui fait également partie des candidats crédités d'une bonne chance de figurer au second tour le 16 janvier, a également nuancé sa position. Après avoir réclamé l'annulation du premier tour, elle s'est déclarée prête à participer à un second tour si le dépouillement la place parmi les deux candidats en tête.
Sur les 18 candidats qui briguaient la magistrature suprême, seuls cinq, dont Jude Célestin, protégé du président sortant René Préval et champion du mouvement Inite (Unité), reconnaissent pour l'heure la validité du scrutin.
Le Conseil électoral provisoire (CEP), ignorant plaintes et manifestations, a pourtant estimé que ces élections s'étaient "dans l'ensemble bien déroulées".
Au lendemain du vote, la tension et l'incertitude régnaient à Port-au-Prince, la capitale portant toujours les stigmates du tremblement de terre qui a fait plus de 250.000 morts le 12 janvier dernier.
Une centaine de personnes se sont rassemblées près du palais présidentiel, en grande partie effondré depuis le séisme, pour dénoncer les fraudes et réclamer l'annulation des élections.
Les Haïtiens étaient appelés à élire leur président, les 99 députés de la Chambre et onze des trente membres du Sénat. Les opérations ont été marquées par une grande confusion et, selon l'opposition, par des fraudes massives.
DILEMME
Pour les organisations internationales, accepter le résultat du vote risque de provoquer la colère de l'opposition, le rejeter pourrait affaiblir les autorités qui ont organisé le scrutin - un dilemme potentiellement explosif.
Le Center for Economic and Policy Research, dont le siège est à Washington, considère le vote de dimanche "comme une farce grossière du début à la fin" et parle notamment de bourrage des urnes, comme l'ont dénoncé des opposants qui affirment que "des victimes du tremblement de terre ont voté".
"La communauté internationale devrait rejeter ces élections et affirmer son soutien aux institutions démocratiques", dit Mark Weisbrot, co-directeur du centre. "Sinon, il y aura en Haïti un gouvernement largement considéré comme illégitime."
Weisbrot demande que le CEP, accusé de favoriser Jude Célestin, soit remplacé en vue de l'organisation de nouvelles élections dont le résultat sera crédible.
Des manifestations avaient éclaté dès la fermeture des bureaux de vote dimanche soir. Les stations de radio haïtiennes ont fait état de la mort de deux personnes lors de violences dans le sud du pays.
Onze mois après le séisme meurtrier du 12 janvier, le pays est confronté à une épidémie de choléra qui a fait 2.000 morts.
Joseph Guyler Delva et Allyn Gaestel; Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Sources: lepoint.fr, 30/11/2010 à 07:27
PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Les observateurs internationaux ont prudemment cautionné les élections de dimanche en Haïti en dépit d'"irrégularités".
Les problèmes recensés par la mission conjointe des observateurs de l'Organisation des Etats américains et de la Communauté caraïbe vont de la manipulation des électeurs à des actes de violence ou d'intimidation, d'une "atmosphère toxique" déclenchée par les accusations de fraude à des cas d'électeurs dans l'impossibilité de trouver leur bureau de vote.
"La mission conjointe n'estime pas que ces irrégularités, aussi graves que soient certaines, invalide nécessairement le processus", a déclaré l'ambassadeur Colin Granderson, chef de l'équipe des observateurs.
Le Conseil électoral provisoire (CEP) a fait savoir qu'il faudrait peut-être une semaine pour connaître les premiers résultats.
Deux autres candidats à la présidence haïtienne ont dénoncé lundi les conditions d'organisation du scrutin et réclamé l'annulation du premier tour de la présidentielle.
Mais Michel "Sweet Micky" Martelly, qui avait demandé dès dimanche soir cette annulation avec onze autres candidats, est revenu sur sa décision et a souhaité que le dépouillement des suffrages se fasse normalement.
Le musicien, qui a recueilli le soutien du chanteur Wyclef Jean, a expliqué ce revirement par le fait qu'il était en tête dans les bureaux où il n'y a pas eu de fraudes. "Je veux que le Conseil électoral, le président (René) Préval et la communauté internationale respectent le suffrage populaire", a-t-il dit.
NOUVELLE MANIFESTATION
Mirlande Manigat, qui fait également partie des candidats crédités d'une bonne chance de figurer au second tour le 16 janvier, a également nuancé sa position. Après avoir réclamé l'annulation du premier tour, elle s'est déclarée prête à participer à un second tour si le dépouillement la place parmi les deux candidats en tête.
Sur les 18 candidats qui briguaient la magistrature suprême, seuls cinq, dont Jude Célestin, protégé du président sortant René Préval et champion du mouvement Inite (Unité), reconnaissent pour l'heure la validité du scrutin.
Le Conseil électoral provisoire (CEP), ignorant plaintes et manifestations, a pourtant estimé que ces élections s'étaient "dans l'ensemble bien déroulées".
Au lendemain du vote, la tension et l'incertitude régnaient à Port-au-Prince, la capitale portant toujours les stigmates du tremblement de terre qui a fait plus de 250.000 morts le 12 janvier dernier.
Une centaine de personnes se sont rassemblées près du palais présidentiel, en grande partie effondré depuis le séisme, pour dénoncer les fraudes et réclamer l'annulation des élections.
Les Haïtiens étaient appelés à élire leur président, les 99 députés de la Chambre et onze des trente membres du Sénat. Les opérations ont été marquées par une grande confusion et, selon l'opposition, par des fraudes massives.
DILEMME
Pour les organisations internationales, accepter le résultat du vote risque de provoquer la colère de l'opposition, le rejeter pourrait affaiblir les autorités qui ont organisé le scrutin - un dilemme potentiellement explosif.
Le Center for Economic and Policy Research, dont le siège est à Washington, considère le vote de dimanche "comme une farce grossière du début à la fin" et parle notamment de bourrage des urnes, comme l'ont dénoncé des opposants qui affirment que "des victimes du tremblement de terre ont voté".
"La communauté internationale devrait rejeter ces élections et affirmer son soutien aux institutions démocratiques", dit Mark Weisbrot, co-directeur du centre. "Sinon, il y aura en Haïti un gouvernement largement considéré comme illégitime."
Weisbrot demande que le CEP, accusé de favoriser Jude Célestin, soit remplacé en vue de l'organisation de nouvelles élections dont le résultat sera crédible.
Des manifestations avaient éclaté dès la fermeture des bureaux de vote dimanche soir. Les stations de radio haïtiennes ont fait état de la mort de deux personnes lors de violences dans le sud du pays.
Onze mois après le séisme meurtrier du 12 janvier, le pays est confronté à une épidémie de choléra qui a fait 2.000 morts.
Joseph Guyler Delva et Allyn Gaestel; Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
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