mardi 18 janvier 2011

Duvalier accusé de corruption et de détournement



Le Président Jean-Claude Duvalier à Port-au-Prince.
Photo: La Presse canadienne, 18 janvier 2011




Le Président Jean-Claude Duvalier à Port-au-Prince.
Photo: Ramon Espinosa/AP, 18 janvier 2011


Source: yahoo.com
Par Jonathan M. Katz, The Associated Press La Presse Canadienne, 18 janvier 2011

PORT-AU-PRINCE, Haiti - Un juge a ouvert, mardi, une enquête officielle sur Jean-Claude Duvalier, deux jours après le retour surprise de l'ancien dictateur d'Haïti dans le pays, dont il a été chassé par une révolte populaire il y a près de 25 ans.

L'avocat de la défense Gervais Charles a déclaré que M. Duvalier, mieux connu sous le nom de «Bébé Doc», faisait face à des accusations de corruption et de détournement de fonds pour avoir supposément volé le trésor public avant son renversement, en 1986.

M. Charles a précisé que le cas était désormais entre les mains d'un juge d'instruction, qui décidera s'il y a suffisamment de preuves pour tenir un procès. Cette procédure pourrait durer jusqu'à trois mois.

M. Duvalier a passé une bonne partie de la journée au tribunal derrière des portes closes, où il a été interrogé.

Le système judiciaire haïtien permet la détention avant procès. Mais Mona Bernadeau, candidate au Sénat pour le parti de M. Duvalier, a déclaré que l'ancien dictateur devait rentrer à l'hôtel après sa séance à la cour.

Plus tôt mardi, un contingent de police était allé chercher «Bébé Doc» à son hôtel et l'avait escorté vers un véhicule utilitaire sport qui l'attendait à l'extérieur. L'ancien dictateur n'était pas menotté.

M. Duvalier, âgé de 59 ans, était calme et n'a rien déclaré, ignorant les questions des journalistes.

Le véhicule, escorté par un convoi de police, s'est rendu au palais de justice, bien que des dizaines de partisans de M. Duvalier aient tenté de bloquer les rues avec des conteneurs à déchets et des pierres pour empêcher que l'ancien dictateur soit conduit en prison.

Le palais de justice était bondé de spectateurs et de journalistes, qui n'ont pas été autorisés à entrer dans la salle pour assister aux procédures.

La compagne de M. Duvalier, Veronique Roy, interrogée par téléphone par l'Associated Press alors qu'elle se trouvait dans la salle, a déclaré que l'ancien dictateur n'avait «absolument pas» été arrêté.

Plusieurs centaines de partisans de Jean-Claude Duvalier étaient rassemblés devant le palais de justice, brûlant des pneus, scandant des slogans et appelant à l'arrestation du président René Préval.

Chal Christen, âgé de 56 ans, agitait un drapeau du parti politique de M. Duvalier, qu'il avait rangé depuis le renversement du «président à vie» par un soulèvement populaire, il y a près de 25 ans.

«Nous n'avons pas de nourriture, nos maisons se sont effondrées, nos enfants ne peuvent pas aller à l'école. C'est Préval qui est le dictateur», a dit M. Christen. «Nous voulons Duvalier comme président. Sous son régime, nous mangions bien et nous étions en sécurité.»

Fenel Alexi, un mécanicien âgé de 31 ans, a assisté à la scène en dénonçant tant M. Duvalier que M. Préval.

«Les citoyens de ce pays ont enduré tant de crimes», a déclaré M. Alexi. «Nous n'avons jamais eu de président qui n'ait pas commis de crimes.»

Jean-Claude Duvalier a pris le pouvoir en 1971 après la mort de son père, François Duvalier, dit «Papa Doc». Il était alors âgé de 19 ans. Le père et le fils ont présidé l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire haïtienne, durant lequel la police secrète du régime, les Tontons macoutes, a torturé et tué de nombreux opposants.

Plusieurs groupes de défense des droits de la personne, dont Amnistie internationale et Human Rights Watch, ont exhorté le gouvernement haïtien à arrêter M. Duvalier pour les nombreux abus commis sous son régime.

Amnistie internationale a diffusé un communiqué pour saluer l'«arrestation» de M. Duvalier, tout en affirmant qu'il ne s'agissait que d'un début.

«Si une vraie justice veut être rendue en Haïti, les autorités haïtiennes doivent ouvrir une enquête criminelle sur la responsabilité de Duvalier pour la multitude d'abus contre les droits de la personne commis sous son règne, dont la torture, les détentions arbitraires, le viol, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires», affirme l'organisation.

Jean-Claude Duvalier bénéficie encore d'un certain soutien en Haïti, où des millions de citoyens sont trop jeunes pour se rappeler de la vie sous son règne. Son retour surprise a créé une onde de choc dans le pays, où certains craignent que sa présence ne ramène la polarisation extrême et la violence politique du passé.

Il n'a pas expliqué publiquement les raisons de son retour en Haïti. Lors de son arrivé dimanche à Port-au-Prince, sa compagne avait déclaré qu'il ne resterait que trois jours dans le pays.

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