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Rue89 11/02/2011 17H08
Au dix-huitième jour de la révolution égyptienne, Hosni Moubarak a abandonné la présidence égyptienne. L'annonce a été faite par le vice-président Omar Souleiman qui a précisé qu'un conseil militaire allait diriger le pays.
« En ces jours difficiles que l'Egypte est en train de vivre, le président Mohamed Hosni Moubarak a décidé de démissionner de son poste de président de la République et il a chargé le conseil suprême des forces armées d'administrer les affaires du pays. »
Aussitôt, des cris de joie ont fusé des millions de personnes qui manifestaient dans les rues du Caire, dont plus d'un million qui assiégeaient le Palais présidentiel et fraternisaient avec l'armée.
Quelques heures plus tôt, Moubarak et sa famille avaient quitté Le Caire pour la station balnéaire de Sharm el-Sheikh, dans la péninsule du Sinaï, premier pas vers un possible départ en exil.
21h15. L'Égypte « ne sera plus jamais la même » car le peuple a parlé et réclame « une démocratie authentique », a déclaré vendredi le président américain Barack Obama au cours d'une allocution.« Ce jour appartient au peuple d'Egypte. » Il a assuré que les Etats-Unis seraient un ami et un partenaire prêt à apporter toute l'aide nécessaire à la transition démocratique.
Le président américain a déclaré que les militaires avaient agi avec le sens des responsabilités et devaient désormais assurer la transition vers une démocratie crédible.
(Sur cette photo publiée par le journal d'Etat al-Ahram,et prise le premier septembre 2010 à la Maison Blanche, Hosni Moubarak devance Benjamin Netanyahu, Obama, Mahmoud Abbas et le roi Abdullah II. Voir la photo avant retouche)
19h50. Nicolas Sarkozy a salué la « décision courageuse et nécessaire » qu'a prise Moubarak. Dans un communiqué, il ajoute :
» (La France) espère ardemment que les nouvelles autorités égyptiennes prendront les mesures conduisant à l'établissement d'institutions démocratiques issues d'élections libres et transparentes »
19h35. Des Egyptiens fous de joie se sont rassemblés devant l'ambassade égyptienne à Paris après l'annonce de la démission de Moubarak.
19h30. Le Conseil suprême des forces armées fait une nouvelle déclaration et endosse pleinement le pouvoir. Il garantit « mettre en uvre un changement radical » et « définira plus tard des résolutions où les mesures à suivre seront définies ». Le « communiqué n°3 » du Conseil suprême rend hommage à Hosni Moubarak, et aux « martyrs » de cette révolution.
19h20. (De Tunis) Alors que les islamistes finissent de manifester pour réclamer plus de liberté, des klaxons se font entendre avenue Bourguiba. Quelqu'un crie « Moubarak est tombé ! Moubarak est tombé ! » et c'est alors des clameurs de joie et des youyous.
Ils sont une dizaine, une vingtaine puis très vite, plus de 300 personnes bloquent la circulation. On chante, on danse, on pleure, on est heureux et on hurle « le peuple arabe est uni », « la révolution continue » et « Bouteflika, Bouteflika, tu tomberas ! ».
Zineb Dryef
19h15. A Gaza, la population partage la joie des Egyptiens. Al-Jazeera montre les rues inhabituellement fréquentées pour un vendredi, jour de la prière. Le Hamas, au pouvoir à Gaza, a salué « le début de la révolution ».
19h10. Sur son compte Twitter, la Maison blanche a annoncé que le discours d'Obama est retardé, sans donner plus de précisions.
19 hehures. L'AFP annonce que la Suisse a décidé de geler les avoirs de Moubarak et de ses proches.
18h25. Mohamed El Baraedi appelle les Egyptiens à rester unis. Selon lui, le plus important est que « l'armée et le peuple vont travailler ensemble pour organiser des élections parlementaires et présidentielles d'ici à un an ».
18h20. Joe Biden considère que la démission de Moubarak aura des répercutions « au-delà des frontières de l'Egypte ».
18h15. La démission de Moubarak a inspiré le dessinateur Baudry.
18h10. Ahmet Davutoglu, ministre des affaires étrangères turc félicite les Egyptiens :
« L'Egypte est un Etat solide et la continuité des institutions a une importance cruciale.
Bravo au peuple égyptien.Nous espérons qu'un régime répondant à ses attentes va émerger. »
Depuis la rupture de sonalliance diplomatique avec Israël l'an passé, Ankara essaye de s'imposer comme acteur majeur au Proche-Orient. La chute de Moubarak pourrait renforcer son rôle de leader à l'échelle régionale.
17h55. Le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantawi va diriger la junte militaire qui prend le contrôle du pays après la démission du Président Hosni Moubarak.
Ce général de 75 ans est depuis 1991 le plus haut responsable de l'armée. Considéré comme un fidèle parmi les fidèles de Moubarak, Washington voyait en lui un successeur potentiel de Moubarak, avant les événements.
C'est donc tout naturellemnt qu'il s'est imposé comme négociateur avec la Maison blanche ces derniers jours. Selon plusieurs sources américaines il a discuté le plan de sortie de l'ex-président égyptien avec le Secrétaire de la Défense américain Robert Gates.
17h45. Sur la place Tahrir, au Caire, la foule exulte.
17h30. Corinne, Française à Alexandrie :
« Joie immense ici ! Il règne une ambiance de victoire ! Un feu d'artifice est en train d'être tiré sur la corniche d'Alexandrie. »
17h20. La chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton « respecte » la décision de Moubarak.
Un responsable américain a annoncé qu'Obama avait appris lors d'un meeting ce vendredi de la démission de Moubarak. Le président américain s'aprête à faire une déclaration télévisée.
17h04. Hosni Moubarak a démissionné de la présidence égyptienne. L'annonce a été faite par le vice-président Omar Souleiman qui a précisé que le conseil suprême des forces armées allait diriger le pays.
Aussitôt après cette annonce, les millions de manifestants dans les rues égyptiennes ont poussé des cris de joie.
16h35. L'armée semble se ranger clairement du côté du peuple au Caire. Un manifestant décrit :
« L'ambiance est très bonne. Autour de moi, les manifestants sont reconnaissants de voir des étrangers avec eux dans la rue. Il y aurait plus d'un million de personnes.
Je viens d'avoir des nouvelles d'un ami qui vit au Caire. Il m'a dit que les chars positionnés aux abords du palais présidentiel se sont mis sur les côtés. Ils sont couverts du drapeau national. »
Selon ABC, la foule et les soldats sont « à présent en train de se saluer et de s'acclamer mutuellement. »
16h30. Au Nord de la péninsule, à Al-Aris, l'AFP reporte la mort d'un manifestant suite à des affrontements entre des Egyptiens et les forces de police.
Dans le Sinaï, la mobilisation est inégale d'un lieu à l'autre. Hossam, originaire de la péninsule, détaille pour Rue89 :
« A Al-Arish, une grève est menée depuis plusieurs jours. Dans la seconde partie du Sinaï, vers Rafah (ville frontalière avec la bande de Gaza), c'est très calme. Rien ne s'y déroule depuis trois jours. Des Bédouins, sages, tentent d'apaiser les esprits. »
16h16. Démission. Le secrétaire général du PDN Hossam Badrawi a annoncé à la BBC qu'il allait démissioner dans quelques heures.
15h45. Arrestations. Selon la chaîne de télé Al-Jazeera, les autorités militaires ont arrêté six de ses journalistes dans leur hôtel du Caire. Leur matériel a été confisqué.
15h30. Alexandrie. Yasmine, médecin dans la ville portuaire, prévient rue89 :
« Les manifestants sont arrivés devant le palais
présidentiel de Ras el Tin , à l'ouest d'Alexandrie .. c'est la première
fois qu'ils y vont. Il y a une zone militaire autour… »
Les millions de manifestants ont-il fait fuire Moubarak ? Selon l'AFP, le président a bien quitté la capitale avec sa famille. L'information aurait été confirmée par une source « proche du gouvernement ». Deux chaînes de télévisions, Channel 10 en Israël et Al-Arabyia, ont également annoncé que Moubarak aurait quitté Le Caire. Selon Channel 10, il serait parti en direction de Sharm-el-Sheikh, dans le Sinaï, où il a une résidence secondaire.
Le départ de Moubarak prouve que malgré son maintien au poste de président, c'est bien Omar Souleiman qui dirige à présent l'Egypte.
En fin de matinée ce venredi, Al-Jazeera a annoncé que 2 millions de personnes s'étaient rassemblées dans la capitale égyptienne. La présence de l'armée est massive autour du palais présidentiel et des bâtiments de la télévision d'Etat.
Marie Kostrz, Blandine Grosjean, Pierre Haski
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En ce dix-huitième jour de révolte, les Egyptiens ne décolèrent pas. Jeudi soir, Moubarak a annoncé qu'il ne démissionnerait pas, même si, de fait, il a transféré l'essentiel de ses pouvoirs au vice-président, le général Omar Souleiman, nouvel homme fort du régime.
Peu après son discours, les manifestants, frustrés de voir le raïs s'accrocher au pouvoir, ont crié leur intention de marcher sur la palais présidentiel après la prière du vendredi. Des centaines de milliers d'Egyptiens sont présents dans les rues ce vendredi.
« Nous continuerons jusqu'à ce que Moubarak parte »
Après la prière, les manifestants ont continué à affluer en masse vers les différents points de rassemblement. Mai Shaheen, jeune femme égyptienne, qui se trouve au Caire, décrit la situation pour Rue89 :
« Il y a beaucoup de manifestations aujourd'hui [vendredi, ndlr]. Le principal rassemblement a toujours lieu place Tahrir, mais d'autres personnes se mobilisent ailleurs. Des milliers de personnes sont dans la rue.
Tout le monde est en colère : nous continuerons jusqu'à ce que Moubarak parte ! Actuellement, je ne peux pas dire s'il a quitté le pays. Il n'est peut-être pas au Caire, mais cela n'a rien d'exceptionnel : habituellement, il se déplace beaucoup. »
A Alexandrie, les manifestants sont également très nombreux. Yasmine, médecin, explique :
« Après le discours de Moubarak jeudi soir, beaucoup de gens qui n'étaient pas allés manifester les jours précédents ont rejoint la révolte.
De nombreux Alexandrins sont aussi partis au Caire rejoindre les manifestants de la place Tahrir. Les syndicats de médecins ont envoyé des messages, des voitures sont parties en direction de la capitale aujourd'hui. »
Une déclaration timide du conseil suprême de l'armée
Le conseil suprême de l'armée, qui semble avoir accru son pouvoir, a transmis son « communiqué numéro 2 » ce vendredi matin.Il a déclaré que l'armée garantit « l'organisation d'élections libres et justes, un changement constitutionnel et la protection de la nation ». Il a également confirmé « la levée de l'état d'urgence dès que les circonstances le permettront ».
L'intervention de Moubarak n'a pas calmé les Egyptiens. Après les déclarations de plusieurs hauts responsables égyptiens et américains, le monde entier s'apprêtait jeudi soir à assister à la démission du président égyptien. Vers 17h30, le conseil suprême de l'armée, auquel Moubarak n'a pas assisté, a annoncé que le
Président avait transféré son rôle de chef des armées aux militaires.
Mais
le raïs s'accroche au pouvoir : s'il a délégué la majorité de ses pouvoirs à Omar Souleiman, vice-président du pays depuis le 31 janvier, il ne quitte pas son poste de Président. Il a en outre annoncé ajouter six amendements à la Constitution.
Omar Souleiman, qui a prononcé un discours après celui de Moubarak, n'a pas apaisé la colère des manifestants. Le vice-président leur a demandé de retourner chez eux et
au travail, ajoutant :
« N'écoutez-pas les télévisions satellites, n'écoutez que votre cœur. »
« Qu'il s'en aille ! »
Jeudi soir, les manifestants n'ont pas attendu la fin du discours de Moubarak pour exprimer leur mécontentement. Ils criaient « qu'il s'en aille ! » en brandissant leurs chaussures.
Les rassemblements jusqu'ici pacifiques pourraient prendre un tour violent, comme l'expliquent certains manifestants.
Sur SkyNews, le manifestant Hamdi El-Siah explique que ce vendredi, toutes les routes menant à la résidence du Président ont été bloquées par l'armée. Des tanks entourent également les locaux de la télévision d'Etat, Al-Masryia.