Le Président haïtien René Préval et le Secrétaire général adjoint de l'OEA, Albert Ramdin, 17 décembre 2010. Photo: OEA
Le 28 novembre 2010, après la journée de vote où des partisans du candidat du parti au pouvoir ont participé à des fraudes massives en faveur de leur candidat Jude Célestin, des diplomates réunis en la circonstance étudiaient la possibilité d'envoyer le Président Préval en exil. C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur Ricardo Seitenfus dans une entrevue à un journal brésilien le 29 décembre 2010.
Une commission formée d'experts choisis par l'OEA est venue, fin décembre-début janvier, à Port-au-Prince pour évaluer la nature et l'ampleur des fraudes et faire ensuite rapport au secrétaire général de l'OEA, au Président Préval et au CEP.
Il est bruit que le rapport des experts de l'OEA sera déposé au début de cette semaine.
Le rapport des experts de l'OEA va permettre, nous l'espérons, de comprendre ce qui s'est réellement passé le 28 novembre 2010, jour du vote, ce qui s'est passé ensuite au centre de tabulation, et, enfin, ce qui s'est passé au CEP de René Préval.
Le rapport permettra, nous l'espérons, de mesurer l'ampleur des fraudes perpétrées en faveur du candidat de René Préval, Jude Célestin, par des militants du parti INITÉ, ce qui déteminera s'il y a lieu d'annuler le premier tour ou de continuer avec un second tour avec ou sans Célestin.
Selon ce que rapporte CaribWorldNews, (Kingston, Jamaïque, 8 janvier 2011), les experts ont tiré au hasard un échantillon de 550 urnes pour vérification.
Nous supposons que l'expert statisticien de la commission de l'OEA voudrait vérifier, entre autres choses, si l'échantillon prélevé permet d'obtenir des résultats similaires à ceux proclamés par le CEP. Par exemple, est-ce que l'échantillon contient à la fois environ 31% de voix pour Manigat, 22% environ pour Célestin, 22% environ pour Martelly ? Ce sont les pourcentages dévoilés par le CEP le 5 décembre dernier sur un total de 1 074 056 votes valides au premier tour des présidentielles 2010.
Si tel était le cas, les experts de l'OEA pourraient arriver à la conclusion que le centre de tabulation et le CEP méritent 10 sur 10. Et les fraudes se situeraient alors exlusivement (ou presque) du côté des militants de INITÉ qui ont opéré dans les bureaux de vote le 28 novembre ou dans la nuit du 27 au 28 novembre dans les bureaux de vote, si on ne tient pas compte de la mauvaise organisation de la logistique par le CEP (électeurs ne sachant où aller voter, électeurs munis de leur carte et dont le nom ne figurait pas sur la liste d'électeurs au bureau de vote où ils ont été dirigés, etc.).
Il ne sera pas possible de corriger le biais que les fraudes du parti INITÉ ont introduit dans le vote du 28 novembre 2010 en faveur de Jude Célestin, car ce biais affectera aussi, évidemment, l'échantillon de 550 urnes prélevé par les experts de l'OEA.
Espérons que les experts soient en mesure de déterminer le pourcentage d'urnes qui sont polluées parmi les 550 urnes de l'échantillon choisi et qu'ils se prononceront clairement sur l'opportunité ou non d'appliquer ce pourcentage aux urnes remplies aux élections présidentielles du 28 novembre dans l'ensemble des bureaux de vote.
Rapelons qu'il y a aussi le sondage réalisé par le CNO (centre national d'observation des élections qui avait déployé 5 500 observateurs à travers le pays) le jour du vote, sur environ 1500 bureaux de vote qui avait donné les estimations suivantes:
Mirlande Manigat: 30% environ;
Michel Martelly: 25% environ;
Jude Célestin: 20% environ (résultat biaisé par les fraudes en faveur de Célestin).
Il reste qu'une décision sera prise à la suite du dépôt du rapport des experts de l'OEA.
Le CEP et René Préval, devraient accepter de suivre les recommandations du rapport des experts de l'OEA. C'est ce qu'a déclaré en essence le Premier ministre Bellerive à Carib World News la semaine passée à Kingston.
Mais, quelle que soit la décision que prendront Préval et le CEP, le deuxième tour devrait être organisé par un CEP remanié, et, sous un gouvernement provisoire, après le 7 février 2011, dans un délai court. On ne peut pas faire confiance au système Préval-CEP actuel, même si Célestin est éliminé au premier tour.
Si le rapport des experts révèle que les fraudes en faveur de Célestin sont énormes, l'une des solutions politiques possibles serait d'accorder la victoire à Mirlande Manigat au 1er tour, étant donné son avance et étant donné qu'il n'y a pas eu de fraudes en sa faveur au premier tour. Ce serait alors élire un président à la majorité relative. A ce propos, si l'on enlève les voix en faveur de Célestin au premier tour, comme s'il avait 0 vote en sa faveur au 1er tour (le pire des scénarios), on aboutirait alors aux pourcentages suivants au 1er tour des présidentielles du 28 novembre 2010:
Mirlande Manigat: 336 878/(1 074 056 - 241 462) x 100% = 40,5%
Michel Martelly: 234 617/(1 074 056 - 241 462) x 100% = 28,2%
Jude Célestin: (241 462 - 241 462)/(1 074 056 - 241 462) x 100% = 0,0%
Est-ce que les électeurs qui se sont déplacés pour aller voter pour Mirlande Manigat et qui n'ont pas pu voter du tout le 28 novembre, représentent les 9,5% de votes qu'il lui manque pour être élue dès le 1er tour ?
Est-ce que les électeurs qui se sont déplacés pour aller voter pour Michel Martelly et qui n'ont pas pu voter du tout, représentent les 21,8% de votes qu'il lui manque pour être élu dès le 1er tour ?
On n'aura jamais réponse à ces deux questions hypothétiques. On ne peut que conjecturer.
Enfin, en résumé, le rapport des experts de l'OEA sera très utile. Il restera à savoir comment Préval le fera utiliser par son CEP.
Préval est comme pris dans un piège (pèlen, karabann): d'un côté il y a la communauté internationale qui a condamné Préval au point d'avoir voulu l'envoyer en exil, si Bellerive avait accepté de faire partie de la transition le 28 novembre (2e entrevue de Seitenfus au Brésil, le 29 décembre); d'un autre côté, il y a les électeurs qui veulent que leur vote au premier tour compte. Et enfin, il y a l'échéance constitutionnelle du 7 février 2011 que Préval sera amené à respecter de gré ou de force.
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