Dilma Rousseff, samedi 1er janvier 2011, lors de son investiture. (REUTERS)
Sources: AFP et liberation.fr, 1er janvier 2011
Dilma Rousseff a été investie ce samedi présidente du Brésil et devient la première femme à diriger le géant sud-américain, succédant au président sortant Luiz Inacio Lula da Silva.
Cette économiste et ex-guérillera de 63 ans ayant connu les geôles de la dictature a prêté serment sur la Constitution brésilienne devant les députés et les sénateurs ainsi qu’un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement étrangers réunis au Congrès. Elle a été longuement ovationnée par les parlementaires.
La nouvelle présidente hérite d’un pays en plein boom économique mais qui reste l’un des plus inégalitaires du monde. Celle qui fut la principale ministre de Lula a déjà annoncé sa priorité: «éradiquer la misère» qui touche encore 18 millions de personnes.
Surnommée la «dame de fer» pour son tempérament bien trempé et sa grande capacité de travail, Dilma, comme l’appelle les Brésiliens, a été élue fin octobre face au social-démocrate José Serra, grâce au soutien de Lula qui a usé de tout son charisme et de son poids politique pour faire élire cette économiste quasi-inconnue des Brésiliens, aux premiers pas publics hésitants.
«Je suis la seule femme méchante au Brésil»
C’est déjà Lula qui l’avait imposée en 2009 comme candidate de son parti des Travailleurs (PT, gauche), alors qu’elle avait le double handicap de n’avoir jamais disputé une élection et de ne pas être une membre historique du PT. Mais le président sortant affirme que ses talents politiques et de gestionnaire l’ont convaincu qu’il s’agissait de la «meilleure» candidate.
«Elle est arrivée avec son petit ordinateur. On a commencé à discuter et j’ai senti quelque chose de différent en elle», dira Lula en 2003 après l’avoir nommée au gouvernement au poste stratégique de ministre de l’Energie.
Connue pour son caractère tranchant, Rousseff a la réputation de houspiller publiquement les ministres. «Je suis dans un gouvernement, un pays, où aucun homme n’assume ses positions. Je suis la seule femme méchante au Brésil entourée par des hommes gentils», a plaisanté Rousseff lors d’une rencontre avec la presse.
En 2005, le scandale sur le financement parallèle de la campagne du PT a décapité la direction du parti en contraignant les poids lourds du gouvernement à démissionner. Dilma Rousseff a alors été propulsée au poste clé de ministre de la Maison civile, une sorte de chef du gouvernement.
Depuis 2007, Lula présente Dilma comme la «mère du PAC», le programme d’accélération de la croissance qui finance d’énormes investissements dans les favelas et les infrastructures du pays.
«Jeanne d’Arc de la subversion»
Née le 14 décembre 1947 à Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais (sud-est) d’un père bulgare et d’une mère brésilienne, Dilma a activement milité dans les mouvements de lutte armée, en pleine dictature. Dans des dossiers secrets récemment révélés, les militaires la présentaient comme la «Jeanne d’Arc de la subversion».
Arrêtée à Sao Paulo en janvier 1970, elle a été condamnée à six ans de prison mais a été finalement libérée fin 1972 sans avoir cédé à la torture.
Début 1980, elle participe à la refondation du Parti démocratique travailliste (PDT, gauche populiste) de Leonel Brizola avant de rejoindre le PT en 1986.
Pour affronter les électeurs, Dilma s’est soumise à plusieurs opérations de chirurgie esthétique. Elle en est sortie rajeunie, plus mince, et sans ses grosses lunettes de forte en thème.
L’année dernière, elle a admis publiquement subir un traitement contre un cancer, ce qui a adouci son image. Les médecins la considèrent aujourd’hui guérie.
La «dame de fer», qui maintient une grande discrétion sur sa vie privée, est divorcée après avoir été mariée deux fois. Elle est mère d’une fille, Paula, et grand-mère depuis début septembre.
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