Source: radiokiskeya.com, jeudi 11 janvier 2011
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT RENE PREVAL
Monsieur le Président,
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT RENE PREVAL
Monsieur le Président,
J’ai suivi avec intérêt vos déclarations à la presse ce soir, 11 janvier 2011, avant-veille de l’anniversaire de ce désastreux tremblement de terre qui a dévasté la capitale et tous les grands services de l’Etat. Vous vous êtes bien défendu. Vous avez raison sur bien des points. MAIS, cette défense ne tient pas compte de la réalité sur le terrain aujourd’hui et surtout pas des menaces qui pèsent d’augmenter l’instabilité que vous dites sans cesse combattre.
Concernant la Constitution de 87.
Concernant la Constitution de 87.
Il est certain que dès les débuts de votre mandat, vous avez fait ressortir qu’elle avait tant d’imperfections dangereuses qu’il fallait envisager d’y apporter des amendements le plus tôt possible. Malheureusement, la perception à votre proposition a été que vous vouliez vous faire accorder un autre mandat. Ainsi, la Constitution de 87 est demeurée en vigueur. Vos critiques rejoignaient les miennes et celles de la constitutionaliste, Madame Mirlande Manigat. Vu que les Amendements à lui apporter seraient très nombreux, elle recommandait l’adoption d’une Nouvelle Constitution et présentait un projet. J’ai alors proposé que les travaux d’une Constituante soient entamés à partir de l’étude du livre de Madame Manigat. (Proposition que je renouvelle aujourd’hui). Toutefois, elle insistait sur le respect de la Constitution de 87, tant que cette dernière serait en vigueur.
L’une des imprécisions de la Constitution de 87 concernait l’article 149 qui précise que le mandat du président commence le 7 février pour une durée de 5 ans ; les Constituants ont omis de préciser qu’au cas où, pour une raison ou pour une autre, le mandat devait commencer à une autre date, celui-ci se terminerait le 7 février de la 5eme année. Conscient du problème, vous aviez sagement accepté que votre mandat prenne fin le 7 février 2011 tel que consigné dans la loi électorale d’alors. Or, voilà qu’aujourd’hui, vous vous appuyez de préférence sur l’article fixant votre mandat à 5 ans pour demeurer jusqu’au 14 mai. En faisant ce nouveau choix, vous renvoyez aux calandres grecques la date constitutionnelle du 7 février. Pourquoi ce revirement ? Pourquoi vouloir bénéficier de cette imperfection de la Constitution de 87 que vous dénonciez et que vous aviez si sagement décidé de corriger en laissant le pouvoir le 7 février 2011 ? Seul un accord national aurait rendu cette option transitoire possible. Malheureusement, cet accord n’a pas été obtenu et sur le terrain ce sont les affrontements et le kraze-brize qui se préparent. Dans le contexte actuel c’est dangereux de faire un tel choix.
Monsieur le Président,
L’une des imprécisions de la Constitution de 87 concernait l’article 149 qui précise que le mandat du président commence le 7 février pour une durée de 5 ans ; les Constituants ont omis de préciser qu’au cas où, pour une raison ou pour une autre, le mandat devait commencer à une autre date, celui-ci se terminerait le 7 février de la 5eme année. Conscient du problème, vous aviez sagement accepté que votre mandat prenne fin le 7 février 2011 tel que consigné dans la loi électorale d’alors. Or, voilà qu’aujourd’hui, vous vous appuyez de préférence sur l’article fixant votre mandat à 5 ans pour demeurer jusqu’au 14 mai. En faisant ce nouveau choix, vous renvoyez aux calandres grecques la date constitutionnelle du 7 février. Pourquoi ce revirement ? Pourquoi vouloir bénéficier de cette imperfection de la Constitution de 87 que vous dénonciez et que vous aviez si sagement décidé de corriger en laissant le pouvoir le 7 février 2011 ? Seul un accord national aurait rendu cette option transitoire possible. Malheureusement, cet accord n’a pas été obtenu et sur le terrain ce sont les affrontements et le kraze-brize qui se préparent. Dans le contexte actuel c’est dangereux de faire un tel choix.
Monsieur le Président,
Concernant votre départ.
Sans nul doute, s’il n’y avait pas eu la catastrophe du 12 janvier, vous auriez terminé votre mandat dans la paix, après avoir inauguré quelques routes, ponts, universités... et, peut-être lancé le pays sur la voie du développement. Il est aussi certain que l’histoire vous rendra hommage là où hommage vous est dû - comme pour le respect de la liberté de parole et la lutte contre l’insécurité. (La presse dépasse même les limites du permis et le citoyen ne semble plus ressentir le besoin de se procurer une voiture blindée).
Malheureusement, vous portez - même injustement - le poids de la catastrophe du 12 janvier, jugée mal gérée et injustement celui du cholera qui fait tant de victimes. Vous êtes condamné par un destin malheureux à quitter le pouvoir, laissant le pays exsangue, MENDIANT, alors qu’il est le plus riche pays de la Caraïbe, riche en histoire, en sites historiques, en cultures… Le voilà classé, par ses « Grands Amis » qui l’aident à coups de millions et même de milliards ( ?) : « seul PMA d’Amérique et seul pays du Continent en voie de totale désertification». Quelle déchéance ! Quelle honte ! Quelle peine ! Comment expliquer une telle déchéance sinon que par un questionnement de ce qui n’a pas été fait ?
Pourquoi n’avez-vous pas exploité tant de richesses ? Pourquoi n’avez-vous pas arrêté le dangereux déboisement des mornes dominant la capitale, et empêché la construction et la multiplication de ces bétons-villes menaçants ? Pourquoi avoir tant tardé à entreprendre une décentralisation effective porteuse d’emplois et de régénérescence des provinces, limitant l’exode rural ? Il était dans votre intérêt d’encourager l’intéressant projet NABATEC, créateur de nombreux emplois et de logements pour les sans abris de Port-au-Prince. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? Surtout, pourquoi n’avoir pas mis un frein à l’envahissement d’espaces destinés à des projets de développement ? Ces initiatives constructives auraient certainement plaidé en votre faveur aujourd’hui.
Concernant la création du parti UNITE.
Malheureusement, vous portez - même injustement - le poids de la catastrophe du 12 janvier, jugée mal gérée et injustement celui du cholera qui fait tant de victimes. Vous êtes condamné par un destin malheureux à quitter le pouvoir, laissant le pays exsangue, MENDIANT, alors qu’il est le plus riche pays de la Caraïbe, riche en histoire, en sites historiques, en cultures… Le voilà classé, par ses « Grands Amis » qui l’aident à coups de millions et même de milliards ( ?) : « seul PMA d’Amérique et seul pays du Continent en voie de totale désertification». Quelle déchéance ! Quelle honte ! Quelle peine ! Comment expliquer une telle déchéance sinon que par un questionnement de ce qui n’a pas été fait ?
Pourquoi n’avez-vous pas exploité tant de richesses ? Pourquoi n’avez-vous pas arrêté le dangereux déboisement des mornes dominant la capitale, et empêché la construction et la multiplication de ces bétons-villes menaçants ? Pourquoi avoir tant tardé à entreprendre une décentralisation effective porteuse d’emplois et de régénérescence des provinces, limitant l’exode rural ? Il était dans votre intérêt d’encourager l’intéressant projet NABATEC, créateur de nombreux emplois et de logements pour les sans abris de Port-au-Prince. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? Surtout, pourquoi n’avoir pas mis un frein à l’envahissement d’espaces destinés à des projets de développement ? Ces initiatives constructives auraient certainement plaidé en votre faveur aujourd’hui.
Concernant la création du parti UNITE.
Vous avez expliqué valablement les raisons qui vous ont porté à le créer et à vous y impliquer personnellement et directement. Ce choix qui ne vous a pas mis au-dessus de la mêlée, porte un secteur de la population à vous rendre responsable de l’échec des élections et à réclamer votre départ du pouvoir. En rétrospective, il eut été plus sage et plus prudent pour vous de supporter des élections non-partisanes pour une transmission pacifique du pouvoir….
En conclusion, je vous prie, Excellence, d’éviter au pays de nouveaux soubresauts, dangereux pour la souveraineté nationale. Imitez le geste de Tiresias Simon Sam. Le 7 février, transmettez volontairement le pouvoir à un juge de la Cour de Cassation et la Nation vous sera reconnaissante de lui avoir évité le kraze-brize destructeur qui la menace. Laissez à l’histoire le soin de vous rendre justice.
Je suggère aussi qu’à votre départ :
En conclusion, je vous prie, Excellence, d’éviter au pays de nouveaux soubresauts, dangereux pour la souveraineté nationale. Imitez le geste de Tiresias Simon Sam. Le 7 février, transmettez volontairement le pouvoir à un juge de la Cour de Cassation et la Nation vous sera reconnaissante de lui avoir évité le kraze-brize destructeur qui la menace. Laissez à l’histoire le soin de vous rendre justice.
Je suggère aussi qu’à votre départ :
le cabinet ministériel reste en place, vu les accords en vigueur avec la Communauté Internationale et les nombreux projets en cours. Ceci permettrait de maintenir une certaine stabilité et d’assurer un minimum de continuité. Ce cabinet est cependant sujet à remaniement par votre remplaçant. Il reviendra au président élu et aux nouvelles Chambres le soin d’installer un nouveau Gouvernement.
le remaniement du Conseil Electoral et du système électoral afin de garantir la crédibilité des prochaines joutes devant se tenir dans les plus brefs délais. Vous pourriez peut-être proposer une procédure.
la mise en place d’une Constituante afin que les futures élections se fassent sous l’égide d’une nouvelle Constitution mieux adaptée au développement harmonieux de la Nation et que réclament de nombreux citoyens.
Avec mes respectueuses salutations et mes vœux de Paix pour vous, votre famille et le pays
Odette Roy Fombrun
________________________________________
* Votre cas, Monsieur le Président, est semblable à celui du président Magloire. En ce temps-là, la date constitutionnelle n’était pas le 7 février, mais le 15 mai. Magloire … « prête serment le 6 décembre 1950 pour un mandat de 6 ans. Une disposition transitoire de la constitution de 1950 prévoit que son mandat prendrait fin le 15 mai 1957 » (afin de respecter la date constitutionnelle). Parce que la politique est l’assassin numéro un de notre pays, malgré cette précision des Constituants, il y a eu protestations et Magloire a du prendre le chemin de l’exil.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire